IMMOÉTUDE DÉLOC ALI SAT ION ÉCONOMIQUE Où s’implantent les entre prises internationales? Le conseil en immobilier international CBRE a sondé ses clients corporate pour cibler les facteurs qui les poussent à ancrer leurs activités dans un pays plutôt qu’un autre. Comment se répartit leur présence au niveau mondial ? Où se situe Bruxelles dans ce panorama ? PHILIPPE COULÉE 2% 4% devant la Belgique, qui reste dans le top 20 (18e), avec 59,3% de présence de sociétés internationales sur son sol. 22 % Les atouts belges «Les avantages de la Belgique sont nombreux. Et la plupart sont déjà connus: localisation, voies de communication, main-d’œuvre, terrains disponibles, etc. Intérêts notionnels aussi, énumère Kim Verdonck. Mais nous avons également des points faibles — également connus — comme notre système de sécurité 14 % 7% 5% 12 % 7% 6% SOURCE : CBRE ceptible de bénéficier de 56% du PIB mondial», note Kim Verdonck. Le dernier top établi par CBRE au niveau mondial liste ainsi les Etats-Unis (89,6% des entreprises sondées présentes), le Royaume-Uni (88,2%), la France (81,1%), la Chine (81,1%) et l’Allemagne (78,2%). L’Italie, pourtant bien secouée pour l’instant par la finance mondiale, suit de près à la 6e place (69,3%). Tout comme l’Espagne, toujours pointée au 8e rang mondial (68,9%). Les PaysBas décrochent une 17e place (60%), juste (par secteur) DEPUIS L’ENTRÉE DE LA POLOGNE DANS L’UE EN 2004, Varsovie attire énormément les investissements étrangers, principalement d’autres pays européens. REPORTERS L ’étude Business Footprints (1) vise à tracer annuellement la présence de 300 sociétés internationales au niveau mondial (par pays, par villes et par secteurs d’activités) et à tracer les stratégies futures d’implantation de bureaux de celles-ci. Les économies mondiales les plus fortes tiennent le haut du classement. Les Etats-Unis arrivent toujours en tête avec la présence sur leur sol de 89,6% des 280 sociétés ayant participé à la dernière étude. La Chine est déjà le 4e marché le plus attractif pour les occupants; mais la Russie, le Brésil et l’Inde sont également dans le top 20 des pays les plus attractifs. «Si on analyse la situation dans son ensemble, on constate que la libéralisation et la globalisation du commerce ont fortement impacté le choix des sociétés corporate de localiser leurs activités dans l’un ou l’autre pays», pointe d’emblée Kim Verdonck, chef du département analyse de CBRE Belgique. Conséquence directe: le nombre de sociétés internationales présentes sur plusieurs marchés est en constante augmentation. Inévitablement, ce sont les pays accueillant le plus grand nombre de sociétés corporate qui représentent les économies mondiales les plus fortes. Et vice-versa. C’est pourquoi, il est intéressant d’analyser ce que CBRE appelle l’«empreinte» immobilière que ces sociétés ont sur un plan international et quels sont leurs projets d’implantation future. «Pour faire court, on peut extrapoler qu’une société qui possède des bureaux dans les six pays les plus performants du classement établi par nos soins est sus- 124 compagnies internationales présentes à Bruxelles 54 1ER MARS 2012 | WWW.TRENDS.BE 15 % 6 % sociale fort coûteux, les salaires élevés et la saturation du trafic à Bruxelles. Pour et contre pesés, l’indice d’investissement direct étranger (IDE) a augmenté en Belgique en 2011 par rapport à l’année dernière: cela nous maintient, dans l’esprit des décideurs privés internationaux, à la 6e position au classement des pays d’Europe les plus prisés. En 2010, notre pays comptait 9% de projets d’investissements en plus qu’en 2009 tandis que la croissance record enregistrée en Europe s’élevait à 14%. On note cependant encore des différences marquées entre certaines régions du pays et une relative perte de vitesse par rapport au reste de l’Europe», nuance l’analyste. Dans le classement mondial des villes, Bruxelles (et son hinterland) occupe une honorable 22e place avec 44,3% des grandes sociétés internationales présentes dans la capitale: 124 entreprises (sur les 280 participantes) y ont élu domicile, pour 42 seulement à Anvers (94e rang, 15%). «Si Bruxelles (centre et périphérie) affiche de tels résultats, c’est, on le sait, directement lié à sa place géostratégique de siège de l’Union européenne et des principales institutions interna- Industrie automobile Banque et services financiers Energie Agroalimentaire Biens et services industriels Assurance Média, technologies et télécoms Secteur primaire, construction et mines Secteur pharmaceutique et soins de santé Services aux entreprises Transport et distribution tionales. Cela reste un puissant stimulus sur son économie et cela lui permet de rester une des villes de prédilection pour les têtes de ponts européennes de la plupart des multinationales et autres sociétés de renom international», rappelle Kim Verdonck au passage. Parmi les entreprises dont la maison-mère européenne est située en Belgique, on recense notamment 3M, Toyota ou Rockwell Automation. L’enquête de CBRE révèle par ailleurs que les sociétés internationales les plus représentées dans la capitale belge proviennent du secteur des services (avocats, sociétés d’audit, etc.), suivies par les médias et le secteur bancaire. Viennent ensuite les compagnies actives dans le 26,6 POUR CENT Le Luxembourg est le premier pays investisseur en Belgique, il représente à lui seul plus d’un quart des IDE dans notre pays. Méthodologie de l’étude CBRE Pour identifier les 300 entreprises les plus importantes au monde (sur base de leur chiffre d’affaires), CBRE s’est basé sur le classement Fortune Global 500 list. Cette liste a ensuite été amendée pour n’omettre aucun secteur d’activités. Par exemple, les cabinets d’avocats (non repris dans le Fortune Global 500) ont été ajoutés au pool de départ. Sont pris en compte, pour identifier une présence dans un pays, une adresse de bureaux, de siège social, de call center ou de département R&D. secteur de l’énergie ou encore dans le transport et la distribution, souvent localisées en périphérie. Quant à Anvers, si elle attire également nombre d’entreprises internationales, «c’est essentiellement en raison de son port et de sa localisation médiane entre la Belgique et les Pays-Bas», révèle le rapport. L’Europe de l’Est attire les investissements Au niveau de la zone géostratégique EMEA (Europe/Moyen-Orient/Afrique), Bruxelles s’accroche à la 10e marche du podium. Mais elle est, de façon surprenante, devancée par un trio de capitales de l’Est de l’Europe — Prague (9e), Budapest (8e) et Varsovie (6e) — et par Milan (7e) ou Dubaï, qui lorgne déjà la 3e place de Madrid. Autre progression aussi rapide et surprenante que celle de Dubaï: celle de Moscou (61%), déjà à une encablure de Londres (63%). Pour expliquer la surprenante montée en flèche des capitales d’Europe de l’Est dans ce concert des villes prisées par les entreprises internationales, le cabinet international d’audit et de conseil Deloitte mentionne, dans un récent ≤ WWW.TRENDS.BE | 1ER MARS 2012 55 Mediargus Mediargus