Message de M. Koïchiro Matsuura, Directeur général de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, 8 mars 2006 Chaque année, la Journée internationale de la femme est l’occasion de faire le point des progrès réalisés mais aussi des obstacles à surmonter en vue d’atteindre l’objectif, commun à l’ensemble du système des Nations Unies, de l’égalité entre les sexes grâce à l’autonomisation des femmes. En septembre dernier, lors du Sommet des Nations Unies, les dirigeants du monde ont renouvelé leur engagement d’atteindre cet objectif. Un progrès pour les femmes est assurément un progrès pour tous. Les dirigeants de la planète ont également décidé de favoriser « une meilleure représentation des femmes dans les organes décisionnaires de l’État, y compris en veillant à ce que les femmes aient les mêmes chances que les hommes pour ce qui est de participer pleinement à la vie politique ». Dans le même esprit, la résolution 1325 du Conseil de sécurité demande instamment aux États membres « de faire en sorte que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour la prévention, la gestion et le règlement des différends ». Il est donc tout à fait logique que l’Organisation des Nations Unies ait choisi cette année « Les femmes dans le processus de prise de décision » comme thème de la célébration de la Journée internationale de la femme. Une meilleure représentation politique des femmes suppose une participation accrue à la vie politique, d’où la nécessité de mener des actions concrètes pour renforcer la capacité des femmes à assumer des responsabilités et à participer à la prise de décisions et aux organes décisionnaires. Tous les organismes des Nations Unies adhèrent à ce programme d’autonomisation des femmes. L’UNESCO considère pour sa part que ses programmes dans le domaine de l’éducation, y compris son rôle de coordonnateur mondial du mouvement en faveur de l’Éducation pour tous (EPT), occupent une place centrale dans son action à cet égard. C’est d’abord et avant tout par l’éducation que nous pouvons combattre et corriger les inégalités et lutter contre l’ignorance, l’intolérance, la discrimination et les stéréotypes. Dans son action en faveur du renforcement des capacités des femmes, l’UNESCO œuvre en étroite collaboration avec les gouvernements, les acteurs de la société civile, le secteur privé et les médias. À cet effet, la Conférence générale de l’UNESCO a approuvé à sa dernière session, en octobre 2005, la création, sous l’égide de l’UNESCO, du Centre international pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique dans le but de « promouvoir la participation effective des femmes aux décisions communautaires, nationales, régionales et internationales ». L’UNESCO appuie en outre les efforts visant à accroître la participation des femmes aux processus d’édification de la paix et leur rôle dans des situations d’après-conflit par des projets comme ceux qui sont menés dans la région des Grands Lacs, en Iraq et en Palestine. Il existe une relation fondamentale entre le développement et l’autonomisation politique des femmes. Le document final du Sommet mondial de 2005 affirme que « la réalisation effective et intégrale des buts et objectifs énoncés dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, ainsi que l’application effective et intégrale du texte issu de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, sont indispensables à la réalisation des objectifs de développement convenus sur le plan international, y compris ceux de la Déclaration du Millénaire ». À cet égard, parmi les engagements de l’UNESCO figure celui de promouvoir des stratégies et mécanismes de gestion de l’environnement tenant compte des sexospécificités et celui de renforcer la parité entre les sexes dans tous les domaines de programmation de l’UNESCO, en mettant particulièrement l’accent sur le renforcement des capacités et la préparation des femmes aux responsabilités décisionnelles. En tant qu’organisation chef de file de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du développement durable (2005-2014), l’UNESCO promeut l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes, conditions indispensables pour construire un avenir viable. Le rôle de l’éducation dans la lutte contre le VIH/sida concerne le développement et répond aussi à une exigence éthique. L’épidémie, qui touche de plus en plus les femmes, pose un défi redoutable à EDUSIDA, l’Initiative mondiale sur le VIH/sida et l’éducation conduite par l’UNESCO dans le cadre de l'EPT. Les questions de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes sont également au cœur des débats actuels sur la relation entre culture et développement. Nos activités prêtent une particulière attention au renforcement du rôle des femmes dans la modernisation des moyens de transmission, spécialement dans les domaines du patrimoine culturel immatériel et de la production artistique et artisanale. Je suis heureux de noter que l’UNESCO est, au sein du système des Nations Unies, une des premières institutions à avoir répondu à l’appel lancé par les dirigeants du monde lors du Sommet du Millénaire de 2005, dont le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, s’est fait l’écho, à « intégrer une perspective sexospécifique dans toutes ses politiques et ses programmes comme un instrument pour atteindre l’égalité entre les sexes ». L’UNESCO a élaboré et commencé à mettre en œuvre un Programme de renforcement des capacités et de formation pour l’intégration de la perspective sexospécifique, obligatoire pour tous les directeurs et membres du personnel du cadre organique au Siège de l’UNESCO et dans les bureaux hors Siège. Cette année, l’UNESCO organisera à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme une Table ronde sur le thème « Les femmes en politique » qui réunira des femmes occupant des postes de responsabilité au plus haut niveau dans leur pays. Je suis particulièrement heureux que S. E. Mme Ellen Johnson-Sirleaf, présidente du Libéria, ait bien voulu accepter d’en être l’Invitée d’honneur et d’en prononcer l’allocution liminaire. L’élection à la présidence de Mme Johnson-Sirleaf au Libéria et de Mme Michelle Bachelet au Chili donne une impulsion bienvenue à la représentation des femmes dans les organes décisionnaires. De tels événements donnent de nouvelles raisons d’espérer que nous allons progresser vers l’égalité des sexes. Des ministres femmes du monde entier, représentant différents secteurs et domaines de compétence de l’UNESCO, participeront à la Table ronde. À l’occasion de cette Journée internationale de la femme 2006, l’UNESCO réaffirme son engagement d’agir en faveur de l’autonomisation des femmes et de leur participation à la prise des décisions à tous les niveaux. Nous invitons tous nos partenaires à s’associer à cette action afin de bâtir des bases solides pour la pleine égalité des sexes. En conclusion, permettez-moi de saluer chaleureusement en cette occasion particulière toutes nos collègues femmes qui font partie du personnel de l’UNESCO, des commissions nationales et de nos nombreux partenaires dans le monde entier. Je puis vous assurer que l’UNESCO fera tout son possible pour pousser encore plus loin l’intégration de la perspective sexospécifique et promouvoir encore davantage l’autonomisation des femmes de manière à contribuer à la réalisation de l’égalité entre les sexes.