Rachi de Troyes, une grande figure médiévale
Jokhebed épousa Meïr ben Samuel, de Lotharingie, qui s'installèrent ensuite à Ramerupt près de
Troyes, où il fonda aussi une école célèbre. Ils donnèrent naissance à de célèbres rabbis, comme
Rabbi Samuel dit Rachbam qui put étudier avec Rachi, puis à Ramerupt, puis Caen et Paris. Il y eut
Isaac, surnommé Rivam qui mourut alors qu'il était père de sept enfants. Il y eut Jacob, que l'on
appela Rabénou Tam (7) , fut sans conteste le plus célèbre de tous les Tossafistes. Sa vie fut
marqué par l'accusation de meurtre rituel qui frappa la communauté de Blois en 1171, et qui
s'acheva par le massacre de la communauté juive de Blois à la mémoire de laquelle, Rabénou Tam
ordonna un jour de jeûne.
Rachel qui portait le sobriquet de Belleassez, épousa Wecelin (8) qui la répudia par la suite.
Rachi s'est distingué entre autres, outre son oeuvre gigantesque de commentaires bibliques et
talmudiques, par de célèbres responsa aux questions qui lui étaient adressées de partout en Europe,
notamment en faveur des femmes et de la considération qui leur était due. Ses réponses sont
révélatrices de sa personnalité, de sa gentillesse et de son humilité.
Parmi ses élèves on peut citer encore Rabbi Chemaya qui fut son secrétaire, et Joseph Qara (9) ,
ainsi que Simha ben Samuel de Vitry dont le rituel, le Mahzor de Vitry, est un guide du fidèle (prières
et lois). (10) On sait que c'est Myriam, la soeur de Rabbénou Tam et petite fille de Rachi, qui fut
l'épouse de Rabbi Simha ben Samuel de Vitry et qu'elle donna naissance à une lignée de
Tossafistes.
Les dernières années de sa vie furent assombries par les débordements violents de la première
croisade de 1095. Les communautés juives furent dévastées et Rachi en fut affecté, et son angoisse
devant le destin funeste de son peuple transparaît dans des commentaires de Psaumes ou de livres
bibliques. A l'époque ses travaux et commentaires sur la Bible et le Talmud étaient presque achevés,
à l'exception des Chroniques. Son commentaire du Pentateuque qui devint le modèle de tout
étudiant au cours de ses études, fut le premier livre imprimé en hébreu, en 1475 à Reggio, en Italie.
L'objectif de Rachi est simple, donner le sens obvie, du texte. Son style est net et concis, son hébreu
simple. Sa propre familiarité avec les tâches quotidiennes d'un fermier, d'un artisan ou d'un
marchand le rendait capable de ponctuer ses explications de commentaires inattendus afin d'éclairer
le sens du texte pour ses disciples. De plus chaque fois qu'il le juge utile, Rachi donne, dans une
translittération hébraïque, l'équivalent en vieux français d'un mot difficile. On trouve ainsi, environ
1500 mots dans son commentaire biblique et 3500 mots dans son commentaire du Talmud. Connus
sous le nom de Laazim "en langue étrangère", ils sont extrêmement précieux pour ceux qui étudient
l'ancien français. Rachi étendit ses investigations à la grammaire hébraïque. Son commentaire
contient donc de nombreuses notes, qui constituent une première contribution précieuse à la
grammaire de l'hébreu.
L'influence de Rachi s'étendit bien au-delà de la sphère du judaïsme. Le moine franciscain Nicolas
de Lyre (1270-1340), lisait Rachi dans le texte original et, dans son propre commentaire biblique, il
cite fréquemment Rachi, reconnaissant sa dette envers lui. Martin Luther emprunta beaucoup à
Rachi pour sa propre traduction de la Bible, et par conséquent les érudits de la Réforme.
Le seul but poursuivi de Rachi étant d'élucider le texte pour ses élèves. L'école française dite l'école
des Tossafistes, poursuivit son oeuvre encore deux cents ans. Désormais, toutes les éditions
courantes du Talmud comportent sur la colonne extérieure de chaque page, le commentaire des
Tossafistes, et à l'opposé, sur la colonne intérieure celui de Rachi.
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