3
Le ralentissement n’épargne pas non plus les pays importateurs de pétrole
Les pays importateurs de pétrole du Moyen-Orient — Afghanistan, Djibouti, Égypte, Jordanie,
Liban, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Syrie et Tunisie — ont globalement échappé aux effets
directs de la crise, grâce aux conséquences favorables du repli des cours et à une intégration
limitée aux marchés financiers mondiaux. Toutefois, la récession mondiale s’aggravant, ces pays
se heurteront à une diminution des débouchés d’exportation, des investissements directs
étrangers, du tourisme et des envois de fonds des travailleurs expatriés.
Ces pays devraient donc voir la croissance de leur PIB réel tomber à 3,2 % en 2009, contre 6,2 %
en 2008. Ils ont principalement été touchés par la baisse de régime de leurs partenaires
commerciaux —Europe, États-Unis et pays du CCG — laquelle a provoqué une chute des
exportations et de l’investissement direct étranger. Le tourisme et les envois de fonds des
travailleurs émigrés seront vraisemblablement mis à rude épreuve, encore que les données
obtenues jusqu’à présent fassent état d’une bonne résistance.
Les pays importateurs de pétrole dont le commerce extérieur se concentre sur les États du CCG
pourraient bénéficier dans une certaine mesure du maintien des dépenses de ces derniers. Mais si
la récession venait à se prolonger chez les partenaires commerciaux, la croissance des pays
importateurs de pétrole pourrait en pâtir et le chômage et la pauvreté s’y aggraver, a précisé
M. Ahmed. L’inflation, qui dans ces pays se situait à 14,4 % en 2008, devrait être ramenée à
9,7 % en 2009 et, partant, atténuer les pressions sur les populations pauvres.
Les pays de ce groupe affichent une grande diversité, tant du point de vue des structures
économiques que du degré de développement, et ils dépendent de divers types de flux extérieurs.
Certains sont mieux intégrés aux marchés financiers mondiaux (comme l’Égypte, la Jordanie, le
Liban ou le Pakistan), alors que d’autres (comme l’Afghanistan) dépendent davantage de l’aide
publique au développement.
Quelles politiques mettre en œuvre ?
Compte tenu des particularités de la région, M. Ahmed a signalé que la politique économique
doit privilégier les axes suivants :
• Maintenir, voire accroître les dépenses publiques dans la mesure du possible. Les pays
dont le niveau d’endettement public n’est pas préoccupant gagneraient à maintenir les
dépenses publiques, voire à les renforcer. C’est le cas de la plupart des exportateurs de
pétrole, mais aussi, par exemple, celui du Maroc, de la Syrie ou de la Tunisie.
• Renforcer les systèmes financiers. Les pays doivent surveiller de près leur système
bancaire et, le cas échéant, réaliser des « tests de résistance » pour évaluer les besoins de
recapitalisation et faire face aux institutions financières en difficultés.
• Assouplir la politique monétaire face au repli de l’inflation. À mesure que s’apaiseront
les tensions inflationnistes, certains pays disposeront d’une plus grande marge de
manœuvre pour relâcher leur politique monétaire afin d’accompagner l’investissement et
la croissance.