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structures cognitives et les soubassements neuro-physiologiques et génétiques. Le
cadre très général dans lequel on se situe à l’heure actuelle est l’idée qu’il y a au
moins trois niveaux. Le niveau biologique, où il est question d’un patrimoine
génétique qui va contribuer à la maturation du cerveau. Ce niveau biologique va
avoir un certain nombre d’incidences sur la mise en place des structures cognitives
au cours du développement, pendant la grossesse et pendant la vie. La mise en
place des structures cognitives va donner lieu à un certain nombre de
comportements. Il est important de considérer qu’un patrimoine génétique s’actualise
dans un certain contexte, et que ce contexte joue un rôle très important dans le
développement de l’individu.
La différence entre difficulté et trouble
Pendant longtemps, jusque dans les années 1980, on pensait que, lorsque l’on
administrait une épreuve quelconque (de mathématiques par exemple) à un grand
nombre d’enfants ou d’adolescents, les résultats devaient être à peu près les
suivants. Si les notes variaient entre 1 et 20, on s’attendait à ce qu’il y ait quelques
sujets qui maîtrisaient très bien la matière avec des résultats de 18 sur 20. Puis, on
avait la grande majorité des sujets, moyens, qui se situaient autour de 12 sur 20.
Lorsque l’on va vers les adolescents qui ont plus de difficultés, ils arrivaient à des
scores de 10,8,7, etc… Vers la fin de la distribution, on s’attendait à trouver en petit
ensemble de personnes avec de très faibles résultats. On pensait par conséquent
qu’il y avait parmi la population 2 sous-populations :
1- la population des enfants normaux. Ceux qui n’ont pas de problèmes qui
peuvent être un peu faibles, moyens ou excellents. Ce serait la population dite
normale.
2- La population des enfants à troubles.
Lorsque l’on a fait de grandes études épidémiologiques sur la lecture et sur d’autres
domaines, on a dans un premier temps obtenu des résultats qui corroboraient ce
modèle-là. L’intérêt de ce modèle était que l’on pouvait fixer assez simplement un
critère à partir duquel on allait considérer que les scores étaient pathologiques
(troubles) pour les distinguer des performances considérées comme étant normales.
Parmi les sujets normaux, certains pouvaient avoir un peu de difficultés, mais avaient
néanmoins de meilleures performances que les sujets qui présentaient des troubles.
Par la suite, on s’est rendu compte que ce modèle n’était pas tout à fait le bon. La
réalité est autre : on sait maintenant que lorsque l’on utilise un test adapté aux
compétences de tous les sujets, on obtient ce type de distribution (normale) sans
qu’aucune catégorie particulière apparaisse ici (extrême gauche de la distribution).
Cela change la perspective, puisque l’on a plus aucun point de discontinuité, on est
dans du continu. La majorité des sujets sont dans la moyenne, puis certains sont très
bons et d’autres moins bons. Ce qui est important, c’est de comprendre qu’il est tout
à fait arbitraire de fixer un critère à partir duquel on va considérer qu’un score
correspond à des troubles et qu’un autre correspond simplement à des difficultés. On
n’a aucun point de repère qui soit véritablement objectif pour définir quand
commencent les troubles et quand s’arrêtent les difficultés. Ce qui veut dire que la
distinction entre « normal » et « pathologique » est arbitraire. C’est un critère
statistique que l’on utilise. Quand le score est de 5, de 6, on peut considèrer que ces
performances reflètent des troubles, mais c’est parfaitement arbitraire. C’est
néanmoins le cas pour la définition de la dyslexie, pour la définition des troubles du
langage ou pour d’autres domaines. Donc la distinction entre les difficultés et les
troubles est floue.