Péritonite par perforation typhique
par T. Ngandu*
* Chirurgien-urologue, Hôpital Miba, Mbuji-Mayi, Zaïre.
La fréquence et la gravité des péritonites par perforation typhique en zone tropicale
rend toute réflexion sur ce thème opportune.
Les facteurs socio-économiques qui constituent l'origine lointaine de ce fléau
dépassent le cadre de cet article. Nous insisterons plutôt sur les particularités
locales de cette complication de la fièvre typhoïde et sur notre conduite pratique face
à elle avec les moyens limités dont nous disposons au sein de l'hôpital.
I. Étiologie
La péritonite par perforation typhique est une complication de la fièvre typhoïde
causée par la virulence des germes ou par la défaillance des moyens de défense de
l'hôte. L'insuffisance ou l'absence de traitement, la malnutrition ou d'autres affections
débilitantes la favorisent. Il s'agit presque toujours d'une péritonite fibrino-purulente
généralisée.
La perforation unique ou multiple siège sur l'iléon terminal et rarement sur le caecum.
Salmonella typhi est le principal germe responsable de la fièvre typhoïde. Il s'agit
d'une affection strictement humaine au mode de transmission direct par ingestion de
boisson ou d'aliments souillés (mouches, mains sales, etc.), par les déjections des
sujets infectés.
1. Fréquence
La perforation typhique survient dans 10 à 18 % des fièvres typhoïdes. C'est l'une
des premières causes de laparotomie d'urgence en zone tropicale. Sa fréquence
augmente avec celle de la fièvre typhoïde en saison des pluies.
2. Profil des malades
Tous les âges et les deux sexes sont concernés. Les patients sont issus des
couches sociales pauvres du milieu urbain. Peu de cas viennent des campagnes.
Il. Physiopathologie
Après une phase d'incubation d'une à deux semaines, certains germes essaiment
dans le sang créant une septicémie (tableau n° 1). D'autres sont détruits dans les
ganglions mésentériques et libèrent des endotoxines aux multiples effets nocifs dont
la nécrose des plaques de Peyer, qui conduit à la perforation intestinale à partir de la
troisième semaine. Les conséquences de cette dernière sont indiquées au tableau
n°2. La déshydratation engendrée par les pertes liquidiennes dans le péritoine et le
troisième secteur, la péritonite, la septicémie, la toxémie, et la décompensation des
organes essentiels qui s'ensuit, tout converge vers l'installation rapide du choc et la
survenue de la mort.
1. Symptômes