naturelles. L’utilisation de techniques traditionnelles implique de les étudier tout d’abord dans leur
contexte, mais aussi de les améliorer lorsque c’est possible.
L’étude des technologies traditionnelles fait partie de la recherche anthropologique ; elle a été lancée
par Marcel Mauss, dans son article fondateur de cette discipline sur les techniques du corps, où il
écrit : "J’appelle technique un acte traditionnel et efficace (et vous voyez qu’en ceci il n'est pas
différent de l’acte magique, religieux, symbolique). Il faut qu’il soit traditionnel et efficace. Il n’y a pas
de technique et pas de transmission, s’il n’y a pas de tradition. C’est en quoi l’homme se distingue
avant tout des animaux: par la transmission de ses techniques et très probablement par la
transmission orale".
■ MAUSS, M. (1936). "Les techniques du corps", in Sociologie et anthropologie : 371-372.
L’étude des technologies traditionnelles requiert d’observer la manière dont une technique est utilisée,
de recueillir des informations en questionnant ses utilisateurs sur les différentes étapes impliquées, les
matériaux bruts qu’elle exige, l’équipement nécessaire pendant le processus de production, le statut
social de ses utilisateurs, ses croyances, ses attentes et ses espoirs. Pour mieux comprendre une
technologie, il est important de l’étudier dans son ensemble et, si possible, de la mettre soi-même en
pratique : l’observation participante reste l’un des maîtres mots lorsque l’on étudie en profondeur une
société autre que la sienne. Selon la recommandation du Professeur André Leroi-Gourhan (1911-
1986), éminent ethnologue, archéologue et historien français, grand spécialiste de la préhistoire, de la
technologie et de la culture : "La Technologie doit être d’abord vécue, pensée ensuite si le besoin s’en
fait encore sentir".
■ LEROI-GOURHAN, A. (1943-45 et 2000). Milieu et techniques. Paris, Albin Michel : 8.
Quels critères permettent-ils de parler de "technologie appropriée" ?
Dès 1979, l’OCDE publiait un Répertoire des Centres de Technologie Appropriée, car la technologie
appropriée présentait pour les pays en développement un option technologique intéressante. En effet,
l’expression "technologie appropriée" sous-entend qu’elle est "appropriable" par les populations qui en
font usage. La technologie appropriée couvre un ensemble de technologies se caractérisant par :
un faible coût d’investissement par poste de travail ou par unité produite ;
un haut degré d’adaptation à un environnement culturel et social spécifique, c’est-à-dire être
compatible avec les valeurs et les priorités locales ;
l’utilisation rationnelle des ressources locales, par exemple faire appel à des matériaux
produits sur place plutôt qu’à du matériel et à des pièces de rechange importés lorsque c’est
possible ;
être facile à utiliser et à entretenir à l’échelon du village, de la communauté ou de la
municipalité ;
ne pas exiger un niveau de compétences techniques trop élevées ni un trop important
déploiement d’ingénieurs spécialisés ;
utiliser efficacement la main d’œuvre locale ;
créer de nombreux emplois ;
un produit final de faible coût.
Lorsqu’il s’agit de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, l’assouplissement des normes
ne doit en aucun cas se traduire par une réduction de la fiabilité du système afin de ne pas risquer de
nuire à la santé publique. Ainsi, dans certains pays en développement, lorsque l’alimentation en
électricité est peu fiable, les générateurs nécessaires pour l’entretien des pompes entraînent des
dépenses supplémentaires peuvent être activés par une source d’énergie appropriée telle que des
piles photovoltaïques exploitant l’énergie solaire, ou bien des pompes à éolienne permettant
l’approvisionnement en eau là où le vent est suffisamment puissant tout au long de l’année.
Lorsque des pompes à main peuvent être fabriquées localement, une recherche permettra d’adapter
les modèles aux conditions locales afin de faciliter leur mise en service et leur entretien par les
habitants du village.
Lorsque, dans les zones rurales, l’approvisionnement en produits chimiques pour le traitement de
l’eau s’avère une contrainte financière importante, une méthode simple mais fiable pour traiter l’eau
pourra être la filtration lente sur sable. Si la chloration reste le mode privilégié pour désinfecter l’eau,
elle suscite certaines inquiétudes pour l’environnement à cause de la présence de chlore résiduel
dans l’eau.