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L’ubérisation des hedge funds par la gestion
« Alternative Risk Premia »
Après les gérants traditionnels avec les ETFs, les gérants de hedge funds sont de plus en plus
concurrencés par les fonds « Alternative Risk Premia » qui répliquent stratégies
d’investissement similaires, à moindre coût et avec une liquidité quotidienne…
En utilisant une approche quantitative, ces stratégies ont en effet pour objectif de capturer les
primes de risque (« Risk Premia ») présentes sur les marchés financiers ; une méthode
jusqu’alors utilisée par les gérants de hedge funds.
« Les approches par primes de risque alternatives sont des stratégies qui permettent de dégager
une surperformance en prenant des risques systématiques sur des classes d’actifs ou sur des
indices alternatifs. Le concept trouve ses origines dans l’industrie des hedge funds mais sans
pour autant souscrire aux frais de gestion traditionnellement élevés et à la faible transparence
inhérente au paradigme de la boîte noire que l’on retrouve souvent dans ce secteur » indique
Pierre-Yves Moix, co-gérant de la stratégie Alternative Risk Premia chez GAM.
Quatre principaux styles
Dans la pratique, il s’agit de saisir l’alpha structurel sur les principales classes d’actifs, via des
techniques issues du monde de la gestion alternative. S’il existe plus d’une quarantaine de
primes de risques identifiées par la recherche académique, « quatre styles d’investissement –
Value, Momentum, Carry et Defensive – ont émergé comme sources convaincantes de
rendements alternatifs » explique Ronen Israel, principal chez AQR Capital Management.
Ces styles Value, Momentum, Carry, Defense, ont les logiques d’investissement suivantes :
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Value : les titres sous-valorisés offrent généralement des rendements supérieurs à ceux
surévalués par le marché,
Momentum : la tendance du moment tend à se prolonger dans un futur proche, ce qui
conduit à privilégier les actifs dont les cours sont en train de s’apprécier au détriment
de ceux affichant des prix orientés à la baisse,
Carry : les actifs à fort rendement affichent une meilleure performance que ceux à faible
rendement,
Defensive : les titres de qualité les moins volatils affichent généralement de meilleurs
couples rendement/risque.
« Appliqués comme des stratégies « long/short », ces styles ont généré des rendements positifs
à long terme tout en affichant de faibles corrélations vis-à-vis d’autres types d’investissement »
ajoute Ronen Israel.
Des acteurs français
Preuve d’un intérêt grandissant des investisseurs pour ces produits, « l’industrie de la gestion
d’actifs mais aussi les banques proposent depuis quelques années des produits de gestion
systématique risk premia » comme le précise Pierre-Yves Moix, co-gérant de la stratégie
Alternative Risk Premia chez GAM. Pourtant, « des efforts restent à faire chez tous ces acteurs
pour bien faire comprendre aux investisseurs le fonctionnement de leurs produits » ajoute-t-il.
Outre les banques, ces véhicules sont notamment proposés par des grands fonds internationaux
comme Allianz GI, Unigestion, BlackRock, Lombard Odier et AQR. En France, des acteurs
comme Eraam ou encore La Française Investment Solutions se sont également positionnés sur
ce créneau.
Soit, une structure de coût divisée quasiment par deux par rapport au format classique de
rémunération d’un fonds alternatif : 2 % fixe - 20 % variable.
De même, la société de gestion UNCIA, a lancé une stratégie innovante « Uncia Smart
Premia », le premier fonds de la place utilisant les publications de résultats comme source de
performance. La société de gestion, qui se revendique comme le spécialiste de l’analyse
quantitative autour des publications de résultats, propose des frais de gestion de 1 % annuel et
des frais de surperformance de 10 % au-delà du taux Eonia Capitalisé.
Les investisseurs qui sont prêts à se positionner sur des fonds lancés récemment, pourront ainsi
profiter des frais plus light.
Néanmoins, les frais ne drivent pas la collecte. C’est l’historique de performances et
l’infrastructure de la Recherche à disposition des équipes de gestion qui sont les principaux
paramètres pris en compte par les institutionnels pour investir dans des fonds alternatifs. Une
étude de Preqin sur les frais des hedge funds, indique d’ailleurs que les fonds s’affichant dans
le 1er quartile sur 5 ans ont en moyenne des frais de performance annualisée de 19,67 % contre
18,75 % pour ceux appartenant au dernier quartile sur 5 ans. Et, les fonds d’un encours
minimum de 5 milliards de dollars facturent respectivement 1,69 % et 20,32 % pour leurs frais
de gestion et de performance, par rapport à 1,55 % et 18,93 % pour ceux ayant moins de 100
millions de dollars d’actifs sous gestion.
Preuve que les plus gros fonds et ceux avec un bel historique de performances disposent encore
d’un « petit matelas » sur la concurrence.
Un avenir radieux
Quoi qu’il en soit, l’avenir semble au beau fixe pour le concept « Risk Premia » et les appels
d’offres se multiplient.
D’après une récente étude publiée cette année par Citibank, les encours globaux sous gestion de ces
stratégies - incluant le « Smart beta » - devrait atteindre 1 200 milliards de dollars en 2019 contre 265
milliards de dollars en 2014.
Il faut dire que les résultats obtenus sur la période allant de 1990 à 2013 sont particulièrement
alléchants, aussi bien en termes de couple rendement/risque que de niveau de corrélation,
notamment vis à vis des marchés actions.
Toutefois, il ne s’agit que de simulations historiques.
Pour autant, si le concept « Risk Premia » séduit les investisseurs, certains observateurs
s’interrogent déjà sur la capacité de ces stratégies à délivrer des rendements dans la durée si
leur utilisation se généralisait.
Paul Monthe , RF , 4 octobre
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