VOLUME VI
INFORMATIQUE NON AMERICAINE
seconde partie
par l'Ingénieur Général de l'Armement BOUCHER Henri
Catalogue informatique – Volume F - Ingénieur Général de l'Armement Henri Boucher Page :1/133
TABLE DES MATIERES
Informatique non américaine
Seconde partie
746 Informatique en Grèce 1
747 Informatique hollandaise 2
748 Informatique israélienne 11
749 Informatique italienne 14
750 La carrière d' Olivetti 15
751 Histoire de l'informatique au Japon 19
752 Les machines de Fujitsu 29
753 L'informatique d' Hitachi 41
754 L'informatique chez Nippon Electric Co 53
755 L'informatique chez Mitsubishi 66
756 Oki Electric Industries 69
757 L'informatique chez Toshiba 72
758 Autres constructeurs japonais 78
759 Asie du Sud-Est 93
760 Informatique norvègienne 94
761 Informatique en Nouvelle Zélande 97
762 Informatique suédoise 98
763 Informatique suisse 104
764 Informatique en Irlande 107
765 Informatique taîwanaise 107
766 Informatique des pays de l' Est 109
767 Informatique soviétique 110
768 Informatique hongroise 123
769 Informatique polonaise 125
770 Informatique roumaine 127
771 Informatique tchécoslovaque 128
772 Informatique bulgare 129
773 Informatique de la DDR (Deutsche Democratik Republik = RDA) 130
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746 - Informatique en Grèce
Un petit pays agricole comme la Grèce, dont le redressement a été longuement retardé par la guerre
civile, ne dispose d'aucune industrie informatique propre, ni même de filiale de constructeur. Tout au plus y
trouve-t'on, dans les années 80 et suivantes, des agences commerciales d' IBM et de vendeurs de PC.
Au plan militaire, le retard de l'équipement grec est tout aussi notable, et le pays est entré dans l'OTAN
avec l'intention avouée de négocier les bases qu'il accorde à l'organisation contre des crèdits d'équipement, sous la
forme d'une part statutaire des investissements qu'elle prévoit.
En attendant des décisions dans ce sens, il existe quelques firmes capables de petites fabrications ou de
l'entretien d'installations faites par d'autres. On peut citer :
- cinq conduites de tir Kanaris ont été produites par Sperry en liaison avec GETEN, le centre de recherche
de la Marine grecque. Quatre ont été installées sur les sous-marins 209, la dernière se trouve à terre pour
l'entrainement. Il est probable que d'autres systèmes Kanaris seront installés, au fur et à mesure des besoins, sur
d'autres batiments grecs.
- Pythagoras est un calculateur portable construit par Hellenic Aerospace Industry (EAB), une société de 3800
personnes fondée en 1976, essentiellement vouée à la maintenance des armes et équipements. Ce petit calculateur
est préprogrammé pour s'adapter aux caractéristiques des canons américains disponibles dans l'armée grecque, les
usagers (au niveau de la batterie de 6 pièces) n'ayant à afficher que les paramètres de tir. Il est construit autour
de microprocesseurs 8 bits.
Les pages extraites de la revue internationale de Défense, décrivant le salon Defendory 1986 tenu au
Pirée, donnent une idée du niveau très bas de l'équipement de ce pays et montrent bien que l'informatique ne
joue encore qu'un très faible rôle dans les préoccupations des autorités militaires.
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747 - Informatique hollandaise
Sitôt la guerre finie et l'ordre rétabli dans le pays, les universitaires hollandais, comme ceux de tous les
pays d' Europe sauf la France, se sont intéressés à l'informatique. Ici c'est le Centre Mathématique de l'
Université d' Amsterdam qui s'est mis à construire des machines, en commençant par une ARRA 1 à relais
(1951), et en continuant immédiatement avec une ARRA 2 à tambour magnétique et tubes (1953) , bizarre-ment
baptisée ainsi par continuité alors que R veut dire relais.
Cette seconde machine attira l'attention de la Royal Dutch Airplane Factory, qui en demanda une copie, baptisée
FERTA (1955), laquelle fut assez rapidement suivie d'une ARMAC ( 6 / 56) commandée spéciale-ment. La
coopération entre université et industrie marche apparemment partout sauf en France.
L'administration aussi joue son rôle de découvreur : les PTT financent la réalisation, par le Professeur
Van der Pol, d'un calculateur à tubes, relais et tambour magnétique baptisé PTERA, qui constitua le prototype de
la machine Zebra réalisée ensuite par Stantec. Elle était exceptionnellement lente pour une machine à tambour, 20
ops/seconde, et pas très fiable, mais elle contenait des idées originales qui justifient le succès économique de son
successeur (1953).
Nous disposons, au sujet de cette PTT Elektronische Reken Automat, d'un document PTT dont tous les articles
sont écrits par Van der Poel, malheureusement en hollandais, document complèté par les schémas logiques
détaillés. Voir fiche.
Cependant, comme le veut la logique dans tous les pays sauf en France, c'est ensuite l'industrie qui se
penche sur l'informatique naissante, avec une société Elektrologica fondée à La Haye, expressément pour réaliser
des machines. Nouvel exemple de coopération, l'initiative vient d'une compagnie d'assurance, Nillmij, qui finance
la société de production, tandis que la conception du prototype se situe au centre mathématique d' Amsterdam.
C'est la naissance de la X1 (voir fiche et deux manuels de 1959) et aussi celle d'une vocation, car la première
X1 est installée au Centre Mathématique d' Amsterdam, et c'est que Dijkstra, futur guru de l'informatique
européenne, réalise pour elle le premier compilateur Algol 60 du pays, sinon de l' Europe (voir document de
1961).
On notera que cette X1 est transistorisée, tourne à 500 KHz , et dispose d'une mémoire de 32000 mots à tores
magnétiques, terriblement ambitieuse si l'on songe que le module de l'époque est 512 mots.
Suit, quatre ans plus tard, une X8 à compatibilité ascendante, beaucoup plus perfectionnée et 8 fois plus
puissante, ce qui justifie son sigle. Commercialement, il apparaitra vite nécessaire de réduire cet écart en
proposant des machines de puissance intermédiaire, qui seront baptisées X2, X3, X4, X5, exactement compatibles.
Voir fiches.
La plus importante firme industrielle de Hollande est Philips, dont le siège est à Eindhoven, et qui
touche à la fin de la guerre à l'electricité, à l'électronique et à l'électroménager. Philips ne pouvait ignorer
l'informatique naissante et, dès 1956, le Philips Research Laboratory d' Eindhoven construit PETER, une machine
série comportant une mémoire principale à tambour magnétique 2048 * 20 bits, et une petite mémoire de travail
de 32 * 20 bits à tores magnétiques. L'addition prend 20 µs, la multiplication 700 µs.
Cette expérience technologique réussie, le laboratoire entreprend la construction de PASCAL, le Philips
Automatic Sequence CALculator, une machine parallèle à mot de 44 bits clairement destinée au calcul
scientifique. Le tambour subsiste, mais la mémoire principale est désormais la mémoire à tores de 2016 mots,
cycle de 6 µs, la différence avec le chiffre cablé de 2048 mots correspondant à 32 registres adressables divers.
La technologie est mixte, tubes dès qu'il faut de la puissance, transistors et diodes pour la logique. Voir fiche.
Les scientifiques sont satisfaits, et Philips construit pour ses besoins de gestion un second exemplaire, STEVIN,
qui ne diffère du premier que par un choix de périphériques légèrement différent. On doit suopposer que les
personnels affectés à la programmation de la gestion sur STEVIN ont perçu les difficultés et que cela a
contribué aux décisions qui ont suivi.
Après ces prototypes, Philips décide de s'implanter en informatique, mais tâtonne encore. Nous avons des
traces d'un PR 8000 en 1965, et d'une facturière ER 3600 en 1968 (fiche).
La vraie cision intervient vers 1968, avec l'achat de NV Elektrologica, dont la série X est un succès.
Installée à Appledoorn, la firme s'appelle Philips Data System et comporte cinq divisions : machines de
bureautique, ordinateurs, périphériques, centre de calcul, petits ordinateurs, la dernière étant la plus floue, destinée
à donner de la souplesse à la structure.
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La division des ordinateurs, qui prend directement la suite de Elektrologica, annonce immédiatement une nouvelle
famille P1000, caractérisée par la microprogrammation et la modularité. L'inspiration par la S/360 d' IBM est
évidente, bien qu'il n'y ait pas de compatibilité. Le répertoire est décomposé en jeux optionnels, dont l'absence
permet de moduler les prix. Les canaux largement autonomes sont de deux types, baptisés CATCH et BATCH,
travaillant respectivement par caractères et par blocs de mots.
Trois modèles sont proposés pour commencer :
P 1100 est la machine de base, avec tous les jeux mais pauvre en périphériques, avec seulement un canal
Catch pour les appareils de service, et deux canaux Batch dont un intégré pour bandes et disques,
tous périphériques fournis en OEM par Control Data. Sa mémoire est 16, 32 ou 64 KB, cad petite.
Son bloc de calcul en circuits intégrés travaille par byte.
P1200 en diffère par un bloc de calcul 16 bits, qui multiplie les performances par 2 à 3. La mémoire
est également agrandie à 64, 128 ou 256 KB, et peut être étendue avec 1 à 7 blocs de 2 MB, 2,5
µs, tout à fait semblables à la LCS d' IBM. Le nombre des canaux est accru, 3 batch au lieu de 2
pour pouvoir ajouter des disques.
P1400 est encore deux fois plus performante avec la même mémoire, et très probablement son bloc de
calcul fonctionne sur 32 bits , avec les durées suivantes :
Addition 32 bits = 2,5 µs, VF32 = 4 µs, VF64 = 5,5 µs, décimal 10 + 10 = 6 µs.
Multiplication 32 bits = 12 µs, VF64 = 26,5 µs, décimal 5 * 5 = 26 µs
Move 256 caractères = 137 µs.
L'indexation coûte 0,5 µs, l'indirection 1,5 µs, ce qui suggère l'absence de pipeline.
Le nombre des canaux est encore accru, jusqu'à deux catch représentant 11 ou 19 sous-canaux, et
jusqu'à 6 batch pour 2 à 8 périphériques chacun.
P1075 ajouté en 1970 est une variante du P1000 dont on a enlevé tout ce qui ne sert pas à la gestion,
pour en abaisser le prix. 125 opérations, 48 KB de mémoire.
P1175 ajouté en 1972 est une variante commerciale du P1200, avec plus de modularité dans le jeu d'ins-
tructions et dans la taille de mémoire.
En résumé une famille clairement compétitive, à la condition que le client ait confiance dans un fournisseur qui
copie les idées et sous-traite les périphériques.
Le logiciel est comparable à ce que propose IBM à la même époque, avec au choix un BOS, un DOS/TOS avec
spool, et à partir de 1973 un MMS occupant 19 KB, offrant 12 partitions et le télétraitement. Les langages sont
Algol, Fortran et Cobol, en plus d'un autocodeur assez classique.
La documentation est étoffée, comprenant :
- un article de Dinklo et de Vries sur la microprogrammation, qui utilise une mémoire morte à tiges
magnétiques, les fils matérialisant les microinstructions passent à droite ou à gauche de la tige.
Elle est construite en blocs de 512 fils et 96 tiges. Le timing est 500 ns tétraphasé.
- une Autocode Reference Card, dépliant aide-mémoire de tout le répertoire P 1000.
- un gros document en deux volumes décrivant les quatre jeux constitutifs du pertoire, base, décimal,
virgule flottant et pile.
- quatre notices illustrées décrivant les possibilités individuelles des quatre modèles cités plus haut.
- un document illustré sur les communications dans le système P1000, servant d'introduction aux familles
P9200 (qui sont des DDP 416 ou 516) et P350, terminaux lourds capables d'autonomie sur des
tâches bureautiques.
- et pour finir un catalogue de 1970, abondamment illustré, couvrant tous les matériels commercialisés à
cette date par Philips Data Système.
L'architecture P1000 va durer plusieurs années, apparemment avec un succès insuffisant pour rendre bénéficiaire
la division correspondante, et c'est donc elle que Philips apportera à Unidata, la première tentative d'informatique
européenne, conçue par CII et Siemens.
La machine Unidata 7.720, bas de gamme proposé par Philips comme participation à cette entreprise,
était en réalité une machine en cours d'étude dans la filiale belge de Philips, MBLE. Annoncée en 1973, pour
prendre rang, dès que les deux promoteurs de l'opération eurent agréé Philips comme partenaire, cette machine
bas de gamme était essentiellement une Siemens 4004, dont la microprogrammation pouvait être adaptée pour
construire les codes R des Iris 50 et le code P des P1000.
La machine était prête en mai 75, alors que le gouvernement français venait de mettre fin au projet en acceptant
de racheter une grosse part de Bull à Honeywell pour créer une CII / HB, orientée très différemment. Philips
n'avait dès lors plus d'intérêt à soutenir le projet, et la 7.720 n'eut pas de suite, Philips se cantonnant désormais
dans son bas de gamme.
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