Cours TES4 – Chapitre 5 – Année 2004-2005 – E. Charrier
individualistes plus rationnelles càd reposant sur des arbitrages coûts/avantages. Le recours aux conflits violents et durs leur
apparaît inefficace et dépassé. La grève est considérée comme perturbatrice. Les solutions négociées sont privilégiées.
SECTION 2. DIVERSIFICATION DES OBJETS ET DES FORMES DE L’ACTION COLLECTIVE.
Travail sur livre : manuel Bréal de terminale ES pages 231 à 245.
TD : entraînement à la dissertation : « Vous analyserez les objets et les formes des nouveaux mouvements sociaux », sujet
pages 251, 252 du livre.
Annexe : THEORIES : LUTTES DE CLASSES OU ACTION COLLECTIVE ?
Deux courants d’analyse s’opposent à propos des conflits sociaux :
- l’approche holiste qui considère que la société est structurée par les classes sociales, leurs luttes étant au cœur des conflits sociaux
- l’individualisme méthodologique cherchant à déterminer comment, dans une société d’individus, peut naître une action collective.
A. Les conflits sociaux sont-ils des conflits de classes ?
1. La théorie marxiste.
Pour Marx, la société est structurée en classes sociales (en général deux). Celles-ci sont de vastes groupes sociaux réunissant ceux qui occupent la même
position dans les RSP (propriété des moyens de production, maîtrise de la production, salariat, etc.). Les critères économiques définissent objectivement
les classes sociales (on parle de « classes en soi »). Mais cela ne suffit pas. Pour qu’elles existent réellement (« classes pour soi »), il est nécessaire que
les individus appartenant à une classe aient conscience de cela càd des intérêts communs qui les relient aux autres membres de la classe et de ceux qui
les opposent aux autres classes sociales. L’opposition des intérêts débouche nécessairement sur des conflits : la lutte des classes. Celle-ci oppose en
général deux classes et cette opposition, d’abord économique, se propage à l’ensemble des pratiques sociales et culturelles : relations familiales, valeurs,
loisirs, comportements politiques, etc. La lutte des classes est indissociable de l’existence des classes sociales et se trouve au cœur de l’histoire càd du
changement social.
Outre le rôle fondamental qu’elle a joué dans les mouvements sociaux depuis plus d’un siècle, on peut retenir de la théorie marxiste trois principes
fondamentaux pour une sociologie des conflits
- les conflits sont un trait permanent de toute société
- ils sont le moteur du changement social
- ils expliquent le changement social par les contradictions internes aux sociétés càd par des facteurs endogènes et non exogènes
(transformations climatiques, principe spirituel guidant les hommes, etc.).
Pour autant, certains ont reproché à Marx d’avoir fait de la société capitaliste du XIX° une généralité.
2. Vers une disparition des conflits de classe ?
De nombreux sociologues considèrent que l’analyse marxiste n’est plus pertinente pour expliquer le fonctionnement des sociétés modernes et, plus
particulièrement pour saisir la nature des conflits sociaux. Pour l’essentiel, les conflits sociaux seraient en déclin et perdraient leur nature de conflits de
classes du fait de la disparition des classes sociales. Cf. chapitre précédent.
D’autres sociologues ont tenté de faire évoluer la théorie en termes de classes sociales en proposant de ne plus lier l’origine des conflits à la propriété
privée des moyens de production
3. Des conflits sociaux basés sur l’autorité aux nouveaux mouvements sociaux
a. L’autorité nouvel enjeu des conflits sociaux.
Pour le sociologue R. Dahrendorf, l’erreur de Marx est d’avoir mené une analyse réductrice des conflits sociaux en fonction de la seule question de la
propriété des moyens de production et de subordonner ainsi le social et le politique à l’économique. Si cette confusion est possible dans la société
industrielle du XIX°, elle n’est plus pertinente aujourd’hui. R. Dahrendorf propose de substituer aux rapports de production les relations d’autorité.
S’inspirant de M. Weber, Dahrendorf définit l’autorité comme la probabilité qu’un ordre ayant un contenu spécifique soit suivi par un groupe de personnes.
Dans une société comme la notre, il existe une multitude de groupes sociaux ou d’instances dans lesquels peut s’exercer l’autorité : entreprises,
associations, partis politiques… Dans chacun d’eux s’opère une dichotomie entre ceux qui ont l’exercice de l’autorité et ceux qui en sont privés. Un individu
exerçant l’autorité dans un groupe n’aura pas nécessairement la même position dominante dans les autres groupes sociaux auxquels il appartient.
Autrement dit, la congruence n’est en rien automatique surtout si l’on s’en réfère à la pluralité des rôles sociaux joués par un individu.
Dans chaque instance où s’exerce l’autorité, son inégale distribution engendre des conflits, latents ou manifestes, entre ceux qui veulent le changement et
ceux qui y sont opposés (en général, ceux qui exercent l’autorité). Les conflits donnent naissance à des groupes d’intérêts qui ne sont que de simples
agrégats dans le cas d’intérêts latents ou à des groupes organisés (partis, syndicats, etc.) dans le cas d’intérêts manifestes reconnus comme tels par les
individus.
La pluralité des groupes d’intérêts, leur non superposition systématique (due à la pluralité des rôles et à la non congruence des différentes dichotomies de
l’autorité) engendre une pluralité des conflits entre les divers groupes. Dans ce cadre d’analyse, Dahrendorf interprète la lutte des classes opposant dans un
conflit unique deux grandes classes comme un cas particulier de superposition maximale entre groupes d’intérêts et conflits d’intérêts. Et, admet