Les ouvriers licenciés du groupe français

publicité
Les ouvriers licenciés du groupe français SOPROFEL IDYL, sont en grève de la
faim.
Moha OUKZIZ le 210 mai 2012
Le groupe agroalimentaire français dit Soprophile Idyl, installé au Maroc, produit
le tiers des exportations de tomates de la région Souss-Massa-Daraâ. C’est environ
35 grandes remorques par jour. Le groupe produit aussi les melons, les pêches, les
raisins, les oranges et les dattes dans la région d’Errachidia. Il emploie plus de
12000 ouvrier(e )s. En sus de nombreuses grandes fermes agricoles (un millier
d’hectares), le groupe Soprophile Idyl comporte deux stations d’emballage de
15000m2. Une dans la commune E Safa Bouyekra, l’autre dans la commune Ait
Amira, les deux communes sont du département Chtouka Ait Baha. Le groupe
dispose d’une plateforme logistique de distribution (11000m2). Les produits du
groupe sont commercialisés en France par Idyl, l’autre identité juridique de
l’entreprise. Les deux grands responsables du groupe sont le français Patrick
PUECH et l’Italien sahraoui, Hassan EDERHEM.
Le groupe a son siège dans les Bouches-du-Rhône, à Chateaurenard, son dirigeant
principal est Patrick PUECH, son secteur d’activité est le commerce de gros ( interentreprises) de fruits et de légumes. Sa première implantation est à Dakhla au
Sahara Occidental. Et puis Chichaoua, Marrakech, Errachidia et Agadir.
L’arboriculture, la nurserie, le maraichage, la packaging, et même la presse sont les
domaines de production du groupe. Il commercialise les divers produits sous les
marques suivantes : Idyl, Etoile du Sud, dattes Filali, Bongoo of morocco,
agriculture du Maghreb. 95% des exportations du groupe sont destinées à
l’Europe, au Canada et à la Russie. 150 000 tonnes de tomates par an passent par la
plateforme logistique du groupe, sans parler des autres fruits et légumes.
Le groupe ne manque pas de travail à longueur d’année, et pourtant les
ouvrier(e)s sont dans une précarité constante( pas d’embauche). L’entreprise ne
respecte pas le droit du travail, des ouvrier(e)s ne sont pas inscrits auprès des
caisses sociales(CNSS). Le harcèlement sexuel est le traitement réservé aux
ouvrières. Des accidents de travail sont en augmentation sans cesse. Un bureau
syndical attaché à la CDT (la Confédération Démocratique de Travail) s’est
constitué. Le patron français en l’occurrence, monsieur Patrick PUECH, a licencié
(exclu) les ouvriers fondateurs du bureau ainsi que ses membres. Les ouvriers ont
protesté contre cette décision et ont organisé des manifestations et setting.
La justice marocaine au service du patronat a condamné, en première instance, les
ouvriers selon l’article 288 du droit pénal qui criminalise le droit à la grève et a
exercé des poursuites contre les syndicalistes.
Il faudrait rappeler que Soprofel Idyl a licencié plus de 2000 ouvrier(e)s depuis
2008, sans dédommagement ni indemnité ou alors avec de vraies miettes 500DH (
47€).
L’accord du comité de conciliation stipule :
- Le retour à l’emploi des licenciés,
- rattachement syndical de trois ouvriers,
Seulement 9 ouvriers sur 30 ont retrouvé leur poste, les autres seraient
indemnisés 3000DH (285€) l’année de travail.
Après de multiples et vaines démarches auprès de la direction du groupe et des
autorités locales et régionales, pour application des termes de l’accord, les ouvriers
par le biais de leur syndicat ont adressé des correspondances aux responsables
pour les informer de leur action de lutte. Monsieur Abdellah RAHMOUN, secrétaire
général de la centrale syndicale CDT à AGADIR, ignore complètement leur dossier.
Les patrons français et marocains trouvent qu’à « Souss-Massa (qu’il ya ) trop de
grève dans les exploitations agricoles » titre le journal l’économiste. «Les syndicats
ne contrôlent pas vraiment leurs troupes» ajoute le journal. Et le responsable
syndical à Agadir, monsieur RAHMOUN, est-il à l’écoute des patrons ou des
ouvriers ?
Six ouvriers ont alors décidé d’entamer la grève de la faim le 26 avril 2012 devant
le siège du groupe dans des tentes de misère. Ils réclament la satisfaction de leurs
revendications : indemnités de licenciement et dommages et intérêts de
licenciement abusif depuis trois ans. Rayer leurs noms de la liste noire dont
disposent les entreprises de la région et leur permettre de trouver du travail dans
d’autres unités de production.
Les six ouvriers en grève de la faim sous leur tente de misère devant le siège de
l’entreprise, sont menacés de poursuite judiciaire. L ‘huissier s’est rendu sur place
pour menacer les grévistes, faire appliquer les termes des jugements à l’encontre
de Abdelhadi EL AZAOUI, condamné à une amende de 15000 DH et menacer deux
autres dans une affaire de piquets de grève. L’huissier faisait l’émissaire du patron,
il a proposé à l’ouvrier en grève de la faim, monsieur Abdelhadi EL AZAOUI de
quitter les lieux et de se désolidariser de ses camarades, seule condition d’arrêt des
poursuites. Deux de ses camarades sont menacés également menacés de poursuite.
La centrale syndicale , CDT, à qui appartiennent les grévistes de la faim, ne traite
pas leur dossier et ne s’intéresse pas à leur combat. Les ouvriers du groupe
français, Soprofel Idyl, producteur au Maroc, considèrent que la direction de leur
syndicat est complice avec le patronat et l’État marocain contre leurs intérêts. Ils
sont sans défense et ne peuvent plus compter sur leur syndicat. Ils considèrent
que le patronat et l’Etat sont les deux faces de la même pièce.
Il faut signaler que le code de travail est en la faveur des patrons et qu’aucune
convention n’a vu le jour dans le secteur pour cadrer l’exploitation et l’emploi des
ouvriers agricoles.
Téléchargement