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LA NAISSANCE DE L’ORDRE DU TEMPLE
Le contexte politico-militaire
Eudes de Châtillon ou (Odon de Lagery), est né à Chatillon-sur-Marne (ou à Lagery), en 1042.
157e pape sous le nom d'Urbain II, il meurt à Rome, le 29 juillet 1099, peu après la conquête
de la ville de Jérusalem (15 juillet).
Il est béatifié le 14 juillet 1881 par Léon XIII.
Statue d'Urbain II, à Châtillon-sur-Marne
À Clermont, du 18 au 26 novembre 1095, avec 13 archevêques et 225 évêques, Urbain II
préside un concile dont il nous reste quelques fragments des canons (c'est-à-dire des
prescriptions du concile).
Il y réitère la condamnation de l'investiture laïque, et interdit aux clercs de rendre hommage à
un laïc, même au roi. Il proclame solennellement la trêve de Dieu ou paix de Dieu, déjà
annoncée dans des synodes précédents. C'est aussi à cette occasion qu'il renouvelle
l'excommunication prononcée par l'évêque Hugues de Lyon contre le roi de France Philippe Ier,
pour son remariage avec Bertrade de Montfort.
Enfin, le 27 novembre, il lance l'appel de Clermont qui causera la première croisade, conçue
par lui comme un moyen d'unifier la chrétienté occidentale sous l'autorité pontificale.
Plus tard, il fixera le début de la croisade au 15 août 1096 et pour en assurer la direction
spirituelle, il nomma Adhémar de Monteil, évêque du Puy, le commandement militaire revenant
à Raymond IV de Toulouse. Parallèlement, il encourage la Reconquista ou reconquête de
l'Espagne occupée par les Maures.
Urbain II prêchant la croisade à Clermont en 1095
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Cet appel apparaît en contradiction avec les valeurs ancestrales de l'Église. C'est en réalité
l'aboutissement d'une réflexion de l'Église sur la guerre et l'existence de causes "justes". Ce
concile s'inscrit aussi dans la continuation de la Réforme grégorienne et l'émancipation du
pouvoir religieux sur les laïcs. Les thèmes du concile et de l'appel seront relayés par des
prédicateurs comme Pierre l'Ermite permettant le succès de la croisade.
La motivation du pape à voir une telle expédition militaire prendre forme, venait du fait que les
pèlerins chrétiens en route vers Jérusalem, étaient régulièrement victimes d'exactions voire
d'assassinats.
Prisonniers chrétiens se faisant décapiter par les Sarrasins
Le pape demanda donc au peuple chrétien d'occident de prendre les armes, afin de venir en
aide aux chrétiens d'orient. Cette croisade eut alors comme cri de ralliement « Dieu le veut ! »
et tous ceux qui prirent part à la croisade furent marqués par le signe de la croix, devenant
ainsi les croisés.
Notons que le terme « croisade » n'apparaît pas avant le milieu du XIIIe siècle, en latin
médiéval. Ces derniers parlent le plus souvent de « voyage à Jérusalem » pour désigner les
croisades, ou encore de « pèlerinage » et « d’aide à la Terre sainte ».
Il est donc clair que ce que nous appelons « première croisade » n'était pas appelé ainsi par les
contemporains.
Cette action aboutit le 15 juillet 1099 à la prise de Jérusalem par les troupes chrétiennes de
Godefroy de Bouillon.
Les croisés à l'assaut de Jérusalem (Guillaume de Tyr
Histoire d'Outremer, Bibliothèque municipale, Lyon)
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Les prémices de l'ordre du Temple
Lorsque l'ordre de l'Hôpital, reconnu en 1113, fut chargé de s'occuper des pèlerins venant
d'Occident, l’idée naquit de créer une milice du Christ (militia Christi) qui ne s'occuperait que de
la protection de la communauté de chanoines du Saint-Sépulcre et des pèlerins sur les chemins
de Terre Sainte, alors en proie aux brigands locaux.
Village de Terre sainte
Jérusalem: Saint-Sépulcre (extérieur)
Ainsi, les chanoines s'occuperaient des affaires liturgiques, l'ordre de l'Hôpital des fonctions
charitables et la milice du Christ de la fonction purement militaire de protection des pèlerins.
Cette répartition ternaire des tâches reproduisait l'organisation de la société médiévale, qui
était composée de prêtres et moines (oratores, littéralement ceux qui prient), de guerriers
(bellatores) et de paysans (laboratores).
Une institution similaire constituée de chevaliers, appelés chevaliers de Saint-Pierre (milites
sancti Petri), fut créée en Occident pour protéger les biens des abbayes et des églises.
Ces chevaliers étaient des laïcs, mais ils profitaient des bienfaits des prières.
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Par extension, les hommes chargés d'assurer la protection des biens du Saint-Sépulcre, ainsi
que de la communauté des chanoines étaient appelés milites sancti Sepulcri (chevaliers du
Saint-Sépulcre). Il est fort probable qu'Hugues de Payns intégra cette institution dès 1115.
Tous les hommes chargés de la protection du Saint-Sépulcre logeaient à l'hôpital Saint-Jean de
Jérusalem situé tout près.
L'Ordre du Temple, qui se nommait à cette époque militia Christi, prit naissance avec
l'ambiguïté que cette communauté monastique réunit dès le départ les oratores et les
bellatores.
La fondation de l'ordre du Temple
C'est le 23 janvier 1120, lors du concile de Naplouse que naquit, sous l'impulsion d'Hugues de
Payns et Godefroy de Saint-Omer, la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de
Salomon (en latin : pauperes commilitones Christi Templique Solomonici), qui avait pour
mission de sécuriser le voyage des pèlerins affluant d'Occident, depuis la reconquête de
Jérusalem et de défendre les États latins d'Orient.
Dans un premier temps, Payns et Saint-Omer se concentrèrent sur le défilé d'Athlit, un endroit
particulièrement dangereux sur la route empruntée par les pèlerins. Par la suite, l'une des plus
grandes places fortes templières en Terre Sainte fut construite à cet endroit « le château
Pèlerin ».
Le nouvel ordre ainsi créé ne pouvait survivre qu'avec l'appui de personnes influentes.
Hugues de Payns réussit à convaincre le roi de Jérusalem Baudouin II de l'utilité d'une telle
milice, chose assez aisée au vu de l'insécurité régnant dans la région à cette époque.
Les chevaliers prononcèrent les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Ils reçurent du
patriarche Gormond de Picquigny la mission de garder voies et chemins contre les brigands,
pour le salut des pèlerins « ut vias et itinera, ad salutem peregrinorum contra latrones », pour
la rémission de leurs péchés.
Le roi Baudouin II leur octroya une partie de son palais de Jérusalem, à l'emplacement du
Temple de Salomon, qui donna par la suite le nom de Templiers ou de chevaliers du Temple.
Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer ne furent pas les seuls chevaliers à avoir fait
partie de la milice avant que celle-ci ne devienne l'ordre du Temple.
Baudoin II, roi de Jérusalem Accueil de Godefroy de Saint Omer et Hugues de Payns
Musé du château de Versailles par Beaudoin II dans le Temple de Salomon
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Jérusalem, mosquée Al-Aqsa
Voici la liste de ces chevaliers, précurseurs ou « fondateurs » de l'ordre
Hugues de Payns, originaire de Payns en Champagne
Godefroy de Saint-Omer, originaire de Saint-Omer dans le comté de Flandre
André de Montbard, originaire de la Bourgogne
Payen de Montdidier, originaire de la Somme en Picardie
Geoffroy Brissol, originaire de Frameries dans le comté de Hainaut
Rolland, originaire du marquisat de Provence
Archambault de Saint Amand
Gondemare.
Le premier don (de trente livres angevines) reçu par l'ordre du Temple vint de Foulque, comte
d'Anjou, qui devint par la suite roi de Jérusalem.
La recherche de soutien
Cependant, la notoriété de la milice ne parvenait pas à s'étendre au-delà de la Terre Sainte et
c'est pourquoi Hugues de Payns, accompagné de cinq autres chevaliers (Godefroy de St-Omer,
Payen de Montdidier, Geoffroy Bissol, Archambault de Saint Amand et Rolland), embarqua
pour l'Occident en 1127 afin de porter un message destiné au pape Honorius II et à Bernard de
Clairvaux.
Bernard de Clairvaux
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