Jugées discriminatoires, les différences peuvent générer un conflit pour le faire cesser ; revendiquées comme composantes d’une identité,
elles peuvent donner lieu à un conflit pour obtenir la reconnaissance de droits liées à ces différences.
Les minorités actives œuvrent pour la reconnaissance d’un droit à la différence ou d’un droit à la reconnaissance ou plus généralement pour
un déplacement des frontières normatives considérées comme arbitraires.
B) La structuration par opposition à une situation dominante qu’ils jugent comme leur étant préjudiciable
Ces mobilisations collectives s’opposent au pouvoir, qu’il soit politique (Etat), économique (patronat) ou autre (religion) dont elles
contestent certains choix. Les NMS contestent tout ou partie de la culture dominante et s’inscrivent dans une logique de lutte contre l’ordre
établi, contre les institutions existantes, contre le pouvoir en place et la politique qu'il mène principe d'opposition d'Alain TOURAINE.
Cependant, de mouvements sociaux « contre », on passe à des mouvements « pour » : pour la reconnaissance des nouveaux droits, pour
l'autonomie, pour l'intégration, pour la diversité culturelle.
C) La tentative d'élaboration d'un projet social et politique alternatif
Dans certains cas, la contestation débouche sur des projets alternatifs plus ou moins construits principe de totalité (TOURAINE).
3) La nature des NMS selon Erik NEVEU
On peut identifier quatre dimensions d'une rupture avec les mouvements anciens (symbolisés par le mouvement ouvrier) :
Les formes d'organisation et les répertoires d'action :
les NMS se méfient des structures centralisatrices et des formes organisées de protestation (parti, syndicats) et ils ont mis en
place un nouveau répertoire l'action.
Les valeurs et les revendications :
les mouvements anciens se référaient à la production, ils portaient essentiellement sur la distribution des richesses (partage de la
VA dilemme salaire/profit). Les revendications sont devenues plus qualitatives, les NMS mettent plutôt l'accent sur des
changements culturels, sur un déplacement des frontières normatives, ou sur la résistance au contrôle social.
Le rapport aux politiques :
Dans les mouvements sociaux de la période 1930 - 1960, la conquête du pouvoir constitue un enjeu central. Avec les NMS, il s'agit
désormais moins de s'emparer de l'État que de construire contre lui des espaces d'autonomie (montée de l'individualisme).
L'identité de leurs acteurs :
Les conflits sociaux de la société industrielle étaient des conflits de classes. Or, aujourd'hui, appartenir aux « amis de la Terre » se
définir comme homosexuels, tout ceci renvoie à d'autres principes identitaires.
4) Les interprétations théoriques
A) Les NMS sont le reflet des transformations de la société et de ses valeurs (INGLEHART)
Ces mouvements renvoient à des évolutions socio-économiques qui ont rendu possible l'émergence de valeurs post-matérialistes tournées
vers la satisfaction de besoins non matériels. Ces nouveaux conflits concernent moins la production et l'économie, ils portent sur des
valeurs. Il s'agit de défendre des appartenances, des identités. Ils se situent dans le champ de la culture (TOURAINE qualifie les NMS de
mouvements culturels). Les revendications se sont déplacées du travail vers le quotidien, et du quantitatif vers le qualitatif : elles portent
sur le bien-être, le cadre de vie, l'autonomie des individus, etc. Ces mouvements s'opposent à la bureaucratisation de la société et se
différencient des mouvements antérieurs, attaché au progrès matériel.
En effet, durant les 30 glorieuses, le fordisme a permis une nette amélioration du niveau de vie des salariés. Conformément à la pyramide
des besoins de MASLOW, les besoins humains sont hiérarchisés et les salariés abandonnent leurs revendications matérielles au fur et à
mesure de leur satisfaction progressive, au profit d'exigences post-matérialistes c'est-à-dire davantage culturelles.
B) Alain TOURAINE et l'historicité
Pour TOURAINE, le contrôle de l'historicité est l'enjeu central de la lutte que mènent les NMS. Elle désigne l'action qu'une société exerce sur
ses pratiques sociales. Les classes dominantes imposent leur modèle culturel et définissent donc les orientations culturelles de la société.
Les luttes découlent de la volonté de participer à la prise de décision. Les NMS constitue une tentative de la classe dirigée d'échapper au
contrôle de la classe dominante qui impulse les grandes orientations politiques et économiques en fonction de choix qui servent en réalité
les intérêts de la classe dominante. Les classes dominées qui regroupent tous ceux dont les conditions de travail et les modes de vie sont
modelés par les choix de la classe dominante contestent la validité des décisions de cette dernière. Il s'agit de lutter contre les appareils et
les décisions programmées. Aujourd'hui, le pouvoir est détenu par une technocratie d'État, et il a engendré la naissance de nouveaux
acteurs sociaux qui cherchent à orienter l'évolution de la société.
C) DAHRENDORF et le contrôle de l'autorité
Pour DAHRENDORF, le critère de la propriété des moyens de production a perdu de sa pertinence dans des sociétés où le pouvoir de
direction des grandes entreprises se trouve délégué aux cadres salariés, ce que GALBRAITH appelle « la technostructure ». Il propose de
reconstruire une théorie des conflits de classes, à partir de l'autorité définie comme le pouvoir légitime de donner des ordres à autrui. La
répartition de l'autorité dans chaque organisation partage les individus en deux groupes : ceux qui dirigent/ceux qui obéissent. D'où des
intérêts antagonistes opposant les détenteurs de l'autorité, attachée au maintien du statu quo, à ceux qui en sont dépourvus, et de ce fait
attachés au changement. Cette interprétation peut expliquer pourquoi on peut trouver beaucoup d'individus issus des classes moyennes
dans les associations.