revue de presse 2 site Platonov mais

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Rock around Tchekhov
« Platonov » ? Oui, mais dans une version rock et choc. Avec guitare, batterie, clavier... une
troupe qui sait jouer et chanter. « Platonov » raccourci, concentré sur huit personnages, mais «
Platonov » à plein... dans la traduction limpide de François Morvan et André Markowicz. Alexis
Armengol et sa compagnie du Théâtre à cru n'ont pas cherché à faire un spectacle branché de
l'oeuvre de jeunesse de Tchekhov (1880), ni à faire un nouveau monstre de cette « pièce
monstre » à dix-huit personnages, retrouvée en 1921, dix-sept ans après sa mort. Du tableau
acide d'une microsociété provinciale frustrée, fascinée par un jeune faux dieu qui a perdu tous
ses idéaux, ils tirent un drame moderne, un portrait saisissant de jeunes adultes, en mal de
repères. Platonov est l'ange de « Théorème » qui se serait coupé les ailes ; il fascine les
hommes, séduit les femmes pour ce qu'il était jadis, ou ce qu'il aurait dû devenir. Il n'éclaire
pas leur destin, il l'appauvrit. Les comédiens qui parlent et chantent « cru » avec le phrasé
d'aujourd'hui, recréent une petite bande de trentenaires assez cool, mais vaine, qui tourne en
rond. L'illusion de l'amour masque momentanément leur désoeuvrement, leur incapacité à se
battre et à changer de vie.
Petites chansons pop ou rock
Dans la première partie, l'orchestre n'est que la bande-son des retrouvailles dans la maison de
campagne d'Anna Petrovna, la jeune veuve. Petites chansons pop ou rock qui racontent l'été,
brèves sonates romantiques. Camille Trophème, qui joue à la fois Sacha, la femme de Platonov,
et Grékova, la fiancée de Nikolaï, est à la manoeuvre - voix et clavier. C'est elle qui a composé
les morceaux avec Christophe Rodomisto/Bougrov (guitare, batterie et chant). Tout est très
frais, tranchant,joyeusement rock « indé ». Après le feu d'artifices (bref et émouvant), le
désordre amoureux s'installe : Platonov perd pied, soliloque sur le plateau nu, parmi les
cadavres de bouteilles. La musique se fait plus rare, déchirante. Dans la dernière partie,
rocambolesque à souhait, « Platonov mais... » devient oratorio, slam lyrique parlé-chanté
derrière les micros, tandis que l'action - hystérique - se déroule à la façon d'une pantomime en
fond de scène. Jusqu'au dernier « beat » : le coup de pistolet qui tue Platonov. Les comédiens
sont tous très justes, Alexandre Le Nours en tête, qui campe un Platonov odieusement
sympathique. Mentions spéciales à Céline Langlois, gouailleuse et douloureuse Anna, et à
Camille Trophème, rockeuse « transformiste », aussi à l'aise en épouse soumise qu'en jeune
étudiante rebelle. Avec insolence, mais respect, « Platonov mais » rend sa jeunesse au
dramaturge russe - la révolte ardente, tuée dans l'oeuf Un Tchekhov « a cru », dérangeant et
neuf.
Philippe Chevilley
29 mars 2012
PLATONOV MAIS… d’après Platonov d’Anton Tchekhov
D’emblée, mieux vaut le dire, le nouveau spectacle de la compagnie THEATRE A CRU, PLATONOV MAIS…. ne s’adresse pas aux
puristes de Tchekhov.Il s’agit d’une adaptation d’une première pièce inachevée de Tchekhov qu’il écrivit à18 ans alors qu’il était
encore au lycée, et qui ne fut jamais jouée de son vivant.
Qu’est-ce qui pousse un jeune à écrire ? Pourquoi, comment ? Un exégète de de TCHEKHOV, devrait trouver dans cette pièce
de jeunesse la marque de son œuvre future.
De fait, cette pièce foisonne d’interrogations existentielles. Il y sourd une certaine angoisse, celle d’un jeune qui se demande ce
qu’il va devenir, qu’est ce qu’il va pouvoir faire dans une société qu’il appréhende d’un regard cynique.
Tchékhov vient de vivre l’éclatement du foyer familial suite à la ruine de son père. Dans cette pièce, il évoque le milieu petit
bourgeois dont il est issu, il fustige l’oisiveté, l’inertie des étudiants, il s’adresse aussi au père de façon extrêmement crue et
violente mais surtout il porte son regard sur les femmes de manière assez inouïe comme si l’avenir de son personnage
Platonov, pouvait dépendre d’une ou plusieurs femmes.
Comment aborder une femme ? Quel adolescent ne s’est pas posé la question ? Il y a toujours eu plusieurs types de femmes :
l’amante, la mère des enfants, l’amie confidente.
Voilà le cynisme affiché du personnage mis à dure épreuve. Platonov ne veut pas choisir, il parle à toutes à la fois parce qu’il les
aime toutes et que sans doute à travers elles, il a le sentiment d’exister.
Est-il criminel d’aimer plusieurs femmes ? Platonov se pose aussi cette question. Cela peut paraitre très naïf aux esprits
adultes et corrompus. Mais Platonov, aux prémisses, peut encore la soulever cette épine dorsale du désir, le sentiment.
Dans la navette qui ramenait les spectateurs au métro, un jeune homme a demandé, l’air plutôt inquiet, à une dame mûre
inconnue : « Quelle femme choisiriez-vous ? - Si j’étais un homme a répondu la dame, je me les serais toutes faites». Les
copines ont éclaté de rire mais le jeune homme est resté muet devant cette réponse plutôt vulgaire.
Parce que Tchekhov est tout sauf vulgaire. C’est là où le bât blesse. C’est l’un des auteurs qui a su peindre de façon la plus
subtile les intermittences du cœur de ses héroïnes. Dans cette œuvre de jeunesse, le regard de Tchekhov est encore brouillé
mais il annonce d’autres pièces majeures comme « Les trois sœurs », La cerisaie », » La mouette » et nous ne pouvons
qu’inviter les jeunes spectateurs à les découvrir également.
Le metteur en scène dit avoir voulu capter dans cette pièce : la volonté de changement intime et politique. La scène du théâtre
est spacieuse, elle permet de faire se mouvoir sur un même plateau plusieurs plans, plusieurs champs de vision concomitants.
Ceux-là même qui assiègent l’esprit du personnage débordé par ses affaires amoureuses et ses velléités de départ, de
changement. Voilà qui n’est pas nouveau. On croirait entendre le cri de révolte de Daniel BALAVOINE dans un face à face avec à
MITTERAND, le 16 Mars 198O et sa chanson « Je ne suis pas un héros » :
Quand les cris de femmes
S'accrochent à mes larmes, je sais
Que c'est pour m'aider à porter tous mes chagrins
Je me dis qu'elles rêvent
Mais ça leur fait du bien
Un espace d’ailleurs est réservé à un petit orchestre (batterie, piano, guitare) tantôt joyeux, tantôt discret. Il faut saluer la
performance de Camille Trophème au piano, au chant, qui joue l’épouse de Platonov et la fiancée de Nicolaï.
Un spectacle pluriel -, chant, musique, texte, lecture – qui entend tirer des arcanes d’une pièce inachevée d’un jeune écrivain
Tchekhov, quelques signaux pour l’avenir, comme une bouffée d’oxygène, capable d’aller à la rencontre d’un public vaste et
très demandeur.
Evelyne Trân Theâtre au vent
Paris, le 24 Mars 2012
Alexis Armengol et les membres de la compagnie Théâtre à cru revisitent Platonov en
musique, en jeu et en chansons. Un spectacle brillamment réglé, servi par des interprètes de
grand talent. Alexis Armengol et les membres de la compagnie Théâtre à cru revisitent
Platonov en musique, en jeu et en chansons. Un spectacle brillamment réglé, servi par des
interprètes de grand talent.
La maison d’Anna Petrovna, jeune veuve du général Voïnitsev, recommence à vivre après la
léthargie hivernale. « Good bye winter, hello summer » chante, à cour, Camille
Trophème, interprète protéiforme de cette mise en scène inventive, où musiciens et
comédiens rivalisent de talent. Le vin et les rires mettent fin à l’ennui, mais pour que la fête
soit totale, on attend Platonov, esprit fort, grand buveur et amateur de jupons, sorte de Dom
Juan neurasthénique, ni tout à fait grand seigneur ni vraiment méchant homme. Tout à
l’ivresse de l’alcool et des femmes, Platonov joue en pantin pitoyable la partition de sa vitalité
paradoxale, qui ne repose que sur l’habitude, et est toujours menacée par le marasme.
Mikhaïl Vassilievitch Platonov, instituteur sans diplôme, époux infidèle et intellectuel raté, est
un homme sans caractère plutôt que sans qualités, un pervers narcissique qui accuse ses
victimes d’être ses bourreaux. Ce qui pourrait n’être qu’un vaudeville léger tourne bientôt au
drame : Platonov est tué par Sofia.
Un théâtre complet
Platonov a pour décor un monde qui s’écroule et dont les habitants ne savent pas où ils ont
mal. Modernisant la pièce par ses décors et ses costumes, Alexis Armengol en fait une
parabole sur la jeunesse castrée par ses pères, « une génération désabusée et pétrie
d’incertitudes ». André Markowicz et Françoise Morvan ont traduit la version originale de
cette première ébauche de l’œuvre de Tchekhov, jamais jouée de son vivant. Alexis Armengol
a très habilement élagué le texte, concentrant l’intrigue sur cette génération perdue, dont les
membres courent vers le néant. Tous aiment Platonov, mais Platonov ne comprend pas qu’on
l’aime. Le personnage central, pivot de l’intrigue, est un fantôme inexistant : « tous les
regards convergent vers lui et ne rencontrent qu’une image décevante », dit
Françoise Morvan. Alexandre Le Nours incarne cet antihéros avec finesse. Autour de lui, les
membres du Théâtre à cru font preuve d’une remarquable vitalité scénique, d’une grande
justesse interprétative et d’une authentique intelligence de la psychologie des personnages.
La scénographie aménage les différents espaces du drame avec efficacité, et la mise en scène,
rythmée et précise, sert la pièce de manière adroite. La scène qui mêle les reproches de Sofia
et Anna à Platonov apparaît à cet égard comme une illustration brillante de ce que le jeu peut
apporter au texte. La musique en direct, ainsi que le tuilage entre récitatif et interprétation,
permettent des ellipses narratives qui dynamisent l’intrigue. L’ensemble compose un
spectacle très réussi, qui actualise l’âme tchekhovienne en l’exaltant.
Catherine Robert
Avril 2012
« Platonov mais... » est l’œuvre d’un jeune metteur en scène qui a déjà plusieurs
réussites à son actif et qui bénéficie pour cette pièce d’une commentaire par le
directeur du théâtre de l’Aquarium comme on en voit rarement. On comprend
pourquoi...
«La pièce s’achève. On n’a pas vu le temps passer. On compte, machinalement, le
nombre de comédiens qui saluent. Surprise. On recompte. Ils ne sont bien que
sept alors qu’on avait l’impression qu’ils étaient une douzaine, tant chacun avait
de présence sur le plateau !
« Platonov mais... » est le genre de pièce dont on se méfie à priori, « encore des
fantasmes de metteur en scène sous couvert d’adaptation et de réécriture », se
dit-on. Et on a trois fois tort ! De la réécriture, certes, il y en a, des répliques qui
sont chantées-mimées à la contraction du face à face de Platonov avec les trois
femmes qui l’aiment en une seule et même scène. Des coupes claires aussi,
d’ailleurs, à commencer par le fait que n’est présente sur scène que la génération
des enfants, les parents se retrouvant portraiturés, encadrés et accrochés au
mur.
Il n’empêche : l’esprit de Tchekhov est totalement présent ! On retrouve
l’atmosphère de fin de règne et d’oisiveté qui caractérise tant de ses œuvres, la
description clinique de personnages englués dans leurs contradictions et sans
volonté réelle de s’en sortir.
Le choix de mise en scène qui consiste à faire parfois chanter – sur fond de
guitare électrique, clavier et batterie – des dialogues tandis que les comédiens les
miment a pour résultat d’entretenir un rythme soutenu. Le style du texte est
direct, le jeu en parfaite adéquation avec cette donnée, les personnages tous
parfaitement incarnés. Et cette pièce est excellente tant pour actualiser le
contexte décrit par l’auteur – ne vivons pas, nous aussi, une période de transition
? – que pour faire connaître Tchekhov aux plus jeunes. Attention, le délai des
représentations est court...
Pierre François
17 mars 2012
"Les Coups de cœur de Myrtha"
PLATONOV MAIS... d'après Platonov de Tchekhov.
Mise en scène: Alexis Armengol.
Etonnante adaptation jouée par sept jeunes comédiens dont certains
également musiciens, qui interprètent ce texte électrique, d'une vitalité
époustouflante.
Jeu des comédiens impeccable soutenu par une musique et des
chants excellents.
Une mise en scène tonique qui dévoile plus que jamais l'esprit de
révolte du jeune Tchekhov.
Pièce écrite à 18 ans!
A ne pas manquer! Jusqu'au 15 Avril.
Myrtha Liberman
le 26 mars
Tchekhov en version rock
«Platonov» est une œuvre mythique de Tchekhov, restée inachevée. La
jeune troupe «Théâtre à cru», emmenée par Alexis Armengol, en propose
une version iconoclaste mais respectueuse intitulée « Platonov Mais… » au
Théâtre de l’ Aquarium, sur fond de rythme rock.
Pour monter à cru, il faut aimer les sensations fortes et vouloir sentir la
musculature si particulière du cheval. Quiconque s’y est essayé sait que ce
n’est pas de tout repos. Il y faut du savoir-faire, de la persévérance et cet
amour de la liberté qui permet de franchir tous les obstacles. Quand une
troupe de théâtre a choisi de s’appeler « Théâtre à cru », elle s’inspire
forcément, dans sa pratique, de certaines des particularités évoquées cidessus.
On en a encore la preuve avec ce « Platonov Mais… » proposé actuellement par « Théâtre à cru », à l’Aquarium,
dans ce lieu magique qu’est la Cartoucherie de Vincennes.
« Platonov », dans l’oeuvre de Tchekhov, ce n’est pas une pièce comme les autres. L’auteur de « La Cerisaie » l’a
commencée alors qu’il n’avait pas encore 18 ans, en 1878, et il ne l’a jamais vraiment terminée. A vingt ans, il l’a
enfermée dans un tiroir qui ne sera rouvert qu’après sa mort. Il s’agit donc d’une sorte de « work in progress »
comme disent les anglo-saxons, une œuvre monumentale à laquelle tous les grands noms du théâtre se sont
affrontés un jour où l’autre, comme s’il s’agissait de l’escalade de l’Himalaya par la face nord.
Voici donc le « Platonov Mais » de la troupe que dirige Alexis Armengol, installée à Tours. Le « Mais » s’explique
par le fait qu’il ne s’agit pas de l’intégralité d’une pièce qui dure six heures, alors que le spectacle ici proposé
dépasse à peine les deux heures. De plus, Alexis Armengol et sa joyeuse bande proposent un regard singulier,
décalé, de « Platonov ». Pour respecter l’esprit de la pièce, ils se sont appuyés sur la traduction de Françoise
Morvan et André Markowicz, qui fait autorité en la matière. Mais ils ont choisi d’enrichir le propos de Tchekhov
avec leur propre écriture stylistique, audacieuse, imaginative, décapante, avec notamment la grande place
accordée à la musique, d’inspiration rock.
A cette simple évocation, on voit les puristes faire la moue. Autant les rassurer. On n’est pas chez ces gens qui
s’emparent de certaines œuvres du répertoire et les passent à la moulinette de leurs fantasmes personnels pour
signer des pièces sans le moindre rapport avec le propos initial. On prend une œuvre de Shakespeare et, à
l’arrivée, on a un concert de Lady Gaga (la prétention intellectuelle en sus). C’est une pratique très en vogue de nos
jours, à la grande joie de la petite élite germanopratine.
Rien de tel ici. Pour Alexis Armengol, « Platonov Mais…» n’est pas un prétexte pour partir en looping vers des
horizons incertains, mais une manière de rendre hommage à Tchekhov avec la singularité d’un regard iconoclaste
et respectueux, créatif et responsable. Quant à l’introduction de la musique dans cet univers, on renverra à ce
qu’écrit Jacques Lassalle, ancien administrateur de la Comédie Française, peu suspect d’être un provocateur né, à
propos d’une oeuvre qu’il a lui-même mis en scène : « Platonov est une pièce chorale, polyphonique, musicale
dans son essence même » (« Ici moins qu’ailleurs », P.O.L.).
En avant la musique, donc, pour un manège humain qui tourne autour de l’inénarrable Platonov (Alexandre Le
Nours), personnage Tchekhovien s’il en est, désabusé, cynique, défaitiste, alcoolique. Autour de lui tourne une
armada de personnages (ils sont six en plus de Platonov) qui tombent tous sous son charme vénéneux, à
commencer les femmes, attirés comme les moustiques par la lumière par ce jeune homme de 27 ans, Don Juan
désabusé qui lance : « Tout est hideux, souillé jusqu’à la trame ». La bande des sept passe son temps à deviser, à
se diviser, à s’attirer, se rejeter, se provoquer, se réconcilier, en espérant que demain sera meilleur (ou moins
pire) qu’hier, sans certitude d’une appréciation tenant du pari de Pascal.
La pièce se joue dans un décor kitsch très sixties. La scénographie permet une utilisation habile des micros
disséminés un peu partout afin de susciter des ruptures de rythme. Quant à la partie musicale, à dominante rock,
outre qu’elle est intrinsèquement réussie, elle rajoute une note poétique sans tomber dans l’outrance.
Accompagnée de Christian Rodomisto à la guitare, la jeune Camille Trophème (qui interprète à la fois Sacha,
épouse de Platonov et Grékova, épouse de Nikolaï) possède un bien beau grain de voix.
Toute la (jeune) troupe est au diapason d’une interprétation qui fera date.
Alexis Armengol choisit de garder les sept personnages
les plus jeunes de la pièce de Tchekhov pour en faire un
spectacle quasi générationnel.
Des trentenaires en crise se réunissent lors d’un weekend. Alcool, musique… Ils dansent, flirtent, discutent.
Platonov est venu avec sa jeune femme. Beau gosse sûr
de lui, il croise ses amours anciennes, joue avec elles au
chat et à la souris.
Alexandre Le Nours, convaincant, propose un
personnage séducteur versatile, goujat peu sympathique.
Les dialogues alternent avec des chansons qui prennent
en charge une partie de l’intrigue dans une forme de
théâtre-concert vivant, avec piano, batterie et guitare
électrique.
Un spectacle d’un charme certain.
Sylviane Bernard-Gresh
21 mars 2012
Platonov, un mélodrame revisité à la vapeur des alcools de la vie.
Le fondamentalement correct n’est pas de prime abord l’enjeu donné à cette pièce dénonçant
l’intimité d’une génération à la recherche d’un monde meilleur. L’écriture de cette longue pièce
s’apparente à une biographie inachevée. Un brouillon où se succèdent, pèle-mêle, idées et
situations enchevêtrées dans une incohérence passagère et déraisonnée. La jeunesse invite à
l’égarement de soi à travers le reflet de l’image projetée par l’autre. Anton Tchekhov est de ces
jeunes écrivains qui ose défier le temps. L’indolence de ses dix-huit ans l’amène à produire une
pièce de théâtre au long cours, Platonov. Françoise Morvan et André Markowicz se sont essayés
à une traduction littérale, la première en français. La version présentée en notre langue
souligne un texte librement exprimé pour un théâtre brut, une poésie qui rime avec
contemporanéité.
La narration se concentre autour de sept personnages : Serguei, le mari de Sofia ; Anna, la
jeune veuve du général Voinitsev ; Platonov, le mari de Sacha ; Sofia, l’épouse de Serguei ;
Nikolaï, le frère de Sacha ; Bougrov ; et Sacha, l’épouse de Platonov. Les amis se retrouvent le
temps d’un week-end chez Anna. Leur destin chancelle à tour de rôle, des interrogations
existentielles lèvent le trouble sur l’opportunité de mener grande vie. Le vice est d’or, l’amour
introduit la passion, la paresse s’intellectualise, les défaillances sont un leurre
silencieusement corrompu. La radicalité du changement désempare l’opinion, la tentation est à
portée de mains.
Dès lors, l’individuel s’oppose au collectif, un mouvement de deux mécaniques distinctes,
actionné par un homme, Platonov. Cynique à souhait, il s’en amuse car, n’ayant pas le verbe
emprunté, son humour corrosif séduit les femmes, la sienne et les autres. Marié et libertin, la
raison du cœur va le conduire dans un face-à-face, une confrontation violente entre lui et sa
conscience.
N’est pas homme qui peut se vanter d’avoir un destin tracé d’avance. Le temps échafaudé sur
des passerelles invisibles fait son œuvre. Le bonheur et le désespoir, l’amitié et la trahison,
l’amour et l’infidélité, des passages émotionnels existentiels qu’il est difficile de transgresser.
Grande est la tentation ; hésiter, résister, partir, des interrogations soulevées dans cette pièce
revisitée par un metteur en scène actuel qui brave la sensibilité d’un théâtre classique pour une
forme d’expression scénique mêlant création et refondation.
La mise en scène d’Alexis Armengol décloisonne les incertitudes d’une pièce à l’écriture
abrupte en adaptant un rythme narratif résolument moderne. L’expression du mal-être
exprimé par Tchekhov se fige dans une ambigüité relationnelle concentrée autour d’un
personnage central, Platonov. In situ, le changement capte l’attention sur une déstabilisation
révolutionnaire. Il convient d’évoquer un ensemble de facteurs qui donnent un souffle nouveau
à ce Platonov dénudé de son contexte et rendu consensuel sur la scène de L’Aquarium.
Par Philippe Delhumeau
Mars 2012
C'est un spectacle superbe et étonnant que nous donne à voir « Le théâtre à cru ».
Nul mieux que cette compagnie elle-même pourrait définir ses objectifs : « De façon très concise, nous
pouvons résumer notre aventure par une recherche artistique autour d'un théâtre dont le texte ne serait
plus l'élément fondateur, mais où l'usage de disciplines mixtes implique de nouvelles procédures. Nous
tentons de concevoir et de tisser de nouvelles relations entre le jeu de l'acteur, le son, l'image, le corps,
l'espace, le temps et le texte. »
Platonov mais… en est la parfaite illustration.
Cette pièce de Tchékov qu'il a écrite à vingt ans, est une œuvre fleuve difficilement jouable puisque la
version originale dure 6 heures. Foisonnante avec 18 personnages, elle nous montre un univers cruel et
insolite et livre une critique sans concession de la société russe à cette époque, thèmes qu'on
retrouvera dans La Cerisaie, Oncle Vania et La Mouette.
Lors d'une soirée entre amis, explications, adultères, trahisons, alcool s'uniront pour que la fête tourne
au drame. Centrée autour du personnage de Platonov, jeune aristocrate ruiné devenu instituteur par
dépit, l'intrigue se noue entre les personnages avec en fond la description amère d'une certaine
lassitude de vivre.
Alexis Armengol s'appuie sur la traduction de Françoise Morvan et André Markowitcz.Sept personnages
ont été retenus, les plus jeunes.
La distribution est excellente. Alexandre Le Nours notamment campe un Platonov, séducteur et
séduisant, à la fois odieux et vulnérable, provocant et fragile.
Son personnage rappelle inévitablement Dom Juan, « l'extraordinaire méchant homme » répondant au
« grand seigneur méchant homme » de Sganarelle.Tous incarnent leurs personnages à la perfection
avec une mention particulière à Camille Trophème qui incarne une Sacha, épouse de Platonov,
incroyablement émouvante, totalement instrumentalisée par son mari qui l'infantilise « Je l'avais
complétement oubliée, celle- là… Je la couche et j'arrive » dit-il à un moment. Mais elle n'est pas que
comédienne, et, musicienne et chanteuse accomplie, elle donne non seulement au personnage mais
aussi au spectacle dans son ensemble, accompagnée par Christophe Rodomisto à la guitare électrique,
une dimension supplémentaire par ses chants qui vont nous cueillir au plus profond de l'émotion.
Car l'idée de génie est d'avoir introduit des parties musicales qui soulignent les sentiments en les
exacerbant à la manière des fados.
Avec une utilisation intelligente de l'espace, le décor inventif, tour à tour montre ou laisse deviner les
différents lieux où se situe l'action, avec des murs suggérés par un alignement de poteaux qui donnent
à voir ce qui se passe derrière. Il offre un cadre parfait à la mise en scène pointue, inattendue, d'une
incroyable diversité qui met en évidence les interrogations et les dualités des personnages avec des
scènes tour à tour jouées, narrées, chantées.
C'est d'une beauté et d'une intensité absolues, du grand et magnifique théâtre, de la belle ouvrage
comme on dit.
Nicole Bourbon le 24 /03/12
TOUTE LA CULTURE.COM
la boîte à sortie
Le Théâtre de l’Aquarium et le décor renouvelé par l’air printanier de la Cartoucherie accueillent Platanov mais… ,
un spectacle qui dégage toute la sincérité de l’analyse humaine de Tchekhov, mais aussi la liberté d’une
exploration actuelle de la vie intérieure de ses personnages.
Sept jeunes amis se retrouvent pour un week-end ensemble : c’est aussi une bonne occasion pour fêter le retour
de l’été. Un couple nouveau s’est formé pendant la séparation hivernale, mais la nature des relations
qu’entretiennent les personnages est restée la même : les communications et les échanges du groupe semblent
tourner autour de la personnalité imposante de l’un d’entre eux, Platanov. Son humour mordant et cynique ne
laisse personne indifférent : un mélange de respect, d’admiration, de haine et d’attraction affecte en mesures
variables toutes les dispositions à son égard. Aucun de ses amis ne saurait expliquer la nature
du sentiment que sa présence dégage, mais tous, sans exception, sont, tôt ou tard, touchés par l’insatisfaction
maladive et ambiguë de ce personnage incapable de vivre sa vie jusqu’au bout.
Il rend les femmes folles par son incapacité de répondre à toute question de façon claire, par sa fierté hautaine et
cruelle, par son regard intelligent profondément séducteur et maudit. La capacité de Tchechov de dresser de
portraits humains effrayants pour leur authenticité, qualité qui semble caractéristique d’ailleurs de toute la
littérature russe, est intacte. Ce que la crépitante compagnie du >Théâtre à cru, dirigée par Alexis Armengol,
ajoute à cette pièce d’un Tchechov débutant dans le théâtre, c’est un regard moderne. Ce même regard devient
capable de mettre en lumière à la fois l’actualité d’un auteur classique et la puissance de l’approche
expérimentale du théâtre contemporain : la recherche d’un mélange expressif des langages artistiques et
l’importance de premier plan donné au spectateur. On a l’impression de voir la place de ce dernier s’étendre
toujours plus, jusqu’au moment où ce sont les personnages qui mettent en scène la lecture du texte littéraire, en
jouant la partie du lecteur-spectateur : les personnages impliqués dans l’action se trouvent à l’arrière-plan, mais
leur voix sortent des micros devant lesquels les autres acteurs récitent leur partie. Cette allusion au doublage
n’est pas la seule référence cinématographique rencontrée. Comme au cinéma, les dialogues se croisent et
s’interrompent, plusieurs personnages autour de Platanov lui parlent, il est au centre de plusieurs scènes au
même temps, sur la meme scène. Les temps serrés de l’action dans la partie finale renvoient à l’écart qui sépare
le texte littéraire lu de sa mise en scène et à l’influence du cinéma sur la réflexion théâtrale contemporaine.
D’ailleurs la musique aussi intervient dans cette évocation de l’espace cinématographique, dans lequel les états
d’âme et les atmosphères sont souvent chantés plutôt que verbalisés. La vivacité frétillante de Sasha, femme de
Platanov, qui se transforme en Grékova, puis en chanteuse et pianiste, anime le spectacle d’une énergie
émouvante : elle personnifie le sommet du professionnalisme éclectique de la compagnie toute entière.
L’opération admirable que Armengol a fait sur la pièce de jeunesse de l’écrivain et dramaturge russe semble être
bien décrite par cette réflexion de Françoise Morvan, traductrice de la« En mettant à jour ce réseau souterrain, et
en le mettant en relation avec les passages jusqu’alors retranchés, nous avons eu l’impression de voir surgir une
pièce nouvelle, beaucoup plus riche et beaucoup plus profonde, confirmant certaines interprétations, en infirmant
d’autres et nous proposant d’autres énigmes à résoudre comme pour nous inviter à poursuivre l’expérience – et,
ce qu’il reste de cette expérience, en fin de compte, c’est qu’après tant
d’investigations, de tâtonnements, de répétitions, nous en sommes encore à découvrir cette pièce manquée
comme une pièce neuve et la trouver à chaque relecture plus passionnante ».
Deux traductions, celle de Morvan et celle de Armengol, l’une pour la littérature, l’autre pour le théâtre. Une
même force d’investigation de l’univers tchechovien pour deux objectifs différents qui reportent à la surface, les
deux, un portrait extrêmement lucide de l’homme moderne.
Par Celeste Bronzetti
25 mars 2012
« Platonov mais… »
Lorsque Tchekhov a écrit Platonov, il n’avait que 18 ans. Il a ensuite réduit cette pièce fleuve,
sans parvenir pour autant à la faire jouer de son vivant.
Anna Petrovna, jeune veuve, invite comme chaque été des amis dans sa maison de campagne.
Parmi eux Platonov, un homme séduisant, hâbleur, cynique, parfois carrément goujat,
incapable de décider ce qu’il veut faire de sa vie, impuissant à dépasser l’attirance et le désir
passager pour aimer. C’est un anti-héros. Il bavarde, plaisante, se saoule, provoque des
scandales, courtise des femmes, trompe son épouse, a quelques vagues remords et s’interroge
sur le sens de sa vie. Il est décevant, inachevé, flottant, il inquiète et attire car on lui prête du
mystère, les femmes surtout. Elles fantasment sur lui, il les attire toutes pour mieux les
détruire. Il est l’archétype de ces personnages de Tchekhov dépourvus d’énergie et de volonté,
dépassés par le sentiment de leur inutilité et de leur impuissance, conscients que leur vie
passe sans espoir de sortir de la routine et des espoirs déçus. Dès les premières répliques, le
ton est donné « Rien… on s’ennuie doucement…rien à faire ».
A l’origine la pièce durait 6 heures. En la coupant, on peut choisir des éclairages qui la rendent
différente à chaque fois. Alexis Armengol, le metteur en scène, l’a réduite à deux heures et sur
les dix-huit personnages en a retenu sept, les plus jeunes. Tchekhov avait écrit « Je crois que
Platonov est la meilleure expression de l’incertitude de notre époque ». Ce jugement peut très
bien être transposé à notre monde. La mise en scène s’attache justement à une jeunesse
désabusée, pétrie d’incertitudes, qui s’ennuie, qui aspire à une autre vie mais ne fait rien, où les
soirées s’enlisent dans l’alcool, le désir, la provocation et la musique. Au lieu de l’évocation des
soirées sous les bouleaux traditionnelles dans les mises en scène de Tchekhov, on a des
musiciens au milieu de la scène, un guitariste-batteur et une pianiste qui chantent aussi.
L’atmosphère qui en résulte n’est plus à la mélancolie, mais plus violente, plus électrique. Les
amoureuses se heurtent à l’inconsistance de Platonov, le drame se noue sans qu’on le
pressente et c’est la musique qui souligne la violence des sentiments. On peut saluer la
pianiste, Camille Trophème, qui compose une Sacha (épouse de Platonov) humiliée et pourtant
toujours amoureuse. Quand elle chante sa voix traduit une sensibilité d’écorchée vive qui
résonne comme un écho au personnage de Sacha. Céline Langlois prête sa voix grave à
l’intelligence d’Anna que son ironie n’arrive pas à protéger de Platonov. Enfin Alexandre Le
Nours incarne bien ce personnage difficile à jouer qu’est Platonov, égoïste et cynique capable
de séduire tout en étant inconsistant, irresponsable et décevant.
C’est à une redécouverte de Platonov que nous invite cette représentation. La pièce y perd son
contexte habituel, mais elle prend un grand coup de jeune !
Micheline Rousselet
La Cartoucherie surprend, dépayse, mais ne déçoit pas.
Dans la douceur printanière de ses allées bucoliques, la ritournelle Good bye winter hello
summer résonne dans nos têtes en sortant, pourquoi ? Allez voir cette adaptation, vous
comprendrez ! Traverser tout Paris pour voir des mises en scène aussi originales, des
interprétations de pièces aussi rares, ça vaut le coup !
Dans un décor de salon arrangé avec goût, les meubles de brocante et autres cadres vintage
font illusion du réel, des lignes verticales de poteaux en bois apportent de la hauteur au
plateau. On se sent petite souris dans un appartement moscovite où l’alcool et les p’tits fours
vont être de la partie !
On se sent comme chez soi, si bien que les comédiens fumeront sur scène ! La régie lumière de
François Blet nous fit quant à elle jusqu’à rêver d’un feu d’artifice sous nos yeux.
Alexis Armengol s’est approprié Platonov avec talent en y adossant un "mais’ pertinent. Il s’agit bien ici
du Platonov de Tchekhov, mais... quelque peu revisité par le méli-mélo du texte et d’ajouts de live
musicaux réussis, modernisé par l’alternance de lectures au micro tantôt façon académique, tantôt en
mode rock star, en faisant résonner les passions de Platonov, Sergueï, Anna, Sasha… avec les nôtres !
L’œuvre inachevée du jeune Tchekhov alors âgé de 18 ans, raconte les liens d’une bande
d’amis. Platonov y sème la zizanie par son charme et sa fougue irrésistible, son doute attachant
et sa goujaterie craquante - quand on n’en est pas victime, bien évidemment. Les sept jeunes
personnages de la pièce livrent le portrait doux-amer d’une génération désorientée qui laisse
présager un certain souffle prérévolutionnaire en cette fin XIXème comme a réussi à en
témoigner Alexis Armengol. On ressentira la joie de leurs retrouvailles, on comprendra leurs
doutes, leur désillusion, leur rage, comme leur colère, on connaîtra leur lâcheté, leur désarroi.
La troupe d'acteurs-musiciens fait honneur au nom de la Compagnie du metteur en scène :
Théâtre à cru. Car si monter sans selle donne un sentiment de liberté au corps et à l'esprit
facilitant le dialogue avec le cheval, leur interprétation a enrichi de même le texte d’une
fraîcheur admirable.
Leur concept novateur d’imbriquer théâtre et concert (chant et musique / piano et guitare) est
attractif. La langue soutenue de Tchekhov s’entremêle avec bonheur à la langue anglaise des
chants donnant un nouveau souffle à la pièce sans parler de la belle voix de Camille Trophème
qui mériterait bien un suivi de près. La confrontation entre les disciplines est vous l’avez
compris, originale et intelligemment envisagée.
L’ambiguïté de Platonov nous embarqua dans des mélis-mélos amoureux intenses, des
relations humaines complexes, des sentiments ambivalents : tout un imbroglio percutant ! On
s’est vu à travers l’Aquarium ce soir là. La transparence de ses parois nous servit de miroir. Ce
fut tout sauf platonique !
Estelle Grenon le 31 mars 2012
Le mague
Platonov mais au Théâtre de l’Aquarium
Adaptée et mise en scène librement par Alexis Armengol, Platonov mais se profile d’emblée
comme une belle mécanique théâtrale. C’est une pièce méconnue de Tchekhov écrite à son
adolescence. Elle préfigure les thèmes existentiels variés qui ont fait la réputation de l’écrivain
russe. Alexis Armengol s’est imprégné de cette œuvre, choisissant la traduction d’André
Markowicz et Françoise Morvan. Avec finesse, tout en évitant malicieusement les formes
narratives traditionnelles, il nous propose ce Platonov mais, agréable apéritif tchékhovien, servi
sous la forme d’un théâtre-concert.
Dialogues tumultueux, chant et musique (piano et guitare) viennent se frotter à l’attention du
spectateur durant deux courtes heures. Platonov mais débute par des retrouvailles entre amis
lors d’un week-end. Platonov, personnage central mais indéterminé, nous y apparaît sous des
traits sarcastiques, tantôt enfantins, tantôt emplis de gravité. La pièce nous suggère son
ascendant moral sur le petit groupe, constitué de Sergueï (fils du général Voïnitsev, mari de
Sofia), Nikolaï (frère de Sacha, fiancé de Grékova), Anna (jeune veuve), Sofia (épouse de Sergueï)
et Sacha (épouse de Platonov), et plus particulièrement la fascination – parfois répulsive – qu’il
exerce sur les trois derniers personnages.
La grande réussite du spectacle tient peut-être à cette ingénuité de la Parole élevée au rang
burlesque. Dans Platonov mais, qui tient à la fois du vaudeville, de la comédie et du ressort
tragique, l’on ne trouvera ni masques ni effets appuyés. Dans un décor plutôt bobo à la fois
sobre et élégant, aux lumières tamisées, la parole survole, à la fois comique et
diaboliquement suggestive. Vagissante ou sautillante, prête à sourire ou à mordre,
distillant l’exquis venin du désir ou répandant le non moins violent poison de la condition
sociale incertaine (celles de Platonov et de Sergueï), elle crée « le climat » de la pièce. Nous
suivons donc cette Parole, qui se promène entre intermède pianistique et riffs de guitare tout
au long d’un été interminable, offrant à ce Platonov cette rythmologie si savoureuse. Platonov
mais, c’est un peu le mix d’un sketch de Groucho Marx et des Caractères de La Bruyère (en VO
russe !). En tout cas, le savoir-faire des comédiens et le culot de la mise en scène offrent un
effet théâtral des plus bluffants !
Thierry de Fages,
le 2 avril 2012
PLATONOV MAIS…
Théâtre à cru
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traduction Françoise Morvan & André Markowicz
d’après Platonov de Tchekhov (Ed. Solitaires intempestifs)
Alexis Armengol : adaptation, conception et mise en scène
Stéphane Bayoux : batterie, création et régie son
François Blet : création et régie lumière
Linda Bocquel : costumes
James Bouquard : scénographie
Rémi Cassabé : régie générale
Audrey Gendre : diffusion et création costumes
Marie Lucet : production
Isabelle Vignaud : administration
avec
Stéphane Gasc : Sergueï, fils du général Voïnitsev, mari de Sofia
Céline Langlois / Valérie Moinet (en alternance): Anna, jeune veuve du général Voïnitsev
Alexandre Le Nours : Platonov, mari de Sacha
Édith Mérieau : Sofia, épouse de Sergueï
Christophe Rodomisto : Guitare, batterie, chant et composition musicale, Bougrov
Laurent Seron-Keller : Nikolaï, frère de Sacha, fiancé de Grékova
Camille Trophème : piano, rhodes, chant et composition musicale, Sacha, épouse de Platonov et Grékova, fiancée
de Nikolaï
production Le Théâtre de l’Agora - scène nationale d’Évry et de l’Essonne, la Halle aux Grains - scène nationale de Blois, le Centre dramatique
national Orléans/Loiret/Centre, la Ville de Chinon, la Scène nationale de Petit-Quevilly/Mont-Saint-Aignan, le Fanal - scène nationale de SaintNazaire. Avec le soutien du Département de l'Essonne, de Culture O Centre, ateliers de développement culturel et l'aide à la diffusion d'Arcadi.
23 mars > 15 avril 2012
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h
durée du spectacle : 2 h
theatredelaquarium.com
> contact presse
Catherine Guizard
LA STRADA & CIES
01 48 40 97 88 & 06 60 43 21 13
[email protected]
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