Dès lors, l’idéologie semble liée aux conduites coutumière mais dénonce plus qu’elle ne représente les conduites
coutumières en indiquant la voie du salut, le comportement à adopter. Cette voie du salut est essentielle car elle
permet d’éliminer le sentiment de malaise issu de la ‘mauvaise action’, ou du moins d’indiquer comment s’en
débarasser par la démonstration du bon chemin.
L’hégémonie morale va donc formuler le redressement moral souhaité pour contrer les inconduites entravant le mode
traditionnel d’accès aux privilèges sociaux.
L’attribution d’un fief par un suzerain à son vassal est la représentation de la protection accordée. Or cela génère
quelques ratés: le vassal s’occupant de ses terres va négliger son suzerain et le commerce de fiefs engendre des liens
de dépendance d’un suzerain vers un homme plus faible. D’où la portée hégémonique du service à son suzerain.
Suivant la définition de l’idéologie il faut donc qu’il y aie eu entrave au système social pour avoir définition de
l’idéologie (c-à-d du comportement salutaire). Donc l’idéologie ne concerne que les comportements qui ont été
entravés laissant de coté d’autres aspects non viciés.
Les moines clunisiens servaient un abbé et passaient 10 heures par jour en offices. L’opus dei semble donc une
relation vassalique sans raté, idéale. Leur rôle était donc double: proclamer les conduites droites comme sources du
salut et instituer ces conduites, les mettre en oeuvre.
C’est également à cette époque que l’on ne prie plus couché, face contre terre, mais accroupi un genoux en terre.
Cette position est identique au serment de chevalier.
4. Chapitre IV – La norme d'individualité
Pour étudier l’idéologie actuelle, il faut voir à quel moment elle s’est installée. Tout a commencé au milieu du
18ème siècle et l’hégémonie s’est installée au début du 20ème. La croissance économique s’amorce en 1730 suite à
des progrès dans l’agriculture et l’afflux d’or américain. Cela s’accompagne d’un essor industriel (surtout en
Angleterre et en France) suite à un écroulement de grands instituts bancaires. On passe de plus en plus d’une
production domestique vers la manufacture.
4.1 L’ère physiocratique/utilitariste
4.1.1 La physiocratie (France)
Les lumières au 18ème proclament que la science a vaincu l’obscurantisme moyenageux et qu’elle est accessible à
tout le monde (une des réalisation est l’encyclopédie). Cela revient à éliminer les conduites irrationnelles. Le monde
est gouverné par des lois naturelles, qu’il convient de respecter puisqu’elles sont là pour le bien de l’Humanité.
La physiocratie (chef de file: Qesnay) étudie ces lois appliquées à l’économie (au développement des sociétés). Le
développement est, pour les physiocrates, intimement lié au produit net (différence entre richesse produite et richesse
dépensée à produire). L’agriculture est la seule, pour eux, à générer ce produit net (car l’homme collabore avec la
nature dans cette tâche). Le produit net permet à son tour l’épargne qui est le fondement de la société. On voit donc
qu’il faut épargner pour investir de nouveau dans la propriété, le produit net étant issu de la propriété privée
produisant l’épargne. L’accent est mis, non pas sur l’agriculture mais sur le cycle (production – épargne –
investissement – production). Et donc le fruit de l’épargne doit logiquement appartenir au propriétaire. Le rôle de
l’état est de préserver le droit à la propriété privée, d’assurer l’instruction et les travaux publics. Tout ceci sera
institué par la Révolution française.
4.1.2 L’utilitarisme (Angleterre)
Adam Smiths fonde l’utilitarisme (bientôt économie politique) qui est semblable à la physiocratie excepté qu’il ne se
focalise pas uniquement sur la production agricole. Il s’agit d’investir les talents et la propriété individuelle dans la
production de biens de manière rationnelle (c-à-d en recherchant le profit maximum). Le progrès individuel ainsi
généré mènera au progrès social par la grâce de la “main invisible”.