Psychologie sociale Survival kit V 1.1 Copyleft and disclaimer La reproduction et distribution de ce document par quelque moyen que ce soit est chaudement conseillée, encouragée et souhaitée (copiez cette page avec). Mr J. Bude ne peut être tenu responsable des erreurs présentes dans ce survival kit. A vrai dire il ne peut être tenu responsable du survival kit lui même. N’allez pas les embêter avec ça. HISTORIQUE 21/06/97 V 1.0 - Résumé du livre/syllabus très touffu … désolé pour la phautes mais comme d’habitude il faut parer au plus pressé ! 24/06/97 V 1.1 - Relecture pour flinguer certaines fautes de forme …. Beuhhhh j’ai honte. 1 1. Chapitre I – principes de base Le domaine de la psychologie sociale est l’étude des mentalités et leur dynamique. Ici plus particulièrement l’étude des valeurs hégémoniques, qui définissent le critère de pleine humanité. Le but du cours est de prouver que la psychologie est notre valeur hégémonique actuelle. Un des principes de base est la conduite coutumière (= dont on a l’habitude, ce sont des traces) qui conditionne notre manière de nous comporter et de percevoir (ex: les membres fantômes des amputés, expérience des cartes à jouer avec des petites anomalies qu’on ne reconnait pas). Le contexte affectif (conditionnant la reconnaissance de la conduite) est très influant (expérience de l’évaluation de la taille d’une pièce de monnaie chez des enfants riches et pauvres). Les conduites coutumières sont induites par les habitudes personnelles et sociales et ne sont pas forcément conscientes. Même pour des faits scientifiques, il peut y avoir un biais puisqu’il faut exprimer ces sensations et donc introduire une distortion. Le second principe de base porte sur l’application de ces conduites coutumières: elles seraient positivement valorisées et sortir de ces conduites de base entrainerait une émotion, un malaise (ex: chien de Pavlov auquel on présente des signes qui ne permettent plus de discriminer tellement ils sont proches il devient agressif). 2. Chapitre II – la norme Une norme est une prescription sur la manière de se comporter et de percevoir. C’est un système de référence. Chaque groupe de référence possède sa norme et l’appartenance à un groupe de référence entraîne l’adoption de certaines normes. 2.1 Internalité/externalité Deux vues (internes et externes) existent pour l’explication des réussites/échecs: soit ce sont des conséquences de son comportement (ex: propres erreurs), soit des événements externes (ex: chance, malchance). On appelle ceci l’instance de contrôle et elle est soit interne soit externe. L’attribution causale porte, elle, sur l’explication des comportements (interne: traits de caractère, externe: pressions externes). 2.1.1 Niveau socio-économique Un niveau socio-économique élevé tend à faire croire que l’on est maître de sa destinée, un niveau “bas” tend à suggérer que la société en général est responsable. Le même type de conclusion est tiré pour l’attribution causale (interne: on est responsable de ses actes). 2.1.2 Valorisation L’internalité est généralement valorisée tant pour l’instance de contrôle que pour l’attribution causale. 2.1.3 Pronostic social Un pronostic d’adapation sociale favorable est attribué aux personnes plus internes. On voit à quel point l’internalité sera importante lorqu’il s’agira de juger quelqu’un. 2.2 Décollage de l’idéologie Un expérience recrute 25 sujets et les classe (à l’aide de deux questionnaires) suivant qu’ils sont internes et externes. Lors de l’expérience, on leur demande d’arrêter de fumer pendant 18 heures et on leur annonce qu’ils ne vont pas être payé autant que prévu. A ce moment, les sujets peuvent abandonner. Lorsqu’on vérifie quels sont les sujets qui ont effectivement arrêté de fumer, il n’y a pas de différence entre internes et externes différence entre le discours et le comportement (externe dans ce cas ci puisqu’il y a soumission aux organisateurs de l’expérience) . Par contre l’explication donnée a posteriori au comportement est influencée par de degré d’internalité des sujets. 2 Les implications de ce décollage sont mises en évidence par l’expérience de Milgram: situation prof/élève avec punitions corporelles croissantes (chocs électriques) lorsque le sujet élève (de mèche) ne répond pas bien. L’élève supplie d’arrêter mais le scientifique assistant à l’expérience somme le sujet professeur de continuer. L’expérience montre que 65% des sujets professeurs vont jusqu’au bout malgré les cris (simulés) d’agonie du sujet élève. Lorsque le scientifique est remplacé par son assistant (donc prestige moindre) les gens arrêtent plus vite. Le phénomène est encore plus accentué lorsque le scientifique prend la place du sujet élève et demande d’arrêter après 150V: tout le monde abandonne. Il y a donc une autorité claire issue du fait que la personne qui commande est un scientifique. Pourtant, lorsque l’on interroge des personnes pour savoir si elles auraient poursuivi l’expérience jusqu’au bout, on atteint pas les 65% de réponses positives, c’est une réponse interne en contradiction avec un comportement externe (obéissance à l’autorité). 3. Chapitre III – la dynamique idéologique Le problème de l’analyse des situations historiques (nécessaires pour étudier la dynamique de l’idéologie) est présent dans le fait qu’il faut considérer des comportements et des idées que ne nous semblent pas ‘normales’ alors qu’elles l’étaient à ce moment. 3.1 La féodalité 3.1.1 Structure politico-économique La naissance de la féodalité résulte de l’incapacité, pour l’armée du Roi, à contrer les attaques de bandes païennes. Les petits princes de chaque régions furent les seuls à pouvoir assurer la sécurité formation d’états indépendants avec un seigneur. Echelle sociale basée sur le fait qu’on porte (chevaliers) ou non les armes 1. Du manque de revenus que provoque l’absence de pillages (qui existaient avant), les seigneurs en viennent à exploiter les paysans. L’autorité des seigneurs est catégorisée en trois seigneuries: La seigneurie banale: pouvoir du seigneur proprement dit. Il s’agit du pouvoir de percevoir les taxes (en nature [ peu d’argent] ) et d’organiser la justice. La seigneurie foncière: pouvoir lié au droit de la terre qui est accordé au seigneur et aux chevaliers possesseurs de certaines terres (seigneurie foncière de second ordre). La seigneurie domestique: pouvoir lié à l’exploitation économique de la ‘famille’, des paysans. On peut disposer de la seigneurie foncière, exercer une seigneurie domestique et subir la seigneurie domestique d’un seigneur (ex: les chevaliers, ils doivent accompagner le seigneur à la guerre et exploitent leurs propres terres via leurs paysans). 3.1.2 L’idéologie Rappel: l’idéologie consiste en la représentation de la nature de l’être humain qui est vécue comme vérité. Ici, on s’intéresse à l’idéologie des moines clunisiens issus de l’aristocratie militaire. Parallèlement au désagrègement des royaumes, les moines clunisiens démantèlent les diocèses et se subsituent à l’épiscopat comme dépositaires de l’idéologie. Notion d’ange: les anges ont été chassés du Royaume de Dieu parce qu’ils n’ont pas été parfaitement obéissants au Seigneur-Dieu. L’homme est destiné a remplacer ces anges déchus. Il doit, par détachement des choses matérielles (les désirs charnels) atteindre cet idéal angélique. 3.1.3 Relations entre conduites et idéologies Il y a un lien entre idéologie et conduites coutumières. Les conduites coutumières vassaliques sont isomorphes à la nécessité de pureté pour accéder au royaume du Seigneur-Dieu. Il reste cependant un problème dans le sens ou le mapping n’est pas aussi simple: les seigneurs et autres privilégiés ne se comportaient pas exactement selon l’idéologie du moment. Les seigneurs et chevaliers (et mêmes abbés) lorsque les invasions païennes se sont espacées commencèrent à piller les pauvres gens. 1 Au niveau de ce chapitre, pas mal de références avec le cours d’Organisation Sociale du Travail. 3 Dès lors, l’idéologie semble liée aux conduites coutumière mais dénonce plus qu’elle ne représente les conduites coutumières en indiquant la voie du salut, le comportement à adopter. Cette voie du salut est essentielle car elle permet d’éliminer le sentiment de malaise issu de la ‘mauvaise action’, ou du moins d’indiquer comment s’en débarasser par la démonstration du bon chemin. L’hégémonie morale va donc formuler le redressement moral souhaité pour contrer les inconduites entravant le mode traditionnel d’accès aux privilèges sociaux. L’attribution d’un fief par un suzerain à son vassal est la représentation de la protection accordée. Or cela génère quelques ratés: le vassal s’occupant de ses terres va négliger son suzerain et le commerce de fiefs engendre des liens de dépendance d’un suzerain vers un homme plus faible. D’où la portée hégémonique du service à son suzerain. Suivant la définition de l’idéologie il faut donc qu’il y aie eu entrave au système social pour avoir définition de l’idéologie (c-à-d du comportement salutaire). Donc l’idéologie ne concerne que les comportements qui ont été entravés laissant de coté d’autres aspects non viciés. Les moines clunisiens servaient un abbé et passaient 10 heures par jour en offices. L’opus dei semble donc une relation vassalique sans raté, idéale. Leur rôle était donc double: proclamer les conduites droites comme sources du salut et instituer ces conduites, les mettre en oeuvre. C’est également à cette époque que l’on ne prie plus couché, face contre terre, mais accroupi un genoux en terre. Cette position est identique au serment de chevalier. 4. Chapitre IV – La norme d'individualité Pour étudier l’idéologie actuelle, il faut voir à quel moment elle s’est installée. Tout a commencé au milieu du 18ème siècle et l’hégémonie s’est installée au début du 20ème. La croissance économique s’amorce en 1730 suite à des progrès dans l’agriculture et l’afflux d’or américain. Cela s’accompagne d’un essor industriel (surtout en Angleterre et en France) suite à un écroulement de grands instituts bancaires. On passe de plus en plus d’une production domestique vers la manufacture. 4.1 L’ère physiocratique/utilitariste 4.1.1 La physiocratie (France) Les lumières au 18ème proclament que la science a vaincu l’obscurantisme moyenageux et qu’elle est accessible à tout le monde (une des réalisation est l’encyclopédie). Cela revient à éliminer les conduites irrationnelles. Le monde est gouverné par des lois naturelles, qu’il convient de respecter puisqu’elles sont là pour le bien de l’Humanité. La physiocratie (chef de file: Qesnay) étudie ces lois appliquées à l’économie (au développement des sociétés). Le développement est, pour les physiocrates, intimement lié au produit net (différence entre richesse produite et richesse dépensée à produire). L’agriculture est la seule, pour eux, à générer ce produit net (car l’homme collabore avec la nature dans cette tâche). Le produit net permet à son tour l’épargne qui est le fondement de la société. On voit donc qu’il faut épargner pour investir de nouveau dans la propriété, le produit net étant issu de la propriété privée produisant l’épargne. L’accent est mis, non pas sur l’agriculture mais sur le cycle (production – épargne – investissement – production). Et donc le fruit de l’épargne doit logiquement appartenir au propriétaire. Le rôle de l’état est de préserver le droit à la propriété privée, d’assurer l’instruction et les travaux publics. Tout ceci sera institué par la Révolution française. 4.1.2 L’utilitarisme (Angleterre) Adam Smiths fonde l’utilitarisme (bientôt économie politique) qui est semblable à la physiocratie excepté qu’il ne se focalise pas uniquement sur la production agricole. Il s’agit d’investir les talents et la propriété individuelle dans la production de biens de manière rationnelle (c-à-d en recherchant le profit maximum). Le progrès individuel ainsi généré mènera au progrès social par la grâce de la “main invisible”. 4 Bentham défend la théorie selon laquelle nos comportements sont gouvernés par le plaisir ou la douleur (en fait absence de plaisir). Ils nous gouvernent car l’homme recherche le plaisir immédiat et évite le déplaisir immédiat. La raison guide cette recherche en mettant en balance utilité de l’action et plaisir/déplaisir qu’elle procure. Or si on replace dans le contexte de l’épargne, celle-ci est source de peine immédiate pour générer un plaisir plus lointain. Mais satisfaire le plaisir immédiat (la non épargne) par l’oisiveté est refuser irrationnellement le progrès ultérieur de l’accroissement. 4.1.3 La scientification Le caractère scientifique des règles énoncées ci-dessus permet aux idéologues du 18ème siècle de justement de ne pas se positionner en temps qu’idéologues. Il n’y pas d’idéologie lorsque l’on parle de choses rationnelles: c’est l’idéologie de la fin des idéologies. L’être humain est une âme raison gouvernant un corps serviteur. Il obéit au principe d’utilité et évolue dans une société régie par la loi du marché (résultat de l’ensemble des actions individuelles) ce qui ne peut que mener au bonheur général. L’identification des lois raisons est faite par le biais de la psychologie, la déontologie, la physiocratie et l’utilitarisme. Ces sciences permettent également de contrôler les passions irrationnelles. Le modèle gravitation/inertie de Newton est transposé par Bentham dans les domaines psychologique et social. Notons que la démarche est différente: Newton décrivait et Bentham explique. La scientification est l’attribution du statut de science à une idéologie. 4.2 L’ère instrumentaliste Cette idéologie constitue une variante de la physiocratie/utilitarisme qui prend place fin du 18ème avec la révolution industrielle. On passe de manufacture (humaine) vers des factory (automatiques). Cet automatisme entraîne une transformation de l’expertise de l’ouvrier: de savoir-faire traditionnel on passe à un savoir-faire technique: la conduite de machine. La production est instrumentalisée et dépersonnalisée et les ouvriers en perdent de fait le contrôle. L’idéologie de cette époque s’inspire plus de Darwin que de Newton: un organisme biologique (doué d’intelligence) s’adaptant à son environnement par assimilation (transformation des produits issus de l’environnement pour les incorporer). Les comportements (issus de l’instinct [héréditaire]) sont des réactions à l’environnement ayant pour but l’adaptation. La psychologie de l’époque se fonde donc sur ces instincts innés. Le progrès se mesure alors en capacité d’adaptation, elle même résultant de la production permettant la survie. L’être humain est un instrument de production pour s’adapter au milieu social. Dans le cas des utilitaristes, on s’appropriait le milieu social pour le transformer. 4.2.1 La production apprise En 1870 la production industrielle décolle vraiment et les ateliers commencent à disparaître. On a également un mouvement d’intégration verticale (des matières premières vers la production) et horizontale (fusion de secteurs) résultant en la domination de grandes entreprises. Des profits énormes sont réinvestis ce qui mène à la surproduction et nécessite une entente sur les prix entre les principales entreprises. On constate une dépersonnalisation croissante de ces entreprises et leur taille oblige l’incorporation de main d’oeuvre non qualifiée mais la main d’oeuvre qualifiée exerce encore un contrôle gênant. Ceci entraîne la naissance d’une nouvelle idéologie qui va se maintenir jusqu’en 1970. Pour la psychologie, on passe d’une vue innée (avec les instincts) vers une vue acquise (tout est appris). On passe d’adaptation statique à une adaptation dynamique où les manques sont palliés par la création de comportements qui vont produire ce dont l’organisme à besoin (avant il n’y avait pas d’adaptation modifiable). Il y a apprentissage. On rajoute à l’assimilation (transformation des produits de l’environnement) le processus d’accomodation: transformation de l’organisme pour acquérir de nouveaux instruments d’assimilation (ex: s’acclimater à la haute altitude). Point de vue psychologique cela correspond à l’intelligence et point de vue social à la création de nouveaux modes de production. Donc l’individu doit être capable de transformer ses instincts pour s’adapter. Seul cet individu aura accès à la pleine humanité. 5 Deux domaines d’étude résultent de cette nouvelle idéologie: l’étude de l’apprentissage instrumental et l’étude de l’intelligence. 4.2.1.1 L’apprentissage instrumental Il s’agit de l’étude de réponses à des stimuli, la réponse servant d’instrument, d’influence sur la suite des événements. Deux théories: behaviouriste (chaînes de stimulus-réponse, habitudes) et cognitiviste (les connaissances). Pour les behavioristes l’habitude est formée par le renforcement d’un lien stimulus-réponse ce qui mène à l’apprentissage. Pour les coginitivistes, on a des hypothèses qui mènent à des attentes. La confirmation d’une attente est agréable, l’infirmation est désagréable. Les conduites qui confirment les attentes seraient apprises. Piaget est la référence en matière d’intellignece instrumentale. Il décrit la formation de l’intelligence comme une succession d’étapes: le niveau sensori-moteur (perception de l’espace), le niveau des opérations concrètes (réunir, dissocier, ordonner) et les opérations formelles (hypothético-déductif)2. L’accès à la pleine humanité (être adulte) est donc conditionné par l’atteinte de ce stade des opérations formelles (tout comme l’application du principe d’utilité de Bentham). 4.2.1.2 Les tests d’intelligence Elaborés par Binet & Simon afin de pouvoir réorienter les écoliers en difficulté. Il s’agit d’un quotient entre un âge mental atteint et un âge mental théoriquement atteint (donc si c’est supérieur à 1 [à cent en fait], c’est positif). L’intelligence est donc liée à la rapidité d’acquisition des connaissances (car il y a normalisation par rapport à un âge théorique atteint). 4.2.2 La psychologie freudienne Freud s’installe à Vienne comme neurologue et ses patientes sont des névrosées. Il les traite d’abord par hypnose ensuite par l’association libre (le patient enchaîne des associations d’idées. Les blocages dans les associations caractérisent les problèmes). Il introduit les fondements de la psychanalyse dans son ouvrage “L’interprétation des rêves” et les concepts de ça, moi et surmoi. Le ça est le siège des instincts (en fait des pulsions/besoins) qui sont doués d’une énergie: la libido. La réduction de la tension générée par ces besoins entraîne le plaisir, d’où le principe du plaisir. Le jeune enfant est entièrement gouvernés par ses besoins qui échouent à se réaliser. Il se construit alors une seconde entité, le moi, qui est le siège du raisonnement, afin de résoudre les problèmes nécessaires à l’obtention de l’objet désiré. Le moi est régi par le principe de la réalité. Ce second principe est une adaptation instrumentale du principe du plaisir par la subordination à la sécurité et à la prudence. Ainsi le moi peut retarder la satisfaction d’un besoin pour un plus grand plaisir ultérieur (lien avec Bentham). La construction du surmoi est issue de la situation oedipienne et résulte en une incorporation des punitions et récompenses. La situation oedipienne amène l’enfant à refouler ses deux sentiments (amour de la mère/haine du père) et le surmoi se construit en intériorisant l’autorité paternelle (aspect mauvaise conscience) et le modèle représenté par le père (aspect idéal du surmoi). La sublimation (échappement détourné) des pulsions incesteuses est nécessaire afin de ne pas avoir un surmoi hyper-rigide. Selon Freud, le surmoi est cependant essentiel dans sa composante autorité car il est la garantie d’une société viable. Le refoulement, c-à-d le renvoi dans le ça de mauvaises pulsions ne doit pas être trop rigide afin de permettre la sublimation de ces pulsions. Tomber dans ce piège revient à être névrosé. 2 Voir le SK de psycho générale (dans toutes les bonnes librairies). 6 Freud vivant à une époque où le racisme était de mise, il déplorait cette brutalité omni-présente. Il est convaincu que la discipline (principe de la réalité) est le seul garde fou contre la barbarie humaine. Il prône l’adaptation des instincts pour faire cohabiter besoins et vie sociale. Le travail est très important pour cette adaptation car il ‘attache l’individu solidement à la réalité’. Il permet de transférer la libido vers la tâche quotidienne et les relations sociales en découlant. Selon Freud, tout le monde n’est pas capable à cette sublimation des instincts au travers du travail. 4.3 De l’infraction à la règle Les lignes précédentes ont montré quel était la définition normative de l’être humain (rationnel et se maîtrisant). Quelques indices (ce que pense Freud du travail) laissent voir le lien qu’il y a entre cette définition et le mode de production hégémonique de cette époque (l’industrie). Cette hypothèse se confirme dans les lignes suivantes. 4.3.1 L’organisation scientifique du travail Pour rappel le taylorisme et le fordisme ont pour but d’augmenter la production en supprimant les entraves liées à la flânerie des ouvriers. Rappelons dans OST le ‘S’ signifie scientifique. Par des méthodes scientifiques (découpe en tâche et chronométrage), l’OST va obliger les ouvriers à se conduire rationnellement, en évitant les flaneries, de sorte que par une augmentation de la production, on progresse et on augmente le bien être de la société toute entière (baisse des coûts démocratisation du produit [la Ford T]). Ces méthodes scientifiques sont appliquées par des ingénieurs qui eux également (ainsi que les directeurs) doivent se conformer aux méthodes scientifiques (méthodes prévisionnelles, coût de production, …). La discrimination ingénieur/ouvrier se fonde sur la mesure du QI. 4.3.2 La mesure scientifique de l’intelligence Les tests de Binet et Simon sont en fait issus de la généralisation de l’éducation. L’aspect obligatoire de l’école répond à deux volontés: assurer un minimum vital culturel permettant à l’écolier de devenir un ouvrier ou paysan et assurer une transmission des règles de bonne morale. Mais la scolarisation obligatoire fait apparaître une nouvelle catégorie d’anormaux. Binet et Simon mettent en place un test d’intelligence permettant de détecter ces anormaux et de les orienter vers des enseignements adaptés. Ces enseignements visent à leur donner le strict minimum pour qu’ils travaillent dans des usines (l’atelier devient un lieu d’instruction). Les tests sont, pour Binet et Simon, d’une rigueur scientifique indiscutable. Ces tests, comme cité auparavant, mesure de l’intelligence en fonction de la rapidité avec laquelle l’écolier intègre les connaissances. Ce qui revient à mesurer à quel point il est intellectuellement productif. Par ailleurs l’intelligence complète est caractérisée par l’acquisition du niveau supérieur d’intelligence, celui entrant en ligne de compte pour la pensée verbale abstraite. L’accès au niveau supérieur est en fait le critère de pleine humanité. Bernstein développe une théorie sur les langages (code commun pour les couches socialement défavorisées, code formel pour les couches favorisée). Le code commun est descriptif, le code formel et privilégie l’analyse intentions et la pense hypothético-déductive. Le problème du système est qu’il s’agit d’un cercle vicieux: pour pouvoir être qualifié d’intelligent, il faut avoir la chance d’être passé par l’enseignement supérieur. Or pour accéder à cet enseignement supérieur il faut être d’un milieu favorisé (pour des raisons financières par exemple). Donc le milieu défavorisé ne peut être que défavorisé. D’autres tests sont basés sur des mentalités présentes dans les milieux dirigeants, mentalités non présentes chez les écoliers des milieux défavorisés qui échouent donc à ce test. L’école est le lieu ou l’idéologie est transmise. Le problème c’est que l’école échoue à donner à tous cette base culturelle qui justifiait sa création (cf supra), les milieux favorisés étant les seuls à accéder au niveau supérieur de l’école. Ce type de phénomène caractérise de décollage idéologique, c-à-d la différence entre ce que cela devait être et ce qui se passe réellement. C’est expliquable dans le sens où on demande aux enfants favorisés d’acquérir une norme qui est celle de leur milieu et de leurs parents. Il n’en est naturellement pas de même pour les enfants défavorisés. Or les tests d’intelligence se basent sur la rapidité d’acquisition et ne peuvent, dans ce cas, qu’être biaisés. 7 Un test (en aveugle) d’évaluation de passage d’une année à l’autre indique que les écoliers expliquant leur réussite/échec suivant un shéma interne sont favorisés (ils confortent la norme d’individualité). 8