METIERS 137.qxp 27/04/06 16:05 Page 1 actualités MARKETING COMMENT MANAGER SES NOUVEAUX CLIENTS Le management de la relation client (CRM) est désormais solidement ancré dans les stratégies marketing des industriels du médicament. La 6ème journée du PCRM a permis d'en resituer les enjeux, dans un univers santé en plein bouleversement. —————— a vie des entreprises du médicament n'est plus un long fleuve tranquille. Sous l'emprise des multiples réformes, les laboratoires doivent en permanence se repositionner en fonction des nouvelles donnes que leur impose leur environnement, tant règlementaire que concurrentiel. Les DR L comportements évoluent à grands pas, les patients, devenus consommateurs, sont de plus en plus informés et de plus en plus exigeants. Les offres thérapeutiques habituelles sont arrivées à maturation et de nouvelles pathologies sont en attente de traitement. Le marketing est bousculé par l'émergence d'innovations de plus en plus ciblées et la R&D cherche du côté des biotechnologies une issue à la Bernard baisse tendancielle de sa proMartinez, ductivité. Ainsi sur 39 lancedirecteur Life Science ments de produits attendus en France chez 2006 dans le monde, 10 seront Siebel. issus des biotech, 11 concerneront les pathologies du cancer, les deux tiers seront à destination des praticiens spécialistes. « Dans ce contexte d'une branche en pleine mutation, les entreprises du médicament ont désormais à affronter un nouveau défi, celui de la gestion et de la conduite du changement », résume à cet égard Rafi Mardachti, directeur associé d'Universal Medica et organisateur de la traditionnelle journée du PCRM1. Résistance au changement. Reste que si le besoin de changement est patent, la résistance à ce dernier l'est tout autant, comme l'a démontré une étude de Standish Group : sur 365 compagnies qui ont essayé d'introduire un changement, seuls 16 % des projets ont connu la réussite. Principale raison, l'inadaptation des structures de management traditionnelles. « Le manque de formations en gestion de projet, l'éparpillement de cette dernière dans l'organisation, les écarts entre la stratégie annoncée et les projets livrés, la gestion inefficace de ressources sont autant de facteurs contributifs à cette inadaptation », poursuit le directeur associé qui invite les entreprises qui souhaitent piloter le changement à ne surtout pas négliger « le côté humain de l'entreprise ». Au-delà de l'appropriation de nouvelles procédures et systèmes, il s'agit globalement de rehausser la productivité, d'augmenter le savoir-faire, de faire accepter les nouveaux rôles et responsabilités. En un mot, d'accroître l'efficacité même de l'organisation. Ce tableau d'ensemble n'est pas sans effet sur le marketing pharmaceutique amené ces dernières années à recomposer ses opérations. « Nous assistons à une volonté affirmée des pouvoirs publics et du législateur de renforcer le contrôle sur toute forme d'action des laboratoires sur les médecins, en particulier sur la visite médicale », note à cet égard le Professeur Alain Ollivier, à l'ESCPEAP, titulaire de la chaire santé Johnson&Johnson. « Quel sera le profil du visiteur médical de demain ? Sous quelles formes et à quel rythme l'approche des médecins va-t-elle se MAI 2006 _ PHARMACEUTIQUES 81 METIERS 137.qxp 27/04/06 16:05 Page 12 PHARMACEUTIQUES _ MAI 2006 METIERS 137.qxp 27/04/06 16:05 Page 13 © PHILIPPE DENEUFVE 83 Les pharmaciens, nouvelles cibles du marketing ? diversifier ? », interroge ce dernier, qui estime que le nombre des visiteurs médicaux pourrait baisser de 30 à 50 % d'ici 2010. Dans le paysage recomposé du marketing traditionnel des laboratoires, de nouveaux « clients » ont également émergé. Tel les patients, qui manifestent de réelles attentes d'information sur leur santé. Une évolution fortement perçue par les praticiens, dont plus de 90 %2 les estiment plus exigeants, sinon plus méfiants (83 %) et surtout plus demandeurs de médicaments spécifiques (81 %). « Et si la commu- nication sur les produits est encore interdite en direction des patients, les entreprises revendiquent un droit à l'information directe pour favoriser sensibilisation, dépistage, prévention et observance. » Un droit légitime dont elles se sont déjà saisies, en menant de véritables campagnes de santé publique. Autres « clients » historiques des laboratoires, développement des génériques oblige, les pharmaciens sont aussi devenus des cibles du marketing pharma. Des cibles hier encore négligées, sinon méconnues, aujourd'hui objets de toutes les attentions et de multiples opérations de communication ou de formation, tant dans le domaine médical que sous une approche plus commerciale (techniques de ventes, merchandising) ou technique. Pour réussir cette conduite du changement, tant en interne qu'au regard des clients visés, de nouvelles approches s'imposent. Mais de nouveaux outils également. « L'intégration du back office et du front office est impérative pour accompagner et soutenir les change- ments de processus déjà amorcés », rappelle Bernard Martinez, directeur Life Science France chez Siebel, qui vient de fusionner avec Oracle. Car, désormais, tous les cycles de vie d'un produit doivent être l'objet d'une amélioration de leur processus. De la recherche amont, où il s'agit d'améliorer la sélection des candidats, au développement, où il faut rapidement identifier les cohortes et réduire les délais, en passant par la production, où il importe d'accroître la productivité, jusqu'au client auprès duquel il faut améliorer l'efficacité commerciale, aucune étape ne doit être négligée. Car chacune vit à sa manière et à son rythme la globalisation et requière les meilleurs indicateurs de performance pour permettre à l'entreprise de réussir. Notamment dans la conduite de ces changements qui s'imposent désormais de manière pressante. ■ JEAN-JACQUES CRISTOFARI (1) Pharmaceutical Customer Relationship Management ou gestion de la relation client pharmaceutique (2) Etude Ipsos septembre 2004 PROJETS CRM : ÉTAT DES LIEUX Pour la 6ème Journée PCRM, Universal Medica a réalisé un bilan des projets CRM dans le secteur pharmaceutique afin d'évaluer l'évolution des pratiques en la matière. Si en 2002, 64% des laboratoires interrogés ont des projets CRM en cours et/ou envisagent des projets CRM, plus de 7 laboratoires sur 10 ont fini le déploiement de leur projet en 2006 et s'engagent dans son amélioration. 95 % des équipes de la force de vente sont équipées d'ordinateurs portables, 65 % de PDA, 55 % de téléphone mobile et 30 % d'un extranet. 23,8 % des laboratoires interrogés disposent d'un ETMS développé en interne. Ils n'étaient que 15 % en 2002. 33,3 % utilisent le système Siebel et 62 % ont recours à Teams. Pus de 8 laboratoires sur 10 disposent d'un outil CRM analytique, qui est déployé dans un grand nombre de services, notamment dans les ventes, le service client ou encore le marketing opérationnel et d'étude. Si la force de vente donne le sentiment de bien utiliser son équipement, le marketing semble ne pas s'être approprié les outils, qu'il juge souvent peu satisfaisant dans leur utilisation ou compréhension. Ils sont initiés tant par la maison mère que par la filiale France et sont gérés aussi bien par un service dédié (53 %) que par une équipe transversale (47 %). Plus de 8 laboratoires sur 10 investis dans un projet CRM ont mis en place une démarche de veille pharmaceutique. Le déploiement du projet procède majoritairement d'une démarche globale de l'entreprise (77,8 %), requière l'implication des utilisateurs (33,3 %). Son prix compte relativement peu (11,1 %). Les projets CRM apportent comme bénéfice, outre une meilleure connaissance client, par le partage de l'information et de meilleures remontées au siège, une meilleure observance des recommandations de la maison mère et un calcul de la mesure d'impact des actions réalisées. Au nombre des difficultés rencontrées, les laboratoires évoquent la complexité de la technologie, la nécessité de repenser les processus managériaux ou encore celle d'accompagner les changements auprès des équipes vente et marketing. Près de 2/3 des répondants estiment que le bilan est positif car il répond à un véritable besoin de performance et de réactivité dans la démarche commerciale et constitue « un formidable moyen de construire un avantage compétitif pour l'avenir ». Le tiers restant considère leur bilan de façon mitigé car à ses yeux, le CRM est un concept difficile à mettre en pratique et l'approche pharmaceutique est encore assez peu développée. [Méthodologie : enquête téléphonique auprès des responsables CRM des laboratoires pharmaceutiques. Sur 50 laboratoires contactés, 23 ont répondu à l'enquête réalisée entre les 13 et 31 mars derniers.] MAI 2006 _ PHARMACEUTIQUES