Introduction
"Nous n'avons jamais été une Nation" écrivait Hegel. Le traité de Westphalie de 1648,
concluant la guerre de Trente ans, avait consacré la division des territoires germanophones.
Le concept même de Nation allemande s'en trouvait altéré. Les penseurs allemands du 19ème
siècle seront les catalyseurs de l'idée unitaire.
Si le premier 20ème siècle a vu l'Europe teintée d'un nationalisme destructeur de
libertés, totalitaire, un siècle plus tôt, nationalisme et libéralisme marchaient de paire contre
l'Ancien Régime. A la charnière du 18ème et du 19ème siècle, l'Allemagne est le théâtre d'un
bouillonnement intellectuel issu des triples effets des Lumières, de la Révolution et de
l'occupation napoléonienne. La philosophie allemande s'illustre par de nouvelles
appréciations du libéralisme. Kant sera le guide de la Aufklärung comme nous allons le
voir. La République, qui trouve une solution à "l'insociable sociabilité" de l'Homme, étant le
régime garantissant les idéaux libéraux. La nation est le cadre dans lequel se définit la
liberté. La Révolution française a provoqué une admiration (Hegel, Fichte), puis un rejet de
la Terreur, de l'empire guerrier de l'hégémonie française sur la Confédération Germanique.
Enviée, espérée, la Révolution française devient haïe. A partir de 1796/97, les incursions
françaises en Allemagne se font toujours plus fréquentes, devenant le facteur déclencheur du
sentiment national, la France devient l'Erbfeind (l'ennemi héréditaire de l'Allemagne). Il y a
unification des élites allemandes réclamant une guerre de libération nationale. Dans ce
contexte naît l'idée d'une nation allemande, l'idée d'une réunion d'une communauté
culturelle dont le dénominateur commun est la langue (pensons aux mythes fondateurs de
Harmann et Herder qui glorifie le peuple allemand guidé par Dieu), Goethe est célébré.
Dans ses Discours à la Nation allemande Fichte, explique qu'une société doit se former
autour d'une communauté culturelle, la nation, il affirme la supériorité du peuple allemand
qui doit guider l'humanité. La nation est sormais définie comme une communauté
culturelle, non plus comme l'ensemble des individus libres.
Si la nation a pu être considérée comme le lieu d'expression de la liberté, elle est aussi
apparue comme le vecteur premier du nationalisme.
Conclusion
Le libéralisme et la nationalisme sont, comme nous venons de le voir, des éléments essentiels
de la pensée allemande du 19ème siècle. L'alliance entre libéralisme et nationalisme n'est pas
de circonstance, elle connaît une justification évoluant en deux temps. D'abord, nationalisme
et libéralisme sont précisément la même chose dans la mesure la nation est comprise
comme l'ensemble des individus libres. Ceci est principalement le résultat des Lumières. Puis,
sous les effets de la Terreur, de la menace napoléonienne et du romantisme naissant, se
développe un nationalisme culturel, toujours lié au libéralisme mais ne dépendant plus de lui
et le contredisant parfois. En effet, la prépondérance de la nation allemande paraît plus
compter que la liberté. Celle-ci n'est plus désormais un droit naturel commun à tous, mais
l'apanage d'une nation allemande guide de l'Humanité. C'est cette conception du nationalisme
qui va s'imposer dans l'espace allemand et connaître le plus large appui. Il s'agit en fait du
passage d'une Allemagne influencée par les Lumières françaises à une Allemagne empreinte
d'une conscience nationale orientée vers la culture, une Allemagne dont l'horizon est
désormais l'unification. Affirmés parfois comme des particularités allemandes, il est à
remarquer le parallèle de leur développement avec des mouvements similaires à l'étranger. La
liberté répandue alors amène les peuples d'Europe à concevoir la réalisation de ce principe à
travers leur libre choix de s'affirmer en tant que Nation.
Insociable sociabilité : le fait que l'Homme ne puisse vivre sans ses semblables tout en ne
cessant d'entrer en conflit avec eux.
Guerre de trente ans : qui opposa les catholique aux protestants en Allemagne : empereur
Ferdinand II voulait recatholiser alors qu'il y avait un accord entre catholiques et protestants
(paix de Augsbourg de 1555), remplacé par Frédéric V qui est vaincu militairement contre-
réforme très violente. Les protestants placèrent leurs espoirs dans le roi de Suède Gustave II,
défaite. Paix entre l'empereur et les représentants protestants : une armée commune doit
chasser les étrangers. La France et la Suède, coalisées, mènent guerre contre Habsbourg
traité de Westphalie : territoires pour France et Suède, fin du pouvoir central de l'empereur
en Allemagne car contrôle des deux puissances vainqueurs = fin de la puissance du Saint
Empire Romain-germanique.
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