liquidités. Trois critères principaux construisent le cadre d’intervention du PDR. En
premier lieu, le PDR ne doit prêter qu’en cas de crise de liqudité, et non en cas de crise
de solvabilité (qui traduit une mauvaise gestion et des risques de banqueroute bien plus
importantes) ; ensuite, ce prêt, qui revêt la forme d’un concours à court terme, ne se fait
pas sans pénalité pour l’institution bancaire concernée, qui doit de plus fournir une
garantie de remboursement ; enfin, pour apaiser les tendances anticipatives qui peuvent
déclencher un phénomène de contagion, le PDR doit clairement exposer ses motifs et
fixer les règles de son intervention.
Cependant, les banques centrales ne sont pas les seules à revêtir ce rôle de
prêteur ultime en cas de crise : le Fonds Monétaire International (FMI) s’est également
placé en tant que semblant de PDR dans le contexte de la crise financière actuelle. Les
objectifs du FMI ont beaucoup évolué depuis sa création en 1944 lors des accords de
Bretton Woods. Sa mission initiale était de proposer des facilités de financement (prêts
octroyés à des taux inférieurs à ceux du marché) pour des concours de court terme, pour
aider un pays traversant une difficulté financière passagère. Son rôle s’est étendu
aujourd’hui à celui de prévention des crises financières, l’incitant à agir sur le moyen
terme également. Dans ce même contexte de développement des prérogatives du FMI,
certaines mesures ont été développées dont les lignes de crédit préventives, dispositif
amorcé en 1999 pour éviter les phénomènes de contagion qui sont souvent générés
par une crise financière. C’est par cette voie que le FMI intervient aujourd’hui dans la
crise financière, pour finalement les mêmes raisons que le PDR. Cependant, le FMI
n’intervient pas auprès des banques, mais au niveau des Etats. Il n’est donc pas un PDR
tel qu’énoncé par la doctrine, mais le principe est le même, à une échelle différente.
Certains considèrent que, n’ayant pas un pouvoir de création monétaire, le FMI ne peut
pas intervenir pour faire face à une crise de liquidité. La réalité a démontré le contraire.
Par ailleurs, le FMI ne précise pas la limite de son intervention, dans l’objectif d’éviter les
anticipations négatives liées à un éventuel plafonnement des prêts du FMI, mais aussi
pour empêcher l’apparition d’une négligence chez les agents s’ils savent que quoi qu’ils
fassent ils seront secourus. Ceci nous incite à prendre conscience des difficultés
qu’implique la gestion d’une crise financière : n’étant pas, dans la pratique, en situation
de concurrence pure et d’information parfaite, il est extrêmement difficile de prévoir les
comportements dans ces situations.
Pour répondre à la question plus éthique de savoir qui, des banques centrales ou
du FMI, a la responsabilité d’intervenir en cas de crise, il me semble que ces
institutions n’agissent pas sur les mêmes éléments. A niveau national, c’est clairement la
banque centrale qui doit intervenir, puisque c’est elle qui fixe la politique monétaire de
son pays. Cependant, à échelle internationale, le FMI peut disposer de plus de moyens
pour sauver un pays de la banqueroute comme ce fut le cas par exemple pour l’Islande.
Enfin, lorsque, comme aujourd’hui, la crise propagée prend sa source aux Etats-Unis, le
FMI me semble d’autant plus à même d’être appelé pour un sauvetage puisque le
contributeur le plus important à ses fonds sont les Etats-Unis.
B] La réactivité des banques centrales face à la crise de liquidité
Maintenant que nous avons mieux ciblé les cadres préexistants à la crise
financière actuelle, voyons leur traduction dans la pratique. Au cours des derniers mois,
les banques centrales ont injecté massivement des liquidités dans les banques pour faire
face à la crise. Nous nous intéresserons à trois banques centrales principales : la Banque
Centrale Européenne (BCE), la Banque d’Angleterre et enfin la Banque Fédérale des
Etats-Unis (Fed). Ces trois institutions ont mis en place des dispositifs basés sur une
politique de liquidité, considéré comme l’élément le plus urgent. Pour les trois, la
rapidité de leur réactivité a permis d’éviter une situation qui aurait été sinon encore
plus catastrophique, et la coordination internationale dont elles ont su faire preuve
doit être félicitée.
La BCE, tout d’abord, a répondu à la crise par une injection de liquidité pour
suralimenter le marché. Elle a ainsi cherché à satisfaire les demandes des banques de
conserver des réserves excédentaires pour faire face à d’éventuels nouveaux chocs de