Culture religieuse Cinquième LE JUDAISME Le tétragramme YHWH ( ) est un nom hébraïque se composant des quatre lettres yōd ( ), hē ( ), wāw ( ) hē ( ). Souvent présenté comme le « nom propre » de Dieu, ce mot est alors désigné comme « le Tétragramme ». Il s’agit d’une forme verbale conjuguée de la racine hyh, équivalente au verbe être. La Bible rapporte que cette expression fut entendue par Moïse au sommet du mont Horeb dans le désert du Sinaï. Remarquons une différence essentielle entre le polythéisme et le monothéisme : les dieux païens personnifient les forces naturelles : ils naissent, grandissent, se marient, guerroient etc.. Ils appartiennent donc à un monde dont ils restent dépendants. Le monothéisme reconnaît un Dieu personnel, transcendant, libre et souverain, créateur de l’univers, maître de l’alliance et de la vie. Dieu se situe au-delà de la création. Il n’est pas soumis aux lois de l’univers qu’il a crée. Le monothéisme est associé à l’idée de loi. L’homme est une créature qui bénéficie de la liberté : il est libre de s’allier à Dieu et de suivre ou de ne pas suivre ses commandements. (cf. Adam). Le monothéisme ne représente pas Dieu. Son nom ne peut être prononcé, nul ne peut le voir (cf. Moïse). Dieu se situe au-delà de l’esprit humain : lorsque l’homme parle de Dieu, il ne peut en parler qu’avec des idées humaines, donc limitées. PERSONNAGES Les personnages importants du judaïsme sont Abraham, Moïse, David et Salomon. Relisez les cours précédents. LIVRE SAINT La Torah comprend trois parties : le Pentateuque, les Prophètes et les Hagiographes. Trois mots compliqués mais que l’on retient facilement si l’on connaît leur signification. Le mot « pentateuque » vient du grec πέντε (pendé) qui signifie « cinq ». Le pentateuque comprend donc cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Ils s’ouvrent sur la Création du monde et se referment sur la mort de Moïse. Les Livre des Prophètes est un ensemble de livres narratifs et historiques. Un prophète est un homme qui ne parle pas en son nom mais par qui Dieu s’adresse aux hommes : c’est un messager. Il se situe donc à la limite entre le monde divin et le monde humain. Il confronte les volontés de Dieu avec l’histoire humaine : il annonce, analyse, juge, réfléchit en étant animé par le souffle divin. Parmi les Prophètes, on peut retenir les noms de Josué, Samuel, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel) Une yad (main) pour suivre le texte Hagiographe vient du grec ancien $agiov (hagios), « saint », et gréafw (graphô), « écrire ». Cette troisième partie de la Torah comprend différents livres dont les Psaumes (poésies religieuses) le Cantique des cantiques, les Lamentations de Jérémie etc. Israël se définit comme le peuple-serviteur de Dieu. Son devoir principal est donc d’accomplir la volonté divine. Cette volonté s’exprime dans la Torah et dans les commandements (mitsvoth) qu’elle prescrit. Le judaïsme régit les devoir de l’homme envers Dieu, envers ses semblables, et son comportement à l’égard de la nature en général. Le service de Dieu, la célébration su Sabbat, les fêtes, la famille, le mariage, le divorce, les transactions commerciales, les serments etc. sont soumis à la Loi, la Torah. Le Talmud est un ouvrage monumental qui désigne l’étude de la Torah. Il comprend la Loi orale (Michna) mise par écrit vers 200 après J.C. ainsi que les commentaires de cette Loi (Guemara) tels qu’ils se sont accumulés aux III et IVe siècles. Sur cette page du Talmud on distingue au centre la Michna, suivie de la Guemara. Encadrant ce texte, la colonne de droite est un commentaire de Rachi*, celle de gauche s’appelle les Tossafoth (compléments). Les marges des deux côtés et en bas contiennent des références et d’autres commentaires. Pour retrouver ces explications de manière interactive rendez-vous à l’adresse suivante : http://ghansel.free.fr/WebTalmud/roch.htm * Rachi est un rabbin du XIe siècle qui a commenté la Torah et le Talmud. Il est parfois simplement appelé « le commentateur ». TEMPLE ET SYNAGOGUE Nous avons déjà parlé du Temple de Jérusalem. Relisez le cours sur David et Salomon. Après la seconde destruction en 70 après J.C., la synagogue a définitivement remplacé le Temple. C’est le lieu destiné au culte juif et où la prière publique a lieu chaque jour. C’est aussi, de nos jours, un lieu de rassemblement communautaire et d’éducation. Le plan de la synagogue a changé au cours de ses deux millénaires d’existence (les plus anciennes remontent au IIIe siècle avant J.C. à Alexandrie) mais certaines caractéristiques se sont maintenues. La synagogue est évidemment orientée vers Jérusalem. L’Arche Sainte contenant les rouleaux de la Torah et divers objets de culte La Bima : estrade sur laquelle on fait la lecture de la Torah Une lampe perpétuelle qui rappelle la lumière éternelle de la Torah Une salle ou une tribune pour les femmes Parmi les motifs de l’art synagogal il faut signaler : La menora (chandelier à sept branches) Le Maguen Dawid : le bouclier de David formé de deux triangles et formant une étoile à six branches Il est intéressant de remarquer que le plan de la synagogue est aussi la base de celui des églises. Comparez les deux images. Trois plans possibles pour une synagogue, et trois plans possibles pour une église chrétienne orientée. RITES Psaume XV, 18 « Je fixe constamment mes regards sur l’Eternel » Le sentiment de la présence divine inspire et guide toutes les actions d’un juif pratiquant. Au réveil, il récite cette courte prière : Je Te rends grâce, Roi vivant et éternel, de m’avoir, dans Ton Amour, rendu mon âme ; grande est Ta Fidélité Après s’être levé, on se lave les mains (sanctification et hygiène) par trois fois en commençant par la droite qui représente la miséricorde divine, tandis que le côté gauche du corps représente la rigueur divine. Cet acte symbolique représente la volonté de l’homme à transformer la Rigueur en Miséricorde en respectant la Loi. La prière Le premier devoir à accomplir ensuite est de prier. La prière est un discours adressé à Dieu sous forme de méditation, supplication, confession, requête, louange, ou de remerciement. Celui qui prie communique avec Dieu. Prier signifie aussi entrer en soi-même et se juger, c'est-à-dire faire son examen de conscience devant Dieu. La prière purifie l’homme et contribue donc à le régénérer. Le Judaïsme recommande de prier trois fois par jour. Sur la photo nous pouvons voir que chaque juif porte la kippa sur la tête afin de se souvenir de la présence divine continuelle. Sur les épaules est placé le châle de prière, le tallith auquel sont attaché des franges de laines (tsitsith) aux quatre coins rappelant les Commandements divins. Sur le front et sur le bras gauche sont fixées des teffiline maintenues par des lanières de cuir noir. Les teffiline sont des boites dans lesquels on a disposé des passages de la Torah. C’est à treize ans qu’un enfant juif atteint sa majorité religieuse. Pour un garçon, il est appelé pour la première fois à lire la Torah à la synagogue. Pour les filles, depuis plusieurs décennies, certaines communautés organisent également une cérémonie (sans lecture de la Torah mais avec la lecture de prières importantes ou de textes comme les Dix Commandements). On appelle un garçon juif ayant atteint sa majorité Bar mitswa et pour une fille on dira Bath mitswa. Cette étape importante de la vie donne évidemment lieu à des réjouissances familiales. Le Sabbat (en hébreu : שבתChabbath – abstention) C’est le septième jour de la semaine, depuis la tombée de la nuit le vendredi jusqu’à la tombée de la nuit le samedi, il est prescrit par le quatrième commandement et consacré au repos hebdomadaire et au service divin. Il est interdit de travailler et de pratiquer toute activité en dehors de l’étude de la Torah et de la prière personnelle ou collective. C’est une « alliance éternelle » entre Dieu et le peuple d’Israël. Le respect, semaine après semaine, de la journée du Seigneur est un signe de foi et de fidélité à la Torah et marque spirituellement toute la vie d’un juif. Voici le déroulement du Sabbat : -Dans chaque foyer juif, la maitresse de maison allume le vendredi soir, avant le coucher du soleil, deux bougies symbolisant la joie de se consacrer à Dieu. La table est dressée avec une nappe blanche, de l’argenterie et deux miches de pain tressées pour la bénédiction solennelle. - A la synagogue, l’office du vendredi soir est précédé d’hymnes pour l’accueil du Sabbat comme une reine. Ce sont les Psaumes 45 à 49 et 29, l’hymne Lekha dodi (ci-dessous) et les Psaumes 42 et 43. Va, mon bien-aimé, au-devant de la Fiancée, allons accueillir le Chabbat. « Observe » et « souviens-toi » : c’est en une seule parole que le Dieu Un et Unique nous fit entendre ces deux injonctions (du Chabbat). L’Éternel est Un et Son Nom est Un, unique Sa renommée, Sa gloire et Sa louange. Venez, allons au-devant du Chabbat, Car il est la source de toute bénédiction. Dès l’origine, le Chabbat fut couronné : Il clôt l’œuvre de la Création, mais dans le dessein du projet divin, il était premier. Sanctuaire du Roi, Ville royale, de tes ruines relève-toi ! Trop longtemps tu es demeurée dans la vallée des pleurs. Mais voici que Lui S’émeut de ton sort. Secoue la poussière, relève-toi ! Revêts-toi de tes vêtements de splendeur, ceux qui font la gloire de Mon peuple. Par le fils de Jessé, le Bethléhémite, approche-toi de mon âme afin de la délivrer. Réveille-toi, réveille-toi ! Enfin ta lumière brille. Monte, ma lumière, et illumine. Éveille, éveille, entonne un chant, car la gloire de l’Éternel par toi se révèle. Tu ne seras plus humiliée, tu ne seras plus méprisée ! Pourquoi soupirer et gémir, toute accablée ? En toi, les humbles de mon peuple trouveront refuge et voici que la Ville sur ses ruines sera rebâtie. Tes spoliateurs à leur tour au pillage seront livrés, tous tes oppresseurs seront chassés. Ton Dieu Se réjouira enfin de toi, comme l’époux de sa fiancée. De tout côté, débordera ta joie, en accueillant la gloire de l’Éternel. Par le fils de Pèrets, nous nous réjouirons et nous exulterons. (L’Assemblée se lève et se tourne vers la porte d’entrée pour accueillir le Chabbat, la princesse nuptiale) Sois la bienvenue, toi, diadème de ton Époux ; viens, dans la joie et l’allégresse, Jusqu’aux fidèles du peuple de prédilection, viens donc, Fiancée, viens donc Fiancée ! Vous pouvez faire une recherche sur Internet avec les mots « Lekha dodi » afin d’entendre ce texte chanté sur différentes mélodies. - De retour à la maison, le père de famille donne sa bénédiction à chacun de ses enfants, il récite le kiddouche (bénédiction avant le repas) sur les deux miches de pain et une coupe de vin. Après la bénédiction, il tranche les deux pains. Après le repas, il est d’usage d’étudier le passage de la Torah qui sera lu le lendemain. - Le lendemain, à la synagogue, la liturgie comprend divers textes appropriés et le rabbin monte en chaire pour prononcer un sermon. Les fidèles échangent entre eux des souhaits de Chabbath chalom, Sabbat de Paix. - On revient ensuite à la maison pour déjeuner puis à visiter leurs parents, leurs amis, à étudier les textes sacrés ou à se promener (à moins d’un 1,2 km de leur domicile). - L’office de l’après-midi est suivi d’un repas pris parfois dans une salle de la synagogue. - Enfin, après l’office du soir, célébré quand il fait nuit, on procède à une dernière cérémonie, la havdala, sur une coupe de vin, des aromates et une bougie a plusieurs mèches. Cette cérémonie marque la fin du Sabbat. Il est recommandé de festoyer aussi en l’honneur de la sortie du Sabbat, afin de « reconduire la reine ». LES FETES Des fêtes sont également célébrées tout au long de l’année, le calendrier commence par la fête qui célèbre l'anniversaire de la création du monde : Rosh Hashana. Il y a trois fêtes principales qui sont des fêtes de pèlerinages à Jérusalem Pessah, Shavou’oth et Sukkot, Pessah, c’est la Pâque, le « passage », c'est-à-dire la commémoration de la sortie d’Egypte. Cette fête dure 7 jours en Israël, 8 jours pour la Diaspora (juifs en dehors d’Israël) elle commence le 14 Nissane (mois du Printemps). Shavou’oth, la Fête des semaines. C’est un commandement de la Torah qui est à l’origine de cette fête : il demande de compter 7 semaines après le second soir de Pâque et de respecter ce jour comme chômé. Il se situe donc 50 jours après Pâques. (C’est ce que les chrétiens nomment Pentecôte). C’est aussi la fête de la moisson, ou celles des prémices car on apportait au Temple les premiers épis de blé. Soukkoth, la fête des cabanes, en souvenir des abris des hébreux dans le désert. Cette fête marque la fin des travaux agricoles. Yom Kippour, Le Jour du Pardon est fixé par la torah comme celui de la mortification des corps pour l’expiation des péchés. On s’abstient de manger, de boire, d’avoir des relations conjugales, de se parfumer, de se maquiller, etc. Tous les travaux interdits pendant le Sabbat le sont aussi ce jour-là. Le jour du Pardon est l’aboutissement de dix jours de pénitence, il permet de faire un bilan spirituel et de laver son âme. Hanoucca « inauguration ou dédicace ». Elle commémore le rétablissement du Culte au Temple de Jérusalem après une profanation par des armées étrangères. La tradition raconte que les juifs ne trouvèrent qu’une seule fiole d’huile pour allumer une lampe qui pourtant brilla huit jours. C’est pour cela que l’on appelle aussi ce jour la Fête des Lumières. On a coutume d’allumer dans les maisons, une bougie le premier soir, deux le second etc jusqu’au huitième et dernier soir de la fête. Pourim qui célèbre le sauvetage providentiel des juifs de Perse alors que le ministre Haman voulait les massacrer. Le mot pourim fait référence au tirage au sort du jour du massacre. A la synagogue, on a coutume de faire le plus de bruit possible chaque fois que le nom « Haman » est évoqué. On offre des cadeaux et de la nourriture à ses voisins, on se doit de faire la charité et de donner un banquet au cours de la journée.