Anglicismes http://www.oqlf.gouv.qc.ca/ OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE Un anglicisme est un emprunt linguistique à l’anglais. On parle d’emprunt linguistique lorsque les utilisateurs d’une langue adoptent un mot ou un trait linguistique d’une autre langue, par exemple un sens, une forme, une prononciation ou une structure syntaxique. L’emprunt, comme la création lexicale, est un procédé d’enrichissement linguistique : il permet aux langues de maintenir leur vitalité, de se renouveler et d’évoluer. Le phénomène de l’emprunt n’est donc pas mauvais en soi, et il est même normal. Toutefois, ce procédé ne doit pas entraver la créativité lexicale ni favoriser des mots étrangers au détriment des ressources déjà disponibles dans la langue emprunteuse. Au Québec, l’emprunt s’inscrit dans un contexte sociohistorique et dans une dynamique sociolinguistique particulière où l’anglais est très présent. L’Office québécois de la langue française, en vertu de la mission de francisation qui lui est dévolue par la Charte de la langue française, tente de promouvoir le développement et l’enrichissement du français; il ne saurait par conséquent considérer tous les emprunts à l’anglais comme autant de formes d’enrichissement linguistique. C’est pourquoi la BDL propose des solutions de rechange aux anglicismes susceptibles de poser problème aux usagers de la langue française. Les liens Internet sont en bleu. Anglicismes intégraux [48 articles] Dans le cas d’un anglicisme intégral, on emprunte intégralement le mot ou le groupe de mots, c’est-à-dire autant la forme que le sens, et ce, sans adaptation ou presque au système de la langue française. Par exemple, background, cool, full, hot, junk food, leadership, piercing, rafting, timing, week-end et work in progress sont des anglicismes intégraux. Ils ont été empruntés sans être adaptés au système du français, c’est-à-dire sans que la graphie anglaise ni, dans certains cas, la prononciation n’aient été modifiées pour en faciliter l’emploi en français. Certains de ces emprunts sont tronqués, par exemple pull (de pull-over) et snow (de snowboard). Ce type d’emprunt, sans adaptation, représente le stade le plus statique de l’intégration de l’emprunt au système du français. Dans d’autres cas, l’emprunt intégral fait l’objet d’une adaptation minimale d’ordre phonétique ou graphique pour faciliter la prononciation. Par exemple, le mot CD-ROM peut s’écrire cédérom en français, ce qui en simplifie la prononciation. De même, le nom diésel, auquel on a ajouté un accent aigu, est une adaptation graphique qui vise une plus grande conformité à la prononciation de l’emprunt. Pour en savoir davantage sur les anglicismes intégraux, vous pouvez consulter les différents articles placés sous le thème Anglicismes intégraux, dans lesquels sont proposés des équivalents français à chacun des emprunts qui figurent en titre. Anglicismes hybrides [11 articles] Qu'est-ce qu'un anglicisme hybride? Dans le cas de l’anglicisme hybride, on construit une forme nouvelle en empruntant à l’anglais un mot, forme et sens, auquel on ajoute un élément français. Soit que l’on ajoute un suffixe français au mot anglais ou que l’on remplace un suffixe anglais par un suffixe français : par exemple, le suffixe -er dans customiser (de to customise), le suffixe -é dans speedé (de speed), le suffixe français -age dans revampage (de revamping); soit que l’on emprunte un seul des éléments d’un mot composé : par exemple adresse e-mail (de e-mail address), employé à la place de adresse courriel. L’anglicisme hybride est donc une forme mixte qui combine un élément emprunté à l’anglais et un élément français. Pour en savoir davantage sur les anglicismes hybrides, vous pouvez consulter les différents articles placés sous le thème Anglicismes hybrides, dans lesquels sont proposés des équivalents français à chacun des emprunts qui figurent en titre. Anglicismes sémantiques [132 articles] Dans le cas d’un anglicisme sémantique, on donne un sens anglais à une forme déjà existante en français. Par exemple, la forme adresser existe en français, ce verbe signifie notamment « émettre des paroles vers quelqu’un »; on peut par exemple adresser une question, une remarque, un compliment à quelqu’un. Mais adresser est un anglicisme sémantique lorsqu’il est employé avec le sens de « s’occuper de, traiter » qu’a le verbe anglais to address. Ainsi, adresser la parole à quelqu’un est correct en français, mais pas adresser un problème, employé au lieu de s’occuper d’un problème. Les exemples d’emprunts sémantiques sont nombreux. Citons notamment l’adjectif domestique au sens d’« intérieur », comme lorsqu’il est question de commerce domestique au lieu de commerce intérieur; le verbe disposer au sens de « jeter », le nom programme au sens d’« émission », l’adjectif versatile au sens de « polyvalent ». Ces emprunts concurrencent un terme préexistant et introduisent une synonymie non souhaitable. Dans d’autres cas, un mot français acquiert un sens nouveau, mais cet emprunt sémantique à l’anglais ne double pas un mot qui existait déjà. Par exemple, le mot vert a acquis de l’anglais le sens de « surface gazonnée entourant un trou de golf »; le nom site a pris un nouveau sens en informatique, sous l’influence de l’anglais site; le nom inflation, qui signifiait à l’origine « gonflement », a acquis un nouveau sens en finance. Ces sens empruntés à l’anglais se sont ajoutés aux sens qu’avaient déjà ces mots français, sans pour autant créer de confusion sémantique. Ces emprunts sémantiques ont comblé des lacunes lexicales, enrichissant de ce fait la langue française. Pour en savoir davantage sur les anglicismes sémantiques, vous pouvez consulter les différents articles placés sous le thème Anglicismes sémantiques, dans lesquels sont proposés des équivalents français à chacun des emprunts qui figurent en titre. Anglicismes syntaxiques [26 articles] Dans le cas d’un anglicisme syntaxique, on reproduit en français les éléments d’une structure syntaxique anglaise. L’emprunt syntaxique peut porter sur l’emploi d’une préposition ou d’une conjonction différente de celle qu’on attendrait normalement en français. Par exemple, l’emploi de la préposition sur dans l’énoncé être sur l’avion, siéger sur un comité est influencé par la syntaxe anglaise to be on the plane, on a committee; en français, on dirait plutôt être dans l’avion, siéger à un comité. De même l’emploi de la conjonction que dans les tournures être confiant que (to be confident that), insister que (to insist that), est calqué sur l’anglais. Le fait de calquer l’ordre des mots sur celui de l’anglais est également un type d’anglicisme syntaxique. Par exemple, un court trois semaines, au lieu de trois courtes semaines, est une structure anglaise, tout comme le deuxième meilleur joueur, au lieu de le deuxième joueur, est calqué sur the second best player. Il en est de même de l’emploi indû de la forme passive; par exemple être répondu, calqué sur to be answered, n’est pas français. En somme, l’anglicisme syntaxique touche l’agencement des mots dans leur emploi, c’est-à-dire la construction des énoncés en discours. Pour en savoir davantage sur les anglicismes syntaxiques, vous pouvez consulter les différents articles placés sous le thème Anglicismes syntaxiques, dans lesquels sont proposés des équivalents français à chacun des emprunts qui figurent en titre. Anglicismes morphologiques [37 articles] Dans le cas d’un anglicisme morphologique, on traduit littéralement la forme étrangère, qu’il s’agisse d’un mot simple ou d’un mot composé, pour créer un équivalent français. Le modèle morphologique étranger, y compris l’ordre des éléments s’il s’agit d’un mot composé, est transposé dans la langue emprunteuse. Par exemple, les mots bénéfices marginaux (fringe benefits, dont l’équivalent correct français est avantages sociaux), billet de saison (season ticket, en français abonnement ou carte d’abonnement) et appel longue distance (long distance call, en français appel interurbain) sont des anglicismes morphologiques. Chacun des éléments du calque morphologique est français, mais le nouvel ensemble qu’ils forment reproduit plus ou moins l’image véhiculée en anglais. Notons toutefois qu’un calque morphologique peut être tout à fait conforme au français quant à sa structure et à son sens; il semble alors avoir été créé directement en français. C’est le cas, par exemple, de brocofleur (qui vient de l’anglais brocoflower), dépôt direct (direct deposit), fin de semaine (week end) et nord-américain (North American). Pour en savoir davantage sur les anglicismes morphologiques, vous pouvez consulter les différents articles placés sous le thème Anglicismes morphologiques, dans lesquels sont proposés des équivalents français à chacun des emprunts qui figurent en titre. Anglicismes phraséologiques [37 articles] Dans le cas d’un anglicisme phraséologique, on emprunte une locution ou une image propres à l’anglais. La phraséologie touche des ensembles de mots figés : locutions, expressions, collocations. Chaque langue a ses propres expressions imagées, ses locutions idiomatiques, sa façon de découper la réalité selon une vision du monde particulière. Ainsi, par exemple, alors qu’en français on dit d’une personne qui a rapidement quitté un lieu qu’elle a filé à l’anglaise, l’expression équivalente en anglais est plutôt to take the French leave... Et s’il est parfaitement idiomatique en anglais de dire in a nutshell, par exemple pour résumer une affaire, on ne dirait pas en français dans une coquille de noix mais plutôt en un mot, en résumé ou encore bref,… Pas plus qu’on ne dirait spontanément, en français, à la fin de la journée s’il n’est pas effectivement question de la fin d’une journée, alors qu’en anglais on dit au figuré at the end of the day, ce qui se dirait en français en somme, finalement, en fin de compte. De même, certains enchaînements habituels (collocations) sont empruntés à l’anglais. Par exemple, faire du sens est calqué sur to make sense; on dit plutôt en français avoir du sens, être sensé, être logique, etc. De même, l’enchaînement demander une question reproduit la formulation anglaise to ask a question; en français, on pose une question, on formule une question ou on adresse une question à quelqu’un. Pour en savoir davantage sur les anglicismes phraséologiques, vous pouvez consulter les différents articles placés sous le thème Anglicismes phraséologiques, dans lesquels sont proposés des équivalents français à chacun des emprunts qui figurent en titre.