
relevant du national. Et c’est justement ce titre que nous avons conservé avec 
délité, honneur et erté durant l’exil dans toute la Diaspora, très précisément 
dans tout ce monde où il n’y avait aucune place pour une vie nationale. Le titre 
d’Hébreu par  contre,  s’avère  désigner  non  seulement le père de  notre  nation, 
Avraham  Avinou,  mais  depuis,  tous  ses  descendants,  non  par  le  biais  d’une 
appartenance nationale – elle n’aurait aucun sens avant l’apparition d’un Peuple 
Juif en Egypte – mais par le biais d’une identité avec une foi particulière, identité 
que nous avons malheureusement piétinée sur notre Terre, quasiment durant 
tout le temps du Premier Temple ainsi qu’une partie du Second Temple, mais 
une identité qui n’a jamais été aussi profondément ancrée que durant notre exil 
dans la Diaspora. C’est là-bas que nous avons appris à nous attacher à la Torah 
et aux Mitsvot – pour nombre d’entre nous en tant que Juifs de Sartre, ceux qui 
ne sont Juifs que grâce à l’antisémitisme – et c’est là bas que nous avons réalisé 
ce qui relevait du titre que nous portions dans notre Terre. Quel paradoxe ! 
An de résoudre cette énigme, ce grand personnage qu’était Manitou zatsa’’l 
– cet article se veut être un hommage à cette personnalité remarquable, grâce à 
qui le judaïsme n’a pas été effacé de la conscience des Juifs francophones – avait 
l’habitude de préciser  que le terme Hébreu  désignait celui qui est à  même de 
deviner le dessein et la volonté de D. dans l’histoire. Dans une telle conception, 
l’Hébreu  est  cette  personne  capable  d’aborder  l’histoire  par  le  prisme  d’un 
esprit relevant du prophétique, donc du transcendant. Ce statut particulier de 
l’Hébreu, Manitou l’avait essentiellement compris par le biais des écrits du Rav 
Eliah Benamozegh zatsa’’l (entre autres dans son livre ‘Morale juive et morale 
chrétienne’). Ce géant du judaïsme italien, qui n’a jamais laissé place dans tout ce 
qui relevait des rapports du Juif à D. au terme de judaïsme, parlait uniquement 
en terminologie d’Hébraïsme.  Effectivement,  il  serait  tout  ce  qu’il y a de plus 
déplorable si notre identité profonde s’exprimait par le biais de l’Etat, serait-ce 
l’Etat de notre pays que nous aimons profondément. Mais si l’Hébreu est celui 
qui sait deviner les desseins de  D., comme l’afrmait Manitou, l’hébraïsme se 
doit  d’englober  dans  ses rangs  même  le dernier  des  Juifs  qui  ne  serait  pas à 
même de s’élever à de telles hauteurs spirituelles.