Projet de lignes directrices de Kyiv
[CDLR(2011)44]
11. Les taxes foncières et d’habitation ont fait preuve d’une stabilité remarquable.
Cela s’explique par le fait que, dans la plupart des pays européens, le montant de ces
taxes ne varie pas en fonction de la valeur du bien, soumise à des variations annuelles.
En outre, les collectivités ont exercé leur pouvoir d’augmenter les taux, ou ont amélioré
l’administration de ces taxes, pour compenser les diminutions enregistrées dans d’autres
secteurs. Il est important d’ouvrir de telles possibilités aux collectivités locales lorsque ce
n’est pas déjà le cas.
12. Le fait de fonder la taxe foncière sur la valeur réelle des biens sur le marché n’est
pas une pratique usuelle en Europe (hormis en Suède, notamment). Lors de la récente
crise, les inconvénients d’un tel principe sont clairement apparus dans les pays
concernés, comme les Etats-Unis. La taxe foncière devrait être calculée sur la base de
valeurs officielles, et devrait être révisée de temps à autre en tenant compte de
l’évolution du marché à long terme plutôt que des fluctuations de courte durée.
13. Il est nécessaire de procéder régulièrement à des modifications de la taxe
foncière, en dehors des réévaluations périodiques, pour tenir compte de l’augmentation
des dépenses communales qu’elle sert à financer, mais ces modifications ne devraient
pas subir l’influence des fluctuations parfois considérables des marchés immobiliers ; en
effet, de telles fluctuations pourraient porter préjudice aux budgets municipaux en cas de
chute, et aux budgets des contribuables en cas de flambée des prix. Une solution
consiste à indexer la taxe sur l’indice des prix à la consommation ; une autre, à
augmenter régulièrement les taux fixés par les collectivités locales. En Grande-Bretagne
et en Pologne, par exemple, les municipalités ont procédé à une augmentation annuelle
de la taxe foncière, à un niveau légèrement supérieur au taux d’inflation, ce qui a permis
d’assurer une augmentation importante des recettes au fil du temps sans rencontrer
d’opposition politique majeure.
Fixation discrétionnaire des taux des redevances et impôts locaux
14. Globalement, et hormis certaines exceptions, les politiques adoptées en réaction à
la crise ont réduit la marge de manœuvre des collectivités locales dans la fixation du
niveau des impôts locaux, affaiblissant ainsi le respect de la Charte européenne de
l’autonomie locale.
15. Il faut toutefois reconnaître que les municipalités doivent généralement davantage
rendre compte aux habitants, en tant que contribuables, qu'aux entreprises. Limiter les
compétences fiscales des municipalités peut être un moyen justifié de prévenir toute
discrimination à l’encontre des entités n’exerçant pas de droit de vote. Le plafonnement
du taux des impôts locaux sur le revenu des personnes peut également être justifié dans
les cas où les incidences sur le marché du travail sont avérées.
16. Certains pays continuent de plafonner le taux des impôts locaux ou d’appliquer
des surtaxes, sur l’impôt sur le revenu par exemple. Un tel dispositif va à l’encontre du
but recherché, notamment lorsque le plafond est atteint dans toutes ou presque toutes
les collectivités territoriales. Dès lors, le contribuable se sait à l’abri d’une éventuelle
augmentation et perd toute motivation vis-à-vis des politiques locales de maîtrise des
dépenses. Le plafonnement des taux d’imposition est contraire au principe de
responsabilité. Il induit un aléa moral en privant les collectivités locales des moyens de
responsabiliser les habitants, obligeant ainsi les gouvernements centraux à combler les
déficits des budgets locaux.