Question 1 (-20 pts) Les quatre phrases suivantes comportent chacune deux notions. Une de ces phrases contient deux notions incompatibles. Laquelle? A. Le holisme et l'individualisme méthodologique B. La rationalité et le comportement au hasard ou impulsif C. La rationalité et l'altruisme D. L'amoralisme de l'approche économique et la non neutralité éthique de l'économie de marché Réponse A. Le holisme et l'individualisme méthodologique B. La rationalité et le comportement au hasard ou impulsif C. La rationalité et l'altruisme D. L'amoralisme de l'approche économique et la non neutralité éthique de l'économie de marché Question 2 (-10 points) Lisez attentivement l’extrait du texte suivant: « L'objet de l'activité économique est de fournir les biens et les services pour la communauté et de permettre à chaque membre de la société de vivre en sécurité et à l'abri du besoin. Son objet n'est pas d'offrir l'opportunité à une minorité de s'enrichir sur le dos d'un grand nombre de personnes. Les hommes qui s'engagent dans des affaires en ayant pour objectif de gagner le plus d'argent possible ne sont pas meilleurs que des pirates ou des voleurs [...] Chaque bien a son « juste prix » qui est l'équivalent de ses coûts de production. Aucun marchand n'a le droit de vendre un article plus cher que ce prix augmenté légèrement de l'équivalent du service qu'il a rendu en mettant ce bien à la disposition de la communauté. Tirer profit de l'avantage de la rareté en augmentant les prix ou en spéculant équivaut à commettre un délit [...] Aucune personne humaine n'a le droit de posséder une part des biens de ce monde sauf celle qui est nécessaire pour répondre à ses besoins raisonnables. Tout ce qu'elle possède en plus de cette part est illégitime pour elle et revient à la société. [...] Si un riche refuse de partager sa richesse avec un pauvre, il est alors tout à fait justifié de lui prendre le surplus. [...] Aucun homme n'a le droit à des bénéfices financiers sauf s'il s'engage dans un travail utile ou prend un risque actuel dans une affaire économique. Recevoir des intérêts sur des prêts en absence de risque réels sur ces derniers constitue un délit d'usure ». E. M. Burns, 1958, Western Civilization, their History and Culture, 5ème éd., W. W. Norton, New York : Commentez cette définition de la science économique. Réponse La définition de l'économie qui est présentée dans ce texte ne correspond pas à une définition en termes de domaine ou en termes de méthode. Cette définition date du 13ième siècle et a été proposée par les hommes d'église. L'incompréhension des phénomènes de marché n'est pas nouvelle. Vous remarquerez aussi l'actualité d'une telle définition. Constamment dans les journaux vous retrouvez ces mêmes thèmes surtout à propos de la mondialisation. Ce que vous devez retenir de cette définition, ce n'est pas cette incompréhension des mécanismes de marché mais le fait qu'il ne s'agit pas d'une définition de l'économie en termes de champ ou de méthode. Cette définition de l'économie est une définition en termes normatifs, en termes de jugement de valeur. Les définitions présentées dans le cours s'opposent à celle-ci parce qu'elles sont positives. Elles ne portent pas de jugement de valeur sur ce que devrait être l'objet de l'économie. C'est une opposition entre normatif (ce qui devrait être) et positif (ce qui est). En d'autres termes, l'auteur confond la science économique et l'éthique. Il ne répond pas à la question de savoir ce qui est vrai ou faux dans les théories traitant de la société, mais de ce qui est bon ou mauvais (juste ou injuste, bien ou mal). Analysons un peu le texte pour illustrer notre propos. « L'objet de l'activité économique est de fournir les biens et les services pour la communauté [...]. » Nous remarquons qu'ici le « est » signifie en fait « devrait être ». C'est la raison pour laquelle ce texte doit immédiatement vous faire pensez à une approche normative. « Les hommes qui s'engagent dans des affaires en ayant pour objectif de gagner le plus d'argent possible ne sont pas meilleurs que des pirates ou des voleurs [...]. » Ici, comme dans la phrase précédente, intervient un jugement de valeur. « Chaque bien a son « juste prix » qui est l'équivalent de ses coûts de production. » Cette phrase est extrêmement perverse. En effet, elle comporte un raisonnement circulaire. En d'autres termes, la définition des «prix justes » comporte une récurrence sur elle-même. Un bien est toujours produit à partir de facteurs de production antérieurs. Les coûts de production d'un bien sont donc égaux à la valeur totale des biens qu'il faut pour le produire. La phrase signifie donc en fait « Le « juste prix » d'un bien est l'équivalent de la valeur totale des biens qu'il faut pour le produire. » Mais quelle est alors la valeur totale des biens qu'il faut pour le produire? Cette valeur dépend des « justes prix » des facteurs de production, qui dépendent des « justes prix » de leurs facteurs de production, qui dépendent eux-mêmes des « juste prix » des facteurs de production.. « Aucune personne humaine N’a le droit de posséder une part des biens de ce monde sauf celle qui est nécessaire pour répondre à ses besoins raisonnables. » Qui définit les « besoins raisonnables »? « Tout ce qu'elle possède en plus de cette part est illégitime pour elle et revient à la société. » Qui est la société? La société est toujours composée d'hommes. Quels sont donc les hommes à qui va revenir « la part en plus »? Nous devons poser ce type de questions tout au long du texte. Lorsque quelqu'un vous dit que quelque chose est « bon » ou « bien », ayez le réflexe immédiat et permanent de dire « Bon? Mais pour qui? ». Question 3 (-10 pts) Voici une liste d'expressions: supérieur coût marginal égal renonce bénéfices gain marginal volontaire mutuellement bénéfique parfaitement substituables le sacrifice A l'aide de ces expressions, complétez les phrases suivantes: 1. C'est la valeur de ce à quoi on ________ comparée aux ________ attendus de l'action que l'on veut entreprendre qui décidera si celle-ci doit être entreprise. 2. Le coût d'opportunité d'une action se mesure toujours par le ________ maximum que l'on fait pour la réaliser. 3. Nous pouvons dire qu'à l'extrême, des objets ________ sont fongibles. 4. Lorsque le coût marginal devient juste ________ ou ________ au gain marginal, il est inutile de poursuivre cette action. 5. La règle de l'égalisation du ________ au ________ est un principe fondamental de la théorie d'optimisation. 6. Le vol, le don et l'échange ont tous une caractéristique commune: le transfert; mais l'échange se distingue des deux autres car le transfert y est ________ et ________. Réponse 7. C'est la valeur de ce à quoi on _ renonce _______ comparée aux __ bénéfices ______ attendus de l'action que l'on veut entreprendre qui décidera si celle-ci doit être entreprise. 8. Le coût d'opportunité d'une action se mesure toujours par le ___ le sacrifice _____ maximum que l'on fait pour la réaliser. 9. Nous pouvons dire qu'à l'extrême, des objets ___ parfaitement substituables _____ sont fongibles. Lorsque le coût marginal devient juste __égal______ ou __ supérieur ______ au gain marginal, il est inutile de poursuivre cette action. 10. La règle de l'égalisation du __ coût marginal ______ au ___ gain marginal _____ est un principe fondamental de la théorie d'optimisation. 11. Le vol, le don et l'échange ont tous une caractéristique commune: le transfert; mais l'échange se distingue des deux autres car le transfert y est __ volontaire ______ et ___ mutuellement bénéfique _____. Question 4 (-10 pts) Réponse A. Trouvez les antonymes individualisme marché Ordre spontané altruisme rationnel holisme Autarcie au sens de l’échange volontaire* Ordre planifié Egoïsme et/ou envie irrationnel * au sens des droits de propriété, le socialisme ou le communisme est alors l’antonyme. B. Le mot pénurie est-il différent du mot rareté ? La pénurie est un « manque de ce que l’on juge nécessaire » et vient du latin « penuria » (Larousse). Il s’agit donc d’un jugement de valeur porté par celui qui l’exprime. Très souvent la pénurie est une rareté organisée artificiellement par une interférence dans le système de prix (voir l’exemple des transplantations d’organes) ou par une interdiction d’entrée sur le marché (monopole étatique). La rareté est plutôt un concept neutre. Question 5 ( 20 pts) Voici trois définitions de l'économie par trois auteurs différents. Indiquez qui a écrit quoi. Réponse « L’économie est plus proche de la science des contrats que de la science des choix. Le principe de maximisation doit être remplacé par celui de l’arbitre qui s’efforce de résoudre des conflits entre individus (.... ) avec pour principe unificateur les gains de l’échange » Nom de l'auteur : ----James Buchanan------; date --------1975---------« L'économie est l'allocation des ressources entre des fins et des moyens qui ont des usages mutuellement exclusifs » Nom de l'auteur : -----Lionel Robins----------; date ------1932----------« L'économie politique, considérée comme une branche des connaissances du législateur et de l'homme d'Etat, se propose deux objets distincts: le premier, de procurer au peuple un revenu ou une subsistance abondante; le second objet est de fournir à l'Etat ou à la communauté un revenu suffisant pour le service public: elle se propose d'enrichir à la fois le peuple et le souverain ». Nom de l'auteur : -------Adam Smith------------; date ---1776-------------Question 6 (20 points) Le coût d'opportunité de construire une Maison de Retraite se compose : A. des intérêts que l’on aurait pu percevoir en plaçant sur le marché des titres les sommes engagées pour la construction. B. du supplément d'impôt qu'il faudra payer pour financer cet établissement et ses coûts de fonctionnement. C. de la valeur maximum de l'ensemble des biens et services dont il faudra se priver pour construire et faire fonctionner cet établissement. D. du bonheur dont sont privés tous ceux qui voulaient utiliser l'emplacement de cette Maison de Retraite pour en faire une Maison de la Jeunesse. E. aucune des réponses. F. toutes les réponses. Question 7 (20 points) Dans la discussion à propos du réalisme de l’hypothèse de rationalité nous avons relevé 7 façons différentes de réagir au rejet de cette hypothèse 1) rejet de l’hypothèse d'un comportement rationnel pour une autre ne faisant pas appel à la rationalité individuelle, 2) modification de l’hypothèse de rationalité individuelle pour une autre plus conforme à la réalité telle quelle est perçue par le sens commun, 3) contestation de l’argument selon lequel une théorie devrait être testée par le réalisme de ses hypothèses et la tester par ses conclusions, 4) faire l’hypothèse contraire, postuler l'irrationalité, et vérifier si les prédictions que l’on en tire sont fausses, 5) contester les faits observés (ceux-ci contredisent-ils vraiment l’hypothèse de rationalité ?), 6) savoir si le comportement rationnel est une hypothèse et non pas une conclusion, 7) enfin, contester le principe de réfutabilité comme critère ultime de vérité d'un argument. Voici le nom de plusieurs auteurs, indiquez par une croix, dans le tableau suivant, quelle piste ils ont suivi dans ce débat : Réponse Reproduisez ce tableau sur votre copie. Piste de 1 2 3 recherche Lionel Robbins Gary Becker Milton Friedman Friedrich von Hayek Israël Kirzner Ludwig von Mises 4 5 6 7 X X X X X X Question 8 ( 20 pts) Dans les paroles de consolation que vous dites à votre copain qui vient vous raconter ses déboires sentimentaux: « une femme de perdue, dix de retrouvées», vous présupposez que les femmes sont fongibles. Réponse On ne consomme pas les femmes mais les services qu’elles rendent. Or les services qu’elles rendent peuvent être comparés aux services que rendent d’autres femmes. Les femmes sont donc substituables (ou à l’extrême fongible) entre elles en fonction des services que l’on attend d’elles. Mais elles sont aussi substituables avec des objets. Une lavandière est substituable à d’autres lavandières mais aussi avec une machine à laver le linge. Question 9 ( 20 pts) Commentez la phrase du Prix Nobel J. Stiglitz. "Les économies de marché ne sont pas capables de s'autoréguler. Elles sont soumises à des chocs qui échappent à leur contrôle. Il leur arrive de perdre la tête et de paniquer, de passer de l'exubérance au pessimisme irrationnel, de virer à l'escroquerie, de prendre des risques tels qu'ils relèvent presque du pari, et les coûts des erreurs et des méfaits sont très souvent supportés par l'ensemble de la société." Dans Quand le Capitalisme perd la tête Fayard 2003 phrase tirée du Monde du 1er octobre 2003 dans son article sur le livre de J. Stiglitz. Réponse Il est possible que certains capitalistes perdent la tête, mais une économie de marché n'a pas de conscience individuelle et ne peut donc perdre la tête. Stiglitz commet une faute de raisonnement en prêtant à un non existant " une économie de marché" un comportement propre à des humains, ce que l’on appelle un organicisme. Ce sont les être humains qui échangent et qui constituent par leurs actions une économie de marché qui peuvent avoir de tels comportements pris individuellement mais pas le groupe lui même qui n'agit pas en tant que tel. Stiglitz fait un sophisme classique de généralisation hâtive en inférant du comportement de quelques capitalistes que le groupe entier se comporte de la même manière que ces personnages exubérants et irrationnels. Or, c'est cela qu'il faut démontrer. D'ailleurs, à la fin de sa phrase, notre Prix Nobel contredit son propre argument puisqu'il affirme que le coût des erreurs et des méfaits (sans doute de quelques capitalistes) sont très souvent supportés par les autres membres de la société. La question est donc comment se fait-il que les autres membres de la société puissent supporter le coût des erreurs ou des méfaits commis par d'autres ? Habituellement cela relève du droit de la responsabilité civile. Question 10 ( 20 pts) Un bandit de grand chemin déclare à sa victime : " la bourse ou la vie ". La victime peut toujours choisir de ne pas payer. En un sens, cette transaction est volontaire et mutuellement bénéfique, puisque l’un s’enrichit et l’autre préserve sa vie. Le chantage, la prise d’otages et l’extorsion de fonds ne peuvent donc être distingués de l’échange volontaire. Vrai, faux ou incertain. Réponse Nombre d’économistes ont encore des difficultés avec l’analyse de telles situations. Or, celle-ci repose sur la notion de droit de propriété. Le marché que propose le bandit consiste à vendre en retour à son propriétaire, quelque chose qu’il lui a volé : sa vie ! La transaction, soit disant volontaire, repose en fait sur un vol. On ne peut échanger que ce dont on est légitimement» propriétaire c’est-à-dire lorsque les droits de propriété sont définis. Ce point est crucial. Question 11 ( 20 pts) Sous l'angle économique lequel de ces comportements est irrationnel : A Choisir au hasard` B Laisser quelqu'un choisir à sa place C Modifier la proportion dans laquelle on consomme les biens lorsque leur prix relatif change D Ne pas être transitif dans ses choix E Ne pas comparer les alternatives F Toutes les réponses ci-dessus G Aucune des réponses ci-dessus Réponse : G L’individu est rationnel car tous ces comportements correspondent à une comparaison entre des coûts et des gains à être rationnel (comparer les alternatives et être cohérent dans ses choix) Question 12 ( 20 pts) La scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans contribue à l’absentéisme et à la violence à l’école. Vrai, faux ou incertain. Réponse : Reportons-nous au graphique suivant. Admettons que le nombre « optimal » d’années de scolarité pour un groupe d’élèves est 8 ans. L’âge optimal de sortie du système scolaire est donc de 14 ans. Contraindre ces élèves à poursuivre leur scolarité au-delà de 14 ans revient à leur faire supporter un coût d’opportunité en excès des gains permanents attendus. Comme par ailleurs on interdit à un employeur d’embaucher des enfants de moins de 16 ans, les élèves n’ont aucune autre solution que de fuir l’école. S’ils sont contraints d’y aller par la force, ils vont résister par la violence à un système scolaire qui les agresse. S’ils n’ont pas envie d’aller à l’école, que les employeurs légaux n’ont pas le droit de les embaucher, ils se tournent vers le marché noir et la délinquance. Supprimer la scolarité obligatoire, autorisé le travail des enfants en deçà de 16 ans et ces maux disparaîtront comme par enchantement. Evidemment la contrepartie est que sur le marché du travail des concurrents marginaux arrivent .Ces derniers sont prêts à travailler pour trois fois rien. Cette législation est faîte normalement pour contraindre des jeunes et leurs familles, qui spontanément ne poursuivraient pas leur scolarité au-delà de 13 ans ou 14 ans pour diverses raisons de le faire. L’idée est que le temps passé à l’école permet à ces élèves d’accumuler des compétences qui, plus tard, leur permettront d’avoir de meilleurs salaires. Nous avons alors un problème classique d’un législateur qui se substitue aux individus et aux familles en croyant savoir mieux qu’eux-mêmes ce qui est bon pour eux. Ils sont alors surpris de voir la réaction de ces jeunes. Quand on utilise la violence pour forcer quelqu’un à faire quelque chose qu’il n’a pas envie de faire, il ne faut pas s’étonner des conséquences que cela engendre. De façon ultime c’est l’individu lui-même qui contrôle son corps, ce ne sont pas les autres. En résistant, les jeunes des banlieues pétitionnent pour leur liberté vis-à-vis d’une réglementation dont ils pensent qu’elle leur est nuisible. Si l'on veut ne pas revenir sur cette réglementation, existe-t-il une alternative pour éliminer cette perte que l'on fait supporter à ces jeunes? Comme l'a fait remarquer astucieusement une étudiante en cours, on peut proposer une école plus attrayante qui apporte des bénéfices plus élevés à chaque élève. La courbe de gain marginal s'élève jusqu'à ce que la date optimale de cessation de la scolarité devienne juste supérieure ou égale à 16 ans. Par exemple on peut proposer un enseignement en alternance avec l'apprentissage d'un métier chez un employeur comme cela a été testé dans certains collèges en France ou adopter un système scolaire d'autres pays où de tels phénomènes ne s'observent pas. On peut aussi rémunérer l'élève (ou ses parents) pour l'inciter à poursuivre ces études au delà de 16 ans en diminuant son coût d'opportunité comme on l’a fait en Inde ou au Brésil pour les familles vivants à la campagne. Cette stratégie, par opposition à la simple suppression de la réglementation, reporte la question sur le mode de financement de ces alternatives et sur qui les paient. C'est-à-dire sur le coût d'opportunité du système alternatif au système scolaire existant et qui sera amené à supporter ce coût. En économie, il n'y a pas de repas gratuit. La leçon que l'on doit retenir ici est la suivante: l'analyse marginale est un outil qui permet d'organiser rapidement la réflexion sur la question de la cessation d'une activité. On peut l'appliquer à la date optimale du divorce, de la reprise d'une activité quand on est au chômage, à la vitesse optimale sur les routes, au nombre d’enfants qu’une femme aura dans sa vie ou au nombre de séances de cinéma que vous consommez par mois.