
3ème point : Aujourd’hui, à la recherche d’un nouveau modèle :
o Après avoir enregistré une récession record depuis l’effondrement du bloc soviétique, le Russie a retrouvé en 2010 une croissance
de l’ordre de 5%. L’inflation mal chronique de l’économie russe a été maîtrisé et les déficits publics qui s’étaient t creusés en 2009
ne devraient pas dépasser 3% du PIB. Cependant l’économie russe reste rongée par la corruption et demeure la plus fragile des
BRIC.
o Délaissée à la fin de la période soviétique, l’agriculture est revenue au cœur des priorités gouvernementales. Un plan quinquennal
a été mis en place avec des objectifs ambitieux : atteindre l’autosuffisance alimentaire alors que le pays doit acheter à l’étranger
30% de sa viande, 20% de ses produits laitiers et 70% de ses fruits. Le gouvernement a favorisé de grands groupes pour
développer le secteur. La Russie tente aussi de redevenir un grenier à blé en exploitant la totalité de ses 220 millions d’hectares
cultivables (10% des terres agricoles mondiales), dont beaucoup restent inutilisées, et en accroissant ses rendements, qui sont
par exemple, trois fois plus faibles que ceux de l’agriculture française. A terme le pays ambitionne de doubler sa production et de
devenir le premier exportateur mondial de blé.
o L’industrie qui représente plus d’un tiers du PIB repose encore sur les infrastructures de l’ère soviétique et reste traditionnelle,
spécialisée dans l’exploitation minière et les industries lourdes, comme la construction mécanique ou la production d’aluminium.
En 2009, la production industrielle a chuté de 11%, une première depuis le début des années 2000. Le président de l’Union des
Métallurgistes a par exemple reconnu que faute d’investissements, la branche n’était plus compétitive. Et malgré la reprise de
nombreuses industries restent en crise. Le gouvernement tente de dynamiser de nouveaux secteurs, comme celui de l’automobile.
AvtoVaz, fabricant des Lada et plus grand constructeur automobile du pays, a été sauvé l’automne. En échange d’une aide accrue
de l’Etat russe, Renault, entré dans le capital en 2008, s’est engagé à investir 240 millions d’euros en technologie et en matériel.
o La crise a révélée la principale faiblesse de l’économie russe : sa trop grande dépendance aux hydrocarbures, qui représentent
60% des exportations. Dès que les cours mondiaux ont baissé, l’économie du premier exportateur mondial de gaz et le deuxième
de pétrole s’est écroulée. En six mois le prix du brut de l’Oural a par exemple été divisé par quatre et selon les estimations des
économistes, une baisse de 20 dollars du prix du baril entraîne automatiquement une perte de 4 points de croissance du PIB
russe. Le géant Gazprom, moteur de l’économie et arme diplomatique du Kremlin, a vu ses bénéfices chuter. Le fond de réserve
russe, alimenté par les revenus issus des hydrocarbures, a permis des mesures de relance pour lutter contre la crise sans recourir
à un prêt du FMI, mais il a fondu d’un tiers en quelques mois et menace de s’épuiser. Pour augmenter sa production
d’hydrocarbures et trouver de nouveaux débouchés, Moscou multiplie les projets de gazoducs et d’oléoducs. Les gazoducs North
Stream, qui relliera l’Allemagne via la Baltique, et South Stream, qui traversera la mer Noire, la Bulgarie et l’Italie, devraient entrer
en service d’ici à 2025. Ils permettront de faire transiter 100 milliards de m3 par an vers l’Europe, en contournant l’Ukraine. Un
oléoduc d’une capacité de 15 millions de tonnes de brut par an est en construction vers la Chine, devenue premier partenaire
commercial de la Russie.
o Le pays a été également confronté à un assèchement des liquidités et de nombreux pans de son économie très endettés ont été
asphyxiés. La raréfaction des crédits a stoppé net la croissance des secteurs de la construction, de l’hôtellerie ou des industries de
transformation. Les banques et les oligarques ont dû recourir aux marchés internationaux pour financer leurs investissements et
ont levé à l’étranger plus de 400 milliards de dollars. Le secteur bancaire a néanmoins résisté à la crise. Relativement concentré
(Sberbank) la plus grande banque d’Europe orientale détient 40% des dépôts russes, il a bénéficié des aides de l’Etat. La banque
centrale russe a elle débloquée 600 milliards de dollars pour relancer le marché du crédit.
o Face à cette crise, le changement de modèle économique est devenu un enjeu vital pour le Kremlin. Dimitri Medvedev a fait de la
modernisation du pays une priorité pour sortir d’une économie basée sur les rentes issues des hydrocarbures. Les nouveaux
domaines privilégiés sont la production d’énergie, les technologies spatiales et de l’information et le développement de la
recherche médicale. Le gouvernement tente ainsi de fonder, sur les ruines de l’industrie soviétique, un grand constructeur national
d’aéronautique et Vladimir Poutine ont annoncé la construction de 26 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2020, soit presque
autant que l’URSS en avait bâti en soixante-dix ans pour devenir un leader mondial du nucléaire civil. Le premier ministre a
également appelé les oligarques a participé à l’efforts de relance et de diversification. Pris au piège de la crise après avoir bâti
leurs empires grâce à des prêts gagés sur la valeur de l’action de leur entreprise, ils ont bénéficiés d’aides du Kremlin et sont
soumis au pouvoir politique. Ainsi le magnat des matières premières, Viktor Vekselberg, a été chargé de fonder un pôle de
nouvelles technologies, s’inspirant de la Sillicon Valley, dans les environs de Moscou. Et plusieurs grands groupes participent aux
travaux du site des jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi. Environ 12 milliards d’euros de capitaux ont déjà été investis,
presque de 10 fois plus que le coût global de ceux de Vancouver.
o L’économie russe reste ainsi sous la coupe de grands groupes proches du pouvoir et d’entreprises d’Etat, qui tiennent des
secteurs clés comme ceux de l’armement, de l’énergie atomique ou des nano technologies. Le président a estimé que les
conglomérats publics devaient à termes disparaître mais le plan de privatisation prévu pour 2010 est moins massif qu’annoncé.
L’Etat ne cède que des parts des assurances, des compagnies maritimes ou des aéroports qu’il détient tout en y restant