de contrainte dans leur ensemble ou de l'activité « publique », notamment centrale et communale,
aux dépens de l'activité des autres économies collectives et privées. Dans la mesure où le
recouvrement des dépenses de l'activité publique s'effectue suivant le principe de l'économie
collective, il en résulte aussi un accroissement du caractère communiste de l'économie nationale.
Mais bien que ce ne soit pas toujours dans la même mesure et de la même façon, néanmoins la seule
entreprise par des administrations publiques de l'activité économique, entraîne avec elle un tel
résultat, même si le principe économique privé des rétributions est appliqué absolument ou en
partie au recouvrement des frais et au règlement des compensations.
L'unité typique de la vie économique, la famille, satisfait ainsi de plus en plus la plus grande partie de
ses besoins, non plus suivant le principe économique privé de la compensation spéciale, mais suivant
le principe économique collectif plus ou moins communiste de la compensation générale du service
rendu et du service reçu en échange. En d'autres termes, une portion plus grande des dépenses du
budget familial est attribuée à l'impôt surtout à la commune et à l'État, à des taxes payées à ces
organisations et à des cotisations volontaires à des économies collectives libres, à des sociétés etc…
Même quand subsiste, comme dans l'emploi du principe des honoraires, le principe de la
compensation spéciale, la réglementation des prix s'effectue quand même autrement, suivant des
taxes. De même le mode de production déréglé de l'économie privée se règle suivant les besoins
évalués par l'autorité, et dans le service public avec son système de traitements, apparaît, en ce qui
concerne la répartition des produits entre le sujet juridique et économique et les « forces du travail »
(fonctionnaires), un système de taxation sociale des salaires qui remplace la réglementation
économique privée des salaires ; toutes ces institutions ont une tendance vers une organisation
plutôt socialiste de l'économie nationale, de la production, de la répartition, du recouvrement
des frais, tendance qui nous éloigne de l'organisation individualiste de l'économie nationale.
On voit encore par là combien insuffisante est l'estimation d'après la valeur échange dans la théorie
ordinaire. En beaucoup de cas, en effet, elle n'est pas un phénomène qui se produit toujours
nécessairement, mais un phénomène historique, remplacé dans une autre constitution d'économie
nationale par l'estimation d'après la valeur d'usage et la valeur de coût : dans quelle mesure ? Seule
l'expérience postérieure nous l'apprendra. Mais tout accroissement du système économique
collectif, surtout de contrainte, restreint la sphère de l'estimation d'après la valeur d'échange.
L'extension de l'activité publique se manifeste, dans les domaines des deux fins d'État, conduisent
aussi à un développement toujours plus grand de l'activité de l'État, de la commune, etc…même dans
la sphère des besoins matériels et individuels.
Les raisons profondes de cette extension de l'activité de l'État et des économies collectives de
contrainte ou de l'activité « publique » peuvent en partie se déduire (a priori) de l'essence de l'État et
de la commune déterminée par l'expérience chez les peuples en progrès ; on peut en partie les
induire des faits particuliers qui mettent en évidence l'extension de cette activité. Leur connaissance
nous autorise à parler d'une loi économique) de l'extension croissante de l'activité publique et
spécialement de l'État, loi qu'on doit ainsi formuler dans l'économie financière : loi de
l'accroissement du besoin financier public dans l'État et les corps administratifs autonomes.
Wagner, Adolphe (1912), Les fondements de l'économie politique, (1867), Paris, p. 378