1. Comment s’est fait le passage de l’ère mythique à l’ère philosophique ?
Dans quelles circonstances ?
Expliquez votre réponse en vous référant à Thalet de Milet, Anaximandre et
Anaximène.
La prospérité matérielle du VI siècle avant J.C. constitue un tremplin idéal pour
l’éclosion de la philosophie avec comme facteur déterminant l’acquis culturel de la Grèce
d’alors. La passerelle qui mène à la philosophie est la cosmogonie (genèse du monde). Deux
poèmes d’Hésiode, « les travaux et les jours » et « la théogonie » parlent de la genèse et la
généalogie des dieux, les deux poèmes ouvrent sur la cosmogonie pour déboucher sur une
recherche d’une loi universelle qui régirait le monde et la nature. Cependant, l’explication est
encore mythique. La loi qui dirige le monde est encore religieuse, mais cette ouverture sera la
passerelle qui conduit du pré philosophe au philosophe.
Ce passage est souvent attribué à Thales de Milet (un des 7 sages). Il inaugure la
recherche d’un principe unique de toute chose, de quelque chose qui sous-tend le tout. Une
explication physique se substitue à l’explication mythique. L’Arché (principe de la phusis)
était, selon lui, l’EAU.
Pour Anaximandre, l’Arché de toute chose était l’Apeiron (l’illimité, l’indéterminé,
l’infini…). L’Apeiron n’est pas quelque chose d’abstrait, il contient en lui tous les contraires
et c’est la guerre entre ces contraires qui aurait donné naissance au cosmos.
Pour Anaximène, l’Arché est l’air, vu aussi comme quelque chose d’illimité, ce en
quoi il rejoint l’idée d’Anaximandre.
Ces trois philosophes ont tenté de désigner un principe unique qui fonde et qui régit
tous les étants, de déterminer le Même qui, selon eux, est la base de l’Autre.
Cette recherche du principe physique met fin à l’ère mythique.
2. Le passage de l’ère mythique au questionnement philosophique peut-il être interprété
comme une rupture dans la pensée occidentale ?
Les fondements de l’esprit occidentale : l’ère mythique peut être caractérisée comme
suit : l’individu a sa situation bien déterminé au préalable dans la société, par sa naissance et
par l’intervention active des divinités. Cette croyance fait loi depuis toujours et sans
problème.
Au VIème siècle AC ce sol de croyance de la vision mythique du monde a été
remplacée par un nouveau sol.
A cette époque, les hommes ont comme préoccupation essentielle un questionnement
dont la visée était une véritable mise en question. Le savoir devient recherché pour lui-même.
C’est le passage bouleversant d’une assise stable constituée de convictions pré-établies et
admises une ois pour toutes, à un sol mouvant.
L’interprétation de ce phénomène : c’est l’entreprise de fonder dans un savoir
l’ensemble des convictions qui constituaient le sol de croyance. Il faut maintenant, non plus
admettre, mais le déterminer et le fonder par la pensée. Conscience de la puissance de l’esprit
sur l’être, l’homme est abandonné à la liberté de sa propre pensée, il devient responsable de
lui-même mais également de la destinée de l’humanité. Le rôle de la connaissance devient
fondamental. Ainsi, le sol de croyance de l’époque mythique, un ensemble de convictions
pré-établies doit à partir de maintenant être acquis, élaboré par la pensée théorique.