Le présent document a une pure valeur informative. Il ne s’adresse expressément pas à des personnes dont la nationalité ou le domicile interdit l’accès à de telles informations en raison de
la législation en vigueur. Il ne constitue ni une offre, ni une recommandation d’achat ou de vente de placements, et n’est pas une incitation à procéder à d’autres transactions. Ce document
a été rédigé par la Banque cantonale de Zurich (ZKB) avec le plus grand soin, en toute conscience et honnêteté. La ZKB ne donne cependant aucune garantie quant au caractère correct et
complet des informations y gurant, et décline toute responsabilité pour des pertes qui pourraient résulter de l’utilisation de ces informations.
Franchir la limite de l’intérêt zéro
L’argent numéraire a un rendement nominal de 0 % ; le taux
applicable aux dépôts est donc en théorie égal à zéro. Si les
intérêts négatifs devaient étendre leur portée, il faudrait ré-
échir à la possibilité de franchir cette limite. En réalité, la
thésaurisation s’accompagne de certains frais tels que la taxe
sur les coffres et le risque de vol. La population devrait donc
s’accommoder d’un intérêt légèrement négatif. Seulement, si
les taux négatifs excèdent les coûts de la solution de rechange
(thésaurisation), il faudrait prendre d’autres mesures écono-
miques pour éviter la ruée sur les banques, comme l’introduc-
tion de taxes sur les billets de banque, voire l’abolition pure et
simple de la monnaie. Dans un monde exclusivement numé-
rique, le franchissement de la frontière du taux d’intérêt zéro
ne représente en effet pas vraiment un problème. Si l’argent
comptant était peu attrayant ou supprimé, les investisseurs
accepteraient des placements à rendement plus bas ou même
légèrement négatif, puisque la perte ne serait pas plus impor-
tante que s’ils ne faisaient rien (la thésaurisation étant sanc-
tionnée par un intérêt négatif). La BNS pourrait ainsi égale-
ment imposer sa politique monétaire dans un environnement
de taux d’intérêt négatifs à long terme. On peut toutefois dou-
ter que la population soit prête pour ce changement : l’argent
virtuel suscite plus de méance que le numéraire physique,
il contraint à une dépendance aux systèmes informatiques et
rend chaque transaction traçable. Il faudrait en outre procé-
der à des adaptations légales considérables étant donné que,
contrairement à l’argent comptant, les montants en dépôt ne
sont pas un moyen de paiement inscrit dans la loi.
Effet des intérêts négatifs sur l’économie réelle
On ne peut quantier avec certitude l’inuence qu’auront les
taux d’intérêt négatifs sur l’économie réelle en Suisse. Consi-
dérée isolément, leur introduction produit certes un effet po-
sitif sur la croissance économique à court terme, puisque la
consommation et les investissements augmentent du fait du
manque d’attrait de l’épargne. La construction et l’industrie
protent de la faiblesse des intérêts sur les capitaux emprun-
tés, tandis que le commerce de détail augmente son chiffre
d’affaires grâce à la reprise de la consommation. À long terme,
cependant, les taux négatifs auront à notre avis des répercus-
sions défavorables sur la croissance économique, le change-
ment de la structure d’incitation risquant de susciter une allo-
cation inappropriée du capital. Concrètement, ils doivent être
considérés dans leur contexte et, notamment en Suisse, dans
leur interaction avec le taux de change. On se demande donc
comment l’économie suisse absorbera le double choc créé
par les taux d’intérêt négatifs et l’abolition du cours plancher
EUR/CHF.
La Suisse pourra éviter la récession
Depuis le 15 janvier 2015, le franc suisse s’est clairement dé-
précié face à toutes les devises importantes. Par rapport au
dollar US, il est même revenu au niveau d’avant l’abolition
du cours plancher (graphique 3). Cette tendance est proba-
blement imputable surtout aux taux d’intérêt négatifs. Il n’en
reste pas moins que l’appréciation du franc suisse par rapport
à l’euro (près de 12 %) pénalise lourdement l’industrie expor-
tatrice et le tourisme et qu’elle pourrait freiner la croissance.
Pour le secteur suisse des exportations, l’élasticité des prix
est inférieure à celle de la demande, et un renchérissement
de 10 % pose moins de problèmes qu’un recul équivalent de
la demande. L’augmentation de la demande en Europe et aux
États-Unis pourrait donc atténuer un peu le choc de la hausse
des prix. C’est pourquoi nous pensons que la récession sera
évitée et que le produit intérieur brut réel 2015 sera de 0,5 %
supérieur à celui de l’année précédente. Nous tablons aussi
sur une évolution latérale du cours EUR/CHF dans l’année,
même si le franc, pondéré par le commerce extérieur, se dé-
préciera encore face à la force du dollar. Il est probable que la
BNS maintienne les taux négatifs encore longtemps, un autre
abaissement des taux d’intérêt ne pouvant par ailleurs être ex-
clu. Les acteurs du marché semblent partager cet avis, à en
0.80
0.85
0.90
0.95
1.00
1.05
1.10
1.15
1.20
1.25
02/15 01/15 03/15
Graphique 3 : répercussion de la décision de la BNS
Sources : Thomson Datastream, Zürcher Kantonalbank
taux de change
USD/CHF
taux de change
EUR/CHF