S. Connac
Timothée. Presque tout le monde a parlé, s'est exprimé.
Le Maître. Ceux qui n'ont pas parlé, est-ce que la discussion les a intéressés ?
Cyril B. Oui, ça m'a intéressé.
Marie. Tout le monde peut dire ce qu'il pense.
Cyril M. Ça incite les enfants timides à parler parce qu'on a du temps, on n'est pas stressé.
2) Le protocole « Je est un autre »
La méthode pensée par Jacques LEVINE et le groupe AGSAS s’appuie sur les avancées de la
psychanalyse. De manière générale, nous pouvons souligner l’idée force qu’ici les enfants sont
beaucoup moins qu’ailleurs guidés par l’adulte. « L’accent est mis en priorité sur une pensée qui se
construit en écho, et qui alimentée autant par le langage interne (les pensées intimes de chacun), que
par le discours explicite.
» Les enfants sont considérés comme « co-penseurs, habitants de la Terre
engagés dans l’aventure humaine. » Les ateliers philosophie permettent ici la découverte de sa propre
pensée, de l’appartenance à une pensée groupale, des étapes conditionnant la formation rigoureuse des
concepts, du débat d’idée impliquant la considération de l’altérité.
Au démarrage de l’atelier, une seule question. La suite est alors scindée en deux parties. La
première de dix minutes, consiste en ce que les enfants échangent entre eux, en ce que l’adulte reste
silencieux et en ce que le tout soit filmé ou enregistré. Pendant le temps suivant, le groupe écoute ou
regarde l’enregistrement, l’adulte l’aidant à en exploiter les ressources de manière à parfaire les
postures philosophiques adoptées par les enfants.
LA MORT - CE2
-Moi, je pense que la mort, c'est, heu, ça fait bizarre, mais je pense qu'on sent rien.
-Moi, je pense qu'on est que de passage sur terre. Quand on est mort, on revient peut-être pas.
-C'est pas qu'on revient peut-être pas, on revient pas!
-Qu'est-ce que t'en sais?
-Comme ça!
-La mort, c'est pas un cadeau, hein! Dans le cimetière mérovingien, on a peut-être vu des morts mais,
quand ils étaient vivants, on ne les a pas vus.
-Ca prouve qu'on est que de passage!
-C'est pas bien de mourir de toutes façons, parceque après, on fait que de penser, puis après, on est peut-
être traumatisé par ça.
-On peur pas être traumatisé parceque, comme tu dis là, parceque on meurt, on ne réagit plus, quoi!
-Oui mais, on peut être traumatisé quand on, y'a quelqu'un de notre famille qu'est mort.
-Ah ça, c'est vrai, par contre!
-Quand quelqu'un de notre famille meurt, hé ben notre grand-père, et puis notre père après, quand il sera
vieux, ça sera son tour, par exemple. Chacun son tour.
-C'est pas gai, ce que vous dites!
-C'est sûr que la mort, c'est pas gai.
-Je pense que, quand on est à la guerre, ben on vit pas longtemps, quoi.
-C'est comme Ruibet, Gatineau, ils se sont sacrifiés pour les autres, hein; ils ont fait sauter la moitié de
la grotte pour les autres, hein!
-De toutes façons, c'est normal de mourir de vieillesse.
-Hé ben, de toutes façons, on peut mourir de vieillesse, de maladie et puis même à la guerre on peut
mourir. -Et aussi d'accident.
-Et quand on est mort, on peut pas revivre.
-Qu'est-ce que t'en sais, t'as été voir?
-Mais on peut pas voir comme ça si il va revivre ou si il va pas revivre!
-Non, mais on peut voir si on a déjà "vi" parceque si on fait quelque chose qu'on a déjà fait?
-Mais, dans la mort, tu fais rien, Vincent!
-J'ai pas dit ça!
Des informations précises sur ce protocole se trouvent sur le site www.marelle.org/users/philo
« Je est un autre » - Hors série No 1 février 2001 – Atelier philosophie AGSAS – p 2