Thème : Les révolutions scientifiques et technologiques, et la société de consommation (CE2 n°14) Connaissances : Connaître l’accélération des progrès scientifiques et techniques dans la vie quotidienne ; la révolution de l’informatique et de la communication. De 1945 à 1975, la société française, comme l’ensemble des pays industrialisés, a connu une période de croissance économique sans précédent, immortalisée par Jean Fourastié sous le terme de « Trente Glorieuses ». Les « Trente Glorieuses » Reprenant le programme du Conseil national de la Résistance à la Libération, le gouvernement dirigé par le général de Gaulle et soutenu par les socialistes, communistes et chrétiens-démocrates du MRP met en place l’Etat providence. La Sécurité sociale protège les salariés contre les risques de la vie, les assurant contre la maladie, le chômage et la vieillesse. Cinq ans plus tard, le salaire minimum est instauré. Cette redistribution sociale, même si les inégalités persistent, protège la société et assure un pouvoir d’achat favorable à la hausse de la consommation. La croissance démographique est une autre base des Trente Glorieuses et renforce la demande. Le baby boom donne 2,2 millions de personnes en plus en 10 ans. Appelée pour suppléer au manque de main-d’œuvre, l’immigration participe également à cet essor. Il faut ajouter le plan Marshall mis en place par les Etats-Unis pour reconstruire l’Europe et limiter l’influence communiste. La France en profite largement, ce qui l’aide à financer son premier plan de modernisation et d’équipement. Répondant aux demandes des Etats et des particuliers, les entreprises connaissent à partir de ce moment une très forte croissance, favorisant plein emploi et hausse du pouvoir d’achat. La demande est stimulée par le développement du crédit et la publicité. La croissance profite de l’essor du commerce mondial. Les transformations de la France Ce faisant, la France se modernise et change profondément. L’agriculture, qui avait gardé des structures souvent archaïques, se mécanise ; les exploitations se concentrent, leur nombre diminue et leur superficie augmente. Le nombre d’agriculteurs baisse, c’est la grande époque de l’exode rural. Parallèlement à l’exode rural, le pays s’urbanise. Un vaste programme de construction est lancé de 1955 à 1975.Les grands ensembles d’immeubles sont construits en banlieue, à la périphérie des villes, et sont perçus comme un progrès de l’hygiène te du confort. La part des ouvriers dans la population active s’accroît pour atteindre 39%. Contremaîtres et ouvriers qualifiés voient leur niveau de vie s’élever et se rapprocher de celui des classes moyennes. Le phénomène le plus marquant est le développement spectaculaire du secteur tertiaire lié à l’augmentation de la part des cadres, techniciens et employés parmi les actifs : de 1946 à 1975, il passe de 34% à 51%. Cela va de pair avec l’essor rapide du travail féminin. L’augmentation du niveau de qualification et la massification de l’enseignement marquent également la période. Ces salariés du tertiaire forment les nouvelles classes moyennes. La société de consommation En une seule génération le pouvoir d’achat du revenu moyen a autant augmenté que dans les 150 années précédant les Trente Glorieuses. Les Français, avec trois décennies de retard sur les Américains, peuvent entrer dans la société de consommation. Les modes de vie se standardisent. La vaste nébuleuse des classes moyennes se retrouve autour de loisirs, d’électroménagers, de voitures, semblables. En 1956, 20% des ménages possèdent une automobile, 45% en 1965 et 54% en 1968. en 1954, 1% des ménages possède un poste de télévision ; ils sont 80% en 1973. Machines à laver et réfrigérateurs ne se trouvent en 1954 que, respectivement, chez 8,4% et 7,5% des ménages ; en 1973, les proportions atteignent 65,7% et 86,8% d’entre eux. Seul 7% ne possèdent aucun des trois ! Les livres de poches, la radio, la télévision, les disques, les magazines véhiculent une culture de masse qui se retrouve aussi dans les modes vestimentaires. La publicité accompagne sans cesse la croissance en créant de nouveaux besoins. Loisirs et tourisme prennent leur essor, profitant de l’allongement progressif des congés payés : en 1956, 2 Français sur 7 partent en vacances et ne s’éloignent en moyenne que de 250 km de leur domicile ; en 1981, ils sont plus de la moitié à partir, dont 7% à l’étranger. Des inégalités Les inégalités persistent cependant durant ces Trente Glorieuses. En 1954, l’abbé Pierre lance son fameux appel. Les ouvriers spécialisés, de plus en plus nombreux du fait de la parcellisation du travail, restent au bas de l’échelle sociale et vivent dans une pauvreté relative. Les tensions sociales restent vives et certains refusent l’aliénation d’une vie tournée entièrement vers la consommation. L’explosion sociale de mai 68 révèle ce malaise.