Thème 3 : Histoire
Histoire du quotidien
Chapitre 2 : Vivre et mourir en temps de guerre :
L’exemple de la Première Guerre mondiale : 1914-1918
(Baccalauréat : sujet d’étude : Etude de document)
Introduction :
Quelles sont les causes du déclenchement de la Première Guerre mondiale ? Quelles
en sont les grandes phases ?
A partir du début du XXe siècle, deux blocs antagonistes se forment :
La Triple Entente : France, Royaume-Uni, Russie et leurs colonies
La Triple Alliance : Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie
Les rivalités entre ces deux blocs sont dues à des intérêts économiques, financiers
mais aussi nationalistes. Le Royaume-Uni chassé par l’Allemagne de l’Empire Ottoman
s’inquiète pour ses possessions dans la péninsule arabique (pétrole) et en Egypte
(canal de Suez). La France veut cupérer l’Alsace/Lorraine qu’elle a perdu lors de la
guerre de 1870-1871. L’Allemagne veut annexer l’Autriche. Les Serbes veulent libérer
leurs frères slaves maintenus dans l'Empire Austro-Hongrois : depuis 1905, des
guerres locales éclatent souvent dans les Balkans.
L’évènement déclencheur de cette guerre est l’assassinat par les Serbes à
Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’empire austro-hongrois,
le 28 juin 1914. Un mois plus tard, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le
28 juillet 1914. En une semaine, tous les Etats (sauf l'Italie) vont être forcés d'entrer
en guerre : le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France et le 4 août 1914, elle
envahit la Belgique, pays neutre, ce qui décide le Royaume-Uni à déclarer la guerre à
l'Allemagne.
Les grandes phases de la guerre :
1914 - Guerre de mouvement : Meurtrière
Août : attaque des Français par les Allemands. Entrée du Japon dans la guerre : le
conflit devient mondial.
Septembre : Allemands repoussés (Bataille de la Marne : des taxis parisiens
amènent des soldats en renfort) et début des attaques aériennes.
Octobre-Décembre : Bataille des Flandres : Allemagne essaie de prendre les ports
de la Manche pour couper le Royaume-Uni de son ravitaillement : affrontements
sanglants contre troupes Britanniques, Belges et Françaises. Echec : début de la
guerre de position (mais trêve de Noël : film de 2005 de Christian Carion).
1915-1917 - Guerre de position : Tranchées : de la mer du Nord à la Suisse
Janvier 1915: C’est aussi le début des attaques aériennes contre les civils qui
se poursuivent pendant toute la guerre et terrorisent les populations du Royaume-Uni
et de la France.
Avril 1915 : Début des attaques des troupes dans les tranchées avec des « gaz
asphyxiants ». Utilisés d’abord par les Allemands, puis par les Alliés : effets mortels.
Mai 1915 : Début de la guerre totale : les pays en guerre vont mobiliser toutes
leurs ressources : humaines, économiques et financières.
1916 : Guerre d’usure : Bataille de Verdun sous le commandement de Pétain, puis en
novembre, Bataille de la Somme : échec pour les Alliés (650 000 morts).
1917 - « L’année trouble » : Mutineries
Général Nivelle tente une nouvelle offensive : Bataille du « Chemin des Dames » :
nouvel échec : 134 000 soldats français tués : début des mutineries : le général
Pétain, qui remplace le général Nivelle destitué, prononce plus 500 de condamnations
à mort. 49 soldats sont réellement exécutés.
2 avril : entrée en guerre des États-Unis dans la Triple Entente : apportent des chars
et des avions qui donnent progressivement l’avantage aux Alliés.
1918 - La fin de la guerre :
Mars : reprise de l’offensive allemande
Mai : Allemands menacent Paris
Automne : les pays en guerre signent l’armistice les uns après les autres.
9 novembre : Guillaume II, empereur Allemand abdique
11 Novembre : L’Allemagne est le dernier pays à signer l’armistice avec la France
dans le wagon du maréchal Foch à Rethondes (forêt de Compiègne).
Problématique :
Quels sont les conséquences de cette guerre totale sur les populations civiles et
militaires européennes ?
Méthode d’analyse d’un texte : (Manuel p. 53)
1. Situer le texte :
Présenter son auteur, sa fonction. Rappeler le contexte.
Identifier le(s) destinataire(s). Mettre en évidence l’objectif des propos.
2. Expliquer le texte :
Relever les arguments utilisés par l’auteur.
Préciser les évènements auquel il fait allusion et expliquer le vocabulaire
employé. Résumer le message délivré par l’auteur.
3. Dégager la portée du texte
I Quelles sont les conditions de vie des soldats et des civils ?
A- Au front, comment vivent les soldats mobilisés ?
Dès 1914, 12 millions d'hommes sont mobilisés. De 1914 à 1918, en France, huit millions d’hommes sont
mobilisés, soit un Français sur cinq. On relève en tout environ 70 millions d'Européens mobilisés pendant
toute la guerre. Les ressortissants des colonies sont également appelés à combattre.
A partir de 1915, après l’échec de la guerre de mouvement, la guerre d’usure commence. Les tranchées,
symbole de la Grande Guerre sont progressivement creusées par les combattants pour se protéger des tirs de
l’ennemi. Elles s’étendent sur 800 kilomètres de long de mer du Nord à la Suisse. Elles sont reliées entre
elles par tout un système de boyaux sinueux qui permettent aux combattants de monter en première ligne ou
de redescendre vers l’arrière pour se reposer. Les abords des tranchées sont protégés par des fils de fer
barbelés. Les adversaires sont séparés par un no man’s land dont la largeur peut varier de quelques dizaines
de mètres (en montagne et en forêt) à quelques centaines de mètres (en plaine).
Document 1 : Extrait d’une lettre d’un soldat adressée à sa femme le 30 mai 1917 et saisie par les
services de l’armée : 2 premiers §.
Document 2 : Extrait d’une lettre d’un soldat adressée à ses parents, Laplume Yves, Paroles de Poilus.
Lettres et carnets du front, 1914-1918, Librio-Radio France : Lettre de Georges : Verdun, 15 juillet 1916.
Les soldats, dans les lettres qu’ils adressent à leurs proches disent ce qu’ils pensent de la guerre, de la façon
dont elle est menée. Ils racontent leurs malheurs, leurs espoirs, leurs colères. Ces témoignages sont donc de
précieuses sources d’informations aujourd’hui, pour connaître les conditions de vie des soldats pendant la
Première Guerre mondiale. On constate que la vie dans les tranchées est difficile. Les combattants restent
sur place de jour comme de nuit. Ils restent 3 semaines en première ligne sans pouvoir se raser, c’est
pourquoi on les surnomme les « poilus ». La promiscuité avec les cadavres et le manque d’hygiène sont
propices au développement des rongeurs et des insectes : rats, poux. Les soldats conservent une odeur
désagréable. Ils sont en plein air et subissent directement les intempéries : froid, humidité, pluie, boue.
Quand il pleut, les soldats qui ne se déchaussent que rarement gardent les pieds mouillés pendant plusieurs
jours, voire même davantage. Ils sont alors victimes de la maladie dite des « pieds de tranchées » qui
occasionne de grandes souffrances et peut même conduire jusqu’à la gangrène.
Les permissions sont rares et les rations de nourriture sont insuffisantes et de mauvaise qualité.
Après l’attaque, le sol est retourné, bouleversé par les obus. Les soldats se terrent dans ce qui reste de la
tranchée. Le champ de bataille prend cet aspect lunaire qui le caractérise désormais (absence d’arbres et de
végétation, trous d’obus).
B- A l’arrière, quel est le rôle des civils ?
La Première Guerre mondiale est une guerre totale, car les soldats, mais aussi les civils (femmes, enfants,
vieillards), l’économie, la production et les médias sont mobilisés. C’est la première guerre industrielle.
1- Les femmes remplacent les hommes partis au front :
Document 4 : Appel du président du Conseil adressé aux femmes et aux enfants le 6 août 1914
Déclaration du général Joffre au sujet du travail des femmes
Les femmes dans les usines d’armement
Trois jours après l’entrée en guerre de la France, le premier ministre, René Viviani appelle tous les civils
à remplacer les hommes partis au front.
Les femmes deviennent la force de l’arrière. Elles exercent différents emplois : certaines deviennent
ouvrières, d’autres travaillent la terre. À Paris, on voit des femmes conduire des tramways, distribuer le
courrier. On voit même des femmes «garçons» de café ou propulsées chefs d’entreprise ! Dans les
municipalités, elles sont mêmes nommées aux affaires sociales alors qu’elles n’ont pas encore le droit de
vote. L’administration et l’industrie font appel à la main-d’œuvre féminine. Dans les usines, les
« munitionnettes » fabriquent des obus et des grenades. Elles deviennent vite indispensables. Elles
travaillent souvent très dur : de 10 à 11 heures par jour.
Les femmes sont aussi un soutien pour les combattants :
Les « dames blanches » sont les infirmières. Dès les premières semaines de la guerre, des milliers
d’hommes sont blessés. Les infirmières soignent et réconfortent les blessés.
Marie Curie (1864-1937), prix Nobel de physique et de chimie, devient directrice des services de
radiologie de l’armée et forme des radiologues. Elle fait équiper des voitures en radiologie (les «
petites Curie »). Ces voitures permettent de localiser les projectiles, mais aussi de faire passer des
radios aux soldats blessés.
Les marraines de guerre adoptent un soldat sans famille, un prisonnier ou un mutilé auquel elles
écrivent et envoient des colis, leur apportant le réconfort moral dont ils ont tant besoin. À plus de
soixante-dix ans, la grande tragédienne Sarah Bernhardt (1844-1923), apporte son secours aux
combattants. Amputée de la jambe droite, elle choisit pourtant de se consacrer au théâtre pour
divertir les armées.
Après avoir remplacé les hommes partis au front, les femmes ont assumé des responsabilités qu’elles n’ont
pas voulu abandonner, une fois la paix revenue… un état de fait que les combattants, revenus à la vie civile,
n’ont pas toujours accepté. Pour plus de commodité dans le travail, elles s’étaient raccourcis les cheveux et
portaient des pantalons.
D’autre part, le métier d’infirmier va s’officialiser. En 1922, l’Etat créé une certification pour ce métier, puis
en 1938, il institue un diplôme d’Etat.
2- Une économie au service de la guerre :
Au départ, les Etats pensent à une guerre de courte durée, mais après la Bataille de la Marne, cet espoir
s’évanouit. La France s’endette. A partir du mois de novembre 1915, l’Etat est obli d’emprunter de
l’argent aux particuliers pour pouvoir continuer la guerre. En plus des emprunts, ils ont recours à la création
de monnaie (billets, pièces), ce qui favorise l’inflation.
Document 3 : Affiche pour le 2ème emprunt pour la Défense Nationale d’octobre 1916
Le deuxième emprunt a lieu en octobre 1916, le troisième en novembre 1917 et le quatrième de novembre
1918. Au total, ces emprunts apportent à l’État français environ 524 milliards de francs. Les affiches des
emprunts, publiées par l’Etat sont conçues pour motiver la population à soutenir l’effort de guerre pour
obtenir la victoire. Le patriotisme est donc mis en avant : emblèmes nationaux (Marianne, drapeau…) et
soldats combattants pour la victoire (« On les aura ! »).
Toute l'économie est au service de la guerre (production, consommation). La production industrielle est
tournée vers l’armement. La firme automobile Renault ne fabrique plus des voitures, mais des obus, des
chars et des moteurs d'avion.
3- Une mobilisation des esprits :
Pour maintenir le moral de la population, les Etats utilisent la propagande et la censure dès les premiers
jours du conflit. La censure supprime tout ce qui peut informer l’ennemi sur la position des armées, les
effectifs des tués, des blessés et des prisonniers… Avec le temps, elle supprime aussi tout ce qui peut
démoraliser les populations.
Document 7 : La censure : Circulaire du 6 août 1914 (Service Historique de l’Armée de Terre)
La presse est censurée : Le souvenir de la guerre de 1870, la presse avait trop parlé, a conduit à
l’instauration d’un contrôle de la presse dès le début des hostilités. La propagande à travers les médias et
l’école doit convaincre et donner des nouvelles rassurantes du front. (Les soldats qui connaissent la réalité et
l'horreur des combats parlent alors de « bourrage de crâne »). Confrontés à la censure, les journaux doivent
aussi faire face à la crise du papier : ainsi, dès les premiers jours d’août 1914, ceux qui ont survécu à la
mobilisation sont contraints de réduire leur nombre de pages. La pénurie de papier s’aggrave à tel point que
le 1er septembre 1917, les journaux doivent se résoudre à augmenter leur prix de vente de 100%. L’objectif
recherché est atteint : les tirages chutent. Après la guerre, la presse, accusée de s’être mise au service de la
propagande, d’avoir caché aux Français des faits majeurs, perd de nombreux lecteurs.
Le courrier du front est contrôlé. Chaque régiment et chaque unité est sondé au moins une fois par mois
(500 lettres au minimum par régiment). Des sondages spéciaux sont envisagés si nécessaire. Si le contenu de
la lettre ne répond pas aux normes fixées par la censure, elle est saisie par les services de l’armée et ne
parvient pas au destinataire. A partir de 1915, ces lettres sont archivées par le Service Historique de l’Armée
de Terre (SHAT) et elles sont aujourd’hui de précieuses sources d’informations pour l’historien (Documents
1 et 5). Mais ces contrôles n’ont pas permis d’éviter le mécontentement et les mutineries.
II Comment les combattants et les civils subissent la violence de guerre ?
A- Au front, quelles sont les diverses formes de la violence?
Pendant plus de quatre ans, les combattants connaissent l’enfer des batailles de la Marne, de Verdun (en
1916 : 695 000 morts pour 10 mois d’affrontement : plus d’un obus au mètre carré), la bataille de la Somme.
Les périodes d’attente dans les tranchées rendent la vie des soldats difficile. La guerre des tranchées est
encore plus dure par la guerre des mines. Joffre, Pétain, et Foch sont les principaux généraux français.
Dans l’infanterie (soldats combattants à pied), la place des mitrailleuses et des grenades devient essentielle.
Les canons (artillerie lourde) sont de plus en plus utilisés, ainsi que l’avion dont les missions se diversifient.
Par contre, les blindés naissent des nécessités de la guerre. L’utilisation de l’arme chimique est un des faits
militaires les plus marquants du conflit.
Document 8 : Les attaques avec les « gaz asphyxiants »
A partir d’avril 1915 : la guerre se brutalise. C’est le début des attaques des troupes dans les tranchées
avec des « gaz asphyxiants ». Les effets des gaz sont foudroyants : les yeux piquent, les poumons sont en
feu, les hommes toussent, vomissent du sang, titubent et tombent. Les rescapés sont aveugles, amputés d’un
poumon ou frappés d’insuffisance respiratoire à vie.
Pour se protéger des gaz, les combattants s’appliquent des compresses, imprégnées de substance absorbante
et des cagoules en éponge. En 1916, les premiers masques à gaz avec lunettes intégrées apparaissent, mais
les premiers masques réellement étanches n’arrivent qu’en 1917. Ils disposent d’un tube à l’avant, à
l’endroit se situe la bouche pour respirer. Les yeux sont également protégés par des lunettes de verre. La
peau est cachée par une sorte de tissu recouvert de caoutchouc.
Pour prévenir l’attaque au gaz, des clochettes (parfois des cloches d’église) donnent l’alarme.
La protection des soldats permet de diminuer la mortalité des premières attaques aux gaz : ainsi, le taux de
mortalité des victimes de gaz qui est de 17% en 1916 tombe à 2,4% en 1918, et ce malgré l’apparition de
l’ypérite (ou « gaz moutarde »).
En raison de la dureté de cette guerre, les mutineries sont fréquentes. (Une mutinerie est la rébellion des
soldats contre leur hiérarchie qui se traduit par le refus d’obéir aux ordres). Les trois motifs de
mécontentement qui figurent dans les lettres des combattants sont : l’absence de permissions, la nourriture
mauvaise et la mort vaine dans des attaques inutiles.
Entre 1914 et 1918, les conseils de guerre prononcent 2400 condamnations à mort débouchant sur près de
600 exécutions capitales. Les motifs pour les combattants fusillés sont : «abandon de poste en présence de
l’ennemi » ou « refus d’obéissance ».
Document 1 : Extrait d’une lettre d’un soldat adressée à sa femme le 30 mai 1917 et saisie par les
services de l’armée.
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