IMMOÉTUDE
L
’étude Business Footprints (1)
vise à tracer annuellement la
présence de 300 sociétés inter-
nationales au niveau mondial
(par pays, par villes et par sec-
teurs d’activités) et à tracer les stratégies
futures d’implantation de bureaux de
celles-ci. Les économies mondiales les
plus fortes tiennent le haut du classe-
ment. Les Etats-Unis arrivent toujours
en tête avec la présence sur leur sol de
89,6% des 280 sociétés ayant participé
à la dernière étude. La Chine est déjà le
4emarché le plus attractif pour les occu-
pants; mais la Russie, le Brésil et l’Inde
sont également dans le top 20 des pays
les plus attractifs.
«Si on analyse la situation dans son
ensemble, on constate que la libéralisa-
tion et la globalisation du commerce ont
fortement impacté le choix des sociétés
corporate de localiser leurs activités dans
l’un ou l’autre pays», pointe d’emblée
Kim Verdonck, chef du département ana-
lyse de CBRE Belgique. Conséquence
directe: le nombre de sociétés interna-
tionales présentes sur plusieurs marchés
est en constante augmentation.
Inévitablement, ce sont les pays
accueillant le plus grand nombre de
sociétés corporate qui représentent les
économies mondiales les plus fortes. Et
vice-versa. C’est pourquoi, il est inté-
ressant d’analyser ce que CBRE appelle
l’«empreinte» immobilière que ces socié-
tés ont sur un plan international et quels
sont leurs projets d’implantation future.
«Pour faire court, on peut extrapoler
qu’une société qui possède des bureaux
dans les six pays les plus performants du
classement établi par nos soins est sus-
devant la Belgique, qui reste dans le top
20 (18e), avec 59,3% de présence de socié-
tés internationales sur son sol.
Les atouts belges
«Les avantages de la Belgique sont
nombreux. Et la plupart sont déjà connus:
localisation, voies de communication,
main-d’œuvre, terrains disponibles, etc.
Intérêts notionnels aussi, énumère Kim
Verdonck. Mais nous avons également
des points faibles — également connus
— comme notre système de sécurité
ceptible de bénéficier de 56% du PIB
mondial», note Kim Verdonck.
Le dernier top établi par CBRE au
niveau mondial liste ainsi les Etats-Unis
(89,6% des entreprises sondées pré-
sentes), le Royaume-Uni (88,2%), la
France (81,1%), la Chine (81,1%) et l’Al-
lemagne (78,2%). L’Italie, pourtant bien
secouée pour l’instant par la finance mon-
diale, suit de près à la 6eplace (69,3%).
Tout comme l’Espagne, toujours poin-
tée au 8erang mondial (68,9%). Les Pays-
Bas décrochent une 17eplace (60%), juste
Où s’implantent les entre
DÉLOCALISATION ÉCONOMIQUE
Le conseil en immobilier international CBRE a sondé ses clients corporate pour cibler
les facteurs qui les poussent à ancrer leurs activités dans un pays plutôt qu’un autre.
Comment se répartit leur présence au niveau mondial ? Où se situe Bruxelles dans
ce panorama ?
PHILIPPE COULÉE
54 1ER MARS 2012 |WWW.TRENDS.BE
DEPUIS L’ENTRÉE DE LA POLOGNE
DANS L’UE EN 2004,
Varsovie attire énormément
les investissements étrangers,
principalement d’autres pays
européens.
REPORTERS
Mediargus
sociale fort coûteux, les salaires élevés
et la saturation du trafic à Bruxelles. Pour
et contre pesés, l’indice d’investissement
direct étranger (IDE) a augmenté en Bel-
gique en 2011 par rapport à l’année der-
nière: cela nous maintient, dans l’esprit
des décideurs privés internationaux, à la
6eposition au classement des pays d’Eu-
rope les plus prisés. En 2010, notre pays
comptait 9% de projets d’investissements
en plus qu’en 2009 tandis que la crois-
sance record enregistrée en Europe s’éle-
vait à 14%. On note cependant encore
des différences marquées entre certaines
régions du pays et une relative perte de
vitesse par rapport au reste de l’Europe»,
nuance l’analyste.
Dans le classement mondial des villes,
Bruxelles (et son hinterland) occupe une
honorable 22eplace avec 44,3% des
grandes sociétés internationales pré-
sentes dans la capitale: 124 entreprises
(sur les 280 participantes) y ont élu domi-
cile, pour 42 seulement à Anvers (94e
rang, 15%). «Si Bruxelles (centre et péri-
phérie) affiche de tels résultats, c’est, on
le sait, directement lié à sa place géos-
tratégique de siège de l’Union européenne
et des principales institutions interna-
tionales. Cela reste un puissant stimulus
sur son économie et cela lui permet de
rester une des villes de prédilection pour
les têtes de ponts européennes de la plu-
part des multinationales et autres socié-
tés de renom international», rappelle
Kim Verdonck au passage. Parmi les
entreprises dont la maison-mère euro-
péenne est située en Belgique, on recense
notamment 3M, Toyota ou Rockwell
Automation.
L’enquête de CBRE révèle par ailleurs
que les sociétés internationales les plus
représentées dans la capitale belge pro-
viennent du secteur des services (avo-
cats, sociétés d’audit, etc.), suivies par les
médias et le secteur bancaire. Viennent
ensuite les compagnies actives dans le
secteur de l’énergie ou encore dans le
transport et la distribution, souvent loca-
lisées en périphérie. Quant à Anvers, si
elle attire également nombre d’entre-
prises internationales, «c’est essentiel-
lement en raison de son port et de sa loca-
lisation médiane entre la Belgique et les
Pays-Bas», révèle le rapport.
L’Europe de l’Est attire
les investissements
Au niveau de la zone géostratégique
EMEA (Europe/Moyen-Orient/Afrique),
Bruxelles s’accroche à la 10emarche du
podium. Mais elle est, de façon surpre-
nante, devancée par un trio de capitales
de l’Est de l’Europe — Prague (9e), Buda-
pest (8e) et Varsovie (6e) — et par Milan
(7e) ou Dubaï, qui lorgne déjà la 3eplace
de Madrid. Autre progression aussi rapide
et surprenante que celle de Dubaï: celle
de Moscou (61%), déjà à une encablure
de Londres (63%).
Pour expliquer la surprenante mon-
tée en flèche des capitales d’Europe de
l’Est dans ce concert des villes prisées
par les entreprises internationales, le
cabinet international d’audit et de conseil
Deloitte mentionne, dans un récent
≤
WWW.TRENDS.BE |1ER MARS 2012 55
prises internationales?
Méthodologie
de l’étude CBRE
Pour identifier les 300 entreprises les
plus importantes au monde (sur base
de leur chiffre d’affaires), CBRE s’est
basé sur le classement Fortune Global
500 list. Cette liste a ensuite été
amendée pour n’omettre aucun secteur
d’activités. Par exemple, les cabinets
d’avocats (non repris dans le Fortune
Global 500) ont été ajoutés au pool
de départ. Sont pris en compte, pour
identifier une présence dans un pays,
une adresse de bureaux, de siège social,
de call center ou de département R&D.