(avant-projet) 09
Etudes intergénérationnelles
Théories et pratiques des relations entre les générations
Jean-Pierre Fragnière (Ed.)
Dossier pour un débat
Sion-Lausanne, 2009
L’INAG
2
Ce dossier a été élaboré dans le cadre de l’INAG par
Jean-Pierre Fragnière
Ont apporté leur contribution :
Claudine Attias-Donfut, Yves Crettaz, Jean-Pierre Fragnière,
Hermann-Michel Hagmann, Geneviève Heller, François Höpflinger,
Valérie Hugentobler, Cornelia Hummel Stricker, Jean Kellerhals, Kurt
Lüscher, Andrea Porrini, Caroline Regamey
Informations
http://www.cours-inag.ch
© Jean-Pierre Fragnière, Mont-Tendre 28, 1007 Lausanne (CH)
e-mail : [email protected] - http://www.jpfragniere.ch
L’INAG
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Sommaire
Liminaire p. 7
Jeunes et vieux : vivre ensemble longtemps p. 16
Les relations entre générations existent : concepts et problématique p. 21
Société et vieillissement : l’histoire des changements dans notre siècle p. 25
La construction sociale de la vieillesse : les XVIIIe, XIXe et XXe siècles p. 32
Quelle sécurité sociale pour les familles p. 45
Solidarités familiales : réelles, mais aussi limitées. p. 53
Jeunes adultes et accès aux dispositifs sociaux p. 57
Elaboration de la notion de génération: d’Auguste Comte à Karl Mannheim p. 66
Les générations - Liens et ambivalences : une approche sociologique p. 71
Vieillesses d’hier et d’aujourd’hui : nouvelles relations entre générations p. 75
Eléments de bibliographie Livres p. 88
L’INAG
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Liminaire
Les Études intergénérationnelles
Le discours publique et, depuis plus d’une décennie le débat politique, consacrent une
attention singulière à la question des perspectives qui s’ouvrent aux relations entre les
générations. Cet intérêt, qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, exprime sans doute une
inquiétude larvée qu’engendre la perspective de ce que l’on appelle le vieillissement de la
population et qui est souvent mal interprété et devient crainte d’une société qui vieillirait. Dans
le spectre de ce type de préoccupation nouvelle, on décèle également les enjeux liés à la
réorganisation des rapports sociaux qu’exige l’heureux événement constitué par l’allongement
significatif du parcours de vie.
Les sciences humaines ont tenté de cerner ces phénomènes, voire de rectifier nombre de
mésinterprétations. Sur une question d’une telle importance, particulièrement chargée
d’émotions, l’accord sur le diagnostic peine à s’établir.
Trop souvent, les résultats des travaux de recherche, et les meilleurs, sont à peine entendus
quand ils ne sont pas traduits ou réinterprétés selon des modalités fragiles ou incontestablement
erronées.
L’appétit de la quête des solutions immédiates brouille la réflexion, sème la confusion, il
arrive qu’elle bloque les initiatives esquissées par les observateurs les plus lucides.
On ne saurait parler d’une impasse, mais un approfondissement de la réflexion s’impose. Il
convient d’abord de clarifier les concepts et d’évacuer quelques illusions. Une détection précoce
des propositions simplistes s’impose à l’évidence. La déferlante des recettes d’un autre âge
appelle une mobilisation de la réflexion critique.
C’est habités par ces réflexions que nous avons construit ce dossier et que nous proposons les
études conduites par des personnes qui ont engagé une énergie considérable pour détecter les
problèmes et construire prudemment, mais avec assiduité, les bases sur lesquelles pourront se
développer des actions pertinentes et fiables. Une telle démarche accorde une place notable à la
perspective historique qui peut protéger contre les anachronismes et les recettes simplistes. Dans
ces conditions, nous considérons ce dossier plus comme une invitation à la réflexion que comme
un recueil de propositions susceptibles d’être opérationnelles dans l’urgence.
Jean-Pierre Fragnière
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Jeunes et vieux
Vivre ensemble longtemps
Jean-Pierre Fragnière
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Il y a cloche et cloche
À Pâques, certains voient de belles cloches s’envoler vers Rome, elles quittent les clochers de
nos églises. Leur forme ? Étroites vers le haut, elles s’élargissent vers le bas. Dans nos prairies
et nos alpages, les vaches portent aussi des cloches. Mais celles-ci sont larges vers le haut et
resserrées à la base.
La population suisse ressemble plus aux cloches des vaches qu’à celles qui volent vers Rome :
la part des personnes âgées va croissant, celle des jeunes se réduit.
On parle du vieillissement de la population. Ce phénomène bien réel est souvent présenté
comme un problème quand ce n’est pas comme un nouveau malheur des temps modernes. La
réalité est heureusement plus souriante.
En fait, nous sommes entrés dans une période notre espérance de vie s’est
considérablement accrue. Vivre nonante à cent ans n’est plus un phénomène rare et étonnant.
D’ailleurs, il faut cesser de définir la vieillesse comme la tranche de vie qui dépasse le seuil de
65 ans. Il est raisonnable, par exemple, de considérer qu’une personne est vieille lorsqu’elle
n’a plus “ que ” dix ans à vivre. Dans cette hypothèse, la proportion de vieux n’augmente guère,
dans notre société.
La redistribution des cartes1
2
Jusque dans les années 1980, la Suisse vivait avec la conviction de l’existence d’une
équation : “ vieux = pauvre ”.
C’était hélas vrai. Le développement de la prévoyance-vieillesse a permis d’atténuer cette
situation insoutenable. Et l’on découvre, au début des années nonante, que ce ne sont plus les
vieux ” qui sont les plus exposés à la pauvreté, mais plutôt les “ jeunes ” et les jeunes familles.
Cela ne veut pas dire qu’il ne subsiste pas un nombre trop important de situations de pauvreté
chez les aînés. Le risque de pauvreté s’est accentué dans d’autres catégories de la population, ce
qui place sous un nouveau jour la question des relations de solidarité entre les générations.
Le quatrième âge existe-il ?
Non, ce n’est pas une boutade ; expliquons-nous. Dans des sociétés telles que la Suisse, le
premier âge (enfance, jeunesse) est le lot de tous ou presque. Le deuxième âge (on parle de vie
active) est atteint par la très grande majorité de la population. Le troisième âge est promis au
plus grand nombre, c’est le temps qui va de la retraite, au sens traditionnel du terme, aux bornes
de l’espérance de vie (ici, il s’agit d’une moyenne, rappelons-le)
3
.
Les octogénaires et les nonagénaires sont censés constituer un groupe de la population
étiqueté quatrième âge ”. Or, si leur nombre va croissant, et à vive allure, ils ne sont qu’une
1
Directeur scientifique de l’INAG
2
Ch. Lalive d’Épinay, Entre retraite et vieillesse. Travaux de sociologie compréhensive, Collection
Âges et société, Réalités sociales, Lausanne, 1996.
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H. -M. Hagmann et J.-P. Fragnière, Maintien à domicile, le temps de l’affirmation, Réalités sociales,
Lausanne, 1997.
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