La division des ordinateurs, qui prend directement la suite de Elektrologica, annonce immédiatement une nouvelle
famille P1000, caractérisée par la microprogrammation et la modularité. L'inspiration par la S/360 d' IBM est
évidente, bien qu'il n'y ait pas de compatibilité. Le répertoire est décomposé en jeux optionnels, dont l'absence
permet de moduler les prix. Les canaux largement autonomes sont de deux types, baptisés CATCH et BATCH,
travaillant respectivement par caractères et par blocs de mots.
Trois modèles sont proposés pour commencer :
P 1100 est la machine de base, avec tous les jeux mais pauvre en périphériques, avec seulement un canal
Catch pour les appareils de service, et deux canaux Batch dont un intégré pour bandes et disques,
tous périphériques fournis en OEM par Control Data. Sa mémoire est 16, 32 ou 64 KB, cad petite.
Son bloc de calcul en circuits intégrés travaille par byte.
P1200 en diffère par un bloc de calcul 16 bits, qui multiplie les performances par 2 à 3. La mémoire
est également agrandie à 64, 128 ou 256 KB, et peut être étendue avec 1 à 7 blocs de 2 MB, 2,5
µs, tout à fait semblables à la LCS d' IBM. Le nombre des canaux est accru, 3 batch au lieu de 2
pour pouvoir ajouter des disques.
P1400 est encore deux fois plus performante avec la même mémoire, et très probablement son bloc de
calcul fonctionne sur 32 bits , avec les durées suivantes :
Addition 32 bits = 2,5 µs, VF32 = 4 µs, VF64 = 5,5 µs, décimal 10 + 10 = 6 µs.
Multiplication 32 bits = 12 µs, VF64 = 26,5 µs, décimal 5 * 5 = 26 µs
Move 256 caractères = 137 µs.
L'indexation coûte 0,5 µs, l'indirection 1,5 µs, ce qui suggère l'absence de pipeline.
Le nombre des canaux est encore accru, jusqu'à deux catch représentant 11 ou 19 sous-canaux, et
jusqu'à 6 batch pour 2 à 8 périphériques chacun.
P1075 ajouté en 1970 est une variante du P1000 dont on a enlevé tout ce qui ne sert pas à la gestion,
pour en abaisser le prix. 125 opérations, 48 KB de mémoire.
P1175 ajouté en 1972 est une variante commerciale du P1200, avec plus de modularité dans le jeu d'ins-
tructions et dans la taille de mémoire.
En résumé une famille clairement compétitive, à la condition que le client ait confiance dans un fournisseur qui
copie les idées et sous-traite les périphériques.
Le logiciel est comparable à ce que propose IBM à la même époque, avec au choix un BOS, un DOS/TOS avec
spool, et à partir de 1973 un MMS occupant 19 KB, offrant 12 partitions et le télétraitement. Les langages sont
Algol, Fortran et Cobol, en plus d'un autocodeur assez classique.
La documentation est étoffée, comprenant :
- un article de Dinklo et de Vries sur la microprogrammation, qui utilise une mémoire morte à tiges
magnétiques, où les fils matérialisant les microinstructions passent à droite ou à gauche de la tige.
Elle est construite en blocs de 512 fils et 96 tiges. Le timing est 500 ns tétraphasé.
- une Autocode Reference Card, dépliant aide-mémoire de tout le répertoire P 1000.
- un gros document en deux volumes décrivant les quatre jeux constitutifs du rèpertoire, base, décimal,
virgule flottant et pile.
- quatre notices illustrées décrivant les possibilités individuelles des quatre modèles cités plus haut.
- un document illustré sur les communications dans le système P1000, servant d'introduction aux familles
P9200 (qui sont des DDP 416 ou 516) et P350, terminaux lourds capables d'autonomie sur des
tâches bureautiques.
- et pour finir un catalogue de 1970, abondamment illustré, couvrant tous les matériels commercialisés à
cette date par Philips Data Système.
L'architecture P1000 va durer plusieurs années, apparemment avec un succès insuffisant pour rendre bénéficiaire
la division correspondante, et c'est donc elle que Philips apportera à Unidata, la première tentative d'informatique
européenne, conçue par CII et Siemens.
La machine Unidata 7.720, bas de gamme proposé par Philips comme participation à cette entreprise,
était en réalité une machine en cours d'étude dans la filiale belge de Philips, MBLE. Annoncée en 1973, pour
prendre rang, dès que les deux promoteurs de l'opération eurent agréé Philips comme partenaire, cette machine
bas de gamme était essentiellement une Siemens 4004, dont la microprogrammation pouvait être adaptée pour
construire les codes R des Iris 50 et le code P des P1000.
La machine était prête en mai 75, alors que le gouvernement français venait de mettre fin au projet en acceptant
de racheter une grosse part de Bull à Honeywell pour créer une CII / HB, orientée très différemment. Philips
n'avait dès lors plus d'intérêt à soutenir le projet, et la 7.720 n'eut pas de suite, Philips se cantonnant désormais
dans son bas de gamme.
Catalogue informatique – Volume F - Ingénieur Général de l'Armement Henri Boucher Page :5/133