Les dynamiques de politique interne face aux conflits ethniques et

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Les conflits ethniques et religieux en Inde : logiques
internes et conséquences internationales.
Les dynamiques de politique interne face aux conflits ethniques et
religieux
Introduction
I. Les obstacles au développement d’une stratégie de rayonnement international
A. La plus grande démocratie, colosse aux pieds d’argile
1/ Les tensions intercommunautaires et le nationalisme hindou
2/ Le régionalisme
3/ Le système des castes comme structure de la société indienne
B. Les difficultés intrinsèques à la démocratie indienne
1/ L’éclatement des partis
2/ L’immobilisme des partis et la bureaucratie
C. Les limites économiques
1/ Une ouverture graduelle sur le monde
2/ Des résultats décevants : la politique monétaire et budgétaire
II. Les manipulations politiques à but électoraliste
A. La théorie de la diversion utilisée par le BJP
1/
L’instrumentalisation
des
tensions
intercommunautaires
et
l’exemple
d’Ayodhya
2/ L’utilisation de la répression américaine du terrorisme par le gouvernement
indien depuis le 11 Septembre 2001
3/ Les essais nucléaires indiens sur la scène interne indienne
B. La réplique du Parti du Congrès
1/ L’utilisation du communalisme
2/ L’utilisation des castes
3/ La recherche d’un pouvoir charismatique
Conclusion : une politique interne instable, risquant de fragiliser sa stratégie de
développement international
INTRODUCTION :
Depuis les années 50, l’Inde revendique le titre de « plus grande démocratie du monde » en
vertu, notamment, de l’indépendance de la justice, du contre- pouvoir exercé par la presse et de
tenue d’élections libres à intervalles réguliers. Ce dernier élément est sans doute le plus décisif car
il a permis l’alternance au pouvoir, le parti du Congrès ayant été battu trois fois, en 1977, 1989,
1999 par le BJP (Bharatiya Janata= Parti du Peuple Indien).
La démocratie Indienne est l’héritière de l’Empire Britannique par son parlementarisme. Ce qui
n’est pas sans posé des écueils dès qu’une alternance existe. Autant l’alternance peut être
bienfaitrice dans un système parlementaire fondé dans un Etat unitaire comme l’est la France ou le
Royaume Uni, autant ce même facteur peut devenir dangereux pour la vie politique d’un Etat
fédéral, comme l’est l’Inde. La responsabilité ministérielle devant le Parlement Indien, Sansad et sa
chambre basse, le Lok Sabha, nécessite forcément d’avoir une majorité au sein du Lok Sabha. Or
dans un Etat hétéroclite, comme l’est l’Inde, avec ses 25 Etats et 7 territoires, ses 18 langues
officielles et ses 7 religions, parvenir à une majorité est loin d’être aisé. Cela semblait cependant
réalisable : jusque dans les années 90, un seul parti parvenait à réunir une majorité : le Parti du
Congrès. La prépondérance de ce parti était alors obtenu
grâce à trois facteurs : la lutte anti-
coloniale menée par une intelligentsia nationaliste dont Nehru fournit l’archétype, le charisme de
Gandhi, dont le rayonnement devait
beaucoup à son image d’ascète dévoué au service de la
nation, et enfin un réseau de notables. Mais son audience s’est érodée au fil des années et les
années 90 constituent le paroxysme de ce déclin. La vie politique indienne est principalement
dominée par deux lignes de clivage qui se superposent et qui opposent l’une, des hindous aux
musulmans, et l’autre, des castes supérieurs à des castes inférieures. Ces conflits sont le produit
de manipulations politiques entretenues notamment par le parti nationaliste, le BJP, qui parvient au
pouvoir en 1999 et s’impose comme une force incontournable de la vie politique indienne.
Au-delà des clivages politiques, le BJP comme le Parti du Congrès, ont le point commun d’avoir
adopté la même stratégie pour l’Inde : lui donner un rayonnement et un prestige international et
cela malgré les conflits ethniques et religieux. La question se pose alors de savoir si la politique
indienne est tributaire des conflits ethniques et religieux ou si au contraire la politique indienne
utilise ces mêmes conflits à son profit, pour leurs vertus électoralistes et pour se voir accorder
toutes les attentions de la communauté
internationale ? Autrement dit, comment interfère la
politique indienne sur les conflits ethniques et religieux et réciproquement ?
Il est tout d’abord notable que la politique indienne semble gênée pour atteindre son objectif de
rayonnement international par les difficultés internes et intrinsèques à l’Inde (I). Mais in fine ces
obstacles constituent autant de points forts pour les partis indiens (II).
I. LES ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT D UNE STRATEGIE DE
RAYONNEMENT INTERNATIONAL
Les équilibres régionaux, le jeu des alliances et de l’ingérence, les tendances à
l’unilatéralisme, auront leur effet sur le discours stratégique indien. Mais ils ne seront pas les seuls.
L’influence de facteurs régionaux et d’acteurs internes, caractéristiques de la scène sous
continentale, pèsera également de tout son poids, généralement défavorablement, sur les attentes
de New Delhi. Autant de difficultés et de probables désappointements pour une nation rêvant de
prestige. Parmi celles-ci, les limites ethniques et socioculturelles (A), les limites politiques (B) et les
limites économiques (C) auront une importance particulière. À la différence d’éléments dont elle
ne saurait avoir la maîtrise (comme la politique américaine ou le contexte économique
international), certaines "faiblesses" de politique intérieure pénaliseront ses objectifs, et mettront
en avant sa propre responsabilité.
A. La plus grande démocratie, colosse aux pieds d’argile
1/ Les tensions intercommunautaires et le nationalisme hindou
Comme il a été démontré dans le précédent exposé général, l’Inde est composée à 80%
d’Hindous et habite six autres religions. Dans ce pays, encerclé par deux frères musulmans que
sont le Pakistan à l’Ouest, et le Bangladesh à l’Est,
la cohabitation est bien loin d’être
harmonieuse.
La progression de l’idéologie nationaliste hindoue devrait influer d’une manière croissante
sur la stratégie de l’Inde au xxie siècle. Le renouveau des valeurs traditionnelles hindoues,
longtemps laissées de côté, a gagné en ampleur sous l’impulsion de courants politiques tels que le
RSS, le World Hindu Council, le Shiv Sena ou le BJP. Le rappel de l’héritage des millénaires passés,
la particularité des valeurs de l’hindouisme (hindutva) et leur rayonnement sur l’environnement
régional, largement surévalué, sont des éléments susceptibles de diriger la stratégie nationale vers
des horizons incertains. Les réalisations inachevées des époques lointaines ou récentes, placées
dans une logique de montée en puissance des références nationalistes, peuvent constituer autant
d’orientations dangereuses.
La "plus grande démocratie du monde" ses vingt-cinq États et sept territoires associés
(Union Territories), ses dix-huit langues officielles, ses sept religions1 et ses cent quinze millions
d’étudiants, ne sont pas à l’abri de quelques comportements sectaires, dégénérant en de sanglants
affrontements intercommunautaires. La destruction en décembre 1992 de la mosquée Babri à
Ayodhya (édifiée sur l’emplacement même d’un temple dédié au Dieu hindou Ram) par des
fanatiques hindous provoqua les plus graves incidents entre hindous et musulmans de cette fin de
Les sept religions principales sont l’hindouisme, l’islam, le bouddhisme, le christianisme, le sikhisme, le
jaïnisme et le zoroastrisme.
1
siècle2. Un événement presque fondateur de la montée en puissance des courants nationalistes
hindous au pays de Gandhi. On imagine quel peut être le poids de tels événements dans un
contexte de tensions régionales récurrentes, avec deux pays musulmans de plus de 130 millions
d’âmes pour voisins immédiats, à l’est comme à l’ouest.
La communauté musulmane indienne n’est pas la seule à être exposée à un possible
vindicte de la large majorité hindoue. En 1998, la petite communauté chrétienne de l’Union (2,4 %
de la population totale) a fait les frais d’attaques violentes et meurtrières de la part d’éléments
extrémistes hindous3, totalisant en une seule année autant d’incidents à son encontre qu’au cours
des cinquante années précédentes. Cette situation crisogène, susceptible des pires débordements,
attira sur New Delhi la condamnation d’une communauté internationale inquiète pour le sort d’une
minorité jusqu’alors épargnée.
Les tensions intercommunautaires, œuvre de la majorité dirigée contre une minorité
ethnico religieuse, ne crédibilise pas à l’étranger le gouvernement central d’un État où elles
surviennent. Les capitales, inquiètes devant les débordements mal contenus d’un exécutif
impuissant, témoigneront à son égard d’un scepticisme servant mal d’ambitieux intérêts
stratégiques. Or, la montée en puissance des mouvements nationalistes, parvenus par trois fois en
trois ans au pouvoir à New Delhi, ne permet pas d’imaginer un affaiblissement du risque
d’affrontements entre communautés religieuses. Le discours sectaire de certains courants radicaux,
ouvertement hostiles aux "privilèges" garantis par la constitution aux minorités, ne semble pas sur
le point de s’atténuer. Si elle venait à se renforcer, l’influence des idéologues nationalistes hindous
sur le gouvernement agirait négativement sur l’harmonie de cet État laïc et démocratique ; elle
constituerait une véritable menace pour sa stabilité interne. Son image à l’étranger s’en trouverait
affectée, ce qui finirait par avoir une implication sur la réussite de ses projets.
2. Le régionalisme
W.H Morris montra que l’expression des besoins politiques en Inde mettait en œuvre
plusieurs langages, selon les circonstances et les questions soulevées : un
langage laïque et
moderne, un langage traditionnel de la caste et celui de la religion. La démocratie indienne a dû
s’insérer dans un tissu d’une société profondément hétérogène. La force du patriotisme régional
appartient à ces contraintes, au même titre que la contrainte des castes et communautés. Le
patriotisme régional s’incarne dans la culture, la langue, et parfois dans la religion ou la secte Les
clivages régionaux sont si forts qu’ils laissent émerger des quasi-nations fortement individualisées :
le Tamil Naidu, l’Orissa, le pays telugu, le Kerala au sud, le Bengale et l’Assam à l’est, le Pendjab
au nord-ouest, le Gujarat et le Maharastra à l’ouest. La force des coutumes, cultures et des langues
confère alors de l’importance aux partis régionaux ce qui conduit à une multiplication des
La démolition de cette mosquée du xvie siècle située en Uttar Pradesh (nord de l’Inde) provoqua les pires
émeutes entre hindous et musulmans depuis la partition de 1947. On estime le nombre des victimes à plus de
3 000.
2
La minorité chrétienne d’Inde a été victime d’une centaine d’agressions de la part d’extrémistes hindous entre
début 1998 et février 1999. Durant Noël 1998, des destructions d’églises ont eu lieu dans l’État du Gujarat.
3
représentations possibles et à une scène politique éclatée. Ces partis n’ont cessé de se multiplier
depuis l’indépendance.
L’électeur indien distingue bien entre les scrutins nationaux et régionaux : il est plus porté
à voter pour les partis régionaux voire régionalistes lors des élections régionales, quitte à ce que
ceux–ci appartiennent à l’opposition. On peut donc imaginer aisément l’instabilité du paysage
politique que cela entraîne.
B. Les difficultés intrinsèques à la politique indienne
1/ L’éclatement des partis
Traditionnellement marquée par une domination absolue du parti du Congrès (la puissante
machine politique de la dynastie Nehru-Gandhi), la scène politique interne témoigne, depuis la fin
des années 1990, d’une diminution continue de l’influence et du prestige de ce parti. Miné par
l’absence de leader charismatique depuis la disparition de Rajiv Gandhi en 1989, par de sombres
affaires de corruption et des luttes intestines altérant davantage son crédit, le Congrès n’est plus la
première force politique du pays. La montée en puissance des formations politiques régionales et la
progression fulgurante du parti nationaliste hindou du Bharatiya Janata Party (BJP), ont traduit ce
déclin, faisant éclater une scène politique désormais offerte à l’instabilité gouvernementale. Or, en
dépit du retour (éclatant et précipité) du mythe de la dynastie Nehru-Gandhi, rien ne semble
indiquer que l’on revienne à moyen terme à une véritable stabilité gouvernementale. L’influence
désormais notable des partis régionaux et la place acquise par le BJP sur l’échiquier politique
contemporain ne seront pas des épiphénomènes sans lendemain. Cette fragilité interne, conduisant
à une valse des gouvernements et à une mise en route partielle de projets, pénalise toute
entreprise nécessitant un minimum de pérennité. La défense d’une politique stratégique ambitieuse
s’accommode mal d’un tel environnement. On ne saurait en effet maintenir une dynamique en lui
faisant subir ralentissements, arrêts fréquents et demi-tours.
2/ Des partis et une bureaucratie sclérosée
L’immobilisme bureaucratique indien, assez largement dénoncé, s’avère lui aussi être un
bien mauvais allié. Phénomène observable dans une majorité d’États appartenant tant au monde
occidental qu’au monde en développement, l’immobilisme de la classe bureaucratique en Inde
atteint cependant des niveaux difficilement compatibles avec ses objectifs stratégiques. Un
problème de plus en plus dénoncé par ses "victimes" : "Le contrôle bureaucratique, injustifié et
contreproductif, permet à des fonctionnaires civils d’exercer une autorité quasi-illimitée sur les
forces armées, une situation sans équivalent dans les démocraties occidentales ou les pays
socialistes" s’insurge un expert. En dépit de nombreuses critiques, le phénomène semble avoir
encore de beaux jours devant lui, et peu de gouvernements prendront le risque d’une action
majeure, face à une situation dont beaucoup entendent encore longtemps tirer profit. Un problème
qui se nourrit d’une instabilité politique désormais chronique. Un mal dont les spécialistes et les
stratèges devront avoir conscience dans la définition réaliste de leurs projets.
C. Les limites économiques
Les projections concernant l’économie indienne pour le moyen et long terme semblent a
priori encourageantes. Des perspectives assurément réconfortantes pour la nation, en dépit de
diverses interférences susceptibles d’apparaître en chemin.
1/Une ouverture graduelle sur le monde
La crise financière ayant durement touché les "dragons" d’Asie du Sud-est à l’été 1997 n’a
eu que peu de répercussions sur l’Inde. Moins touchée par les spéculations financières, moins
dépendante de ses exportations pour conserver une croissance économique et industrielle positive,
disposant d’un marché intérieur loin d’être saturé, l’Inde a pu clamer haut et fort la résistance de
son modèle économique. Il pourrait en être autrement à l’avenir. En effet, si cette relative
immunité résulte avant tout d’une moindre ouverture sur l’extérieur, d’une volonté protectionniste
encore bien établie, ce carcan ne constitue pas la trame idéale d’une économie désirant combler
son retard sur le voisin chinois. Or, les préjugés protectionnistes ont encore la vie dure en Inde.
Les valeurs nationalistes hindoues orientent prioritairement le discours économique vers le marché
intérieur, cherchant avant tout à préserver l’appareil économique national, quitte à altérer
performance et compétitivité : c’est la swadeshi. Une référence qui faisait elle aussi partie du
programme politique du parti du BJP lors de sa campagne électorale de 1998. Bien que relativisée
par le Premier ministre A.B. Vajpayee dès son arrivée au pouvoir, cette démarche "prudente" et
protectionniste pourrait revenir au goût du jour, si des temps plus difficiles venaient à se profiler
(comme des sanctions économiques, une nouvelle crise financière en Asie du Sud-Est ou une
récession dans les économies occidentales).
Certains aiment à relever l’absence en Inde de tout pragmatisme économique. "À l’image
d’autres nations régionales cherchant à rétablir un récent développement " déséquilibré ", d’un
point de vue tant économique que militaire, l’Inde doit soutenir son potentiel militaire par une force
économique qui a été absente les décennies précédentes. Dans le même temps, l’Inde gagnerait à
devenir plus compétente dans le management de son économie, un nouvel outil dans sa diplomatie
qui pourrait être utilisé non comme une réminiscence émoussée de son lustre passé, mais plutôt
d’une manière plus pragmatique et nuancée"4 Une absence de réalisme qui, si elle venait à être
durable, ferait perdre de belles occasions à l’économie indienne.
2/ Des résultats plus lents que prévus
4
Dr. D.M. Ollapally, "India and the New " Asian " Balance of Power", Strategic Analysis, vol. XXII, n° 4, juillet
1998.
Des perspectives théoriquement avantageuses5 ne placent pas une économie à l’abri de
tous soucis. L’Inde s’en est rendu compte au lendemain de ses essais nucléaires lorsque les ÉtatsUnis, le Japon et les grandes institutions financières multilatérales (FMI et Banque Mondiale)
appliquèrent en rétorsion un régime de sanctions économiques, étendu quelques jours plus tard au
Pakistan. En raison d’une moindre dépendance à l’égard de cette assistance financière extérieure,
l’économie indienne souffrit peu, bien aidée en cela par le généreux soutien de sa diaspora.
Tous les paramètres de l’économie indienne ne sont pas au beau fixe : l’importance du
déficit fiscal cause souci, les ruptures d’approvisionnement électrique sont trop fréquentes, les
transports sont défectueux, les infrastructures routières et ferroviaires insuffisantes et saturées, les
capacités portuaires surchargées et le secteur public (qui emploie près de 20 millions d’individus)
peu convaincant. Il convient ainsi de noter que l’Inde a connu après 1997 une croissance
économique en deçà des trois exercices précédents, la croissance flirtant entre 1995 et 1997 avec
les 7,5 % annuels.
Tableau
des
Engagements
de
la
Banque
mondiale
en
Inde
entre 1993 et 1998 (en millions de dollars)
Nature
1998
1993-98
Engagements
2142
11 418
Paiements bruts
375
9 701
Remboursements
1147
6 226
Paiements nets
228
3 475
706
4 950
475
1 475
Intérêts
et
charges
Transfert net
Source : Banque mondiale. Rapport annuel 1998.
Par ailleurs, la nouvelle configuration nucléaire régionale induit inéluctablement un coût
supplémentaire pour l’économie nationale et le budget de la Défense. Peu d’experts parviennent à
défendre d’une manière crédible la thèse d’une dissuasion nucléaire bon marché, se substituant
avantageusement à des forces conventionnelles pléthoriques. La vectorisation de cette capacité
nucléaire, nécessaire pour doter le pays d’une dissuasion nucléaire minimale, ponctionnera elle
aussi les ressources nationales. Autant d’investissements qui répondent à une logique stratégique
indienne
ambitieuse
pour
le
xxie
siècle,
autant
de
ressources
qui
sont
détournées
développement économique et social.
Le rapport du consultant A.T. Kearney plaçait l’Inde à la 6e place de l’indice de confiance des investisseurs
étrangers. Une position enviable alors qu’elle pointait en 25e position en 1997.
5
du
La tension affligeant le région depuis plus d’un demi-siècle, dont on ne saurait
raisonnablement pronostiquer une disparition à court, moyen ou long terme, pèse elle aussi sur les
rendez-vous de l’économie indienne. L’épisode de Kargil, possible premier épisode d’une
dangereuse série, matérialise cette situation. Prise en défaut, la défense indienne au Cachemire a
promis qu’elle ne subirait pas à l’avenir pareille "surprise".Des coûts très lourds pour une économie
en développement, fût-elle dans une dynamique positive. Qui plus est, l’Inde n’entend pas s’arrêter
en si bon chemin, ni faire les choses à moitié. D’autres équipements modernes et performants,
provenant de l’étranger ou fabriqués sous licence dans les usines nationales, devraient à terme
renforcer le potentiel militaire indien : construction d’un Air Defence Ship (porte-avions rustique)
dans les arsenaux nationaux, rachat du porte-avions russe Admiral Gorshkov, acquisition et
construction de plusieurs sous-marins, introduction de chars russes T-90, intérêt marqué pour la
nouvelle génération de Mirage 2000-5 français, constituent quelques exemples fréquemment
évoqués à New Delhi. On estime que l’Inde, à l’étroit ces dix dernières années dans un budget de
la Défense en diminution constante (en pourcentage du PIB), devrait revoir significativement ses
prochains exercices, anticipant donc largement sur un développement économique futur. Il s’agit
d’un pari qui, logique d’un point de vue sécuritaire, pose un véritable défi pour les responsables
indiens. Ces diverses contingences internes ont été autant de limites pour les rendez-vous
stratégiques que l’Inde s’est fixés pour les premières décennies du xxi e siècle. Le Sommet de
l’ASEAN Regional Forum (ARF) de Singapour (juillet 1999), éclaire cette situation. "Le ministre des
Affaires étrangères J. Singh et son équipe voudraient projeter l’Inde en qualité de puissance leader.
Cependant, à moins que le développement de son économie n’aille de pair avec ses ambitions, elle
ne peut espérer devenir un acteur de tout premier plan", écrit un éditorialiste indien.
Par conséquent, les partis au pouvoir ne sont pas ceux qui dirigent. Les pragmatiques sont
omniprésents dans les décisions politiques et économiques indienne, sans visage aucun car non
représenté dans le Parlement National. Selon eux, la solution à ses limites serait d’opérer un
divertissement de l’attention portée sur les failles du système indien. Les tensions politiques,
manipulées, serviraient alors de dérivatif aux difficultés internes.
II. LES MANIPULATIONS POLITIQUES A BUT ELECTORALISTE
Les partis politiques ont très vite compris que pour convaincre les électeurs, et
pouvoir accéder à la scène politique, il leur fallait jouer avec les conflits ethniques et
religieux. Mais cette prise de conscience s’est faite en deux temps : le BJP, cherchant
l’accès au pouvoir l’a très vite compris (A), alors que le Parti du Congrès a dû suivre les
modalités de son adversaire pour survivre (B)
A. La théorie de la diversion par le BJP
1/
L’instrumentalisation
des
tensions
intercommunautaires
et
l’exemple
d’Ayodhya
La logique Mandir anime le mouvement en pleine croissance du nationalisme Hindou. Le
mot Mandir, qui signifie « temple » en hindi, désigne dans ce contexte un temple que les forces du
Sangh Parivar veulent construire à Ayodhya en Uttar Pradesh sur le site d'une mosquée érigée au
16e s sous le premier des grands Moghols, Babur. Le mouvement affirme sans preuve historique
que la mosquée de Babur ou (Babri Masjid) aurait été construite sur le site même d'un temple
marquant le lieu de naissance de Rama, héritier du royaume d'Ayodhya, figure emblématique du
roi et l'un des plus importants avatars de Vishnou, héros de l'épopée de Râmâyana, l'une des
matrices culturelles essentielles de l'identité hindoue. Derrière les convictions religieuses,
l'instrumentalisation est patente. Toutes les forces du Sangh Parivar sont engagées dans une
stratégie de conquete: le RSS ((Rashtriya Swayamsevak Sangh, association des volontaires
nationaux (pôle idéologique du mouvement); la Vishva Hindu Parishad
(( VHP ) assemblée
hindoue universelle, qui prêche avec force l'unification des hindous); le BJP (Baratiya Janata Party),
parti du peuple de Bharat, le vieux nom sanscrit de l'Inde, qui prône l’hindutva. L'homme clé du
gouvernement est LK Advani, leader du BJP qui a systématiquement mis en œuvre, à travers le
pays, des années durant, une stratégie d'agitation, de manifestations et de processions centrées
sur le lieu hautement symbolique d'Ayodhya dont la mosquée fut finalement détruite le 06
Décembre 1992. S'en suivirent des émeutes qui firent 2000 victimes principalement musulmanes.
Cette stratégie du conflit est électoralement payante car elle s'adresse à une population insatisfaite
et déborde la clientèle traditionnelle du BJP, recrutée dans les bonnes castes de la petite classe
moyenne. Au lieu de jouer la carte de la caste dans les milieux peu ou pas favorisés, la logique du
Sangh Parivar est autre. Quoique issu essentiellement des hautes castes du coeur hindiphone de
l'Inde du Nord, le mouvement, au nom de l'hindouinité revendiquée comme essence de la nation,
entend transcender les différences de caste et de langue pour unifier hautes castes, basses castes
et tribus en un même sentiment d'appartenance à la majorité hindoue; fût- ce en jouant d'un
communalisme tantôt voilé tantôt agressif à l'encontre de la minorité musulmane. Les pratiques
politiques s'inscrivent alors dans une relecture de l'histoire, qui imagine un âge d'or préislamique et
une décadence ultérieure dont la dernière étape majeure serait la partition donnant naissance, en
1947, au Pakistan. Les hindous bien que majoritaires, perçoivent souvent les musulmans comme
une cinquième colonne qui les menace de l'intérieur de la société indienne. Et les partis
nationalistes hindous, qui ont codifié cette grille de lecture idéologique, l’instrumentalisent à des
fins électorales au cours des campagnes propices aux débordements de violences. Leur but, quand
le contexte s'y prête est de provoquer des émeutes pour mieux polariser l'électorat selon une ligne
de clivage religieux.
Les violences du Gujarat en 2002 se singularisent par l'ampleur de l'implication des acteurs
politiques et du gouvernement de cet Etat. Une telle instrumentalisation politique a été facilitée par
le contexte des attentats islamistes organisés en Inde depuis décembre 2001. Ceux ci ont alimenté
une volonté de représailles au sein de la majorité hindoue. La propagande a aussi crée les
conditions de ce déchaînement de violence, y compris parmi les populations aborigènes, en raison
de la densification du réseau militant de ce mouvement depuis plusieurs années.
Les violences du Gujarat n'ont pu se répandre aussi vite et prendre de telles proportions
que parce qu'elles étaient orchestrées par des acteurs bien organisés et que le dispositif des
assaillants était prêt avant même les événements.
L'implication des nationalistes hindous et en particulier du gouvernement du Gujarat dans les
violences entre hindous et musulmans s'inscrivait dans une stratégie politique facile à reconstituer.
Le BJP et le mouvement nationaliste hindou dans son ensemble ont rodé cette stratégie dans les
années 1989-1991 lorsque les militants se sont attachés à provoquer des émeutes antimusulmanes à l'approche des élections. Ces violences ont eu généralement pour effet de polariser
la société suivant une ligne de clivage religieuse, ce qui a amené ensuite la majorité hindoue à
voter davantage pour le BJP. D'où la corrélation existant entre le calendrier électoral et le cycle des
émeutes. Steven Wilkinson a ainsi a ainsi montré que « les émeutes et les victimes ont
effectivement tendance à être plus nombreuses dans les mois qui précèdent les élections et à
diminuer brutalement dans les mois qui suivent ».
Cette analyse avait commencé à perdre de sa pertinence à partir de 1993 lorsque le BJP
avait été battu lors des élections régionales du Madhya Pradesh, de l'Himachal Pradesh et de Delhi
en raison même de l'excès de violence: trop d'émeutes tend en effet à annuler l'impact qui en est
escompté sur les électeurs parce que même la majorité hindoue souffre de l'anarchie qu'engendre
les violences et les couvre feu à répétition. Les milieux commerciaux et les industriels - soutiens
traditionnels du BJP- sont particulièrement vulnérables lorsque les violences sont intenses et
prolongées. Par la suite le BJP fut dissuadé de recourir à la stratégie des émeutes du seul fait de
son accession au pouvoir à New Delhi en 1998 car il était désormais comptable de l'ordre public et
devait donner des gages de modération aux autres partis de la coalition sur laquelle il avait du
s'appuyer pour former le gouvernement. Mais cette nouvelle règle de conduite fut contestée par de
nombreux militants et cadres du parti à mesure que celui-ci était confronté à un véritable déclin
politique. A partir de la fin des années 90 le BJP commença en effet de perdre les élections
régionales les une après les autres. Les plus radicaux proposèrent alors de revenir à une stratégie
de mobilisation ethno religieuse dont le recours à la violence inter communautaire était un élément
clé.
Comme l'a remarqué un enquêteur "les faits indiquent l'existence d'un réseau organisé et
suggèrent un système d'émeutes institutionnalisés" faisant indubitablement le jeu du BJP. Or ce
dernier a fait disparaître les événements épouvantables du Gujarat de la "une" des journaux en
agitant un poing vengeur, après l'attaque menée par la guérilla cachemirie contre le parlement
indien en décembre 2001.
2/ L’utilisation de la répression américaine du terrorisme par le gouvernement
indien depuis le 11 Septembre 2001
L'idée selon laquelle les hindous étaient en situation de légitime défense et que les
coupable était l'islamisme s'explique par le contexte de l'après 11 septembre et le propagande
nationaliste hindoue qui s’est formée sur ces événements.
Lutter contre le terrorisme n'a pas été seulement un dérivatif au ralentissement économique, un
slogan porteur ou le masque légitimant du ralliement des hindous derrière la majorité face à la
mobilisation des autres partis des minorités musulmanes exerçant un rôle clé dans de nombreuses
circonscriptions électorales de l'Uttar Pradesh. Face aux attentats, à des craintes d'anthrax et des
informations relatives à divers complots, la lutte contre le terrorisme a effectivement été ressentie
comme une priorité nationale, exigeant notamment une restructuration de la Défense et des
mesures internes préventives. Mais elle a bien facilité des solutions opportunistes face aux
impasses politiques, au Centre comme dans certains Etats du Nord et bien détourné l'attention de
mouvements sociaux (liés plus à la politique économique et aux élections qu'à la conjoncture
internationale). Le discours de Modi, représentant du BJP au Gujarat était pétri de références antimusulmanes. La propagande reposait sur une équation évidente entre islam et terrorisme. Non
seulement "musulman" était synonyme de "terrorisme" mais l'équation allait plus loin en faisant
volontiers l'amalgame entre "musulman" et "pakistanais": tout disciple de l'islam était en
puissance, le membre d'une 5e colonne pakistanaise. Le résultat validait sa tactique vu que le BJP
connu un raz de marée: le BJP a remporté tous les sièges de trois districts parmi les plus touchés
par ces violences
Le 16 octobre 2001, le gouvernement avait adopté la POTO, promulguée par le Président 8
jours plus tard, le Parlement n'étant pas en session. Celle-ci définit les organisations terroristes et
donne des pouvoirs exceptionnels à la police en cas d'arrestation de personnes soupçonnées d'en
faire partie. La POTO avait fait l'objet d'une campagne d'opinion tant en raison des conditions de
son adoption que parce qu’elle visait essentiellement des mouvements indépendantistes et offrait
peu de garanties contre l'arbitraire.
En fait, la crise actuelle est une triste illustration de ce que les spécialistes appellent
«la théorie
de la diversion par la guerre ».Madame Arundhati Roy écrit à ce sujet : « Pour les gouvernements
indien et pakistanais, le Cachemire ne représente pas un problème, mais au contraire une
perpétuelle solution dont les résultats sont spectaculaires. » Les terroristes sont souvent les
meilleurs amis d’un gouvernement qui vacille.
3/ Les essais nucléaires indiens sur la scène interne indienne
On peut estimer que le gouvernement du BJP à dominante nationaliste hindou de A.B. Vajpayee
sort gagnant de "l’aventurisme" nucléaire. Si l’on se reporte au dernier programme électoral du
BJP, on observe que la reprise des essais nucléaires figurait parmi les propositions cardinales du
programme nationaliste (avec l’autosuffisance nationale - la swadeshi - et la révision du statut ad
hoc du Cachemire). La mise en œuvre de cet engagement démontre à l’électorat nationaliste la
capacité du gouvernement à respecter ses promesses, fussent-elles lourdes de conséquences. Elle
permet également de marquer les esprits de la nation, et de renforcer l’autorité d’un Premier
ministre, minée par l’hétérogénéité et la fragilité de la coalition gouvernementale. L’acquêt du
gouvernement présente cependant quelques limites : la condamnation internationale des essais,
les diverses sanctions en découlant, la rapide retombée de l’euphorie nationale et l’absence d’une
véritable "capitalisation" politique durable, ajoutés à l’impact des sanctions sur la vie quotidienne
de la population, sont parmi les conséquences relativisant le bénéfice de ces essais.
Représentant la frange dure de ce mouvement hindouiste, l’aile radicale du BJP tire un profit
personnel évident de cette démonstration de force. En plus de la justification de politique interne,
la réalisation de ces essais peut également être appréciée comme une concession faite aux
"faucons" du BJP et de son antichambre radicale, le RSS. En effet, les caciques nationalistes
hindous, comme juste retour de leurs efforts et de leurs investissements, ne peuvent admettre une
déliquescence permanente de leur programme, largement dilué par les alliés politiques de la
coalition gouvernementale. La réalisation d’une des principales revendications de leur manifeste
politique électoral a certainement rassuré ces derniers sur leur emprise sur la définition de la
politique nationale.
B. La réplique du Parti du Congrès
Dans les années 1990 le Parti du Congres n’a pas su s’adapter aux évolutions sociales
durables et a perdu ainsi une grande parti de son électorat. Les conflits entre musulmans et
hindous d’une part, et entre castes supérieures et inférieures d’autre part
a remis en cause le
statut du Parti du Congrès comme parti de consensus transcendant les divisions sociales et
religieuses. Il n’a pas non plus su profiter de l’aubaine du rapport Mandal6 qui a alors profité au
BJP dans sa quête d’un électorat toujours plus large.
Face à la montée du BJP, le Parti du Congrès a décidé de jouer aussi le jeu électoraliste et s’efforce
de reprendre pied de bien des façons :
1/ L’utilisation du communalisme
Le parti cherche tout d’abord à regagner la confiance des musulmans qui avait été ébranlée
après l’affaire Ayodhya au cours de laquelle le Parti du Congres s’est complu dans un lourd silence.
Dans cet esprit, le gouvernement congressiste du Karnataka a, par exemple, essayé d’introduire
dans les programmes régionaux de la télévision publique, un bulletin d’information en ourdou juste
6
Commission dirigée par B.P Mandal en 1978 pour enquêter sur la condition des OBC ( Other Backward
Classes) et qui établit une listes des basses castes. Elle recommanda qu’un quota de 27% de postes soit octroyé à
ces castes pour leur promotion sociale. Le Parti du Congrès décida de l’appliquer en 1990 se qui le mit sous de
violentes critiques. Le BJP refusa toute nette cette recommandation privilégiant le discours rassembleur de
l’hindouinité, transcendant les clivages de castes. Il s’agissait d’évacuer la problématique sociale pour
communier dans une même ferveur religieuse.
avant les élections régionales de l’automne 1994. Le Parti du Congrès ne peut pas jouer la carte
« hindoue » car cela reviendrait à légitimer le jeu du BJP.
2/ L’utilisation des castes
Le Congrès est bien équipé pour attirer à lui les couches les plus défavorisées de la société. Il
utilise ici l’image qu’avait contribué à façonner Nehru et surtout Indira Gandhi. Le slogan « Garibi
Hatao » (« en finir avec la pauvreté »), que celle-ci avait adopté avant les élections de 1971,
constitue par exemple un précédent exploitable et exploité. Ainsi lors des dernières élections
législatives de la chambre basse, qui ont vu la victoire du Parti du Congrès, de mai 2004, parmi
tous les thèmes de campagnes, celui de l’ « éradication de la pauvreté » était le plus important.7
De même quand le Parti du Congrès était au pouvoir en 1995, à la veille d’un scrutin électoral
en 1996, il présenta un budget où les dépenses sociales avaient gonflées. Si ce budget a été
qualifié de populiste par l’opposition, la marge de manœuvre du pouvoir semble limitée et il semble
moins coûteux d’utiliser la premier solution
Les cinq thèmes étaient : l’éradication de la pauvreté ; générer plus d’emplois ; un investissement public
important dans le domaine agricole ; une discrimination positive en faveur des femmes ; et une commission pour
les Etats du Nord Est.
7
Conclusion
Le renouvellement, en 1998, de l'orientation de la vie politique indienne, avec l'ascension
rapide du Bharatiya Janata Party
( BJP) sur les bases d'un nationalisme et d'une
présence accrue à l'international, a laissé la place à un jeu de coalitions nécessaire face à
la montée, à l'intérieur, de revendications sociales, économiques et religieuses, et face
au double défi, à l'extérieur, de l'ouverture de l'économie et des difficiles relations avec le
Pakistan, en particulier sur la question du Cachemire. Si le Parti du Congrès rassemble
encore, malgré son déclin, nombre de couches de la population, d'autres sont sollicitées
par des partis régionalistes ou des partis castéistes qui concurrencent fortement le
militantisme du BJP, aujourd'hui affaibli, centré sur "l'hindouité". Il reste un nouvel
équilibre à définir entre les multiples forces d'une démocratie parlementaire indienne
définitivement plurielle et qui veut construire sa place dans le nouvel ordre international.
Le jeu des écueils régionaux, où se dresseront les inévitables "voisins ennemis"
pakistanais et chinois, compliquera également la donne. Les nouvelles prétentions
indiennes
se
heurteront
régulièrement
aux
réalités
internationales.
Les
grandes
puissances "historiques" conserveront, par leur autorité et le jeu des alliances, une
incontournable influence dont l’Inde devra, par nécessité, s’accommoder.
LEXIQUE
BJP : Bharativa Janata Party : Parti du Peuple Indien
Lok Sabha : chambre basse du Parlement Indien
Hindutva : fondamentalisme socio-politique. Idéologie qui implique une unification de la
culture des hindous. Réprésentée institutionnellement par le courant Sangh Parivar, qui
rassemble de nombreux mouvements nationalistes hindous. Mouvement qui affirme que la
nation indienne existe depuis des millénaires et qu'il importe d lui redonner aujourd'hui tout son
lustre au nom d'une "hindouité" réaffirmée, dénonciatrice du "faux sécularisme" du Congrés,
accusé de favroiser les minorités et d'abord les musulmans ( 12% de la pop°) cotre la majorité
hindoue ( 80% de la pop. )
Swadeshi : programme nationaliste d’autosuffisance nationale
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