FLASH n° 03/08, septembre 2008 PRISMA ALTERNATIF POINT DE LA SITUATION DANS LES HEDGE FUNDS Chers Membres, Suite aux événements tumultueux de septembre, il nous paraît utile d’expliquer plus en détail les performances de ce mois dans les hedge funds. Ci-dessous les performances estimées des deux compartiments alternatifs : Performances en CHF au 30.9.2008 PRISMA ALTERNATIF Conservateur PRISMA ALTERNATIF Dynamique MSCI Monde Net CHF -3.84 -5.26 Depuis le lancement 16.84 18.72 Rdt annualisé 2.30 2.42 -10.19 -15.73 -2.36 2008 (*) Sept 08 (*) -5.92 -13.87 -24.61 Volatilité 3.25 6.46 17.07 (*) Estimés au 30.9.2008 Le mois de septembre fut certainement le plus difficile depuis des décennies dans l’histoire des hedge funds ainsi que pour les marchés des actions. L’ironie est que la dernière fois que les hedge funds ont subi le même sort c’était il y a exactement 10 ans, en août-octobre 1998. A cette époque, nous avions expérimenté l’une des pires situations : un Etat en faillite (la Russie), un vol vers les actifs de qualité (flight-to-quality) avec à l’arrivée une baisse des fonds en arbitrage de plus de 10% en 3 mois. Si aujourd’hui, la situation est comparable à celle de 1998 en termes de performances sur les hedge funds, elle est à plusieurs égards bien pire. Le paroxysme est certainement le taux US T-Bill 3 mois se traitant aux environ de 0.07%, ainsi que les dérivés de crédit sur le gouvernement américain à plus de 30 bps. Ces derniers, on le rappelle, vous permettent de vous protéger d’une faillite de l’Etat de l’Oncle Sam. Dans ce cas irréaliste (?), qui vous paiera ? Personne, ce qui démontre l’état de la finance actuelle. Ce « flight-to-quality » est donc sans précédent dans l’histoire de la finance depuis 1907 et 1929. Nous sommes face à une crise de liquidité et de confiance extrême, dont le résultat est un « deleveraging » forcé des acteurs financiers, banques d’affaires en tête, mais aussi des banques commerciales, détenant des actifs dans leur bilan pour 20 à 30 fois la valeur de leurs fonds propres. Nous avions maintes fois décrit cette hérésie que finalement les pires hedge funds (qui ont en moyenne 2-3 fois de levier) étaient Lehman Brothers, Goldman Sachs, Morgan Stanley, UBS et consorts. Acheter UBS était détenir un hedge fund de 20 de levier et surtout pas un business de cash flow ! La situation actuelle est donc la pire pour les hedge funds. Examinons pourquoi. Bien qu’il y ait une grande variété de stratégies parmi les investissements alternatifs, ils ont des facteurs communs. En premier, les hedge funds cherchent à acheter des actifs sous-évalués, parfois complexes, non suivis et mal compris par le marché, et les couvrent (hedge) en utilisant des instruments plus liquides ou des indices. Ensuite, les hedge funds comptent sur les banques pour le « market making » de ces actifs, ainsi que pour financer leurs stratégies. Ce levier est généralement faible, 2 à 3 fois. Ce levier est important afin de créer des rendements attractifs notamment pour les stratégies de valeurs relatives ou d’arbitrage. Notons que certaines stratégies n’utilisent même jamais de levier. Actuellement, non seulement leurs actifs longs sont en déprime et sont donc encore meilleur marché, mais le hedge mis en place n’a parfois plus de prix ou ne couvre que partiellement les risques. Prenons un exemple frappant sur le mois de septembre qui est l’arbitrage de convertible. Ce mois a particulièrement été sanglant. « L’arbitrageur » détient « long » l’obligation convertible qu’il considère peu chère du point de vue de sa volatilité implicite et se couvre en delta ajusté du risque de l’action sous-jacente, en vendant à découvert les actions sous-jacentes. Dans la majorité des cas, « l’arbitrageur » vend des futures sur taux d’intérêt et achète de la protection de crédit afin de s’immuniser contre ces deux risques. Le « deleveraging » et l’interdiction du « short selling » sur les financières depuis quelques semaines, a plombé la stratégie. En effet, les obligations convertibles ont vécu un véritable « sell-off » baissant de plus de 10%. En delta, « l’arbitrageur » gagne sur son short environ 5%, perd sur le hedge de taux 2%, et le dérivé de crédit n’a soit plus de prix soit, un « bid-ask » extrêmement large. Résultat des courses, avec un levier de 2, notre « arbitrageur » perd sur le mois plus de 6%. Cette perte est du pur « mark-tomarket » si notre gestionnaire peut tenir la position. TÉL.: 0848 106 106 Rue de la Madeleine 39, case postale, 1800 VEVEY 1, SUISSE FAX: 0848 106 107 [email protected] www.prisma-fondation.ch FLASH n° 03/08, septembre 2008 Ce trade pourra à nouveau être gagnant lorsque le marché verra que l’obligation convertible en question est sous évaluée de manière drastique : aujourd’hui, la volatilité implicite de l’obligation convertible est de plus de 10%-20% en dessous de la volatilité historique. Cette exemple peut quasiment être décliné sur toutes les stratégies. En somme, vous ne pouvez rien faire lorsque tout (comme la loi de Murphy le dit) est contre vous. Il est cependant clair que la performance des hedge funds cette année est décevante, mais l’environnement du marché est aussi exceptionnel : avec les actions en baisse de plus de 25%, la faillite de deux banques d’affaires (Bear Sterns, Lehman Brothers), des nationalisations (AIG) et des fusions subites de plusieurs intervenants, les hedge funds en faisant -8% -12% sur l’année, s’en sortent finalement encore pas trop mal. Alors, que faut-il en tirer comme leçon ? En premier lieu, chez PRISMINVEST SA nous n’avons pas eu de cas de faillite, et nous avions quitté les stratégies de crédit les plus « leveragées » en 2006. Le plus frustrant est que sans avoir pu prédire l’ampleur de la crise, nous étions convaincus que l’année 2008 serait difficile (lire les rapports trimestriels de 2007-4 et 2008-1), mais que malheureusement, nous avons aussi été pris dans la tourmente. C’était inévitable, car il s’agit d’un risque systémique. Deuxièmement, il faut aujourd’hui regarder vers l’avant. Deux considérations doivent être faites : celle de l’impact de la crise sur l’économie et celle sur les hedge funds à proprement dit. Il faut être bien innocent pour penser que l’impact d’une telle crise n’aura pas d’effet sur l’économie réelle. Peut-on imaginer que les banques vont continuer à prêter comme si de rien n’était ? Non. Il est donc clair que le ralentissement économique va être sévère et que les économies développées sont les moins adaptées, aujourd’hui, pour y faire face. Les USA par leur dynamisme peuvent encore surprendre, mais cela prendra du temps. Les sociétés qui sont le plus sensibles au crédit seront affectées en premier. Il semble que les pays émergents, paradoxalement, sont les mieux armés : une croissance interne encore soutenue et surtout, à l’image du Brésil, de la Russie et de la Chine, avec peu ou pas de dettes ! Du côté du marché des actions, comme celles-ci anticipent toujours, on peut penser que nous sommes au fond du trou. C’est oublié qu’en termes de P/E nous sommes effectivement à des niveaux très bas, mais le problème est le « E », les bénéfices. Si ceux-ci sont déclarés beaucoup plus faibles au 4ème trimestre 2008, le coup sera fatal, car finalement les actions ne sont peut être pas si bon marché! Du côté des hedge funds, plusieurs éléments sont à analyser. En premier lieu, une fois passé le pire de la crise (quelques semaines), le marché va présenter les meilleures opportunités de la dernière décennie pour les « arbitrageurs », les traders actifs et les « stocks pickers » fondamentaux. Bien que l’histoire ne se répète pas entièrement, la crise de 1998 avait vu les mois de novembre 98 à mars 99 comme les mois les plus forts pour ces stratégies. En deuxième lieu, le marché a été nettoyé des hedge funds les moins compétents. Darwin a encore œuvré ! Nous allons pouvoir travailler avec moins de fonds, mais de meilleure qualité. Ensuite, il est certain que les banques vont fermer les vannes du levier. Les rendements seront plus faibles, notamment pour les stratégies les plus demandeuses de capital. Chez PRISMINVEST SA, nous n’avons jamais aimé ce genre de stratégie et donc cela ne nous affectera que marginalement. Notons encore, qu’avec la disparition des banques d’affaires, mais aussi avec un regroupement important des banques, le marché des actions sera moins suivi, et donc des poches d’inefficiences vont apparaître. Nous pouvons aussi dire que les hedge funds sont les animaux qui s’adaptent le plus rapidement aux conditions du marché. Les conditions vont véritablement changer ! De plus, les ventes massives sur fin septembre et fin décembre dans les hedge funds donneront plus de latitude de gestion pour certains. La trop grande taille des actifs, nous l’avons toujours dit, est un frein à l’investissement intelligent. Dans ce contexte, nous pensons que les Hedge Equities stock picker, l’arbitrage relative value et les Global Macro seront les gagnants de 2009. En ce qui concerne les stratégies de distress, nous pensons qu’il est encore trop tôt pour y investir. Une fenêtre se dessinera lorsque le taux de défaut augmentera sensiblement dans les entreprises non financières : quelques mois devraient suffire ! En conclusion, nous restons persuadés que les hedge funds sont des investissements encore plus incontournables : un marché des actions difficile et volatil, combiné avec des inefficiences sont l’environnement idéal pour eux. A nous de saisir les stratégies qui vont en profiter le plus et laisser de côté les mauvais grains. N’hésitez pas à nous appeler pour toutes questions éventuelles. PRISMINVEST S.A./ MZ TÉL.: 0848 106 106 Rue de la Madeleine 39, case postale, 1800 VEVEY 1, SUISSE FAX: 0848 106 107 [email protected] www.prisma-fondation.ch