Guide secret des Templiers
GENCOD : 9782737365522
PASSAGE CHOISI
Extrait de l'introduction
En novembre 1095, à Clermont en Auvergne, le pape Urbain II avait exhorté chaque chrétien
à courir vers Jérusalem pour arracher le tombeau du Christ aux infidèles. Son message avait
été accueilli avec ferveur et, aussitôt, les petites gens avaient fait coudre des croix rouges sur
leurs cottes et avaient pris la route pour la Terre sainte. Beaucoup étaient morts en route
sans jamais voir le Saint-Sépulcre. Les chevaliers s'étaient mieux préparés et les avaient
suivis moins d'un an plus tard, la rage au coeur, éperonnant leurs montures au cri de «Dieu le
veut !» L'épopée avait été harassante, meurtrière mais, au terme de trois années de
traversées de déserts, de sièges de villes et de châteaux, de massacres aussi, on était enfin
parvenu en vue de Jérusalem et on l'avait prise en s'engouffrant dans une brèche ouverte
dans sa muraille. Les Francs avaient alors fait couler un bain de sang dans les rues de la Ville
sainte avant de courir se recueillir dans la basilique du Saint-Sépulcre et de demander à Dieu
de pardonner leurs atrocités. Avaient-ils vraiment accompli la volonté divine ?
Beaucoup étaient ensuite repartis vers leurs terres d'origine, mais quelques-uns s'étaient
installés sur place, s'efforçant de reproduire en Orient le modèle de la société féodale qu'ils
avaient laissée en Occident. On avait construit des châteaux et organisé des seigneuries,
faisant cultiver les terres à une main-d'oeuvre locale. Les pèlerinages chrétiens avaient repris.
Vingt ans plus tard, la fragilité des États latins d'Orient alarmait la chrétienté. Leur cohésion
était remise en cause par les raids et les pillages. Les pèlerins de Terre sainte se faisaient
agresser, rançonner. Les routes, ouvertes par la croisade, étaient devenues le théâtre
d'attaques de plus en plus fréquentes. Les vallées encaissées des abords de Jérusalem se
transformaient en véritables coupe-gorge. C'est dans ce contexte que naquit la confrérie des
Pauvres Chevaliers du Christ. Voici ce qu'écrit Jacques de Vitry, l'évêque d'Acre, à ce
propos, quelques décennies plus tard : «À la suite de ces événements (la prise de Jérusalem)
et tandis que de toutes les parties du monde, riches et pauvres, jeunes gens et jeunes filles,
vieillards et enfants accouraient à Jérusalem pour visiter les Lieux saints, des brigands et des
ravisseurs infestaient les routes publiques, tendaient des embûches aux pèlerins qui
s'avançaient sans méfiance, en dépouillaient un grand nombre, et en massacraient aussi
quelques-uns. Des chevaliers agréables et dévoués à Dieu, brûlant de charité, renonçant au
monde, et se consacrant au service du Christ, s'astreignirent par une profession de foi et des
voeux solennels, prêtés entre les mains du Patriarche de Jérusalem, à défendre les pèlerins
contre ces brigands et ces hommes de sang, à protéger les routes publiques, à combattre
pour le Souverain roi, en vivant, comme des chanoines réguliers, dans l'obéissance, dans la
chasteté et sans propriété.»
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