Approche cognitive du développement de l`enfant : le

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Cours de psychologie Deug I
Karine DUCLOS
PSYCHOLOGIE
Introduction :
Objectifs :
développer un esprit critique, un sens de réflexion
La psychologie peut se définir sur plusieurs plans, deux définitions peuvent être énoncées
 1ère définition:Psychologie:Connaissance du psychisme
 2ème définition:Psychologie: science de l'esprit. William JAMES

La psychologie recouvre un vaste arsenal de recherches, de théories, méthodes. On distingue
deux domaines principaux en psychologie:
● celui de la pensée ou cognition. La cognition regroupe plusieurs thèmes: la perception,
le langage, l’apprentissage, l’intelligence, la résolution de problèmes. Ce domaine
cognitif est le domaine dominant en psychologie
● celui des affects (ce qui rejointes émotions et les sentiments) Ce domaine est celui de
l’affectif. Le domaine des affects regroupe plusieurs thèmes: la motivation la
personnalité, les émotions, les relations sociales, les pulsions.
Un schéma est proposé pour s’y retrouver et distinguer plus facilement la différence entre ces
deux domaines. (Voir poly)
La psychologie se partage en quatre dimensions: -Normal
-Social
-Pathologique
-Biologique
I.
Approche cognitive du développement de l’enfant : le constructivisme de Jean
PIAGET (1896-1980)
Introduction :
Les questions posées par le développement psychique de l’enfant se sont bcp renouvelées ces
dernières années. Aujourd’hui, il n’y a aucun doute que l’hérédité joue un rôle déterminant dans ce
développement, il ne fait pas de doute non plus que le rôle de l’environnement est tout aussi essentiel,
c’est surtout la conception des rapports entre inné et acquis qui s’est modifié et qui s’est précisé.
D’un point de vue psychologique, on sait que si l’organisation anatomique du système nerveux
est dans ces grandes lignes déterminées par le programme génétique, sa microanatomie et son
fonctionnement dépendent de l’interaction avec le milieu : la plasticité cérébrale (pour s’adapter).
Il est plus difficile d’identifier la part respective de chacun de ces deux aspects de ce
développement. En effet, il existe un obstacle méthodologique qui est le plus souvent impossible à
surmonter : comment faire la part de ce que l’enfant apporte de son équipement génétique et de
l’influence du milieu ? Il faudrait pour cela, soit déterminer l’équipement héréditaire de l’enfant et
faire varier les conditions du milieu, soit fixer les conditions du milieu et faire varier l’équipement
génétique.
Il semble que dans le domaine du psychique, l’épygénèse (interaction entre l’héréditaire et le
milieu) est la manière dont un individu est façonné au cours des interactions de l’environnement. Sans
exclure l’influence de l’hérédité, il s’agit d’une interaction dynamique entre le programme génétique
et l’influence du milieu.
Derrière la variabilité des personnalités et des conduites, il y a des invariants qui permettent de
parler du psychisme humain en général, et de faire référence à la phylogenèse (évolution des espèces)
et à l’ontogenèse (évolution de l’individu).
a. Au niveau phylogénétique (évolution des espèces)
Ce qui caractérise l’espèce humaine c’est l’immaturité biologique du nouveau né : il est
incapable sans aide extérieure de subvenir aux moindres de ces besoins.
Ce 1er constat qui peut paraître défavorable dans une 1ère évaluation, a permis à l’homme de s’adapter à
des circonstances beaucoup plus variables, bcp plus changeantes, et cela est probablement lié au
développement de son intelligence.
Autre conséquence : cette immaturité, entraîne la dépendance prolongée entre l’enfant et son
entourage, ce qui nécessite et permet le développement d’une communication extrêmement étroite et
intense. Cet état de dépendance joue un rôle fondamental dans le développement affectif de l’être
humain.
L’attachement : depuis 1958, Bowlby a développé une théorie appelée « théorie de
l’attachement ». L’attachement du bébé à sa mère trouve son origine dans un certain nombre de
système de comportements caractéristiques de l’espèce humaine s’organisant autour de la mère
comme objet principal : sucer, s’accrocher, suivre, pleurer, sourire, est ce qui permet de mettre en
place une véritable communication entre la mère et l’enfant.
b. Au niveau ontogénétique (évolution de l’individu)
Quel que soit le secteur du développement de l’enfant, on assiste toujours à un processus de
différenciation, càd que ce qui était d’abord confondu devient distinct. L’enfant effectue son
développement en découvrant de nouvelles distinctions. C’est ainsi que dans son développement
affectif, l’enfant doit progressivement se différencier de l’autre et différencier les autres entre eux.
On retrouve la même loi dans des développements linguistiques, psychomoteurs et intellectuels. Pour
comprendre ce qui se passe dans les tout 1ers stades du développement, il faut donc se départir d’un
point de vue naïf, qu’il nous faut considérer beaucoup de choses comme évidentes : par exemple, que
nous sommes différents, que notre imagination est différente des phénomènes extérieurs.
c. Au niveau épygénétique (interaction entre hérédité et environnement)
Pour les uns, le milieu humain est défini par l’apport d’un certain nombre de stimulations
sensorielles, cognitives, émotionnelles…, qui sont nécessaires à l’apprentissage. Faute d’un type de
stimulation, le développement correspondant ne se fait pas. C’est le cas par exemple des enfants
sourds et muets qui n’apprennent pas à parler spontanément.
Pour d’autres auteurs c’est d’avantage : c’est un véritable organisateur, une matrice à l’intérieur de
laquelle se développe le psychisme.
1. Le développement de l’intelligence :
Piaget oriente ses réflexions vers l’épistémologie : c’est une théorie de la connaissance
scientifique fondée sur l’analyse du développement de la connaissance et sur celle de la constitution
des concepts utilisés par chaque science particulière au cours de son histoire.
L’épistémologie étudie les principes, les hypothèses, les méthodes et les résultats des sciences
pour en révéler la logique et en extraire la philosophie. La question fondamentale à laquelle tente de
répondre l’épistémologie génétique, est de savoir comment s’accroissent les connaissances.
Piaget cherche à comprendre comment se construit la logique humaine. Un des points de départ de
ce fonctionnement est lié au constat sur les particularités de raisonnement sur l’enfant.
Il observe que les enfants semblent tous faire le même genre de découvertes sur le monde, qu’ils
font les mêmes erreurs et qu’ils arrivent aux mêmes conclusions. Il émet l’hypothèse que par nature
l’être humain s’adapte à l’environnement. Il s’agit d’un processus actif et non passif. Il veut expliquer
le processus d’évolution et cherche à comprendre comment on passe d’un état initial de connaissance à
un état de plus grande connaissance.
2. Les stades de développement :
Piaget propose de découper le développement de l’intelligence selon un certain nombre
d’étapes ou stades qui répondent aux critères suivant :
● il y a une constance dans l’ordre de succession des stades
● chaque stade est caractérisé par une structure d’ensemble particulière qui permet d’expliquer
les diverses réactions du stade ;
● il n’y a pas de substitution d’une structure d’ensemble à une autre, mais intégration et
continuité. La nouvelle résulte de la précédente et l’intègre à elle-même ;
● au cours de chaque stade, on constate une évolution qui mène à l’équilibre final du stade.
Pour Piaget, l’intelligence n’est pas innée, elle est une des formes d’adaptation à des milieux
changeant. Elle serait un cas particulier de l’adaptation biologique. L’intelligence humaine serait
conçue comme la forme d’adaptation la plus évolué grâce à une série d’adaptation successive
permettant un état d’équilibration et de régulation entre le sujet et son environnement. C’est en cela
qu’on appelle une approche constructiviste.
Il existe plusieurs facteurs du développement intellectuel :
o l’hérédité et la maturation nerveuse
o l’exercice et l’expérience acquise dans l ‘action effectuée sur les objets
o le langage et les facteurs de transmission sociale, éducationnel et culturel.
Un des facteurs les plus important : l’équilibration. L’intelligence se développe à travers les
actions du sujet : le sujet va agir s’il en éprouve le besoin, s’il se trouve devant une situation nouvelle
à résoudre. En fait c’est un processus d’adaptation qui s’appui sur 2 mécanismes : l’assimilation et
l’accommodation.
Concept de schème : selon Piaget la connaissance consiste en un répertoire d’action physique ou
mentale, par exemple : l’action de regarder un objet ou la façon particulière de le tenir, de le
répertorier comme « balle », ou encore de le comparer à autre chose.
Définition : organisation d’une action, sa structure qui est transférable, généralisable d’une
situation à une autre. C’set une structure organisée qui se construit par tâtonnement et par assimilation
d’élément nouveau à un schème antérieur. Il se conserve en fonctionnant par répétition suivie de
généralisation.
Piaget utilise le mot schème pour faire référence à des actions. Le bébé commence sa vie avec
un répertoire inné de schèmes sensoriels et moteurs tels que : toucher, regarder, goûter, entendre ou
atteindre.
Pour un bébé un objet est une chose qui a un certain goût, une certaine structure au touché, qui
est d’une certaine couleur. Plus tard le bébé acquiert des schèmes mentaux. Il crée des catégories,
compare des objets, apprend des mots pour distinguer les catégories.
A l’adolescence, on assiste à la création de schèmes complexes tels que l’analyse déductive.
Comment l’enfant passe-t-il de schèmes sensoriels, moteurs aux schèmes mentaux complexes
plus intériorisés que l’on observe plus tard ? C’est grâce à l’accommodation, à l’équilibration et à
l’assimilation.

L’assimilation : c’est un processus d’intégration par lequel un individu incorpore de
nouvelles informations ou expériences à des structures déjà existantes. L’assimilation est un processus
d’adaptation qui permet d’associer de nouvelles informations, de nouvelles expériences à des schèmes
déjà existants. L’expérience n’est pas adoptée telle qu’elle, elle est modifiée ou interprétée de façon à
ce qu’elle concorde avec les schèmes déjà existants
Ex : lorsqu’un bébé regarde un objet et essaye d’atteindre cet objet au-dessus de lui, il le touchera, le
nommera puis plus tard il n’aura plus besoin de le toucher pour le nommer. Il assimile l’objet à des
schèmes tactiles et visuels : c’est un processus actif. L’assimilation modifie la perception (robe rouge).

L’accommodation : c’est le processus complémentaire qui consiste à modifier un
schème afin d’y intégrer la nouvelle information. C’est un processus d’adaptation par lequel un
individu modifie les schèmes existants pour s’adapter à de nouvelles situations ou expériences, ou
pour créer de nouveaux schèmes quand les anciens ne permettent plus d’incorporer les nouvelles
données (ex : la robe rouge deviendra rouge safran : on va affiner nos schèmes).
Ainsi pour Piaget l’accommodation est une des clés du développement cognitif, grâce à elle nous
réorganisons nos pensées, nous améliorons nos habiletés et nos stratégies.

L’équilibration : Piaget considère que dans le processus d’adaptation l’enfant
s’efforce de toujours trouver une cohérence, de maintenir un équilibre afin que sa compréhension
générale du monde soit logique et sensée.
Il envisage 3 grandes réorganisations particulières ou équilibrations, chacune conduit vers une
nouvelle période de développement :
- La 1ère équilibration a lieu à 2 ans environ, quand l’enfant s’éloigne de la prédominance des
seuls schèmes (sensori-moteurs) pour se rapprocher des 1ères véritables représentations internes.
- La 2ème équilibration a lieu à 6-7 ans. C’est quand l’enfant acquiert un nouvel ensemble de
schèmes que Piaget appel opérations. Les actions mentales sont bcp plus abstraites et plus générales,
telle que les additions et soustractions et réversibilités.
- La 3ème équilibration a lieu vers l’adolescence. C’est quand l’ado comprend comment opérer
sur les idées de la même façon que sur l’environnement et les objets.
Ces 3 équilibrations déterminent 4 périodes composées de différents stades
- la période sensori-motrice
- la période pré-opératoire
- la période des opérations concrètes
- la période des opérations formelles
3. Les stades du développement :
a. La période sensori-motrice
C’est le stade de l’intelligence sensori-motrice. (0-2 ans). L’Intelligence sensori-motrice est
une adaptation pratique au monde extérieur, càd que le bébé va résoudre les problèmes par l’action en
s’appuyant sur la perception et le mouvement.
Elle se construit progressivement à partir de l’adaptation réflexe consécutive à la naissance, en
passant par 6 sous-stades, pour aboutir entre 1.5 ans et 2 ans à l’adaptation proprement intelligente.
Pendant cette période, l’évolution est rapide et importante. Au début, l’enfant ne distingue pas
le monde extérieur, cet état initial d’indifférenciation constitue ce que Piaget a appelé l’égocentrisme.
L’évolution est marquée par une décentration progressive qui conduit l’enfant à se situer luimême comme un objet parmi les autres.
Selon Piaget, le bébé vient au monde uniquement doté de schèmes sensoriels et moteurs. Dans un 1er
temps il ne réagit qu’u stimuli immédiat. Il ne fait pas de lien entre les événements d’une fois à l’autre.
Il ne semble pas réfléchir dans le sens d’une intention, ou d’une planification.
Cependant, au cours des deux 1ères années, il parvient progressivement à comprendre que les
objets continuent d’exister même lorsqu’ils sont hors de vue. Et il est capable de se souvenir de
l’objet, d’actions et de personnes pendant un certain temps. Piaget précise que l’enfant à ce stade n’est
pas capable de manipuler ses 1ères images mentales ou souvenirs, ni de recourir à des symboles pour
représenter des objets ou des événements.
C’est cette capacité de maîtriser des symboles, des mots ou des images vers l’âge de 18-24
mois qui détermine l’accession à l’étape suivante.
Exercices réflexes (0-1 mois) : au cours de ce stade par l’activité l’enfant consolide ses
réflexes, schèmes comportement innés.
Premières habitudes (1-4 mois) : adaptation acquise et réaction circulaire primaire. C’est sur
cette base des schèmes issus des réflexes archaïques que se greffent les premières habitudes par le
mécanisme de réaction circulaire. C’est quand un résultat intéressant découvert par hasard est conservé
par répétition. A ce stade, il ne s’agit que d’activité concernant le corps propre (sucer).
Adaptation sensori-motrices intentionnelles et les réactions circulaires secondaires (4- 89 mois) : le début de ce stade est marqué par l’apparition des réaction circulaires secondaires qui
portent cette fois dur des objets extérieurs. Il s’agit de répéter des gestes ayant exercé par hasard une
action intéressante sur les choses. L’enfant reproduit le même geste pour obtenir le même résultat.
Coordination des schèmes secondaires et application aux situations nouvelles (9 – 11-12
mois) : il y a distinction du but et du moyen pour l’atteindre. L’intelligence se manifeste dans la
coordination des schèmes, il ne s’agit plus d’une simple répétition mais d’une combinaison nouvelle.
On observe un début de compréhension des liens de causes à effets.
Découverte de moyens nouveaux par expérimentation : et réactions circulaires tertiaires
(12-18 mois) : l’enfant développe pendant ce stade des conduites d’expérimentation actives dont le but
est issu d’une intention spontanée du sujet. Il varie les schèmes pour voir les différences d’effets
obtenus, ou cherche des effets nouveaux. Le bébé ne se contente plus de répéter l’action d’origine, il
essaye des variations sur le même thème.
Invention de moyens nouveaux par combinaisons mentales (18-24 mois) : c’est la période
de transition entre l’intelligence sensori-motrice et l’intelligence représentative. L’enfant devient
capable de trouver des moyens nouveaux, non plus seulement par tâtonnement mais par combinaison
intériorisé qui aboutissent à une compréhension soudaine.
Les 2 principales acquisitions de ce stade sont :
 la construction de l’objet permanent : le bébé devient capable de se représenter l’existence
et les déplacement d’un objet qui a disparu hors de son champ perceptif, il prend
conscience qu’un objet continu d’exister même quand il n’est plus visible.
 la construction de la notion d’espace qui permet à l’enfant d’organiser les déplacements de
son corps propre.
b. La période pré-opératoire
C’est le stade de 2 à 7-8 ans. C’est l’accès à la pensée représentative favorisée par l’apparition
du jeu symbolique (papa/maman ; docteur…) de l’image mentale, des 1ers dessins de l’imitation
différée et de l’accès au langage parlé.
A ce stade, l’enfant peut agir en pensée sur des objets représentés en pensée, car les schèmes
d’action acquis et coordonnés du stade précédent s’intériorisent dans l’espace psychique sous forme de
représentation des gestes et de leurs effets.
Apparition de la fonction symbolique (ou sémiotique) (2-4 ans) : cette fonction permet à
l’intelligence de se détacher de l’action.
Organisation représentatives fondées sur des configuration statiques (4-5.5 ans) : on voit
apparaître des structures élémentaire de logique comme l’identité ou l’interdépendance de 2 facteurs.
Ceci permet à l’enfant de saisir les relations de dépendance mais comme il est encore incapable de
revenir en pensée à l’état initial d’une transformation qui constate le manque de réversibilité de la
pensée, il limite encore bcp la valeur des raisonnements.
Représentation articulées par régulation (5.5-7 ans) : a partir de 5.5 ans, vont naître les
possibilités d’abstraire certaines caractéristiques d’une situation et de les coordonner dans un systèmes
unique.
A la période pré-opératoire, la pensée de l’enfant est toujours marquée par l’égocentrisme. Il voit
analyse et pense les choses selon ses propres points de vue. Sa pensée est intuitive et se fonde sur sa
perception. Son raisonnement à plusieurs caractéristiques :
 le syncrétisme : démarche de l’esprit confuse, générale, obscur, et inexacte, sans analyses et
sans distinctions ;
 l’animisme : il s’agit d’une tendance à concevoir les choses comme vivante et douées
d’intention
 le finalisme : c’est la définition d’une action par son résultat.
Les enfants cherchent à comprendre la raison des choses, leur causalité et leur finalité. La
logique à cet âge parait illogique. Ainsi par exemple, une petite fille qui n’avait pas fait sa sieste ne
voulait pars prendre le repas du soir parce que selon elle l’après midi n’était pas encore passé. Elle
avait correctement associé la sieste et l’après-midi, mais avait incorrectement prêté à ce lien un
caractère directement causal. Cette logique est appelée « logique transductive ».
c. La période des opérations concrètes
De 7-8 ans à 11-12 ans : l’enfant fait d’énorme progrès quand il découvre ou élabore un
ensemble de règles et de stratégies d’exploration et d’interaction avec le monde externe qui l’entoure,
c’est « l’opération concrète » selon Piaget.
Les opérations sont un ensemble de schèmes abstraits et interne comme la réversibilité,
l’addition, la soustraction, la multiplication. Chacun de ces schèmes est une sorte de règle interne qui
porte sur les objets et leur relation. Ce stade marque un tournant dans le développement de
l’intelligence grâce à l’apparition des opérations réversibles. L’enfant est désormais capable d’annuler
en pensée une opération ou une modification qu’il a pratiqué pour revenir à l’état initial. Il ne fonde
plus sa pensée sur les seules données de la perception. C’est à cette époque qu’apparaissent les notions
de conservation (de la matière, du poids et du volume).
Selon Piaget, la conservation est une condition nécessaire à toutes activités rationnelles. Les
opérations de ce stade sont dites concrètes car elles portent sur le réel et ses transformations. Elles sont
toujours liées à l’action et la décrivent logiquement, c’est là qu’apparaît la construction du monde.
L’enfant développe également la logique inductive (c’est ce qui consiste à passer du particulier
au général). L’enfant de cet âge peut induire un principe général de son expérience personnelle.
d. La période des opérations formelles
12 ans et plus : c’est la préadolescente. C’est une pensée qui se libère des contenus auxquels
les opérations concrètes étaient liées pour porter sur de purs objets de pensées, ce qui va augmenter ces
possibilité déductives. L’avènement de cette pensée formelle va de paire avec l’instauration d’une
véritable méthode expérimentale. L’enfant est désormais capable de faire des hypothèses et de faire
varier les facteurs en jeu avant de passer à l’expérimentation proprement dite : raisonnement
hypothético-déductif (c’est tiré des conclusions directement des hypothèses sans avoir besoin
nécessairement de passer par l’observation réelle et concrète).
La pensée formelle est celle qui s’appuie sur un matériel symbolique, un système de signe
conventionnel tel que les maths ou le langage. La logique est déductive, c’est une forme de
raisonnement qui consiste à passer du général au particulier, d’une règle à un exemple précis ou d’une
théorie à une hypothèse.
CONCLUSION :

Le développement intellectuel se fait dans une perspective constructiviste. Il pose le
développement cognitif dans la continuité et dans une perspective interactionniste permanente entre le
milieu et l’enfant.

Au cours de la construction se trouve l’action. C’est l’action qui se trouve au point de départ de
la vie psychique. Le développement correspond à une mentalisation progressive de l’action.

La critique de ce modèle : ce modèle du développement intellectuel n’accorde que peut de place
à l’affectivité. Pour Piaget, l’affectivité n’est que le moteur, l’énergie du développement.
II.
Approche d’Henri WALLON :
Introduction :
Henri WALLON consacre ses travaux à l'enfant mais dans une optique plus large que celle de
PIAGET. Il ne se limite pas à l'étude de la genèse de l'intelligence mais englobe l'ensemble du
développement de l'enfant dans une même perspective qui intègre aussi bien les aspects cognitifs,
affectifs et sociaux.
1. Concept de Base :
Il existe trois concepts de base chez WALLON:
 l'émotion: c'est un concept central. L'émotion est à la frontière entre le physiologique et le
psychologique. C'est aussi un mode de communications sociales. Elle se situe entre la
pensée et l'acte.
 le mouvement: ce concept est sous jacent à la notion d'émotion. Le mouvement est le seul
moyen qu’a le bébé pour témoigner de sa vie psychique.
 l'imitation: WALLON met l'accent sur l'imitation différée. Cette forme d'imitation est
symbolique et donc représentative. Cette forme marque le passage entre deux formes
d'intelligence (l'intelligence des situations et l'intelligence représentative).
2. Notion de développement :
Il y a des différences avec le model de PIAGET. Chez WALLON, le développement apparaît
discontinu, plein de contradictions avec des périodes de crises que WALLON compare à des périodes
de mutation. Chez WALLON, on n'a pas une suite de stades définis.
Deux facteurs interviennent dans ces périodes de crises:
● le facteur biologique qui renvoi à la maturation du système nerveux.
● le facteur social, constitué par des situations auxquelles l'enfant est confronté corrélativement
à l'évolution de sa maturation.
Ses crises sont des moments de sa maturation où l'évolution de ces deux facteurs amène à un
nouveau système d'interactions.
Les 1ères manifestations du psychisme chez l'enfant prennent la forme d'émotions. Chez
WALLON, l'affectif précède le cognitif. Du même coup, WALLON pose l'action comme principe
directeur de la psychogenèse.
Les actions de l'enfant dès la naissance produisent des effets sur l'entourage grâce aux
mécanismes de réactions circulaires. Ces effets produisent des actions. Ces actions produisent des
effets qui produisent des actions…
Tout cela produit des représentations qui sont essentielles car elles sont la base de l'activité
mentale. Ces représentations vont à nouveau diriger l'action, ce qui contribue à construire
progressivement le psychisme.
3. Les stades du développement :
Le 1er stade:
C’est le stade impulsif et émotionnel de 0 à 1an. Le stade impulsif correspond à l'impulsivité
motrice. Ce stade correspond au stade initial de l'activité préconsciente. Il est caractérisé par une totale
dépendance biologique. La satisfaction des besoins dépend de l'entourage et surtout de la mère.
Contrairement à la vie fœtale, la satisfaction des besoins n'est plus immédiate et automatique.
L'enfant va connaître, à la naissance, l'attente, le manque, le besoin. L'enfant va donc réagir par des
pleurs et par des cris qui ne sont pas de simples décharges musculaires.
C'est donc bien de l'impulsivité motrice pure, c'est à dire qu'il n'y a ni motivation, ni intention,
ni but externe.
Comment passe-t-on de ces réactions purement physiologiques à des réactions qui révèlent le
psychisme et la conscience?
Pour WALLON, les 1ères réalisations mentales s'observent dans les mouvements. A ce stade,
les progrès sont provoqués par le fait que les agitations impulsives de l'enfant ont valeur de signe
d'appel à l'aide pour l'entourage.
C'est parce qu'il y a cette boucle d'interactions que l'enfant reprend à son compte le sens
attribué par l'entourage. De ce fait, des actions motrices des enfants deviennent peu à peu des moyens
d'expression. On passe du registre impulsif au stade émotionnel.
Ce stade émotionnel co-existe avec le stade impulsif mais débute vers 2-3 mois. Il est
caractérisé par la prépondérance des expressions émotionnelles qui deviennent le mode dominant de
relations entre l'enfant et son entourage. " Un véritable champ émotionnel se créé, c'est à dire les
gestes, les aptitudes et les mouvements qui traduisent les besoins de la honte provoquent les
relations de l'entourage." WALLON.
Progressivement, les réactions motrices de l'enfant se diversifient, se complexifient. Il devient
capable d'exprimer des émotions différenciées. Le registre émotionnel est de plus en plus fin, ce qui va
permettre d'améliorer la communication, et ce qui met en avant l'importance du lien social.
Le fait d'établir des premiers liens de signification permet d'établir les premières
représentations mentales. Chez WALLON, la conscience débute avec l'émotion. L'émotion établie une
première relation de l'enfant avec son entourage mais il reste toujours plongé dans l'indifférenciation.
Pour qu'il s'en dégage, il faut la médiation par un autre type d'activités. Cette activité est
l'exploration du monde des objets.
Le 2ème stade:
Ce stade va de 1à 3 ans.
Ce stade commence quand l'enfant devient capable de réagir à un objet. C'est le moment où la
manipulation motrice achève de se mettre en place et correspond au reflex d'orientation.
 L’activité sensori-motrice prend deux directions:
- la manipulation des objets
- explorations de l'espace proche
Ces 1ères activités permettent à l'enfant d'identifier les objets, de les reconnaître, de
reconnaître aussi leurs qualités. Elles aboutissent à l'intelligence pratique que WALLON appelle
intelligence des situations.
Ce qui permet le passage au projectif est l'acquisition de la marche du langage. Grâce à la
marche et au langage, les objets acquièrent plus d'indépendance, plus de réalités. Dans ces
déplacements, l'enfant apprend à mesurer les distances, à faire varier les directions et va apprendre à
localiser des objets. Le nom permet à l'enfant d'individualiser les objets et va lui permettre de
comparer différents objets entre eux.
3ème stade:
Stade du personnalisme (3 à 6ans):
Ça stade a pour objet l'indépendance et l'enrichissement du "MOI". Vers 3 ans, l'enfant
commence à manifester de l'opposition, du refus. L'enfant a une meilleure conscience de lui même
grâce à l'emploi plus approprié des pronoms personnels.
Le stade du personnalisme fait référence à la personne dans le sens où l'enfant va affirmer sa
personnalité pour devenir autonome. La prise d'autonomie passe par l'opposition et le conflit.
Certains éléments vont permettre de mener à la conscience de soi. C'est l'exploration du
monde qui a eu lieu au stade précédant qui va permettre à l'enfant de délimiter l'espace subjectif et
l'espace environnemental.
L'apparition de la notion de corps propre, de sociabilité et de conscience de soi, l'imitation
n'est plus seulement une copie de gestes mais devient une copie de rôles et de personnes. Grâce à elle,
l'objet prend de plus en plus une existence propre. Cette objectivité contribue à l'évolution
intellectuelle de l'enfant.
Des progrès s'accomplissent dans différents domaines, dans le domaine du langage, de la
perception mais surtout dans le domaine de l'intelligence pratique. Il y a aussi une mise en place de la
représentation et du symbole.
C'est le premier stade où l'enfant affirme sa personne et sa conscience.
4ème stade: stade catégoriel
A ce stade, l'activité dominante est celle de conquête et de connaissance du monde extérieur.
C'est un stade à prédominance intellectuelle. Le signe annonciateur de ce stade se révèle par
l'apparition d'un pouvoir nouveau: c'est le pouvoir d'autodiscipline ou d'attention. C'est à dire que
l'enfant est capable de poursuivre longtemps une même activité et est capable de se concentrer sur une
activité.
Il dépend moins du présent et correspond à ce que WALLON appelle l'âge de travail.
A 6 ans se produit une réduction du syncrétisme. Entre 6 et 9 ans, s'effectuent des séries de
différenciations dans la pensée et dans la hiérarchie des opérations mentales. Ce qui permet d'aboutir
aux catégories intellectuelles. Ces catégories rendent possible les progrès dans les deux taches
essentielles à toutes les connaissances, c'est à dire la représentation des choses et l'explication du réel.
Ces catégories sont les cadres indispensables à la connaissance des choses. Elles sont
indispensables pour les analyser, les identifier, les définir, les classer, pour déterminer aussi leur
condition d'existence ou pour déterminer leur relation réciproque. Le stade constitue le moment où la
pensée enfantine rejoint celle de l'adulte. Quand les catégories de représentation et de concept se
forment, la définition du réel devient possible.
5ème stade: stade de la puberté et de l'adolescence.
Il commence par un changement de phases. Il est consacré au besoin du "MOI" et aux soucis
de la personne.
On observe un changement lié à la puberté qui entraîne un brusque mouvement de retour sur
soi avec une rupture de l'équilibre antérieur, une remise en question, remaniement général qui affecte
tous les domaines de la vie psychologique. Il en résulte de l'inquiétude, de l'ambivalence.
Avant l'ambivalence, le monde était un simple objet à explorer. Il devient maintenant de plus
en plus complexe pour l'adolescent. Il va se poser des questions sur la raison d'être des gens, sur leur
origine. L'adolescent est en plein doute métaphysique. Tous ces signes marquent l'apparition de
nouvelles aptitudes de raisonnement et d'aptitudes de combinaisons mentales. L'adolescent devient
capable de dépasser la connaissance dans son existence apparente pour la saisir dans son devenir et
dans les lois qui la font exister.
C'est grâce à ce remaniement général que s'opère la prise de conscience de soi. Ce qui permet
la construction d'une personnalité polyvalente qui marque le passage à l'age adulte.
III.
Approche de LEV VIGOTSKY :
Il fait partie de l'école russe. Ses travaux ont été découverts au XIXème siècle. Il est philosophe
et pédagogue et envisage le développement de l'enfant en se basant sur l'interactionnisme social.
Il va plus loin que WALLON car les fonctions comme le langage, la pensée, la mémoire sont
le fruit d'une interaction permanente avec le monde des adultes. Ceci amène à poser la question de ce
qu'est le monde des adultes.
Pour VIGOTSKY, le monde des adultes est celui qui maîtrise un système de signes comme le
langage mais aussi tous les codes sociaux ou valeurs sociales. VIGOTSKY estime qu'un système intra
psychique autonome et individuel s'élabore à partir d'un système inter psychique. Le sujet ne se
développe pas seul mais à partir du groupe.
VIGOTSKY affirme une genèse sociale. C'est à dire que la famille, l'école sont des lieux
privilégiés de l'évolution. Les hypothèses de VIGOTSKY sont importantes pour la réflexion éducative.
Du point de vue cognitif, VIGOTSKY est en accord avec les travaux de PIAGET. Pour VIGOTSKY,
le développement cognitif peut subir une accélération dans certaines situations favorables et grâce à
l'intervention de l'adulte.
Le développement de l'enfant s'appuie sur l'intervention de l'adulte qui sert alors de médiation.
La médiation donne accès à des formes de représentation plus élaborées mais aussi à des processus de
pensée plus raffinés. L'apprentissage accélère le développement.
Les processus mentaux de l'enfant vont être transformés grâce au langage. Ces processus sont,
au début, involontaires et c'est le langage qui permet le passage de processus involontaires à des
processus volontaires. Au début, les actions de l'enfant sont contrôlées par le discourt des adultes.
Puis, au fur et à mesure, l'enfant intériorise le langage. Ce langage intérieur, c'est la pensée.
Jusqu'à deux ans, la pensée et le langage évoluent. C'est la période pré linguistique de la pensée. Puis,
à deux ans, pensée et langage convergent, ce qui permet à la pensée de devenir verbale et le langage
devient intellectuel. Cette convergence implique qu'à travers le langage, l'enfant accède à des systèmes
de signification déjà construit.
Cette approche de VIGOTSKY est une approche historico-culturelle.
Le langage est un moyen de culture et de socialisation.
 Concept de zone proximale du développement:
C'est un concept qui a une grande importance dans la pédagogie. L'enfant découvre son
environnement, apprend à agir sur les objets grâce à la médiation sociale.
Les interactions avec des partenaires plus compétents sont nécessaires pour le développement
d'une pensée qui sera autonome à l'issue du processus. C'est à dire que les activités menées avec les
adultes permettent la mise en relation des actions et leurs résultats ainsi que la mise en relation des
significations langagières avec les effets qu'elles permettent d'obtenir.
Cette notion de zone proximale du développement rend compte des rapports à établir entre un
niveau de développement actuel et les apprentissages potentiels autorisés au cours des interactions de
guidage.
ETAYAGE
Niveau n1  actuel
Niveau n2  potentiel
Niveau n3  cognitif
L'étayage permet de passer d'un guidage externe à un autoguidage.
Le concept de zone proximale de développement sert de base à l'étude du conflit sociocognitif.
Si on fait résoudre un problème à des enfants incapables de le faire seuls, ensemble, ils réussissent et
vont passer à un niveau supérieur.
Ce développement cognitif est tributaire des interactions sociales et particulièrement dans les
relations fortement asymétriques. L'apprentissage se fait grâce à la communication, à la démonstration
et à la modélisation.
IV.
Approche de la psychologie sociale du développement :
On a vu deux grands thèmes: développement cognitif et développement de la socialisation
Ils ont rarement était croisés.
C'est une question relativement récente due à DOISE, MUGNY et PERRET CLERMONT.
Ils se sont posés la question de l'influence réciproque de ces deux thèmes. Il s'agit d'étudier le
rôle des facteurs sociaux dans le développement cognitif individuel et de rechercher l'explication des
modes d'action de ces variables sociales.
Ces auteurs s'appuient sur les travaux de PIAGET, WALLON et VIGOTSKY.
L'objectif de cette approche est de parvenir à comprendre comment s'opèrent les rencontres
entre les processus psychiques qui sont intra individuel et les processus de régulation sociale qui
agissent sur les relations avec d'autres individus.
Ces auteurs reprennent les travaux de PIAGET en essayant d'y inclure en plus le rôle du
social, en donnant une place centrale au conflit.
Chez PIAGET, le conflit est cognitif et intra individuel et n'a pas de lien avec les aspects
sociaux. Chez PIAGET, le conflit résulte du constat de l'inefficacité de certains schèmes face à des
situations nouvelles. Pour sortir du conflit, l'enfant élabore de nouveaux schèmes qui vont permettre la
résolution du problème interne et le retour à un état d'équilibre. Pour la psychologie sociale du
développement, les instruments cognitifs sont élaborés de manière constructiviste et progressive lors
des interactions sociales.
Pour ces auteurs, il existe un lien de causalité entre le développement social et le
développement cognitif. Pour l'expliquer, ils vont utiliser le concept du conflit sociocognitif. Le
développement est conçu comme une construction sociale qui répond à la confrontation, lors des
interactions sociales, à des schèmes ou à des formes de raisonnement contradictoire. Le progrès
consiste en une coordination progressive de ces schèmes ou de ces raisonnements. Ce conflit
sociocognitif est caractérisé par une double nature: - nature sociale
-nature cognitive
C'est d'abord un conflit de nature sociale à partir du moment où il existe des formes de raisonnements
contradictoires aux siennes.
C'est un conflit de nature cognitive car la prise de conscience qu'il existe une réponse différente de la
sienne peut entraîner un conflit cognitif interne.
Il s'agit d'un double déséquilibre (social et cognitif). L'enfant recherche à le dépasser en coordonnant
les différents points de vue pour parvenir à une réponse commune.
 C'est l'intériorisation de coordination sociale.
Il faut que la régulation du conflit se fasse sur un mode sociocognitif pour qu'il y ait un
progrès intellectuel. Il peut y avoir des régulations sur un mode relationnel. La régulation relationnelle
annule tous les effets positifs du conflit. La régulation provoque un changement de surface tandis
qu'une régulation sociocognitive entraîne une modification plus fondamentale car elle résulte d'une
réorganisation cognitive profonde.
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