LA COURSE CONTRE L'HORLOGE 99
ministrateur, doublé d'un politique averti. Cet homme
existe-t-il au sein du mouvement séparatiste ? Je me
permets d'en douter ! Si ces groupements pouvaient re-
vendiquer une telle compétence, en seraient-ils réduits à
vivre si précairement des aumônes de leurs partisans ?
Au chef de la nation, au responsable de son organi-
sation économique, devrait aussi s'ajouter une population
prête à accepter tous les sacrifices que lui imposerait très
certainement, l'époque de transition, et même celle de
stabilisation. Nos gens se plieraient-ils à ces exigences ?
Autant de questions extrêmement importantes et qui ne
doivent pas être prises à la légère.
Pour le moment tout ce que nous pouvons affirmer,
c'est que nous allons quelque part. Un mouvement a été
mis en branle, que rien ne semble plus devoir arrêter !
Nous ne reviendrons plus jamais à l'écrasement des 1920
et 1930, non plus qu'à la crédulité des 1940 et 1950. La
jeunesse patiente et bernée d'hier, a fait place à celle
des 1960, qui porte en elle le germe de la révolution. Fou-
gueuse et résolue, elle s'empare un peu partout des postes
clef:
elle réclame, exige, ce qu'elle affirme être ses droits.
Et pourtant ce n'est pas elle qui va imprimer la tour-
nure aux événements. Ceux-ci seront conditionnés par
l'attitude des autres Canadiens du pays, en face du phéno-
mène nouveau.
Saura-t-on, avant qu'il ne soit trop tard, comprendre
qu'il y a ici quelque chose de radicalement changé ?
Voudra-t-on admettre que les concessions qu'on a refu-
sées hier, il faut se hâter de les consentir aujourd'hui ?
Tout l'avenir du Québec dépend de cette attitude de nos
compatriotes des provinces canadiennes, face aux faits
récents.
Malheureusement, l'immensité du pays ne postule
guère en faveur d'une compréhension, qui à cause de
l'ur-
gence d'une solution, devrait se manifester presque
spontanément. Que sait du Québec l'homme de Vancouver,