MAI 2006 _ PHARMACEUTIQUES
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diversifier ? », interroge ce dernier,
qui estime que le nombre des visi-
teurs médicaux pourrait baisser de
30 à 50 % d'ici 2010. Dans le paysage
recomposé du marketing tradition-
nel des laboratoires, de nouveaux
« clients » ont également émergé. Tel
les patients, qui manifestent de
réelles attentes d'information sur
leur santé. Une évolution fortement
perçue par les praticiens, dont plus
de 90 %2les estiment plus exigeants,
sinon plus méfiants (83 %) et surtout
plus demandeurs de médicaments
spécifiques (81 %). « Et si la commu-
nication sur les produits est encore
interdite en direction des patients, les
entreprises revendiquent un droit à
l'information directe pour favoriser
sensibilisation, dépistage, prévention
et observance. » Un droit légitime
dont elles se sont déjà saisies, en me-
nant de véritables campagnes de
santé publique. Autres « clients » his-
toriques des laboratoires, développe-
ment des génériques oblige, les phar-
maciens sont aussi devenus des
cibles du marketing pharma. Des
cibles hier encore négligées, sinon
méconnues, aujourd'hui objets de
toutes les attentions et de multiples
opérations de communication ou
de formation, tant dans le
domaine médical que sous une ap-
proche plus commerciale (tech-
niques de ventes, merchandising) ou
technique. Pour réussir cette
conduite du changement, tant en in-
terne qu'au regard des clients visés,
de nouvelles approches s'imposent.
Mais de nouveaux outils également.
« L'intégration du back office et du
front office est impérative pour ac-
compagner et soutenir les change-
ments de processus déjà amorcés »,
rappelle Bernard Martinez, directeur
Life Science France chez Siebel, qui
vient de fusionner avec Oracle. Car,
désormais, tous les cycles de vie d'un
produit doivent être l'objet d'une
amélioration de leur processus. De la
recherche amont, où il s'agit d'amé-
liorer la sélection des candidats, au
développement, où il faut rapide-
ment identifier les cohortes et réduire
les délais, en passant par la produc-
tion, où il importe d'accroître la pro-
ductivité, jusqu'au client auprès du-
quel il faut améliorer l'efficacité
commerciale, aucune étape ne doit
être négligée. Car chacune vit à sa ma-
nière et à son rythme la globalisation
et requière les meilleurs indicateurs
de performance pour permettre à
l'entreprise de réussir. Notamment
dans la conduite de ces changements
qui s'imposent désormais de manière
pressante. ■
JEAN-JACQUES CRISTOFARI
Si en 2002, 64% des laboratoires in-
terrogés ont des projets CRM en
cours et/ou envisagent des projets
CRM, plus de 7 laboratoires sur 10
ont fini le déploiement de leur pro-
jet en 2006 et s'engagent dans son
amélioration. 95 % des équipes de la
force de vente sont équipées d'ordi-
nateurs portables, 65 % de PDA, 55 %
de téléphone mobile et 30 % d'un ex-
tranet. 23,8 % des laboratoires inter-
rogés disposent d'un ETMS déve-
loppé en interne. Ils n'étaient que
15 % en 2002. 33,3 % utilisent le sys-
tème Siebel et 62 % ont recours à
Teams. Pus de 8 laboratoires sur 10
disposent d'un outil CRM analytique,
qui est déployé dans un grand
nombre de services, notamment
dans les ventes, le service client ou
encore le marketing opérationnel et
d'étude. Si la force de vente donne le
sentiment de bien utiliser son équi-
pement, le marketing semble ne pas
s'être approprié les outils, qu'il juge
souvent peu satisfaisant dans leur
utilisation ou compréhension. Ils
sont initiés tant par la maison mère
que par la filiale France et sont gérés
aussi bien par un service dédié (53 %)
que par une équipe transversale
(47 %). Plus de 8 laboratoires sur 10
investis dans un projet CRM ont mis
en place une démarche de veille
pharmaceutique. Le déploiement du
projet procède majoritairement
d'une démarche globale de l'entre-
prise (77,8 %), requière l'implication
des utilisateurs (33,3 %). Son prix
compte relativement peu (11,1 %).
Les projets CRM apportent comme
bénéfice, outre une meilleure
connaissance client, par le partage de
l'information et de meilleures re-
montées au siège, une meilleure ob-
servance des recommandations de la
maison mère et un calcul de la me-
sure d'impact des actions réalisées.
Au nombre des difficultés rencon-
trées, les laboratoires évoquent la
complexité de la technologie, la né-
cessité de repenser les processus ma-
nagériaux ou encore celle d'accom-
pagner les changements auprès des
équipes vente et marketing. Près de
2/3 des répondants estiment que le
bilan est positif car il répond à un vé-
ritable besoin de performance et de
réactivité dans la démarche com-
merciale et constitue « un formidable
moyen de construire un avantage
compétitif pour l'avenir ». Le tiers
restant considère leur bilan de façon
mitigé car à ses yeux, le CRM est un
concept difficile à mettre en pratique
et l'approche pharmaceutique est
encore assez peu développée.
[Méthodologie : enquête téléphonique
auprès des responsables CRM des labo-
ratoires pharmaceutiques. Sur 50 labo-
ratoires contactés, 23 ont répondu à l'en-
quête réalisée entre les 13 et 31 mars
derniers.]
PROJETS CRM : ÉTAT DES LIEUX
Pour la 6ème Journée PCRM, Universal Medica a réalisé un bilan des projets CRM dans
le secteur pharmaceutique afin d'évaluer l'évolution des pratiques en la matière.
(1) Pharmaceutical Customer Relationship
Management ou gestion de la relation client
pharmaceutique
(2) Etude Ipsos septembre 2004
© PHILIPPE DENEUFVE
Les pharmaciens,
nouvelles cibles
du marketing ?
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