l’école doit convaincre et donner des nouvelles rassurantes du front. (Les soldats qui connaissent la réalité et
l'horreur des combats parlent alors de « bourrage de crâne »). Confrontés à la censure, les journaux doivent
aussi faire face à la crise du papier : ainsi, dès les premiers jours d’août 1914, ceux qui ont survécu à la
mobilisation sont contraints de réduire leur nombre de pages. La pénurie de papier s’aggrave à tel point que
le 1er septembre 1917, les journaux doivent se résoudre à augmenter leur prix de vente de 100%. L’objectif
recherché est atteint : les tirages chutent. Après la guerre, la presse, accusée de s’être mise au service de la
propagande, d’avoir caché aux Français des faits majeurs, perd de nombreux lecteurs.
Le courrier du front est contrôlé. Chaque régiment et chaque unité est sondé au moins une fois par mois
(500 lettres au minimum par régiment). Des sondages spéciaux sont envisagés si nécessaire. Si le contenu de
la lettre ne répond pas aux normes fixées par la censure, elle est saisie par les services de l’armée et ne
parvient pas au destinataire. A partir de 1915, ces lettres sont archivées par le Service Historique de l’Armée
de Terre (SHAT) et elles sont aujourd’hui de précieuses sources d’informations pour l’historien (Documents
1 et 5). Mais ces contrôles n’ont pas permis d’éviter le mécontentement et les mutineries.
II – Comment les combattants et les civils subissent la violence de guerre ?
A- Au front, quelles sont les diverses formes de la violence?
Pendant plus de quatre ans, les combattants connaissent l’enfer des batailles de la Marne, de Verdun (en
1916 : 695 000 morts pour 10 mois d’affrontement : plus d’un obus au mètre carré), la bataille de la Somme.
Les périodes d’attente dans les tranchées rendent la vie des soldats difficile. La guerre des tranchées est
encore plus dure par la guerre des mines. Joffre, Pétain, et Foch sont les principaux généraux français.
Dans l’infanterie (soldats combattants à pied), la place des mitrailleuses et des grenades devient essentielle.
Les canons (artillerie lourde) sont de plus en plus utilisés, ainsi que l’avion dont les missions se diversifient.
Par contre, les blindés naissent des nécessités de la guerre. L’utilisation de l’arme chimique est un des faits
militaires les plus marquants du conflit.
Document 8 : Les attaques avec les « gaz asphyxiants »
A partir d’avril 1915 : la guerre se brutalise. C’est le début des attaques des troupes dans les tranchées
avec des « gaz asphyxiants ». Les effets des gaz sont foudroyants : les yeux piquent, les poumons sont en
feu, les hommes toussent, vomissent du sang, titubent et tombent. Les rescapés sont aveugles, amputés d’un
poumon ou frappés d’insuffisance respiratoire à vie.
Pour se protéger des gaz, les combattants s’appliquent des compresses, imprégnées de substance absorbante
et des cagoules en éponge. En 1916, les premiers masques à gaz avec lunettes intégrées apparaissent, mais
les premiers masques réellement étanches n’arrivent qu’en 1917. Ils disposent d’un tube à l’avant, à
l’endroit où se situe la bouche pour respirer. Les yeux sont également protégés par des lunettes de verre. La
peau est cachée par une sorte de tissu recouvert de caoutchouc.
Pour prévenir l’attaque au gaz, des clochettes (parfois des cloches d’église) donnent l’alarme.
La protection des soldats permet de diminuer la mortalité des premières attaques aux gaz : ainsi, le taux de
mortalité des victimes de gaz qui est de 17% en 1916 tombe à 2,4% en 1918, et ce malgré l’apparition de
l’ypérite (ou « gaz moutarde »).
En raison de la dureté de cette guerre, les mutineries sont fréquentes. (Une mutinerie est la rébellion des
soldats contre leur hiérarchie qui se traduit par le refus d’obéir aux ordres). Les trois motifs de
mécontentement qui figurent dans les lettres des combattants sont : l’absence de permissions, la nourriture
mauvaise et la mort vaine dans des attaques inutiles.
Entre 1914 et 1918, les conseils de guerre prononcent 2400 condamnations à mort débouchant sur près de
600 exécutions capitales. Les motifs pour les combattants fusillés sont : «abandon de poste en présence de
l’ennemi » ou « refus d’obéissance ».
Document 1 : Extrait d’une lettre d’un soldat adressée à sa femme le 30 mai 1917 et saisie par les
services de l’armée.