
Cadre de santé depuis un peu plus d’un an , j’ai pris mes fonctions en psychiatrie adulte
dans une unité dite de réhabilitation psychosociale mais en fait prenant en charge des
patients atteints de pathologies chroniques.
Consciente de l’importance que peut revêtir la psychothérapie institutionnelle dans le bon
fonctionnement d’un service, j’ai tenu dans un premier temps à recevoir chacun des
membres du personnel en entretien pour entendre leurs attentes, leurs désirs, leurs
projets au sein du service, mais aussi les critiques éventuelles sur le fonctionnement du
service. Dans un deuxième temps, il m’est paru tout aussi important de rencontrer un à un
les patients parfois hospitalisés depuis plus de vingt ans dans le service afin de faire
connaissance et d’entendre ce qu’ils avaient à me dire.
Il me paraît essentiel de trouver sa place et de définir des objectifs de travail en tant que
cadre soignant dans un service de psychiatrie au sein d’un hôpital général. En effet,
aujourd’hui le poids de l’administration, le système hospitalier imposent au cadre de
nombreuses fonctions administratives (ainsi qu’aux infirmiers) de gestion de temps de
travail, gestion de stocks, tableau de bord…. En effet, la lourdeur des charges
administratives et la volonté de la hiérarchie hospitalière font que le cadre de santé est
bien souvent réduit à un travail de gestionnaire et nié dans sa fonction de cadre soignant.
Un autre écueil me paraît être la position d’un service de psychiatrie dans un hôpital
général, service qui doit être et rester un lieu de rencontres et de désirs mais où le poids
de l’administration et la technocratie essaient de formater le fonctionnement des services
de psychiatrie comme des services de médecines ou de chirurgie. Des directives
d’application de protocoles, de transmissions ciblées, de règles d’homogénéisation, de
polyvalence des infirmiers (comme s’ils étaient des personnes interchangeables donc
niant la question du transfert) annulent le moindre espace d’autonomie et de créativité
donc de désirs pour cré des lieux mortifères.
La nouvelle gouvernance, l’hôpital entreprise où tout doit être organisé, contrôlé, maîtrisé,
contribuent à rétrécir, étouffer cet espace de liberté.
En concertation avec l’équipe soignante, l’idée est venue de mettre en place des réunions
soignants-soignés supervisées par un psychologue. Ces réunions ont pour but d’entendre
la parole du patient, d’évoquer leur quotidien. Ceci permet de donner une place de sujet
au patient, place souvent oubliée au sein d’une institution toute puissante (service fermé,
des journées répétitives, sans responsabilité, absence de clubs thérapeutiques…).