DJIBOUTI La croissance économique demeure forte en 2016, principalement alimentée par les activités portuaires et les transports. Malgré l'amélioration de la situation budgétaire et extérieure par rapport à 2015, les risques relatifs à la dette et à la viabilité budgétaire sont toujours présents. Avec plus d'un cinquième de la population au chômage, il est essentiel de mettre en place des réformes incitant la croissance à s'ouvrir à la création d'emplois. Le système statistique a besoin d'être renforcé pour un suivi pour un suivi plus précis. Développements récents La croissance du PIB devrait atteindre 6,5 % en 2016, similaire à 2015 et une accélération timide comparée aux 6 % de 2014. Le rythme de croissance a été maintenu par la construction, le transport, les activités portuaires et les activités à forte intensité de capital. Il est prévu que le taux d'inflation atteigne 3,5 % en 2016, une hausse par rapport aux 2,1 % de 2015, stimulée par une demande élevée dans le secteur du logement et de celui des services. Le déficit budgétaire primaire devrait passer de 15,5 % du PIB en 2015 à 10 % du PIB en 2016, en raison du fléchissement des dépenses en capital, alors que les projets de développement portuaire et ferroviaire pour relier Addis-Ababa (Éthiopie) aux ports djiboutiens de Tadjourah et Doraleh se terminent, et que les dépenses fin-2015 début-2016 relatives aux élections présidentielles sont terminées. Le déficit du compte courant devrait se resserrer, de 29,2 % du PIB en 2015 à une estimation de 23,4 % du PIB en 2016, en raison du ralentissement des importations de capitaux. L'IDE devrait rester stable à 8,5 % du PIB en 2016. Les réserves de change restent robustes, et suffisantes pour garantir la masse monétaire et la caisse d'émission. Le taux de change effectif réel devrait s'apprécier de 6,1 % en 2016, reflétant les effets combinés des contraintes du marché de l'offre et de l'accélération de l'inflation (prix à la consommation élevés). Le secteur bancaire demeure fragile, avec la détérioration des portefeuilles de prêts des banques commerciales et l'augmentation de la fréquence des prêts improductifs. La proportion des prêts improductifs sur le total des prêts a augmenté, de 16,5 % en juin 2014 à 22 % en juin 2015. L'absence d'un système statistique fort, en particulier dans le suivi de la pauvreté demeure une préoccupation majeure à Djibouti. Bien qu'il y ait eu deux enquêtes sur les ménages, réalisées en 2012 et en 2013, elles ne sont pas strictement comparables et excluent une grande proportion de la population vulnérable, telle que les nomades et ceux vivant dans des « structures temporaires » (environ 25 à 30 % de la population selon le recensement de 2009). Le taux de chômage a diminué, de presque 50 % en 2012 à 22 % en 2015 (38 % si l'on inclut les travailleurs découragés). Perspectives Les perspectives à moyen terme demeurent favorables, avec l'attente d'une génération de revenus par les investissements de capitaux en cours et du loyer des bases militaires étrangères. La croissance pourrait atteindre 7 % dans la période 2017-2019, avant de ralentir à 6 % en 2020. La situation budgétaire devrait s'améliorer graduellement, pour terminer en dessous de 10 % en 2017-2018, sur le principe que les investissements actuels généreront de nouvelles capacités de production et d'exportation, que ces dépenses seront rationalisées, et que les réformes budgétaires pour augmenter les revenus et réduire les subventions sur les carburants sont appliquées de façon efficace. Le déficit du compte courant devrait baisser à 14,5 % du PIB en 2018, avec une hausse graduelle des exportations, et un fléchissement des importations relatif à la construction en raison de la complétion imminente des projets d'infrastructures. Les apports des IDE et les transferts de capitaux devraient continuer à financer le déficit. Les réserves devraient continuer de garantir une masse monétaire suffisante et plus de quatre mois de couverture des importations, permettant ainsi le maintien du taux de change à 177,72 francs djiboutiens pour 1 dollar US. L'inflation devrait se stabiliser autour de 3,5 % en 2017-2018, en raison de la robustesse du secteur de l'immobilier et de celui des services. La croissance se reposant principalement sur les investissements dans les infrastructures, son impact sur la création d'emplois et la réduction de la pauvreté devrait être limité. Le gouvernement est en train de mettre en place un programme pour encourager les opportunités d'emploi, améliorer les pratiques nutritionnelles, et fournir des transferts financiers pour réduire la pauvreté parmi les groupes les plus défavorisés. L'harmonisation politique et l'unité sociale sont primordiales pour assurer la stabilité sociopolitique du pays. Pour garantir une stabilité macro-économique, le gouvernement devra engager des réformes pour rationaliser les dépenses, et mettre en place des réformes budgétaires pour améliorer l'environnement commercial et augmenter la mobilisation des ressources nationales. Des réformes du marché du travail pour mieux accorder l'offre et la demande d'emploi, et une diversification économique vers l'industrie légère et le secteur agricole avec un potentiel pour la création d'emplois sont indispensables à la résolution des problèmes grandissants de chômage et de pauvreté du pays. Risques et défis La croissance et la stabilité macro-économique du pays sont toujours sujettes à des risques élevés, étant donné le contexte d'incertitude à l'échelle mondiale et les déséquilibres macroéconomiques internes. Djibouti est vulnérable aux incertitudes et aux perturbations de l'économie mondiale, en raison de sa lourde dépendance au commerce du transit et du transbordement. Les déséquilibres macro-économiques internes propres à Djibouti sont susceptibles d'entraver la croissance, si les projets d'infrastructures financés par la dette ne sont pas gérés efficacement pour générer des revenus suffisants destinés au service de la dette. En outre, une insuffisance dans l'implémentation des réformes budgétaires pourrait aggraver la détérioration de l'environnement commercial et affaiblir la croissance. L'instabilité et le mécontentement social, associés à des problèmes de sécurité sur la Mer Rouge pourraient ralentir l'activité économique et la croissance.