LE SIONISME EN PALESTINE/ISRAËL :
FRUIT AMER DU JUDAÏSME
André Gaillard
SOMMAIRE
- Avant-propos................................................................................................................…. 2
1 - Déficience de l'information et démission banale en Occident ..................................... 4
2 - La base de l’idéologie sioniste ……………………………………………………... 6
3 - La colonisation planifiée de la Palestine pendant la première moitié du XX
e
siècle .... 13
4 - 1947 : La création de l'État d'Israël ; les principaux épisodes ...................................... 21
5 - La guerre judéo-palestinienne de 1947-48.................................................................... 26
6 - Les guerres israélo-arabes de 1967 et 1973 et la guerre du Liban de 1982.................... 30
7 – Israël et l’ONU ...................................................................................................…….. 33
8 - Les organisations terroristes du sionisme..................................................................…. 37
9 - La colonisation inédite et sophistiquée de la Palestine depuis la création de l'État d'Israël 42
10 - Nationalisme, Apartheid et Racisme anti-"non-Juifs" en Israël...........................……. 48
11 - L'apartheid au quotidien en Israël et dans les « territoires occupés »..........................…… 57
12 - Expulsés, déportés et réfugiés de Palestine............................................................…... 62
13 - Sionisme et Anti-sionisme chez les Juifs...............................................................…... 67
14 - Sionisme et hostilité anti-juive chez les Arabes......................................................…. 75
15 - Où en est Israël ....................................................................................................…. 78
16 - Quelle "guerre de libération" ? ............................................................................…… 82
17 - L'arsenal sémantique ou la violence par le Verbe ………………………………….. 87
18 - De quelques lois, règlements, arguments, comportements, pensées... suscitées par
l'idéologie sioniste. ..............................................................................................….. 94
19 - Questions et interrogations ...............................................................……………….. 100
20 - Des responsabilités multiples ..............................................................................….. 108
21 - Le racisme en général ……………………………………………………………. 112
22 - Racisme dans le judaïsme et racisme dans le sionisme ...………………………….. 118
23 - "Antisémitisme" et "antijudaïsme" ……………………………………………… 131
24 - Le racisme anti-Juifs ………………………………………………………………. 134
25 - La lutte contre l’ "antisémitisme" …...……………………………………………… 141
26 - En guise de conclusion…
et en vrac : Réflexions, Sentences, Humeurs et Prophéties « faciles » ..........…... 144
Résumé ………………………………………………………………………………….. 165
Post-scriptum…………………………………………………………………………….. 168
Adresse aux Palestiniens de la Palestine historique et d’ailleurs ……………………... 170
Bibliographie .............................................................................................................……. 171
2
AVANT-PROPOS
Le XX
e
siècle qui vient de s’achever a été riche d’enseignement sur les vertus, mais aussi
sur les capacités de nuisance, de la race humaine. S’il a vu dans de nombreux pays
l’avènement de la démocratie et la promotion des droits civiques, il n’en a pas moins légué
aux générations futures les séquelles de tragédies qui s’inscriront longtemps dans les livres
d’histoire. Il serait vain de tenter de les énumérer. Deux d’entre elles, par leur ampleur même,
s’imposent à la mémoire collective. Souvenons nous qu’un grand peuple européen, pourtant
éminent dans de nombreux domaines, s'est laissé séduire par l'idéologie nazie avec les
conséquences monstrueuses que l’on connaît. Souvenons nous aussi qu’ailleurs, notamment
en France, une partie non négligeable de l'élite intellectuelle a adhéré pendant plusieurs
décennies à l'idéologie communiste responsable de dizaines de millions de morts
Comme en témoignent ces erreurs que nombre de gens instruits et sincères ont partagées,
le juste interprétation des événements, lorsqu’ils se déroulent sur de nombreuses années et
nous sont rapportés quotidiennement, est toujours difficile. De plus, contrairement à une
opinion courante mais fausse, l'Histoire est la science des événements qui ne se répètent pas.
La prochaine guerre ne sera pas semblable à la précédente, les grandes idéologies du passé ne
reviendront pas sous la même forme, les hommes sont confrontés à des situations toujours
nouvelles dont la nocivité n'émerge souvent dans les consciences que devant des malheurs
caractérisés. Des situations imprévues, non imaginées qui surprennent et qui piègent…
Notre époque n'échappe pas à cette règle... Aujourd’hui, on peut affirmer qu’une idéologie
dénoncée pendant longtemps par une partie notable et éminente de la communauté juive d’où
elle a émergé portait en elle tous les germes d'une future tragédie. L'idéologie sioniste, à la
fois doctrine théorique et base d’un système politique redoutable, est largement méconnue.
Basée sur le mythe de la Terre promise à un Peuple élu par Yahvé, le dieu de la mythologie
hébraïque, elle s'est développée depuis la fin du XIX
e
siècle et a obtenu en 1947 des Nations
Unies un État : Israël. Génératrice d’un état de guerre permanent et d’une colonisation
impitoyable à laquelle répond un terrorisme dont l'horreur tend à voiler dans les esprits les
vraies origines, cette idéologie, si elle n'est combattue vigoureusement, ne peut pas ne pas
aboutir à un désastre à la fois pour le peuple juif qui l'a nourrie en son sein et pour bien
d’autres populations. Car, comme le furent en leur temps au nom de la Vérité, les Croisades,
l’Inquisition ou les guerres de religions pour le christianisme, comme l'est le fondamentalisme
musulman pour l'islam depuis quelques dizaines d'années, le sionisme - au nom d’une donnée
qui n’est plus la Vérité mais la « Race » - est un fruit amer du judaïsme…
Face à la situation chaotique qui a malencontreusement découlé de la décision des Nations
Unies, face à un affrontement dont nul ne voit l’issue et dont la fin peut s’avérer dramatique,
que peut-on faire et espérer ? Mon but, en tout cas, est de porter un regard sur l'idéologie
sioniste au vu de ses manifestations sur le terrain, mais aussi de ses sources judaïques
généralement ignorées par les auteurs et commentateurs et sans lesquelles tout discours est
profondément déficient. Ceci sans méconnaître ce que le judaïsme a apporté à la civilisation,
sans méconnaître non plus que la création de l'État d'Israël, pour avoir été historiquement une
erreur, a aussi, en succédant à un génocide caractérisé, obéi à des motifs humanitaires.
De par sa perspective précise et limitée, un tel texte peut apparaître à certains comme
systématiquement favorable à ceux, Arabes notamment, qui luttent contre l'entreprise en
question. Cette interprétation n'est pas juste. Apporter spontanément sa sympathie à un peuple
3
opprimé, totalement isolé et dépourvu de soutien sur la scène internationale, n'est nullement
approbation de ses actions, négation de ses faiblesses, méconnaissance des pesanteurs
inhérentes à l'Islam qui l'inspire. Il s’agit simplement, pour une œuvre qui n’est point de
compassion mais de justice, de comprendre une idéologie qui, par delà ses hérauts, conduit
une machine redoutable.
Compte tenu de la tactique d'intimidation, voire du terrorisme intellectuel qui sévit
volontiers dans notre pays avec le fréquent amalgame antisionisme-antisémitisme, compte
tenu de l’idéologie d’intouchabilité développée par nombre de responsables juifs, je sais que
mes propos - soulignés par des gardiens vigilants, prompts à manier cette injure à la mode -
me feront soupçonner de racisme antijuif. Chaque critique de la politique israélienne ou toute
opinion non défavorable aux Palestiniens ne sont-elles pas accusées de traduire de
l’antisémitisme chez les journalistes, écrivains ou hommes politiques qui se permettent une
telle liberté ? Dans l'esprit de certains, le simple emploi du mot « juif » n'est-il pas déjà
suspect par lui-même lorsqu'il fait abstraction de l'histoire concentrationnaire récente, voire
s'il est seulement prononcé par un non-Juif ? Et, n'y a-t-il pas pour les accusateurs des « Juifs
antisémites » ou des « Juifs atteints de la haine de soi » comme l'indiquent victimes de
groupes de pression, E. Benbassa
1
, J. C. Attias
1
et M. Rodinson
2
? D'aucuns vont m'accuser
aussi d'antijudaïsme au prétexte que je dénonce des éléments pervers présents dans cette
culture. Mais le judaïsme serait-il donc la seule entreprise humaine à ne pas véhiculer de tels
éléments ? Depuis un certain nombre d'années, les chrétiens en viennent à reconnaître et à
regretter profondément certains écrits et pratiques criminogènes du christianisme
3
. Les Juifs
ne seraient-ils pas capables de faire de même avec le judaïsme, la Bible et le Talmud ?
Les pages qui suivent se proposent de réunir les données essentielles d’ordre historique
qu’il convient d’avoir à l’esprit. Elles cherchent aussi à analyser les éléments constitutifs de
l’idéologie sioniste et à mettre à jour les véritables causes du drame quotidien qui se joue en
Palestine. Elles se veulent enfin un réquisitoire face au crime d’indifférence des hommes
politiques
4
.
Parmi toutes les causes qui méritent d’être soutenues et sur lesquelles les Occidentaux
directement responsables peuvent parfaitement agir, la dénonciation de l’idéologie sioniste
m'apparaît en effet comme une des premières. Grâce à l'apport des historiens et journalistes
courageux, Juifs en majorité honnis dans leur communauté, grâce aussi au recul du temps qui
permet une perspective valable, cette tâche est aujourd’hui facilitée.
1
Les Juifs ont-ils un avenir ? p. 243.
2
Peuple juif ou problème juif ? p. 6-12 et 292-293 entre autres. La haine de soi est le nom d’une autocritique
formulée initialement par Lessing au début du XX
e
siècle.
3
Le théologien catholique, Y.Burdelot, dans Devenir humain, Ed. du Cerf, p. 170, écrit ainsi : « Il y a dans nos
esprits une représentation de « Dieu » qui est à la source des plus grands maux dont souffre et a souffert
l’humanité. Et il existe un comportement humain qui, tentant de s’attribuer à soi-même la puissance dont nos
rêves affublent ce « Dieu-là », pense ne se réaliser, et donc donner sens à sa vie, qu’en dominant et écrasant les
autres. »
4
Dresser un réquisitoire quel qu’il soit - comme, par exemple, dans ce texte, celui du sionisme - est toujours une
entreprise qui peut a priori être qualifiée de partisane par l’accumulation de données allant dans un seul sens.
Quel est l’individu, le mouvement, la philosophie qui n’ait apparemment que des côtés négatifs ? C’est la loi du
genre donnant à tout réquisitoire un aspect injuste. Mais un réquisitoire c’est aussi et d’abord un plaidoyer en
faveur d’une cause supérieure de justice. Ici, c’est la cause de tous ceux, Juifs et non-Juifs, victimes à un
moment donné de l’Histoire de certains éléments du judaïsme.
4
1 - DÉFICIENCE DE L'INFORMATION,
MÉCONNAISSANCE D’ORDRE RELIGIEUX
et DÉMISSION BANALE EN OCCIDENT
Depuis 1922, date la Société des Nations confia à la Grande-Bretagne un mandat sur la
Palestine à la suite de la défaite des empires centraux et de l’éviction de la Turquie en tant que
puissance dominante, depuis 1947 surtout, date à laquelle l’ONU décida de scinder le pays
pour y créer deux États, l’un juif, l’autre arabe, il ne s'est guère passé de jour sans que les
journaux ne nous apportent une information relative à cette région du Proche-Orient
s’affrontent de façon ininterrompue et plus ou moins violente deux communautés : les Juifs
d’une part, les non-Juifs d’autre part, ces derniers étant avant tout des Arabes musulmans.
Les informations n'ont donc pas manqué sur ce sujet. Pourtant, une fraction notable des
Occidentaux, notamment dans l’élite intellectuelle et politique, est comme indifférente au
drame quotidien qui se joue en Palestine. Un phénomène banal d’accoutumance et de
lassitude en est sûrement une raison notable, mais plusieurs éléments sont venus néanmoins y
contribuer de manière décisive.
Le premier élément favorable au développement de l’idéologie sioniste et de sa
méconnaissance par le grand nombre est sans doute représenté par un phénomène passif : le
trop plein ou l'excès de mémoire dont parle Paul Ricœur dans un récent ouvrage (La Mémoire,
l'Histoire, l'Oubli) et qu’il dénonce d’une manière générale... Après le cataclysme de 1939-
1945, bien plus encore qu’après la guerre de 1914-1918, les études des historiens ne
pouvaient qu’être monumentales, fort nombreuses et prolongées. À ces études sont venues
s’ajouter logiquement les multiples commentaires et interprétations des politiques et puis,
bien sûr, les interventions diverses des polémistes et des partisans : une « montagne » de
mémoire en est résultée que les médias de notre époque, notamment la télévision, nous livrent
chaque jour. Indépendamment des perspectives et des intentions diverses qui sous-tendent
cette information constante et multiforme, la place forcément éminente qu’occupe le génocide
des Juifs par les nazis, et partant l’émotion suscitée, ont manifestement joué de façon
exceptionnelle en faveur de l’entreprise sioniste, d'abord en faisant négliger la très importante
littérature juive formellement opposée à son projet territorial et en supprimant toute réflexion
prospective quant aux risques pour l'avenir d'un État spécifiquement « juif », ensuite en
voilant la réalité de son présent sur le terrain.
À côté de ce premier phénomène, on peut affirmer d’autre part que l’information relative
au Proche-Orient en provenant majoritairement d'une source, israélienne en la circonstance, a
été gravement déformée, que l'interprétation des événements a été terriblement partiale et
injuste pendant de nombreuses années. « La mémoire sioniste a régné aux dépens de celle
des Palestiniens » a écrit l’historien israélien Ilan Pappe de l’université de Haïfa, tandis que le
Général de Gaulle pouvait déclarer dans les années 60 : « qu’il existait en France un puissant
lobby pro-israélien exerçant notamment son influence dans les milieux d’information. Cette
affirmation, à l’époque, fit scandale. Elle contient pourtant une part de vérité qui est toujours
d’actualité » (P. Alexandre "Le préjugé pro-israélien", Le Parisien libéré du 29 février 1988).
Il semble bien, en effet, que la méconnaissance des données du problème représente la
principale cause de cette indifférence de l’opinion publique occidentale qui n’a manifestement
pas pris la mesure de la gravité potentielle des « événements » qu'on lui rapporte chaque jour
depuis tant d’années.
5
Il est d’ailleurs remarquable de constater que - à côté de la multiplicité des informations
rapportées en la matière - les commentaires et les jugements que l'on peut voir dans la presse
française émanant de journalistes ou d'hommes de lettres sont fort rares. Il est patent aussi que
beaucoup de commentateurs non-Juifs apparaissent souvent comme mal à l'aise dans leur
rédaction... Quant aux Juifs, religieux ou non, leur situation souvent ambiguë face à Israël, la
mauvaise conscience que nombre d'entre eux ont de ne pas y vivre, de ne pas avoir fait leur
«aliyah » malgré les multiples et pressantes invitations reçues
5
, les rend souvent terriblement
aveugles, silencieux et d’une coupable solidarité. Lévinas, après avoir considéré que la
création de l’État d’Israël était bien tardive et salué cet événement d’un : « Enfin arrive
l'heure du chef-d'œuvre », expliquait ainsi : « Je m'interdis de parler d'Israël, ne courant pas
cette noble aventure et ce risque quotidien » tandis qu'Élie Wiesel a pu écrire : « Je ne
critique jamais Israël hors d'Israël, c'est le prix que j'accepte de payer pour ne pas y
vivre »… « la solidarité ne nous permet pas de juger la politique extérieure d’Israël ». Et, a-
t-on jamais entendu, par exemple, un rabbin français ou une organisation d'obédience juive
dénoncer la torture utilisée en Israël et, fait unique au monde, légalisée ?
Enfin, il faut bien voir que le judaïsme comme les autres traditions religieuses, entreprises
humaines par excellence, contient des éléments potentiellement pervers qu’il s’agit de
reconnaître. Le fameux « Qui n’est pas avec moi est contre moi » évangélique n'est-il pas à la
base de tous les totalitarismes après avoir entraîné le christianisme dans de folles aventures ?
Bref, il est clair que nombre d’observateurs, ou bien n'ont pas intégré, à propos du
sionisme, de nombreuses données d’ordre historique ou religieux, ou bien ne se sont pas
comportés en hommes libres, à l'instar d'hommes éminents comme J. P. Sartre quand il écrit :
« Je ne peux pas soutenir la politique de l'État d'Israël, mais je ne peux pas non plus m'élever
contre elle car alors je me retrouverais dans le camp détestable des antisémites ».
Je dois reconnaître que j’éprouve quelque aversion pour de telles paroles, en même temps
qu’incompréhension pour leur auteur : un philosophe écouté qui, subjugué par le Verbe d’un
lobby paranoïaque, n’a pas su prendre parti.
Il reste que Jean d'Ormesson, dans un article du Figaro paru il y a quelques années, se
demandait avec pertinence, et non sans courage, si la création de l'État d'Israël n’avait pas été
une erreur. À cette interrogation, ma réponse personnelle - qui semblait bien être aussi celle
de l’auteur - est « oui » sans hésitation. Une mémoire manipulée jointe à une absence de
liberté des hommes politiques et, d'une manière générale, des hommes ayant quelque
influence sur l'opinion publique, a manifestement contribué au développement de l'idéologie
sioniste qui s'est épanouie avec la création de l'État d'Israël et ne cesse d'étendre chaque jour -
face à une communauté internationale sidérée - ses méfaits dans les populations juives et non-
juives de la Palestine.
5
En 2004, il y avait environ 100 émissaires en provenance d’Israël dans la perspective de convaincre quelque 30
000 Français juifs d’émigrer en Israël. En prenant prétexte de certains actes d’hostilité envers les Juifs constatés
en France, leur message est simple : « Partez de France dès maintenant et venez dans votre vraie patrie ».
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