Evaluation SWING KIDS

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Evaluation Identité et appartenances NOM :
PRENOM :
CLASSE :
DATE :
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SWING KIDS Un drame de Thomas Carter (1993) Robert Sean Leonard Peter Muller Christian Bale Thomas Berger Franck Whaley Arvid Gratman Barbara Hershey Frau Muller Noah Wyle Emi Kenneth Branagh Knopp En résumé
Hambourg, 1939. Un petit groupe de jeunes ne respecte pas
les interdits du gouvernement. Ils s’habillent à l’anglaise, ont
les cheveux longs et écoutent du jazz, musique interdite par
les nazis (Django Reinhardt, Duke Ellington, Count Basie,
etc.). Le soir, ils vont danser le swing au café Bismarck.
Parmi eux, des amis de longue date, Peter Muller, fils d’un
grand violoniste mort après avoir été torturé par les nazis,
Thomas Berger, héritier d’une famille de riches industriels et
Arvid Gratman, un jeune guitariste affligé d’un pied-bot.
Entre amitié et trahison, le film retranscrit une dure réalité:
celle de la jeunesse allemande du début des années 40 dans
l'Allemagne nazie.
Répondez aux questions en utilisant les documents du dossier. 1. Les actions de propagande sont exercées via les arts et autres médias d'information. DOC 1‐3 La censure tient un rôle important. Dans le film, la censure n’est pas efficace. Expliquez à partir de deux extraits. 2. Citez des valeurs qui opposent le swing au nazisme. DOC 3 3. Quel est le personnage qui symbolise le mieux les valeurs des « Swing Kids » (le plus représentatif des valeurs de ce groupe)? Justifiez votre réponse à l’aide de 2 exemples tirés du film. 4. Repérez dans le film une des techniques de propagande et expliquez. DOC 2 5. Citez deux comportements de Knopp qui l’éloignent de l’idéologie nazie. DOC 4 6. Citez deux actions de Thomas qui le rapprochent de l’idéologie nazie. Citez deux actions de Peter qui l’éloignent de l’idéologie nazie. 7. Faites la liste des éléments d’identité de Thomas et de Peter (3 éléments pour chacun). 8.
Soulignez l’appartenance la plus forte pour chacun des deux. DOC 5 9. Indiquez le « moment » qui rend cette appartenance plus forte que les autres. 10. Quel est « l’autrui » qui a eu le plus d’influence sur la construction de l’identité, de Thomas, de Peter ? Expliquez pourquoi. Grille d’évaluation Questions 1 Compétences évaluées 4 Exploiter l’information Identifier des valeurs Identifier des valeurs Conceptualiser des valeurs Exploiter une information 5‐6 Conceptualiser des valeurs 2‐3 7‐8‐9‐10 Penser Auto‐évaluation 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2‐3 0‐1 0‐1 0‐1‐2‐3‐4 Evaluation 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2 0‐1‐2‐3 0‐1 0‐1 0‐1‐2‐3‐4 1
DOCUMENTS la propagande nazie 1. Définition PROPAGANDE Action systématique exercée sur l'opinion pour lui faire accepter certaines idées ou doctrines, notamment dans le domaine politique ou social. Action systématique exercée sur l'opinion pour lui faire
accepter certaines idées ou doctrines, notamment dans
le domaine politique ou social : La propagande
électorale.
http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-communnom/propagande/83579, consulté le 04/01/2012
«La propagande vise à imposer une doctrine à tout un peuple… la propagande agit sur l’opinion publique à partir d’une idée et la rend mûre pour la victoire de cette idée.» C’est ce qu’écrivait Adolf Hitler dans son livre Mein Kampf (1924), prônant pour la première fois l’utilisation de la propagande pour diffuser les thèmes du national‐
socialisme – notamment le racisme, l’antisémitisme et l’antibolchevisme. Après l'arrivée au pouvoir du parti nazi en 1933, Hitler fonda un ministère de la Culture et de la Propagande du Reich dirigé par Joseph Goebbels. Ce ministère avait pour mission de véhiculer la doctrine nazie par l’intermédiaire des arts, de la musique, du théâtre, des films, des livres, de la radio, des documents pédagogiques et de la presse. La presse fut particulièrement active à diffuser les thèmes antisémites, alors que le nombre de films présentant ces thèses fut réduit. Certains films, comme Le triomphe de la volonté, document sur le congrès du NSDAP, de Leni Riefenstahl, faisaient l’apologie d’Hitler et du mouvement national‐socialiste. Ses deux films sur les Jeux olympiques de 1936 de Berlin, exaltaient la fierté nationale face aux succès du régime nazi. Les journaux reproduisaient des caricatures antisémites très violentes. Der Stürmer (L'Aissaillant) fut l'organe le plus acharné. La propagande nazie travaillait à inculquer aux citoyens allemands l'idée que les Juifs étaient des sous‐hommes et que les terres allemandes devaient en être débarrassées. Ultérieurement, lorsque les Alliés eurent vent du génocide, les Nazis utilisèrent la propagande pour une raison très différente : il s’agissait de camoufler les atrocités. Les Nazis contraignirent les prisonniers des camps de concentration à adresser chez eux des cartes postales déclarant qu’ils étaient bien traités et vivaient dans de bonnes conditions. En juin 1944, les Nazis autorisèrent une équipe de la Croix Rouge internationale à inspecter le ghetto de Terezin, situé dans le protectorat de Bohême‐Moravie (ancienne République tchécoslovaque). Dans la perspective de la visite, le ghetto subit une série d’embellissements. Après l’inspection, les Nazis réalisèrent un film tourné avec des habitants du ghetto et destiné à montrer la bienveillance avec laquelle les Juifs étaient soi‐disant traités. Ensuite, presque tous les «acteurs» furent déportés dans le camp d’extermination d’Auschwitz. »1 1
http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=99, consulté le 4/01/2013 2
2. Quelques techniques courantes de propagande Les techniques de propagande sont des approches et des méthodes de communication utilisées pour répandre des idées visant à promouvoir une cause – politique, commerciale, religieuse ou civile. On cherche à manipuler la raison et les émotions d’un spectateur, d’un lecteur, d’un auditeur et à le persuader de croire en quelque chose, d’acheter un article ou d’adopter des comportements particuliers Affirmation : On a souvent recours à l’affirmation dans la publicité et la propagande modernes. Il s’agit d’une déclaration enthousiaste ou énergique présentée comme un fait, bien que cela ne soit pas forcément vrai. On trouve des exemples d’affirmation dans la publicité moderne. Quand un publicitaire déclare que son produit est « le meilleur » sans le prouver, il a recours à l’affirmation. Facteur de popularité : Le facteur de popularité est l’une des techniques de propagande les plus courantes. C’est un appel au ralliement à la foule parce que « tout le monde le fait ». On a recours au facteur de popularité pour convaincre une personne qu’un camp est « meilleur » que l’autre parce que davantage de gens l’ont joint. En temps de guerre, les gens sont portés à croire que puisque autant de gens ont joint une cause ou un camp, la défaite est impossible et la victoire peut être anticipée. Argumentation fallacieuse : L’argumentation fallacieuse ou l’omission sélective est très efficace pour convaincre la population. On ne présente que les aspects positifs d’une idée ou d’une proposition et on omet les aspects négatifs. Valorisation sémantique : On a recours à des mots qui ont une connotation positive pour les individus et qui sont liés à des concepts hautement valorisés. Quand ces mots sont utilisés, ils sont acceptés d’office. On a recours à la valorisation sémantique en employant des mots comme honneur, gloire, amour du pays et liberté. Imagerie : On utilise des symboles pour convaincre les gens de s’identifier à d’autres personnes qui partagent une idéologie. Les images qui représentent les idéaux du patriotisme, du sacrifice de soi et de la loyauté sont des outils de propagande courants en temps de guerre. La moindre de deux mauvaises options: Cette technique essaie de convaincre les gens d’adhérer à une idée ou à une proposition en la présentant comme l’option la moins offensive. On y a souvent recours en temps de guerre pour convaincre les gens de la nécessité du sacrifice ou pour justifier des décisions difficiles. Souvent, on dépeint une idée comme étant la meilleure d’entre toutes. Insulte : On utilise des mots ou un langage méprisant qui véhicule une connotation négative pour décrire un ennemi en temps de guerre. La propagande (souvent utilisée dans les caricatures politiques) tourne l’ennemi en ridicule ou a recours au sarcasme pour créer des préjugés. Identification de l’ennemi: Il s’agit de désigner un groupe ou une personne comme « l’ennemi ». On invite tout simplement la population à croire que l’ennemi a entièrement tort. Gens ordinaires: On essaie de convaincre la population que la vision exprimée est celle de «Monsieur Tout‐le‐Monde » et qu’elle vise son bien‐être. Souvent, on aura recours à l’accent local ou à des références familières pour donner l’impression d’épouser des idées et des croyances similaires aux gens visés. Autorité religieuse ou légitimité scientifique : On a recours à l’écriture et à la terminologie religieuses pour donner l’impression que les affirmations sont sanctionnées par Dieu. L’emploi de vocabulaire scientifique ou médical suggère une légitimité ou une autorité factuelle objective. Stéréotype : On réduit une situation complexe au choix entre « bien » et « mal ». Témoignages d’appréciation : Approbations qui visent à lier une personne célèbre ou respectable à un produit, une proposition ou une cause. On a souvent recours aux témoignages d’appréciation dans la publicité et les campagnes politiques. Transfert: On a recours à cette technique pour lier des sentiments négatifs à un objet, ou pour lier une proposition ou une cause à quelque chose que le public respecte ou apprécie. En période de guerre, on utilise cette technique pour transférer la faute ou les mauvais sentiments.
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3. La musique Le swing Par définition, swinguer, c'est balancer terriblement. Le swing n'est donc pas une musique, mais un terme général qui exprime la manière d'interpréter le Jazz, lorsqu'il est joué en faisant balancer le rythme. Dès qu'il y a Jazz ou tentative de Jazz, la notion de swing l'accompagne, en quelque sorte, comme son principe vital. La grande difficulté provient du fait qu’il ne s’agit pas d’un élément susceptible de se traduire en signes de solfège, le swing demeure de définition hasardeuse. Ce terme a historiquement été repris pour définir un moment de l'histoire du jazz, la période swing (1930‐1940), pendant laquelle on parlait d'orchestres swing, le plus souvent composés de Blancs et n'ayant qu'un lointain cousinage avec le jazz. L'orchestre de Benny Goodman, King of Swing, est le plus célèbre de cette période. Le jazz est haï des nazis pour de nombreuses raisons. D’abord, il est issu du blues des noirs américains (des sous‐
hommes pour Hitler). Ensuite, ils trouvent que le jazz est désordre, déséquilibre, cacophonie. Le jazz symbolise en effet la spontanéité, l’individualité, l’internationalité, bref, l’opposé de la rigueur, de la précision et de l’ordre nazi. Enfin, dans les années 30, les photos du spectacle de Joséphine Baker ont beaucoup choqué et bon nombre de personnes réclament un retour à la morale. Le jazz représente « la bassesse, le manque d’harmonie, la folie. Cela crie, braille et se déchaîne, un véritable laboratoire pour la transfusion de sang nègre. Fuyons ce bacille d’ordure, cette transfusion de saleté, cette peste,… » Le jazz est donc bien sûr interdit mais, malgré toutes les interdictions (1935 : interdiction générale à la radio ; 1938 : interdiction de danser le swing, 1939 : interdiction d’écouter les radios étrangères, la musique anglaise, la musique américaine…), on continue à jouer et à écouter du jazz clandestinement. L’hostilité de certains jeunes se manifesta au travers de modes de vie différents de celui préconisé par Hitler. Ainsi, des jeunes suivaient la mode anglaise et écoutaient du jazz. A Hambourg, par exemple, la jeunesse « swing » organisait d’immenses soirées dansantes : les garçons portaient des cheveux longs (jusqu’à 27 cm, précise un rapport de police), les jeunes filles se maquillaient et ils entretenaient des rapports dont le but n’était pas de donner un enfant au Führer. Certains jeunes, pris sur le fait, sont emprisonnés par la police. A partir de 1940, pour éviter les soirées, on instaure l’interdiction pour les jeunes de sortir de chez eux le soir. Et finalement, en 1940 pour les garçons, 1942 pour les filles, des camps de concentration sont créés pour cette jeunesse rebelle : 2 à 3 ans de camp pour rééduquer les fans de jazz.2 2
perso.wanadoo.fr/t.gobert/abri/abelanet_c/maitrise_musique_nazi/abelanet_nazi : un texte sur les musiques et le nazisme, consulté le 30/07/2003.
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4. Les Jeunesses Hitlériennes Extraits de « Soldats d’une idée – les jeunes sous le Troisième Reich »3 Organisation nazie de la jeunesse allemande, la Hitler‐Jugend était l’un des piliers du projet national‐socialiste d’Adolf Hitler pour asseoir son pouvoir absolu sur tous les aspects de la vie de l’Allemagne du IIIème Reich. Les Jeunesses hitlériennes étaient sous la direction de Baldur von Schirach, intime du Führer et devaient être de véritables « écoles de la nation ». Elles avaient pour objectif de remplacer l’école et la famille et d’engager un processus d’éducation permanente. Il s’agissait d’asservir et d’infantiliser tout un peuple qui n’aurait plus pour seule responsabilité que celle de répondre au désir du Führer. « L’État raciste aura atteint son but suprême d’instructeur et d’éducateur quand il aura gravé dans le cœur et le cerveau de la jeunesse à lui confiée l’esprit et le sentiment de la race. Il ne faut pas qu’un seul garçon ou une seule fille vienne à quitter l’école sans avoir été amené à la parfaite connaissance de ce que sont la pureté du sang et sa nécessité. On aura ainsi établi les conditions de la conservation des fondements raciaux de notre peuple et assuré par là le développement ultérieur de la culture. »4 Dès 1936, Baldur von Schirach fait signer au Führer la « loi sur la Hitler‐Jugend » mais les décrets d’application ne furent pris qu’en 1939 : les parents durent, sous peine d’amende ou de prison, déclarer aux responsables des HJ leurs enfants entrant dans leur dixième année. Le message délivré est clair : « Je n’ai pas de conscience ! Ma conscience s’appelle Adolf Hitler ». « A chaque décision que vous prenez, dites‐vous : Comment le Führer trancherait‐il à ma place ? ». « Nous avons entrepris d’éduquer ce peuple d’une façon nouvelle, de lui donner une éducation qui débute avec la jeunesse pour ne jamais finir. (…) Personne ne doit pouvoir dire qu’il y aura pour lui un temps où il sera laissé à lui‐
même ». Et, c’est à partir de septembre 1933 que les études de « science raciale » furent introduites dans les écoles. Le racisme gagnait en fait toutes les disciplines, même l’apprentissage du calcul… S’ajoutaient à cela des séances pratiques de mensurations de la boîte crânienne auxquels se livraient mutuellement les élèves dans les salles de classe. Il s’agissait tantôt de décrire l’ « expression lâche et fourbe », tantôt d’apprendre à reconnaître les plus beaux spécimens de la race aryenne… Ceci dit, « il ne faut pas confondre race et simple apparence. Race signifie âme. Et il existe des hommes qui présentent extérieurement de réels signes d’appartenance à la race nordique, mais qui sont juifs par l’esprit ». Les contradictions étaient au cœur de l’idéologie nazie, elles permettaient de créer un climat de suspicion et de terreur par la menace de délation. Ainsi, les jeunes allemands faisaient le salut hitlérien de 50 à 100 fois par jour. Le « Heil Hitler » avait remplacé le « bonjour » (aux parents, aux amis, au professeur, au conducteur du tram…). Qui ne répondait pas de la même façon risquait d’être dénoncé… D’autre part, les jeunes doivent penser allemand, agir allemand pour s’identifier à l’idéal : Adolf Hitler. Mais il faut aussi endurcir son corps : « Ton corps appartient à la nation », « Tu as le devoir d’être en bonne santé ». C’est ainsi qu’à 10 ans, le jeune garçon devait parcourir chaque jour 8 à 10 kilomètres à pied ; à 13 ans, 18 kilomètres. Et c’est à 14 ans que les jeunes entraient aux HJ. A 18 ans, ils étaient pris en charge par d’autres structures comme les SS. On les a matraqués durant 8 ans d’images et d’émissions radio sur les bienfaits du nazisme, sur leur supériorité raciale. On les a entraînés physiquement à se battre. « La marche tue la pensée. La marche tue l’individualité. La marche est le rite magique, irremplaçable, dont le mécanisme façonnera la communauté populaire jusque dans le subconscient » 3
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Levi, G., Schmitt, J.C., Histoire des jeunes en Occident. Soldats d’une idée. Les jeunes sous le IIIème Reich, Paris, Seuil, tome 2, 1996, pp.309-335.
Hitler, A., Mein Kampf, Nouvelles éditions latines, Paris, p.426
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L’éducation des filles est similaire mais le but premier est d’en faire de futures mères : « chaque enfant que [la femme] met au monde est une bataille qu’elle livre pour la survie de son peuple », il s’agit de « donner un enfant au Führer » et même si « vous ne pouvez pas toutes trouver un mari, vous pouvez toutes devenir mères ». Il est donc tout à fait recommandé d’avoir des rapports sexuels hors mariage avec un jeune homme qui a le même idéal de conservation de la race. 5. Identité et appartenances : comment on devient ce que l’on est… AMIN MAALOUF
Les identités meurtrières
L’identité de chaque personne est constituée d’une foule d’éléments qui ne se limitent évidemment pas à ceux qui figurent sur les registres officiels. Il y a, bien sûr, pour la grande majorité des gens, l’appartenance à une tradition religieuse; à une nationalité, parfois deux; à un groupe ethnique ou linguistique; à une famille plus ou moins élargie; à une profession; à une institution; à un certain milieu social... Mais la liste est bien plus longue encore, virtuellement illimitée : on peut ressentir une appartenance plus ou moins forte à une province, à un village, à un quartier, à un clan, à une équipe sportive ou professionnelle, à une bande d’amis, à un syndicat, à une entreprise, à un parti, à une association, à une paroisse, à une communauté de personnes ayant les mêmes passions, les mêmes préférences sexuelles, les mêmes handicaps physiques, ou qui sont confrontées aux mêmes nuisances. Toutes ces appartenances n’ont évidemment pas la même importance, en tout cas pas au même moment. Mais aucune n’est totalement insignifiante. Ce sont les éléments constitutifs de la personnalité, on pourrait presque dire « les gènes de l’âme», à condition de préciser que la plupart ne sont pas innés. Si chacun de ces éléments peut se rencontrer chez un grand nombre d’individus, jamais on ne retrouve la même combinaison chez deux personnes différentes, et c’est justement cela qui fait la richesse de chacun, sa valeur propre, c’est ce qui fait que tout être est singulier et potentiellement irremplaçable. 5 Tant il est vrai que ce qui détermine l’appartenance d’une personne à un groupe donné, c’est essentiellement l’influence d’autrui; l’influence des proches — parents, compatriotes, coreligionnaires — qui cherchent à se l’approprier, et l’influence de ceux d’en face, qui s’emploient à l’exclure. Chacun d’entre nous doit se frayer un chemin entre les voies où on le pousse, et celles qu’on lui interdit ou qu’on sème d’embûches sous ses pieds ; il n’est pas d’emblée lui‐même, il ne se contente pas de « prendre conscience » de ce qu’il est, il devient ce qu’il est; il ne se contente pas de « prendre conscience » de son identité, il l’acquiert pas à pas. L’apprentissage commence très tôt, dès la première enfance. Volontairement ou pas, les siens le modèlent, le façonnent, lui inculquent des croyances familiales, des rites, des attitudes, des conventions, la langue maternelle bien sûr, et puis des frayeurs, des aspirations, des préjugés, des rancœurs, ainsi que divers sentiments d’appartenance comme de non‐appartenance. 5
P.16-17
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