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élémentaires constituent le produit de toute une chaîne de réflexes, y compris les réflexes
conditionnés - aussi bien intra-analyseurs, qu’inter-analyseurs.1
[174] Encore plus complexes sont les processus perceptifs proprement dits, qui sont un
« comportement sensoriel » spécifique. Dans ses formes les plus complexes, ce comportement
parait souvent privé de ses extrémités motrices, restreint au système des liaisons sensorielles.
L’analyse montre cependant que ces liaisons senso-sensorielles sont le produit de l’intégration dans
des systèmes dynamiques de réflexes entiers, avec leurs arcs moteurs. Mais, dans le système, ces
arcs moteurs sont réduits. Voilà pourquoi le fonctionnement de ces systèmes prend l’apparence
d’une capacité d’insight en quelque sorte, des relations du champ perceptif.
Sur ce point, nous nous heurtons tout naturellement à la psychologie de la forme. Je ne vais
pas, examiner ici cette conception en entier. Je me limiterai à une remarque : ce dont le structuralisme
a fait un postulat, nous l’examinons comme un problème de recherche. Pour la théorie de
l’apprentissage, cela signifie : là où le structuralisme voit un facteur de l’apprentissage, nous voyons
le produit de ce dernier.
3.
Le second problème qui apparaît lors du passage d’un schéma général du réflexe
conditionnel à l’analyse du comportement dans les conditions naturelles concerne son chaînon
effecteur, exécutif. Les conditions des expériences classiques sur les réflexes salivaires l’effacent en
tant que problème particulier, mais ils ne l’effacent pas du programme de recherche. Il suffit
d’indiquer les expériences de Konorski et Miller (8), analysées par Pavlov. Certains auteurs seraient
enclins à voir dans la théorie des réflexes conditionnels une théorie basée sur une simple substitution
de stimuli; je dois par conséquent noter ici que Pavlov, au contraire, attribuait au chaînon moteur,
avec, les influx centripètes qu’il déclenche, un rôle très important, je dirais même le rôle le plus
important dans le développement de la connaissance et du comportement.
Pour réaliser la fonction d’adaptation, l’acte moteur ne peut, se déterminer entièrement par
les seuls effets immédiats de la situation extérieure. C’est pourquoi il ne peut automatiquement
aboutir à l’adaptation nécessaire. Il ne s’agit pas simplement du renforcement ou de l’extinction des
mouvements. Il s’agit [175] de la formation d’un nouveau système de réponses motrices à une
situation donnée.
C’est là, parmi les problèmes élaborés par l’école de Pavlov, l’un des plus importants pour la
théorie de l’apprentissage. J’ai surtout en vue les recherches d’Anokine (1, 2) et de ses
collaborateurs. Dès 1935, ces recherches mettaient en lumière la notion « d’afférentation en
retour », proche de celle de feed-back, actuellement si répandue.
L’afférentation en retour accomplit une double fonction. A l’égard de chaque chaînon
intermédiaire d’un acte moteur complexe, elle joue le rôle de signal pour le passage au chaînon
suivant, ou, en cas d’échec, de signal pour une nouvelle tentative. A l’égard du résultat total, elle
accomplit une fonction quelque peu différente : elle arrête la suite des mouvements et renforce le
système d’excitations formé dans le cerveau. Elle sanctionne l’acte. Non seulement la réalisation
d’une réaction motrice exige que le système d’excitations provoquées par la situation extérieure
passe aux voies effectrices, mais elle suppose en même temps l’actualisation d’un système sensoriel
1 Je puis noter par exemple les travaux d’E. Sokolov et de ses collaborateurs de la chaire de
Psychologie de l’Université de Moscou (18, 6).