travailleurs. Ils se pensent comme étant de descendance de la ligne des aristocrates. Ils
vivent une vie complètement imaginaire.
Au niveau de l’Inde, ces jeunes sont coupés du milieu indien, de la vie sociale indienne,
de leurs parents. Ils refusent de retourner vivre chez eux. Ils préfèrent vivre à 3, 4, dans
les nouveaux sites créés, loin de l’ambiance sociale de leur pays, de leur famille.
Puis, il y a l’autre délocalisation, dans le textile, l’habillement, les chaussures.
Là, c’est la tragédie, c’est un autre monde, celui des plus pauvres. Et ce ne sont plus des
entreprises qui sont concernées. Les vêtements sont étiquetés mais les étiquettes sont
mises après.
Les gens viennent chercher les matières premières dans de petites salles. Ils doivent
déposer de l’argent pour pouvoir avoir les fournitures puis ils retournent travailler chez
eux. Les vêtements sont payés à la pièce. Plus ils font de vêtements, plus ils sont payés.
Mais ils sont payés en fin de semaine. S’ils sont payés tant mieux, sinon ce sera la
semaine suivante. Ils ne sont pas payés au jour le jour.
Autre exemple, on fait de petites toitures sous lesquelles on installe 6 machines à coudre
électriques et 12 femmes qui travaillent à la chaîne, découpant et assemblant. A la fin de
la journée, 50 à 100 pièces, déposées le soir, sont vendues à des entreprises qui les
étiquètent. N’importe qui peut le faire, celui qui l’amène ou celui qui le vend met l’
étiquette de sa Compagnie. Trade Mark. Noida, Surat sont de tels centres.
Ces travailleurs ne sont payés ni au minimum de l’entreprise, ni à celui du pays. C’est
une compétition sans arrêt.
Toute la famille travaille, l’enfant, le mari. Dans cette société « macho », le mari fait la
cuisine si la femme doit faire les pièces.
Autre exemple, celui de HONDA dont vous avez du avoir connaissance l’an dernier. Pas
question de se syndiquer, on signe avant d’entrer dans l’entreprise un contrat acceptant
de ne pas s’organiser. Donc, si vous êtes maltraité, s’il n’y a pas de sécurité, il n’y a
aucun recours. Si vous osez vous syndiquer, on vous « éjecte» du travail et il n’y a
personne pour vous aider.
Honda est une grande entreprise située à Gurgaon, dans l’ état de Haryana, à moins de
100km de New Delhi qui emploie près de 4000 ouvriers. Comme les conditions de travail
étaient difficiles et les salaires maigres, ils ont osé créer un syndicat et faire une pétition
pour une amélioration. Sept dirigeants du syndicat des employés ont été licenciés. Une
grève spontanée, mobilisant toute l’ industrie qui réclamaient la réintégration de leurs
dirigeants et l’ amélioration du travail et des salaires, a suivi presque immédiatement.
La direction de l’entreprise a réagi par le lock-out de l’ usine et a eu recours à l’
intervention de l’ état et de sa police pour intimider les grévistes et leurs familles. La
direction a systématiquement refusé le dialogue. Des tentatives de médiation, faites par
le gouvernement, pour trouver une solution échouèrent. La police s’ est engagée à créer
la terreur dans toute la ville et il y a eu des fusillades tuant 7 travailleurs. Finalement,
tous les grévistes ont dû signer un engagement à renoncer à tout syndicat, avant de
pouvoir réintégrer leurs postes.
Cette situation existe généralement dans toutes les zones économiques spéciales (SEZs) .
Les zones économiques spéciales sont des zones d’esclavage, des zones où les multina
tionales traitent les gens comme n’importe quoi. Ce sont en majorité, 60%, des jeunes
filles et des femmes qui travaillent dans ces centres. Les lois du pays, que ce soit les lois
du travail ou les lois quotidiennes, ne sont pas appliquées dans l’enceinte de ces zones.
Enfin, un dernier aspect, pour lier démocratie politique et économique avec la
démocratie participative. Je crois qu’on fait une erreur en opposant l’une et l’autre.
C’est une erreur que l’on fait dans le monde syndical européen parce que ça va trop
bien. Après la 2éme Guerre Mondiale, les travailleurs, dans leur grande majorité en
Europe, ont acquis beaucoup de droits et de bénéfices grâce au mouvement syndical qui