secteur privé bien structuré et une population bien formée a ainsi pu tirer parti de l’accélération de la
croissance mondiale observée à partir du milieu des années 2000.
Sur la période récente, l’adoption d’une nouvelle constitution a en outre contribué à la stabilisation de la vie
politique et à l’ancrage de l’État de droit. La décentralisation en constitue le fondement, avec le transfert vers
47 comtés d’importantes compétences dans les domaines de l’eau, de la santé, de l’agriculture et du réseau
routier notamment.
Enfin, depuis 2009, le gouvernement a mis en œuvre une politique budgétaire expansionniste qui a contribué
à soutenir la croissance. L’effort de dépenses a notamment porté sur le rattrapage des investissements dans le
secteur des transports et de l’énergie.
2. L’amélioration de la gestion publique est un élément-clé de la soutenabilité de la trajectoire de
croissance
Le FMI estime que la dynamique d’accélération de la croissance pourrait se maintenir en 2016 et au-delà,
avec un potentiel de croissance à moyen terme du pays de 6,5%. Le soutien budgétaire à la croissance engagé
depuis s’est toutefois traduit par un creusement du déficit qui a atteint 8,6% du PIB sur l’année fiscale
2014/15. Le rythme d’accumulation de la dette s’est accru en conséquence : en cinq ans seulement, le taux
d’endettement public est passé de 41% du PIB en 2011/12 à plus de 50% du PIB en 2015/16. A ce stade, le
FMI juge encore la trajectoire d’endettement soutenable et il faut souligner que le Kenya est un des rares pays
africains à ne pas avoir eu recours à l’initiative PPTE.
Cette tendance à la hausse constitue cependant un enjeu désormais bien identifié par le gouvernement et par le
FMI : le dernier accord de précaution conclu avec le Kenya (stand-by agreement) prévoit que le déficit public
devrait être ramené à 3,8% du PIB en 2018/19.
Pour parvenir à cette réduction, la stratégie retenue par les pouvoirs publics consiste à faire peser
essentiellement l’effort d’ajustement sur la dépense courante. Le potentiel d’augmentation des recettes
publiques est en effet relativement limité, celles-ci représentant déjà près de 20% du PIB. Le FMI
recommande une réduction des dépenses fiscales, qui permettrait d’accroître à la marge les recettes.
Les réformes fiscales les plus rentables ont cependant déjà été mises en œuvre, notamment l’instauration
d’une TVA. Celles à venir – en particulier la fiscalisation du foncier et des revenus du capital - seront plus
difficiles à mettre en œuvre. Par ailleurs, le gouvernement souhaitant maintenir un niveau d’investissement
public élevé et poursuivre ainsi la politique de rattrapage des investissements dans les infrastructures, la
dépense courante constitue de fait l’agrégat à ajuster.
Tout l’enjeu de la stratégie budgétaire est de piloter la réduction du déficit public tout en limitant ses effets
récessifs sur la croissance. Compte tenu du poids du soutien budgétaire à la croissance, au cours des dernières
années, toute diminution trop brutale du déficit public pourrait peser sur la dynamique économique du pays ;
et un affaiblissement de la croissance rendrait plus complexe le maintien de l’endettement dans une trajectoire
soutenable.
3. L’amélioration de l’efficacité de la dépense publique constitue un enjeu majeur pour la soutenabilité
de la trajectoire des finances publiques kenyanes
Elle impose la maîtrise des trois enjeux suivants :
- piloter efficacement la décentralisation budgétaire : la mise en œuvre de la décentralisation a engendré une
augmentation nette de la dépense publique d’environ 16% : la création des 47 comtés, entités nouvelles sans
moyens propres et dans autonomie fiscale et budgétaire, se traduit par une multiplication des charges de
structure (bâtiment, équipements, véhicules, etc.), le recrutement de personnels nombreux, et l’apparition de
nombreux doublons entre le gouvernement central et les comtés.
Alors que jusqu’alors l’augmentation du déficit public était principalement provoquée par l’effort
d’investissement du gouvernement, la décentralisation explique l’essentiel de la dynamique budgétaire depuis
2013.
C’est pourquoi la maîtrise des enjeux budgétaires liés à la décentralisation est un risque majeur pour la
trajectoire des finances publiques : le transfert des compétences dévolues – agriculture, infrastructures, eau,
santé notamment – ne permettra d’atteindre les objectifs de réduction de la dépense courante que s’il
s’accompagne de la réduction effective des charges de structure au niveau central.