Fiche
Technique
Sous la responsabilité de leurs auteurs
Le Courrier de colo-proctologie (V) - n° 1 - janv-fév-mars 2004
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Les corps étrangers
du rectum
Les corps étrangers du rectum
L. Abramowitz (Service de gastroentérologie et proctologie de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, Paris)
R. Ganansia (Service de proctologie de l’hôpital Léopold-Bellan, Paris)
La présence d’un corps étranger intrarectal prête souvent
à plaisanter. Cependant, il peut mettre en jeu la vie du
patient. La difficulté réside dans son extraction qui peut être
périlleuse. Elle doit donc être réalisée avec une méthodolo-
gie rigoureuse que nous allons définir.
ORIGINES
Un corps étranger rectal peut provenir :
●de la bouche, après déglutition intentionnelle (maladie
mentale) ou accidentelle (dentiers, boutons, pièces de mon-
naie, arêtes, os de poulet, etc.) ;
●de la cavité péritonéale (par migration d’instruments chi-
rurgicaux, textilomes, stérilets, pessaires, etc.)
●de l’anus par introduction :
– involontaire : criminelle, violence sexuelle,
– volontaire : médicale, utilitaire (planque de cocaïne, etc.)
ou à but sexuel (autoérotisme).
CLINIQUE
Dans plus de 80 % des cas, les patients sont des hommes.
L’insertion étant admise dans seulement un cas sur trois.
La symptomatologie dépend du volume et de la consistance
des corps étrangers. On peut observer une douleur dans
deux tiers des cas, une sensation de pesanteur, des faux
besoins, des rectorragies, un abcès, voire une péritonite en
cas de perforation rectale.
PRISE EN CHARGE
●L’
interrogatoire
doit préciser le nombre, le type et le temps
de présence des corps étrangers. Il importe de faire la part
entre une origine criminelle ou volontaire.
●L’
examen physique
comprend l’inspection de l’anus (plaies
ou brèche, béance anale, etc.), un toucher rectal mais éga-
lement la palpation de l’abdomen à la recherche de signes
de péritonite ou d’autres corps étrangers sus-jacents.
●On réalise bien évidemment une
anuscopie
et une
recto-
scopie
(si elle est techniquement possible).
●Enfin, la
radiographie
de l’abdomen et du pelvis
recherche des signes de perforation et précise les qualités
du corps étranger (nombre, siège et forme)
(figures 1 et 2).
Au terme de ce bilan, on distingue deux groupes : les corps
étrangers bas situés dans l’ampoule rectale (76 % des cas)
et les corps étrangers hauts situés, proches de la charnière
rectosigmoïdienne (24 % des cas).
PRINCIPES D’EXTRACTION
L’extraction doit toujours se réaliser sous contrôle de la vue
avec une anesthésie adaptée permettant une relaxation
sphinctérienne suffisante et l’accessibilité au corps étranger.
Le premier risque est l’échec, mais le plus grave peut être la
perforation rectale secondaire aux manœuvres infructueuses
ou au fractionnement de l’objet (verre, etc.).
Figure 1. Corps étranger (pilon), vue en radiographie.
Figure 2. Corps étranger, vue en radiographie.