Document 4:
La zone euro fait front face à la charge de Nicolas Sarkozy -
Les responsables de la zone euro ont serré les rangs samedi face aux vives critiques de Nicolas Sarkozy contre
la stratégie de la Banque centrale européenne (BCE) et la prétendue inertie de l'Eurogroupe.
L'Institut de Francfort, qui a maintenu ses taux d'intérêt inchangés le 6 septembre tout en injectant d'énormes liquidités
pour éviter l'asphyxie du système bancaire, a une nouvelle fois été la cible privilégiée de Sarkozy. "J'ai trouvé curieux
d'injecter des liquidités sans baisser les taux", a-t-il déclaré. "On a fait des facilités pour les spéculateurs, on complique
la tâche pour les entrepreneurs".
Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a réagi diplomatiquement à cette nouvelle charge française en
notant avec ironie que Sarkozy avait salué la décision de la BCE de laisser les taux inchangés alors qu'elle anticipait une
hausse. Son institution, où siège notamment le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, n'a pas renfloué les
spéculateurs pendant la crise des "subprimes".
"Je suis d'une opinion différente de celle de Nicolas Sarkozy", a dit l'Autrichien Wilhelm Molterer. "Je considère
que la BCE agit de façon appropriée, correcte (...) Il est dans l'intérêt de tous de soutenir la BCE, c'est ce que je fais et je
pense que tout l'Eurogroupe le fait également."
Reuters 15.09.07 (extraits)
Document 5:
Patrick Artus : "La flambée de l'EURO est une catastrophe"
L'envolée de l'euro face au dollar et au yen menace des pans entiers de notre industrie (...) Des pans entiers de
l'économie française souffrent, comme le montre notre balance commerciale, déficitaire de 30 milliards d'euros ! (...) Il y
a de nombreux groupes industriels dont les concurrents facturent leurs produits en dollars. Pour eux, la hausse de 65 %
environ de l'euro depuis 2001 est une catastrophe absolue. Il y a Airbus face à Boeing, l'industrie de l'armement, le
transport aérien, l'aérospatiale ; la pharmacie, car des laboratoires h e l v é t i q u e s profitent de la baisse du franc
suisse, ou l'automobile, avec la faiblesse du yen, face à des groupes comme Toyota ou Honda. Si l'euro monte à 1, 50
face au dollar, des pans entiers de l'industrie seront menacés d'être détruits. L'euro fort va donc accélérer le processus
de désindustrialisation en France et en Italie au profit de l'Allemagne et accélérer notre mutation vers une économie de
services. La valeur du yuan chinois devrait être plus élevée que celle de l'euro, car la Chine a plus de croissance.
La sensibilité du commerce extérieur de l'Allemagne à l'euro est plus faible que celle de la France ou de l'Italie,
car ses produits, plus hauts en gamme, sont moins sensibles aux variations de change. En France, 70 % du commerce
haut de gamme est représenté par le matériel de transport, en gros Eurocopter et Airbus, alors que pour les Allemands
ce n'est que 24 %. Ils vendent de tout : de la chimie, de la mécanique, de l'informatique, des machines électriques, des
instruments de précision... En Chine, les exportations allemandes s'élèvent à 46 milliards de dollars par an ; en France,
à 10. Vers l'Europe centrale et la Russie : l'Allemagne, c'est 160 milliards de dollars ; la France, c'est un peu plus de 20.
Tous les autres produits français qui ne sont pas dans le haut de gamme souffrent plus des variations de change. Pour
une Clio fabriquée en France, le prix de vente, ça compte beaucoup ; pour une BMW, c'est moins important.