Pour ce qui est des médicaments, on a recours, seuls ou en association, aux
antalgiques non morphiniques (paracétamol, aspirine et anti-inflammatoires non
stéroïdiens ou "AINS" et aux morphiniques. D'autres produits peuvent être
envisagés dans certaines situations : le mélange protoxyde d'azote/oxygène pour
des gestes douloureux (comme des pansements ou une kinésithérapie), la kétamine
pour les pansements chez les brûlés. Les antiépileptiques (carbamazépine ou
Tégrétol® sont proposés pour soulager la composante fulgurante de certaines
névralgies.
Les AINS ont une action antalgique, anti-inflammatoire et antipyrétique ; le
paracétamol que l'on rattache à cette classe de médicaments a peu d'action anti-
inflammatoire. Les AINS sont responsables d'effets secondaires bien connus :
- digestifs : ulcère, perforation,
- rénaux : possibilité d'une insuffisance rénale aiguë chez un patient hypovolémique,
- allergiques : asthme, diarrhées,
- anti-agrégant plaquettaire pour les salicylés.
Des précautions particulières s'imposent chez l'enfant.
Le paracétamol, dont l'action antalgique peut être moins puissante que celle des
AINS est, lui, responsable de très peu d'effets secondaires si l'on respecte les
posologies et les délais d'administration (500 à 1 000 mg/6 heures chez un adulte).
De toutes les façons, avec les AINS en général, les effets secondaires sont rares si
l'on respecte la posologie, la durée de prescription de deux à cinq jours et les contre-
indications.
Les morphiniques : ils ne sont pas tous identiques. On les classe en fonction de :
- leur puissance : il est classique d'effectuer une différence entre morphiniques ,
" faibles " et morphiniques " forts ". L'utilisation des premiers est habituellement
limitée par l'apparition d'effets secondaires inacceptables lors de l'augmentation des
doses ; ces médicaments sont donc réservés aux douleurs considérées comme
modérées;
- leur action sur les récepteurs morphiniques (il existe un certain nombre de
récepteurs mu, kappa, sigma, delta) ;
- de la relation dose-effet qui permet d'individualiser quatre classes de produits
(figure n° 2) :
agonistes qui se lient aux récepteurs qu'ils activent, entraînant une réponse dose
dépendante (exemple la morphine),
agonistes partiels qui se lient aussi aux récepteurs qu'ils activent mais qui
n'entraînent jamais une réponse maximale malgré l'augmentation des doses (effet
plafond) (exemple la buprénorphine ou Temgésic®),
les antagonistes qui sont des morphiniques n'ont pas d'action propre mais ils sont
capables de lever l'action d'un agoniste en le déplaçant de son récepteur
(exemple la naloxone ou Narcan®) : il s'agit des produits que l'on utilise dans les
surdosages morphiniques,