Bulletin MAO n° 96

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Février - Mars 2006
BULLETIN M A O
CONNAISSANCE DE LA FERTILITÉ ET RÉGULATION DES
NAISSANCES PAR LES MÉTHODES D’AUTO-OBSERVATION
N° 96
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Bulletin M.A.O n° 96 Février- Mars 2006
EDITORIAL
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Bulletin M.A.O n° 96 Février- Mars 2006
Michèle GUY, coordinatrice MAO
Grenoble, février 2006, bonjour à tous les lecteurs !
Ce nouveau bulletin MAO émane de la sous-région DAUPHINE-SAVOIE-HAUTE SAVOIE, membre de
la région MAO Rhône-Alpes. Les monitrices de cette « sous-région », se réunissent une fois par mois
dans le cadre de l’IREC, en lien avec le CLER.
Le gros travail que nous avons fourni depuis septembre dernier, pour organiser pendant le premier
trimestre 2005-2006 deux sessions de 5 soirées d’information MAO, une à MEYLAN pour la région de
GRENOBLE, et l’autre à CHAMBERY pour les deux SAVOIES a absorbé tout notre temps ! Aussi
avons-nous pensé qu’il pouvait faire la matière de ce bulletin, qu’il s’agisse du compte rendu des
sessions, ou de certains textes que nous avons remis au point à cette occasion.
LES SESSIONS MAO
- L’idée de ces sessions nous est venue, juste avant les vacances, parce que de plusieurs côtés nous
parvenaient des demandes d’information de jeunes filles et de jeunes femmes de la région
grenobloise. A CHAMBERY d’autre part, une jeune femme venue consulter Marie Josèphe Charasson
pour les MAO, car elle avait eu son adresse au stand tenu par le CLER au salon Primevère de LYON
de l’année précédente, ne cessait d’insister sur la nécessité de « diffuser une connaissance aussi
essentielle pour la vie de la femme » : tout ceci nous a motivées. VIVE LE SALON PRIMEVERE !
(auquel participent depuis deux ans déjà Pascale Renaud et Alice Sonzogni).
- Pascale RENAUD et Alice SONZOGNI nous décrivent ici la session de MEYLAN.
- Marie Josèpe CHARASSON, celle de CHAMBERY.
Une caractéristique, digne d’intérêt, commune à ces deux sessions, fut la participation majoritaire, à
côté de quelques couples, de jeunes filles et jeunes femmes dont les motivations scientifiques
(connaissance de soi) et écologiques étaient, semble-t-il, les principales. Ces centres d’intérêt
manifestes ont encore été soulignés sur les feuilles bilan.
L’intitulé de notre tract d’annonce de ces sessions « AU-DELA DES IDEES TOUTES FAITES » a
montré sa pertinence à plusieurs reprises, auprès des 40 personnes qui se sont partagées entre
Meylan et Chambéry.
LES TEXTES
Spécialement préparés ou refaits à l’occasion des sessions, ils concernent essentiellement les cas
étudiés lors de la 4ème soirée :
- ménopause et préménopause : nous n’avons traité avec les participants que de la préménopause, mais
nous vous proposons aussi, à l’intention des monitrices, une mise à jour sur la ménopause elle-même.
- le retour de la fertilité à l’arrêt de la pilule, qu’il s’agisse d’un couple qui souhaite un enfant, ou,
qui désire simplement changer de contraception.
- la glande mammaire, son évolution après la puberté et son fonctionnement, ce dernier texte étant
essentiellement destiné à accompagner livret et schémas sur l’allaitement.
LE « TESTEZ VOS CONNAISSANCES »
concerne justement l’allaitement.
Il s’agit d’une courbe de sevrage après allaitement complet, avec ovulation avant le retour de couches.
Nous sommes arrivées à la faire tenir sur une seule feuille.
BONNE LECTURE !
COMPTE RENDU DE LA SESSION MAO
DE GRENOBLE-MEYLAN
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Pascale RENAUD et Alice SONZOGNI
Le tract : « Au-delà des idées toutes faites » annonçant ce cycle est rédigé pendant l’été. Il est
ensuite diffusé par les monitrices suivant différentes voies : paroisses, sage-femme, bulletin des AFC,
et bouche à oreille : c’est ce dernier qui a le mieux fonctionné.
Le 17 octobre a lieu la 1ère soirée, commune à Chambéry et Grenoble, animée par Michèle Guy. Il y a
une vingtaine de personnes dont trois couples. L’âge va de 18 ans (des jeunes filles en Terminale
« sciences médico-sociales ») à 50 ans, la majorité des participants ayant un peu moins de 30 ans. Une
grande partie du public connaissait l’existence des MAO, mais souhaitait une information plus précise.
Trois jeunes femmes, informées par une sage-femme, ignoraient tout de la possibilité d’une telle
connaissance de soi et sont venues, attirées par l’aspect écologique de cette information.
Nous, les monitrices, Pascale Renaud et Alice Sonzogni pour Grenoble, et Marie-Josèphe Charasson
pour Chambéry, avons préparé et animé les soirées suivantes grâce aux documents fournis et
commentés par Michèle Guy dans des réunions de préparation spécifiques à chaque soirée, documents
distribués ensuite aux participants eux-mêmes au fur et à mesure de l’avancement du programme. Ces
soirées se sont déroulées au rythme de une tous les 15 jours, en tenant compte des vacances
scolaires. La dernière a eu lieu le 9 janvier, pour ne pas trop charger le mois de décembre. Il nous a
paru, après réflexion, qu’il aurait mieux valu tout prévoir sur un seul trimestre en commençant plus tôt
pour éviter démotivation et oublis : mais malgré ce grand étalement dans le temps, nous nous sommes
réjouies d’une forte assiduité.
La troisième soirée, consacrée à l’explication et à la manière d’observer et d’utiliser les trois signes
(glaire, température et col) a été un peu houleuse ! En effet, une jeune femme amenée par un couple
ami ce soir là, alors qu’elle avait manqué les deux réunions précédentes, posait nombre de questions
faute de comprendre la raison et l’origine de ce qui était expliqué. Mais finalement, ce fut intéressant
pour tout le monde. Signalons que cette femme n’est finalement pas revenue, ayant réalisé qu’il
s’agissait d’une information « sérieuse », qui reposait sur des bases scientifiques, contrairement à
l’idée qu’elle en avait : elle a donc préféré attendre d’être prête à se connaître pour reprendre une
formation.
Chaque participant a rempli une feuille bilan à la fin du cycle. Il ressort que cette information est
très utile, neuve, gratifiante, et a été unanimement appréciée. Toutefois, ceux et celles qui souhaitent
utiliser les MAO ont compris qu’il vaut mieux rencontrer un moniteur pour être sûrs d’avoir bien
intégré toutes les connaissances, et pour apprendre à interpréter les signes de la fertilité. La liste
des monitrices de la région a été remise à chaque participant. Deux ou trois envisagent de se former
au monitorat d’ici quelques années : l’une d’elles a déjà passé le QROC en vue de s’inscrire à la
formation 2006.
Nous ferons à GRENOBLE un autre cycle en septembre 2006, car toutes les participantes ont dit
connaître d’autres personnes intéressées et demandeuses.
COMPTE RENDU DE LA SESSION MAO DE CHAMBERY
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Marie Josèphe CHARASSON
A Chambéry, le cycle de formation n’a comporté que 4 soirées animées par Marie Josèphe Charasson
et Michèle Guy. Lors de la première soirée commune à Chambéry et à Grenoble, trois personnes
seulement avaient pu venir jusqu’à Grenoble, ce qui a nécessité de reprendre le programme de cette
1ère soirée à Chambéry, le 7 novembre. La publicité avait été faite par invitations personnelles ou
envoyées à plusieurs associations, dont le CLER, les AFC, le CPM, Couples et familles, mais aucune
personne n’est venue par leur canal, toutes ont été informées par le « bouche à oreille ».
Cette formation a été donnée dans une salle de la maison des associations dont la location a été
assurée par l’IREC. La 1ère salle étant trop petite, nous avons pu en avoir une plus grande pour les trois
soirées suivantes. Dans le public, des femmes entre 20 et 50 ans, dont deux sages femmes et un
médecin (belge). J’avais fait une information MAO individuelle pour quatre d’entre elles dans le passé.
Je constate que plusieurs d’entre elles, sous pilule depuis des années, souhaitent se réapproprier leurs
corps dans une approche plus respectueuse de la nature et découvrent les MAO avec émerveillement.
Nous avons commencé avec 20 personnes, dont deux couples, et avons terminé le dernier jour avec 13
personnes : en réalité 16 car 3 d’entre elles, empêchées ce soir-là, avaient envoyé leurs amies pour
rapporter les documents distribués à chaque soirée. Il leur était d’ailleurs à chaque fois rappelé qu’un
travail personnel sur les documents distribués était indispensable pour compléter et réviser ce qui
leur était dit.
A tous il a été remis la liste des monitrices de la région, nous étions deux de Chambéry dans la
salle.
Bien sûr, la présence de Michèle Guy m’a été d’un grand secours, sa compétence, son expérience, son
humour ont conquis les cœurs et les intelligences !
J’ai déjà reçu des demandes pour renouveler une telle session, et une demande de monitorat.
COMMENTAIRES RELEVES SUR LES FEUILLES BILAN :
Beaucoup de jeunes devraient assister à ces formations. Bravo ! Continuez votre « apostolat ». Un
grand MERCI.
MERCI.
Ces cinq soirées ont enrichi mes connaissances et m’ont donné envie de poursuivre cette méthode. Un
grand merci.
J’ai beaucoup apprécié ces soirées, c’est dommage que je n’aie pas rencontré une telle information
avant.
Très, très intéressant. Cela m’a appris aussi pas mal de choses et des précisions (une sage femme).
Très touffu, nécessiterait plusieurs séances.
Je n’ai pas vu passer le temps lors de ces 4 soirées, c’était très riche et passionnant. Merci.
Pourquoi n’inclut-on pas cette formation dans la formation de médecin généraliste ? J’ai étudié à Gand
(Belgique), et nous avons déjà eu des notions, mais pas assez complètes. Merci, c’était très riche et le
temps a passé sans s’en apercevoir.
Merci, madame Guy, pour votre passion que vous nous avez transmise.
IREC GRENOBLE
SESSION DE CHAMBERY
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RESULTATS DE L'ENQUETE : VOTRE AVIS NOUS INTERESSE
Répondre par oui par non dans chaque colonne
Très
intéressant
Système de commande de la
fertilité masculine et féminine
(rôle de l’hypophyse)
Anatomie et physiologie des
organes génitaux de l’homme
Anatomie et physiologie des
organes génitaux de la femme
Physiologie du cycle ovarien
Le rythme féminin
Les trois signes du cycle
La température
La glaire cervicale
Le col de l’utérus
Observation, notation,
interprétation
La préménopause
Le retour de la fertilité
Après pilule
Après une naissance avec
allaitement
Sans allaitement
Peu
intéressant
Sans intérêt
J’ai appris
quelque chose
Oui
13 fois
Oui
7 fois
Oui
13 fois
Oui
6 fois
Oui
13 fois
Oui
4 fois
Oui
13 fois
Oui
5 fois
Oui
13 fois
Oui
7fois
Oui
13 fois
Oui
7 fois
Oui
13 fois
Oui
9 fois
Oui
13 fois
Oui
8 fois
Oui
13 fois
Oui
12 fois
4 pas
concernés
Oui
7 fois
1 pas
concerné
Oui
9 fois
Oui
11 fois
Oui
7 fois
Oui
11 fois
Oui
7 fois
Vos commentaires éventuels
Connaissez-vous des personnes qui seraient intéressées par ce cycle de formation ? oui (6 fois)
Souhaiteriez-vous devenir « monitrice MAO » ?
oui ( 1 fois)
pas pour l’instant (1 fois)
LA PRE-MENOPAUSE
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Docteurs François et Michèle GUY, Grenoble
Cet exposé sur la pré-ménopause a pour but d’indiquer les éléments utiles à connaître pour aider les
femmes et les couples au moment de la période dite de pré-ménopause. Ces éléments sont d’ordre
physiologique et psychologique.
I - ELEMENTS D’ORDRE PHYSIOLOGIQUE ET CLINIQUE
Physiologie
La période de pré-ménopause s’étend de l’âge de 35 ans environ à 50 ou 55 ans, soit l’âge de la
cessation des règles. Elle est caractérisée par la raréfaction progressive dans les ovaires du nombre
des follicules, ce qui a comme conséquence première une diminution globale de la « résistance » des
ovaires aux gonado-stimulines FSH et LH venant de l’hypophyse.
[Le mot « résistance » est précisément ici mis entre guillemets car c’est une image qui traduit le rôle
de l’hormone inhibine, laquelle freine l’hypophyse, et « empêche » (sens du mot inhiber) qu’elle en
fasse trop.
L’hormone inhibine est présente dans les deux sexes, provenant des gonades à l’intention de
l’hypophyse. Tout se passe comme si les gonades commençaient par ne pas obéir aux gonadostimulines,
(comme on dit non ! à un ordre donné avant de dire finalement oui). Chez la femme, ce sont ses
follicules, dans leur ensemble, qui émettent l’hormone inhibine, ce qui a pour effet de moduler la
stimulation hypophysaire, FSH et LH, pour qu’elle soit adaptée aux nécessités. Chez la femme, par
exemple, l’ovulation doit finir par être unique. Si pour les FIV on commence par couper tout lien
hormonal entre l’hypophyse et l’ovaire (cure de 15 jours de décapeptyl), avant de stimuler, c’est pour
que le médecin ait les mains libres, et puisse faire surovuler l’ovaire, ce qu’il ne pourrait pas faire si la
relation hypophyse-ovaire fonctionnait. D’autre part, on sait maintenant,que la baisse pré-ménopausale
de l’inhibine, entraîne non seulement des ovulations plus fréquentes et plus rapprochées, mais aussi la
naissance plus fréquente de jumeaux après 35 ans, à cause de l’élévation concommittante du taux de
FSH et LH dans le sang (article très récent du Quotidien du médecin). Puis, lorque l’inhibine a
vraiment baissé, leur dosage sert donc de preuve que les follicules ne sont plus assez nombreux pour
« résister », donc pour fonctionner, j’en parle dans l’article à propos de la réserve ovarienne (p7,
paragraphe « Physiologie).]
La baisse dans le sang du taux de l’hormone inhibine ovarienne (voir schéma) est la traduction
biologique de cette diminution de résistance. Les stimulines hypophysaires en conséquence, s’élèvent
progressivement à partir de 35 ans pour atteindre à la ménopause à un taux sanguin de 10 à 40 fois
supérieur au taux initial.
On comprend que l’un des moyens à la pré-ménopause d’apprécier la réserve ovarienne en follicules (et
par conséquent d’une certaine manière les chances de fertilité d’une femme donnée qui souhaite un
enfant), consiste à doser l’inhibine, et la FSH dans le sang de cette femme, au début d’un cycle. La
baisse de la première hormone et l’élévation concomitante de la seconde ne sont pas de bon pronostic.
Au niveau clinique
Cette hyperstimulation hypophysaire va rester un certain temps latente, avec le maintien de cycles
réguliers, puis un certain déséquilibre entre la demande et la réponse va se manifester, et pas
seulement dans le sens de la raréfaction progressive des ovulations, mais d’abord en sens inverse, ce
qui est logique, vu cette hyperstimulation.
A – LONGUEUR DES CYCLES ET DATE DE L’OVULATION
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1°) Un peu avant 40 ans, et même à partir de 35 ans, on observe un fréquent raccourcissement des
cycles, par avance de l’ovulation, qui peut alors survenir dès le 8ème, 9ème, 10ème jour du cycle, ou
exceptionnellement plus tôt. C’est l’époque de la vie où une femme qui avait utilisé jusque là avec
succès la méthode OGINO, car elle avait des cycles réguliers, se trouve confrontée à une grossesse
inattendue fruit d’un rapport au lendemain des règles, ou à la fin des règles. L’observation de la glaire
cervicale, fidèle annonciatrice de l’ovulation, aurait permis à la femme de constater la disparition des
jours secs qu’elle observait après la fin des règles, et l’apparition immédiate de la glaire. Les règles
elles-mêmes sont à partir de 35 ans à considérer comme une période possiblement fertile, puisque la
sécrétion de glaire cervicale peut commencer pendant les règles elles-mêmes.
2°) Aux environs de 45 ans, mais cette date peut aussi dépendre de facteurs personnels, la réponse
ovarienne à la stimulation hypohysaire se ralentit, entraînant cette fois-ci le rallongement des cycles,
avec le recul de l’ovulation, qui pourra survenir au 20ème, 30ème, 40ème jour du cycle, voire plus tard
encore. Cette ovulation est quelquefois précédée, semble-t-il, d’essais d’ovulation infructueux,
soulignés par l’apparition de quelques jours de glaire, suivie d’une nouvelle période sèche, mais ceci
sans décalage thermique.
Le dernier épisode de glaire suivi de décalage thermique permet d’affirmer qu’il y a eu ovulation, et
que le saignement qui s’ensuivra représente bien des règles. Quelquefois, en effet, dans cette période
hormonale troublée il peut se faire qu’un saignement survienne sans décalage thermique préalable,
c'est-à-dire sans ovulation : nous savons alors qu’il ne s’agit pas de règles, c’est précisément en effet
ce que nous appelons un « saignement ».
B – DIMINUTION DE LA DUREE DU CORPS JAUNE ET BAISSE DE LA PROGESTERONE
1°) Dans les deux cas (avancement ou recul de l’ovulation) un corps jaune de durée normale reste
possible pendant longtemps, mais souvent il peut être plus court, ne dépassant guère 7 à 8 jours, et
quelquefois moins, c’est ce qu’on appelle l’insuffisance lutéale (de « lutéum » : jaune). En clair, cela
signifie la diminution de sécrétion de l’hormone progestérone, qui représente donc le premier trouble
physiologique de la ménopause.
2°) Le corollaire normal de cette diminution est ce que l’on appelle une hyperestrogénie relative,
c'est-à-dire une compensation insuffisante de l’activité estrogénique normale par la progestérone. Les
conséquences peuvent en être pour la femme : des règles hémorragiques (ménorragies), quelquefois
des saignements pendant la durée même du corps jaune, par insuffisance de son niveau global de
sécrétion (métrorragies), et aussi des douleurs mammaires (mastodynies), car les seins supportent mal
cette disproportion estrogènes-progestérone.
REMARQUE : ces troubles fonctionnels sont à différencier de troubles d’origine organique (cancer,
fibrome, polype), qui peuvent eux aussi se traduire par des ménorragies ou métrorragies : la femme
doit consulter son gynécologue à cette période de sa vie.
C – DISPARITION DES ESTROGENES ET MENOPAUSE
Enfin, après ces perturbations de cycle (ovulation avancée, ou retardée, insuffisance lutéale),
surviendra un jour la ménopause définitive : c’est-à-dire l’arrêt définitif des ovulations et des règles,
ce qui survient entre 45 et 55 ans, suivant les femmes. Cet arrêt est accompagné et suivi à plus ou
moins brève échéance de l’apparition des fameuses bouchées de chaleur, (et de quelques autres
symptômes) qui signent la disparition progressive de la première hormone du cycle (apparue dès l’age
de 9 ans environ), celle des estrogènes.
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II – L’UTILISATION DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
NATURELLE (PFN) A LA PRE-MENOPAUSE
A – UTILITE EVIDENTE DE L’OBSERVATION DES SIGNES DU CYCLE PAR LA FEMME
Contrairement à une opinion répandue, hostile aux moyens naturels de régulation des naissances, c’est
le moment ou jamais pour une femme d’utiliser les signes d’auto-observation qui lui permettront de
suivre son cycle, essentiellement l’observation de la glaire (accompagnée ou non de celle du col) et
celle de la température. On peut d’ailleurs apprendre à la femme à limiter sa prise de température
aux jours où elle observe la glaire, plus quelques jours qui suivent l’arrêt d’un épisode de glaire.
Si, après ce dernier, le température reste basse, la femme sait qu’elle n’a pas encore ovulé dans le
cycle considéré et elle reprendra sa température à l’épisode de glaire suivant, qui peut survenir
quelques jours plus tard ; si la température s’élève et se maintient haute, la femme sait qu’elle a enfin
ovulé et que ses règles sont programmées dans les deux semaines qui viennent.
Cette auto-observation mettra la femme à l’abri des anxiétés de tant de femmes à cette époque :
certaines se précipitent chez le médecin lorsqu’elles ont des ovulations précoces (sans le savoir) en
disant qu’elles ont eu « deux fois leurs règles dans le mois » ; ou plus souvent elles iront chez le
médecin à cause d’un retard de règles : elles ont tout simplement un retard d’ovulation et si elles
avaient eu leur courbe thermique, elles n’auraient pas eu besoin d’aller chez le gynécologue.
Enfin, la tenue des graphiques de glaire et de température aidera le médecin à comprendre et à
traiter les troubles fonctionnels de la ménopause, de la femme qui vient le consulter.
B – SES DIFFICULTES
1°) DIFFICULTES PRATIQUES
Il faut souligner deux difficultés pratiques que la femme peut rencontrer dans l’observation de ces
signes : en pré-ménopause, la sécrétion de glaire peut-être plus pauvre que par le passé, d’autre part,
la température peut présenter un plus faible décalage. On attirera alors de façon plus nette
l’attention de la femme sur la différence entre les jours absolument secs et les jours humides.
L’observation de l’ouverture, de la hauteur et de la consistance du col peut également lui être
utile : grâce à ce nouveau signe certaines femmes reprennent confiance dans les méthodes naturelles
qu’elles étaient prêtes à abandonner.
Il faut remarquer que l’observation de la glaire et du col demeureront le seul recours de la femme,
pour affirmer son infertilité, quand les ovulations auront disparu et que la température restera
toujours basse, tout au moins tant que la ménopause n’aura pas été confirmée par un an sans
ovulation et sans règles.
Ce qui aide beaucoup par exemple, à dire à une femme qu’elle est ménopausée, outre son âge, outre
l’aménorrhée qui dure (un an sans règles est la réponse la plus classique) la présence de bouffées de
chaleur. Une absence de règles sans bouffées de chaleur, même à l’âge de la ménopause, laisse à
penser qu’en effet, cette femme a encore de la glaire, et qu’elle peut encore s’attendre, même après
plusieurs mois d’aménorrhée, à « revoir » des règles. Les BILLINGS disent « infertile » le soir d’un
jour avec bouffées de chaleur, car c’est l’absence d’estrogènes qui est à l’origine des deux
phénomènes : absence de glaire et bouffées de chaleur.
Pour répondre à votre question, j’aurais envie de dire : un an sans règles, dont les six derniers mois
sans glaire : je pense d’ailleurs que dans ces conditions, il y aura aussi des bouffées de chaleur ;
certes ce symptôme est variable suivant les femmes, mais rarement absent au début de la ménopause.
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On proposait, fut un temps, un dosage diagnostique de FSH et LH, pour voir leur augmentation, donc
affirmer la ménopause, mais c’est une photographie à un moment donné, et rien ne remplace la durée,
le temps qui passe.
La plupart du temps, on voit, après les dernières règles (dont on ne saura d’ailleurs que plus tard
qu’elles étaient les dernières) la présence d’épisodes de glaire, qui vont en se raréfiant, sans
saignements, car la glaire n’entraîne pas obligatoirement des saignements (voir schéma p.13).
La femme observera enfin assez rapidement la coïncidence de jours absolument secs avec les jours de
bouffées de chaleur.
2°) DIFFICULTES PSYCHOLOGIQUES
Ambivalence
Nous savons, quel-que soit l’âge où nous prenons la décision d’espacer ou de
limiter les naissances, que cette décision est pratiquement toujours vécue avec
une certaine ambivalence maintenant bien connue, entre le désir conscient,
rationnel, responsable, étayé sur des nécessités objectives, de ne pas avoir
d’enfant en ce moment, et un autre désir, souvent inconscient, celui « vital »,
irrationnel, de donner la vie, quelles que soient les nécessités objectives du
moment, car ce désir ignore le temps.
Désir d’enfant
Cela permet de comprendre les soi-disant grossesses inattendues qui font croire
à l’inefficacité de la PFN : alors qu’elles sont seulement la marque si fréquente
de ce désir d’enfant qui s’est faufilé dans un moment d’inattention.
Image
personnelle
Mais cette ambivalence est également alimentée par un second élément de base
de notre inconscient : l’identification narcissique entre notre pouvoir de fertilité
et notre valeur personnelle, et certaines grossesses correspondent certainement
à des vérifications de ce pouvoir.
Notre choix de régulation des naissances se heurtera donc en tout temps à de
puissantes résistances enracinées dans notre désir d’enfant, et notre image
personnelle.
Pré-ménopause
Mais voici que cette difficulté va devenir plus grande à la préménopause.
A cette époque, en effet, où l'échéance de l'infertilité approche, et où l'âge a
augmenté, les deux termes de l'ambivalence se sont durcis ; le désir conscient, la
nécessité consciente de ne plus avoir d'enfant, grandit. L'âge, la fatigue, les
risques pathologiques en sont la cause. Sans aucun doute la nécessité de
l'efficacité des méthodes naturelles s'impose et quelquefois avec angoisse : il
faut vraiment que ce soit sûr. Mais dans le même temps l'échéance, à son tour,
renforce inconsciemment le désir d'enfant, avive ce désir d'un enfant qui serait
comme le chant du cygne (chant du cygne, « dernier ouvrage d'un beau génie près
de s'éteindre » dit le LAROUSSE !).
« Le chant
du cygne »
Voici donc le paradoxe : une grossesse inattendue sera maintenant plus
redoutée qu'avant, mais au niveau de l'inconscient plus souhaitée que jamais. La
contradiction de nos deux désirs atteint son summum, et s'il y a un moment où
la planification familiale naturelle est plus difficile à vivre, où elle pose des
problèmes, c'est bien celui-là et pas seulement pour des raisons techniques.
La PFN laisse en effet intacte notre liberté quotidienne de procréer : et se
révèle pour cette raison même plus sensible que d'autres méthodes à cette
ambivalence.
La peur et
Suivant le vécu antérieur d'une femme, le conflit entre les deux pôles (-il faut
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le désir
absolument que ce soit efficace- et le désir inconscient d'enfant qui est ravivé)
sera très différent. Certaines exprimeront plus l'angoisse de l'échec, d'autres
l'espoir de l'échec (« on est bien content d'avoir une méthode où il y a un petit
risque qui reste »), en sachant bien que de toute façon l'angoisse est l'envers
d'un désir. Ainsi au même âge, l'idée de grossesse peut en apparence être vécue
différemment alors que la réalité psychique sous-jacente est la même.
Le couple risque alors plus qu'avant de se départir inconsciemment de
l'utilisation correcte des règles de la méthode de PFN qu'il utilise pour conjurer
la peur de vieillir quelquefois.
Fertilité et
« jeunesse »
« J'ai dit à mon mari : tu vois, je suis encore jeune ! » me dit cette femme de 42
ans enceinte alors qu'elle ne le souhaitait pas : elle avait « oublié », ajoute-t-elle,
d'observer ses signes pendant ce cycle là. Ces enfants là, qu'on appelait
autrefois « ravisés » font bien souvent la joie de leurs parents. Il arrive
cependant que de telles grossesses ne soient pas souhaitables et qu'il soit
véritablement du devoir des époux, pour un ensemble de raisons, de ne pas
concevoir à ce moment là : l'éducateur doit donc connaître les difficultés
propres à cet âge de la vie, pour mieux aider les couples qui font appel à lui.
Il doit connaître aussi une difficulté subtile rencontrée par le couple à cet âge :
un déséquilibre inattendu entre l'homme et la femme : la fertilité féminine
disparaît progressivement, tandis que l'homme conserve la sienne.
Déséquilibre du
couple ?
C'est vrai qu'on n'est jamais fertile qu'à deux et le désir d'enfant et le désir de
rester valable et fertile n'est pas que le désir de la femme, bien évidemment,
c'est le désir des deux. Mais quand l'un des deux lâche progressivement l'autre,
quand l'homme est lâché par la fertilité de sa femme, que va devenir son image à
lui ? Les difficultés viennent de ce que l'homme, lâché qu'il est par la fécondité
de sa femme, peut continuer à s'imaginer fertile, mais avec quelqu'un d'autre…..
Quand on sait que le désir d'enfant est une composante fondamentale, même si
pas toujours consciente du désir amoureux, les tentations amoureuses entre un
homme marié d'âge mûr, et une femme plus jeune, peuvent bien trouver là une
explication : et d'en savoir la cause possible pourrait bien aider aussi à ne pas y
succomber.
C'est en effet à deux, que le couple dont la femme est à la pré-ménopause
doit pouvoir renoncer progressivement à la fertilité : et ce renoncement
sera aidé si le couple a la possibilité d'en parler.
Education par la
PFN
On peut espérer que la PFN éduque l'homme et la femme en couple à se
respecter l'un l'autre. Dans sa conception même la PFN qui apprend à l'homme à
respecter sa femme comme différente de lui dans son rythme de fertilité, le
prépare aussi à l'accepter différente de façon plus radicale à la ménopause, et â
retrouver avec elle une autre forme de fécondité.
Une autre
fécondité
La femme, de son côté, doit comprendre l'importance de l'effort demandé à
l'homme, et qui ne va pas de soi.
La formation
d'éducateur
La compétence technique et la qualité de l'écoute sont les deux actes de
formation de tous les éducateurs : ceci est encore plus nécessaire pour aider les
couples à cette période de leur vie.
Le but de ce court exposé sur les aspects physiologiques et psychologiques de la
pré-ménopause était précisément de les stimuler pour une formation approfondie
dans ce domaine.
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QUELQUES PRECISIONS CONCERNANT LA MENOPAUSE
ET LES RECHERCHES MEDICALES ACTUELLES
SUR LE THS (TRAITEMENT HORMONAL SUBSTITUTIF)
MARS
2003 –
DECEMBRE
2005
Docteur Michèle GUY
LA MENOPAUSE, (étymologiquement : « arrêt des règles »), est provoquée par l'arrêt de la
fonction ovarienne aux environs de l'âge de cinquante ans. Comment comprendre les raisons de cet
arrêt, quelles en sont les modalités, quelles en sont les conséquences, que penser des traitements
hormonaux de substitution (THS) proposés à cette époque de la vie, tel est le but de cette
information à l'intention des monitrices MAO, et des conseillères conjugales de l'IREC et du CLER
AMOUR ET FAMILLE. Cet article dont une partie a été rédigée en mars 2003, au moment de la mise
en question française d'une étude américaine sur les effets secondaires des THS, a été repris et
complété en octobre 2005 à la lumière des études française récentes sur la question.
L'ORIGINE DE LA MENOPAUSE
A la différence de ce qui se passe chez l'homme qui « fabrique » ses spermatozoïdes au jour le jour,
à partir des cellules testiculaires, depuis la puberté jusqu'à sa mort, la femme possède à la
naissance, dans ses ovaires, un capital définitif et limité d'environ 800000 follicules, contenant
chacun un ovule ou ovocyte.
Ce stock peut paraître important, mais il ne cesse de s'amenuiser régulièrement au fil du temps.
Cet épuisement progressif est dû à l'action de deux mécanismes : l'apoptose ovocytaire, ou mort
programmée des ovocytes dès la vie foetale, ce phénomène se poursuivant après la naissance, et :
l'initiation du développement folliculaire à partir de la puberté (où il ne reste déjà plus que
400000 follicules primordiaux)
A partir de la puberté, sous les ordres de l'hypophyse, quelques centaines de follicules partent en
croissance chaque mois (car les follicules primordiaux sont immatures), pour que l'un d'entre eux
arrive à maturité et libère l'ovocyte qu'il contient, le jour de l'ovulation. Les autres, ceux qui ne
sont pas parvenus jusqu'à l'ovulation, s’atrésient, et ne serviront plus. Mois après mois, ou plutôt
cycle après cycle, (car la durée d'un cycle est variable), le stock des follicules diminue donc
inexorablement, puisque le départ en croissance des follicules aboutit pour la plupart d'entre eu x à
leur disparition.
En fait, le vieillissement progressif de la réserve ovarienne se traduit non seulement par
l'épuisement numérique du stock de follicules primordiaux, mais aussi par la détérioration de la
qualité ovocytaire. Dans les protocoles de fécondation in vitro, chez des femmes âgées de 40 à 44
ans, la capacité de développement embryonnaire après fécondation est nettement réduite en raison
de cette mauvaise qualité ovocytaire. (Danielle Monniaux, " Apoptose ovarienne et évolution de la
réserve ovarienne " in Gynécologie Obstétrique Fertilité 30 (2002) p. 822-826). Quoi qu'il en soit,
c'est vers cinquante ans environ, que le nombre (il ne sera jamais nul) et la qualité des follicules
restants ne seront plus à même de donner lieu à une ovulation, c'est-à-dire à un cycle menstruel se
terminant par des règles.
Mais que produisent exactement les follicules ? des ovocytes , certes, mais aussi des hormones
sexuelles : estrogènes et progestérone, dont la production puis la chute , à la fin de chaque cycl e
sans fécondation, se traduit par l'arrivée des règles.
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L'arrêt des ovulations, à la ménopause, signifie certes la perte définitive du pouvoir de donner la
vie, ce qui n'est psychologiquement pas anodin, même à 50 ans, mais celui des hormones sexuelles
aura lui des conséquences physiologiques indéniables, et indésirables.
LES CONSEQUENCES PHYSIOLOGIQUES DE LA MENOPAUSE
Avec l'arrêt définitif des règles et la privation hormonale qui l'accompagne, apparaissent le plus
souvent les symptômes suivants: bouffées de chaleur, accompagnées quelquefois de sueurs
nocturnes, troubles génito-urinaires (sécheresse vaginale en particulier), sensation de fatigue et
troubles du sommeil. On sait aussi que la ménopause voit l'apparition de modifications de la trame
du squelette (ostéoporose, ou plus exactement une accélération de la décalcification très
progressive qui a commencé, elle, dès l'âge de 20 ans), avec la possibilité de fractures, mais aussi
l'apparition de maladies coronaires au premier rang desquelles l'infarctus du myocarde, et
d'accidents vasculaires dont la femme était protégée en partie par ses estrogénes ovariens.
(L’atrophie de la peau et les rides sont parfois attribuées à la ménopause, mais il est clair que le
rôle de l'hérédité est là prédominant.).
On comprend que cette carence subite, et les malaises et même la morbidité qui l'accompagnent,
aient donné lieu à la mise au point d'une thérapie hormonale substitutive dite encore traitement
hormonal substitutif, ou THS, au moyen de prescriptions d' hormones sexuelles féminines estrogènes et progestatifs - qui viennent remplacer celles (estradiol et progestérone) que les
ovaires ne produisent plus, et qui sont censées prévenir en particulier les accidents cardio vasculaires dont nous avons parlé.
II y a 15 ans environ, cette thérapie allait de soi, on ne pouvait semble-t-il, que s'en féliciter, et
un ouvrage de présentation du THS s'intitulait : « La ménopause effacée ». Les femmes qui
refusaient le THS ne pouvaient le faire que par ignorance ou refus d'évo luer avec leur temps.
Mais «L'heureux temps où nous ne doutions ni de l'utilité, ni de l'innocence d'un THS, cet heureux
temps n'est plus.. Le temps des doutes est venu », écrit déjà en 1998 Mme le Dr E. Drapier Faure, dans Contraception -Fertilité -Sexualité. "Les illusions perdues" titre le Dr Rozenbaum,
dans « CONTACT » la Lettre Mensuelle de Gynécologie des laboratoires Schering. L'enthousiasme
initial des gynécologues, fortement soutenu par celui des laboratoires, est clairement mis à mal.
L'on sait en effet, maintenant que si ce traitement a démontré son efficacité sur certains des
symptômes dont nous avons parlé (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale), son action a été très
vite controversée en ce qui concerne la prévention des accidents cardio-vasculaires, et l'on a
commencé à parler sérieusement outre-atlantique des risques pour la santé d'un tel traitement,
dès les années 90.
L'étude américaine Women Health Initiative (WHI) qui a suivi 16600 femmes sous THS, et a
été publiée en juilllet 2002, a même révélé, sous THS une augmentation des risques cardiovasculaires, et l’apparition d'une augmentation du risque de cancers du sein. Mais cette enquête
qui a jeté le trouble, a suscité une vive controverse de la part des gynécologues français. Que
penser de tout cela ? Une meilleure connaissance de la ménopause d'abord, et des effets du
THS ensuite, nous permettra d'y voir un peu plus clair.
UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DE LA MENOPAUSE
(Un excellent ensemble d'articles a été consacré à la ménopause et au THS par le journal Le
Monde : 24-01-03,1-02-03, et 9/10-02-03, il a été consulté pour cette mise au point.)
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1) L'installation de la ménopause n'est pas toujours subite ni brutale.
La période d'épuisement de la fonction ovarienne peut même s'étale r sur une dizaine d'années, et
des reprises transitoires de l'activité ovarienne peuvent être répétitives pendant les deux
premières années d'installation de la ménopause. On comprend qu'un THS donné sur une sécrétion
estrogénique maintenue par intermittence, puisse créer une surcharge, se traduisant par des
saignements intempestifs, et des douleurs mammaires, en particulier, nécessitant un e adaptation
très souple de la « stratégie » du THS (voir infra, « le bon usage des THS »).
2) L'installation de la ménopause s'accompagne d'une adaptation de l'organisme.
Certaines femmes vont en effet compenser au bout de quelques mois l'arrêt de la sécrétion
estrogénique ovarienne, en utilisant leur pannicule adipeux sous-cutané. Ce dernier devient
capable de synthétiser des estrogènes, qui vont irriguer à nouveau les tissus sensibles à cette
hormone, cerveau, paroi artérielle, vagin, os, sein. Une prise de poids de quelques kilos à la
ménopause ne devrait donc pas affliger outre mesure les femmes qui la constatent, et peut même
être considérée comme bénéfique. Ces femmes peuvent ainsi faire « l'économie d'un THS », sinon
à l'installation de la ménopause, en tout cas quelques mois plus tard, devant l'atténuation
spontanée des bouffées de chaleur et de la sécheresse vaginale, qu'elles avaient crues définitives.
Certains gynécologues le savent bien qui proposent aux femmes de ne pas se précipiter sur un
traitement hormonal substitutif (il existe des traitements alternatifs) et d'attendre, pour voir
comment elles s'adaptent.
A l'inverse, d'autres femmes n'acquièrent jamais cette possibilité, et leur qualité de vie peut
vraiment dépendre pour un temps, d'apports estrogéniques exogènes. (Mais il faut savoir qu'en
l'absence de THS, certains médicaments permettent de réduire l'intensité des symptômes
caractéristiques de la ménopause : tranquillisants spécifiques contre les bouffées de chaleur,
traitements locaux contre la sécheresse vaginale, hypnotiques contre les troubles du sommeil,
biphosphonates contre l'ostéoporose. Sans oublier l'homéopathie !)
LES EFFETS DU THS
Les deux principaux reproches faits actuellement au THS, à la suite de l'étude américaine WHI,
concernent, nous l'avons vu, l'augmentation de risque de cancer du sein, et celle des accidents
cardio-vasculaires : soit, dans un groupe de 10000 femmes traitées pendant cinq ans, 8 cas
supplémentaires par an, de cancer du sein, et également 8 cas supplémentaires par an d'accidents
vasculaires cérébraux.
Ces chiffres peuvent paraître très faibles, et expliquent pourquo i ils sont restés longtemps
indétectables par des médecins isolés. Cependant, appliqués aux dix millions d'utilisatrices
américaines ils sont évidemment inadmissibles (8000 cas supplémentaires de chacune de ces deux
affections chaque année).
LA CONTESTATION FRANÇAISE DE L'ENQUETE AMERICAINE
Les gynécologues français ont fait plusieurs reproches à cette enquête :
--d'une part l'âge moyen plus élevé des utilisatrices américaines, et leur surpoids,
-- d'autre part le fait que les estrogènes utilisés par les américains étaient des estrogènes équins
administrés par voie orale. En FRANCE en effet, les gynécologues utilisent l'estradiol naturel,
administré dans la majorité des cas, par voie transdermique, gel ou patch. (Néanmoins, si 60% des
françaises utilisatrices d'un THS, soit 1,2 million de femmes recourent à la voie cutanée, 800000
autres prennent leur THS en comprimés.)
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-- Enfin, que le progestatif habituellement associé aux estrogènes dans le THS aux USA soit
l'acétate de MEDROXYPROGESTERONE, différent de ceux utilisés par les français, car il
existe en effet plusieurs sortes de progestatifs artificiels ou naturels .
Or on sait maintenant que l'estrogène n'est pas seul en cause, et que le progestatif ajouté
aux estrogènes dans le THS, peut jouer un rôle dans la genèse du cancer du sein, suivant la
molécule utilisée…
Mais que savons-nous des causes biologiques des deux risques principaux du THS signalés par
l'étude américaine, risque cardio-vasculaire, et risque de cancer du sein ? Nous nous limiterons à
l'étude de ces deux aspects du THS.
LE RISQUE CARDIOVASCULAIRE DU THS
II est établi, grâce aux travaux de Valérie Béral ( Epidemiology unit Oxford), que le niveau de
risque vasculaire, coronarien et cérébral, est identique pour tous les estrogènes, qu'ils soient
d'origine équine ou naturelle, du moment où leur administration se fait par la voie orale.
Comment expliquer cela ?
II faut comprendre que les estrogènes administrés par voie orale, quels qu'ils soient, (et cela est
déjà bien connu pour la pilule contraceptive), sont d'abord absorbés par le foie, ce qui impose d'en
augmenter les doses, et conduit à une stimulation de la production de substances normalement
fabriquées par le foie, et directement impliqués dans les accidents vasculaires (coagulants,
lipides, facteur d'augmentation de la tension artérielle). L'administration orale d'estrogènes
s'accompagne donc d'une surcharge hépatique de cette hormone, qui reproduit sur cet organe les
changements métaboliques de la grossesse (laquelle connait une hyp ersécrétion importante
d'estrogènes). L'effet le plus préoccupant est l'activation de la coagulation : sûrement
bénéfique en prévision des risques hémorragiques d'un accouchement, elle est sans intérêt, et le
plus probablement nocive pour une femme dont les artères ont plus de 50 ans.
Le Dr Frédérique Kutten, chef de service à l'Hôpital NECKER de Paris insiste « sur le fait que cet
effet n'est pas seulement exercé par les estrogènes équins administrés aux ÉtatsUnis, mais par tout
estrogène administré par voie orale, y compris l'estradiol naturel. »
II semble donc que l'augmentation du risque cardio-vasculaire attribué au THS aux Etats-Unis
puisse être attribué à son administration orale.
LE RISQUE DE CANCER DU SEIN DU THS
II semble, quant à lui, indépendant du mode d’administration, mais par contre, on le verra
plus loin, dépendant de sa composition (estrogènes seuls, ou associés à un progestatif, et à
quel progestatif).
-- Sachant que le sein est un organe-cible privilégié des estrogènes, et que par conséquent le
risque de cancer du sein est moindre chez les femmes ménopausées, on peut comprendre que
l'administration d'estrogènes substitutifs par voie orale ou cutanée, ne procure pas, par
définition, la protection que confère la privation estrogénique de la ménopause contre ce
cancer. C'est le moins qu'on puisse dire, mais on peut se demander néanmoins, si le THS n'a pas
aussi un rôle direct d'induction du cancer du sein (comme l'OMS commence à le dire pour la pilule
contraceptive elle-même!).
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-- On sait qu'il existe une relation entre le risque relatif de cancer du sein et le taux des
estrogènes circulants. La sensibilité mammaire augmente avec l’âge, du fait d'une augmentation
concomitante des récepteurs estrogéniques. Les doses d'estrogènes devraient dès lors être
adaptées à la proportion des récepteurs présents, que l'on peut espérer pouvoir établir
facilement dans l'avenir.
De toute façon, comme les gynécologues français contestaient les résultats de l'enquête
américaine, qu'il s'agisse des produits utilisés, estrogènes et progestatifs, ou/et de leur mode
d'administration, s'est donc fait jour la NECESSITE D'UNE ENQUETE FRANCAISE.
Le problème en France, était bien de savoir si les résultats de l'enquête américaine, importante,
sérieuse et qui avait le mérite d'exister, ne s'appliquaient pas aussi aux traitements hormonaux
substitutifs donnés en FRANCE.
"Il est indispensable et urgent de mener des études qui tiennent compte des habitudes françaises de
traitement" disait en 2003 le Dr Frédérique Kutten. Et c'est ce qui a été fait, et que nous
allons vous présenter.
Voici donc les dernières données françaises à l'automne 2005
En novembre 2004, la parution de l'étude d'une cohorte française, dite E3N , [portant sur
le suivi de 70 000 femmes enseignantes inscrites à la Mutuelle Générale de l'Education
Nationale, (mgen)], dont les résultats ont été confirmés par un suivi complémentaire en 2005 :
-- a trouvé : que le risque de cancer du sein lié à l'utilisation d’estrogènes seuls était
significativement augmenté (alors que ce risque n'avait pas été souligné par l'enquête
américaine),
-- a confirmé les craintes d'augmentation de risque de cancer du sein en ce qui concerne les
associations estrogènes et progestatifs de synthèse, quelle que soit la durée du traitement,
même si celle-ci est courte,
-- mais n'a pas retrouvé une augmentation de risque de la survenue d'un cancer du sein chez
les femmes traitées par estrogènes et progestérone micronisée.
Et lors du congrès mondial de la ménopause à BUENOS-AIRES en octobre 2005, la
présentation des nouveaux résultats du suivi de la cohorte française E3N, pour une moyenne de
traitement de 5,5 ans, a confirmé que seule l'association d’estrogènes transdermiques et de
progestérone micronisée ne majore pas le risque de cancer mammaire sous THS.
La progestérone micronisée est celle qui se rapproche le plus de la progestérone naturelle.
Dans l'interview accordée au Quotidien du Médecin le 20 octobre 2005, le Dr Françoise
Clavel-Chaperon de l'INSERM, qui a mené cette enquête déclare prudemment : «Au vu de nos
résultats, dans l'état actuel de nos recherches, l'association estrogénes-progestérone micronisée ne
semble pas augmenter le risque de cancer du sein chez les femmes utilisatrices. »
QUEL ESTLE BON USAGE POSSIBLE
DES TRAITEMENTS DE LA MENOPAUSE ?
L'Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de santé (Afssaps) a fait
régulièrement depuis 3 ans des mises au point concernant l'usage qui peut être fait des THS .
En pratique, l'Afssaps estime que chez les femmes souffrant de troubles dus à la carence
hormonale de la ménopause , un THS peut être prescrit : « si la patiente le souhaite, à la dose
minimale efficace, tant que durent les symptômes. »
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« Au-delà, il est difficile de formuler des recommandations compte tenu du risque de survenue
d'effets indésirables, en particulier celui de cancer du sein, qui est corrélé à la durée du traitement,
et à l'âge de la femme. Le THS, en retardant la ménopause, augmente le risque de survenue du cancer
du sein par rapport aux femmes ménopausées non traitées. En effet la ménopause aurait un effet
protecteur sur le risque de cancer du sein. »
Chez les femmes ménopausées ne souffrant pas de symptômes, l'Afssaps estime que le THS ne
doit pas être prescrit de manière systématique, mais décidé « au cas par cas, en fonction de la
situation et des souhaits de la femme, en l'informant de l'ensemble des bénéfices attendus et des
risques potentiels. »
Jean-Yves Nau, le journaliste qui avait réalisé un dossier très complet sur la ménopause, dans LE
MONDE du 9-10 février 2003, avait été conduit, au vu du genre d’informations dont nous venons
de faire état, « à reposer la question du statut, pathologique ou non, de la ménopause ? »
Excellente question!
Affaire à suivre !
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RETOUR DE LA FERTILITE A L'ARRET DE LA PILULE
Michèle GUY
Il y a plusieurs sortes de pilules, nous ne ferons référence ici qu'à « l'espèce » de pilule la plus
fréquemment prescrite, composée de deux hormones de synthèse, estrogènes et proges tatifs,
suffisamment dosées (même celles dites minidosées) pour bloquer toute stimulation hypophy saire à
destination des ovaires.
Les ovaires cessent toute activité, qu'elle soit hormonale ou ovulatoire lorsqu'ils sont sous l'effet
de ce blocage Les effets de la pilule ne se traduisent donc pas seulement par le but recherché, qui
est l'arrêt des ovulations, mais aussi par la modification de la muqueuse utérine privée de ses
hormones naturelles et de leur succession à l'intérieur du cycle, et par l'arrêt de secrétion de la
glaire cervicale par le col, pour les mêmes raisons. Et ceci pendant toute la durée de la prise de
pilule, de quelques mois à plusieurs années de suite.
Aussi, quand le blocage des stimulines hypophysaires cesse à l'arrêt de la prise de pilule, le réveil
ovarien ne se traduira pas seulement par la reprise des ovulations, mais aussi par celle de
l'irrigation hormonale normale de l'endomètre (muqueuse utérine) et des cellules des cryptes du
col, qui vont pouvoir se remettre à secréter de la glaire.
II faut savoir que le retour à la normale de ces différents éléments ne se fait pas toujours de
concert : c'est ainsi qu'il faut souvent plus de temps au col pour secréter à nouveau de la glaire
accueillante aux spermatozoïdes, qu'à l'ovaire lui-même pour reprendre des ovulations, ou plutôt
qu'il faudra un certain temps de reprise des ovulations pour que les hormones ovariennes
revitalisent les cellules du col. D'autre part, même si les ovulations reprennent il faudra aussi du
temps pour que les deux parties du cycle s'équilibrent et en particulier que l'activité du corps
jaune reprenne avec une qualité et une durée suffisantes pour permettre une nidation.
Si bien que lorsque l'on parle du " RETOUR DE LA FERTILITE APRES LA PILULE" c'est
l'ensemble de ces éléments qu'il nous faut considérer, et pas seulement le retour des
ovulations. D'autre part, le projet de la femme et du couple, à l'arrêt de la pilule, est important
à connaître. La situation est en effet différente, si la femme qui arrête la pilule et commence à
utiliser les MAO, souhaite continuer à différer une conception, ou souhaite au contraire mettre en
route un bébé !
-- Si le couple souhaite continuer à différer une conception, son interprétation de la courbe de
température et des signes de glaire devra, pour être fiable. se référer aux indications données
dans le fascicule du CLER : « PÉRIODES FERTILES ET INFERTILES DU CYCLE, feuillets
résumés des principes à appliquer en MAO » (et reproduites ci-après). Les perturbations
fréquentes de la reprise du fonctionnement ovarien à l'arrêt de la pilule ont rendu nécessaires de
telles indications. Le couple sera prévenu que cela peut prendre du temps.
-- Si le couple souhaite la mise en route d'une grossesse, il lui faudra, là aussi souvent un peu de
patience, même si les ovulations reprennent, puisque, comme nous l'avons dit plus haut, la fertilité
de la femme a également besoin d'une bonne glaire cervicale, et d'un bon rétablissement de
l'activité du corps jaune.
-- Dans les deux cas, il est intéressant pour le couple de savoir comment les choses peuvent se
passer à l'arrêt de la pilule: c'est ce que nous allons voir maintenant.
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A - LA REPRISE DES OVULATIONS
On retrouve certaines constantes dans la reprise des ovulations après une période de blocage , que
ce blocage ait été dû à la pilule ou éventuellement à une grossesse suivie d'allaitement, (même si la
reprise des ovulations dans ce dernier cas est plus rapidement assurée qu'après la pilule) et dans les
deux cas l'observation des signes de fertilité et d'infertilité du cycle (glaire, col et température)
sera le meilleur moyen de comprendre ce qui se passe, mais c'est essentiellement la courbe de
température qui signera le retour des ovulations et la date de leur survenue.
1°) 1ER CYCLE APRÈS L'ARRET DE LA PILULE :
Dans les bons cas : l'ovulation ne se fait pas trop attendre.
Mais même dans ces bons cas, cette ovulation survient très rarement avant le 23ème, 24ème jour
du premier cycle, voire plus tard, (28ème ou 30ème jour, ce n'est pas rare) et le premier corps
jaune sera normalement court, inférieur souvent à 8 ou 10 jours. Il se peut néanmoins qu'il soit de
durée normale, et capable d'assurer une nidation.
2°) L'EVOLUTION DES CYCLES SUIVANTS
ressemble aussi quelquefois à celle des cycles après sevrage et retour de couches, ( cf l'information
à ce sujet), c'est-à-dire que progressivement en 4 à 5 cycles l'ovulation revient plus tôt dans le
cycle, et que la durée du corps jaune se rapproche de 12 à 14 jours.
3°) MAIS TOUT PEUT SE VOIR APRES PILULE
Une reprise immédiate, suivie d'un fort allongement des cycles suivants,
ou un très grand délai pour la première ovulation, quelquefois plusieurs mois,
ou la reprise apparemment normale des ovulations et de la durée des corps jaunes, mais avec des
difficultés dans la reprise de la sécrétion de glaire.
B - LE RETOUR DE TOUS LES FACTEURS DE LA FERTILITE - LE FACTEUR TEMPS
Quand le projet du couple est de différer une grossesse, l'observation des signes du cycle
s'améliore cycle après cycle, il faut simplement plus de temps à ce couple pour pouvoir utiliser
facilement les MAO que s'il utilisait auparavant une méthode contraceptive locale sans effet sur le
cycle.
Quand le couple souhaite une conception, il faut l'aider à ne pas se décourager si l'enfant attendu
ne se profile pas avant un an. Ce délai normal est souvent augmenté par le simple fait, en cas de
prise prolongée de la pilule (10 ans ne sont pas rares), de l'âge de la femme dont on sait qu'à lui seul
il peut différer l'obtention d'une grossesse.
Dans la majorité des cas, s'il n'existe pas d'autres facteurs d'infertilité, masculine par exemple,
l'enfant attendu arrivera ! Le fait d’observer les signes de la reprise ovarienne, peut aider le
couple, comprenant ce qui se passe, et voyant la progression du retour à la normale à l'intérieur du
cycle (amélioration de la glaire, allongement des corps jaunes) à ne pas s'inquiéter inutilement ni à
se précipiter trop vite vers des traitements quelquefois agressifs. Certains médecins, sachant ce
délai normal se dispensent d'expliquer au couple ce qui se passe, leur disant même que moins ils y
penseront, mieux cela ira.
Mais si une femme ou un couple désirent un enfant, personne ne peut les empêcher d'y penser, et
d'autre part, l'expérience montre que l'on est moins anxieux quand on comprend ce qui se passe.
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Simplement, ce couple apprendra à ses dépens que contrairement à ce qu'il croyait au début de sa
vie de couple, il est souvent plus facile d'empêcher une conception que d e la réussir.
QUATRE CONSIGNES POUR L E POST PILU LE
La pilule perturbe parfois profondément le fonctionnement de l'ovaire pendant la prise de pilule et après
l'arrêt de la prise, et par conséquent, après son interruption, les signes de fertilité et d'infertilité.
Aussi il est nécessaire, en tenant compte de l'expérience actuelle, de fixer les consignes
suivantes pendant les trois 1ers cycles suivant l'arrêt de la prise :
Température:
1- Se méfier d'un décalage avant le 20èm° jour (est-ce un faux décalage ?)
2- Calculer le NMB sur 3 semaines de points bas, s'ils existent.
3- Attendre 5 points hauts et stables à 3 dixièmes ou plus au dessus du NMB.
Glaire :
4 - Bien observer et noter le signe de la glaire, mais :
Ne pas en tenir compte pour la déterminatïon des soirs infertiles.
En pratique, le couple n'utilisera pas les soirs « secs et rien vu » après les règles pendant les 3 premiers
cycles après l'arrêt de la pilule.
Les 3 premiers cycles ainsi établis seront examinés avec la coordinatrice AVANT d'envisager pour
l’ensemble des cycles à venir l’application des règles habituelles de détermination des périodes fertiles
et non fertiles.
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ANATOMIE DE LA GLANDE MAMMAIRE
ET PHYSIOLOGIE DE L'ALLAITEMENT.
QUELQUES NOTIONS DE BASE
(pour accompagner livret et schémas)
Michèle GUY
LA GLANDE MAMMAIRE
La glande mammaire n'est terminée chez la femme qu'après la première grossesse menée à terme :
en effet à la puberté, même si les seins atteignent vite un volume considéré comme normal, les
lobules mammaires à l'intérieur du sein sont encore primitifs et en cours de développement et il
faut la première grossesse menée à terme pour que la glande soit parfaitement différenciée, et
devienne alors beaucoup moins sensible aux carcinogènes et en particulier aux effets cancérigènes
du tabac. Avoir son premier enfant jeune, réduit par conséquent pour une femme les risques de
cancer du sein en diminuant le temps de plus grande sensibilité du sein aux risques de cancer. Le
report du premier enfant fréquent à l'heure actuelle est peut-être une cause involontaire de
l'augmentation statistique des cancers du sein.
CONSTITUTION DE LA GLANDE MAMMAIRE
La glande mammaire est constituée d'une vingtaine de lobes, indépendants les uns des autres. Ces
lobes sont divisés en lobules constitués eux-mêmes d'acini glandulaires dont les cellules sont
destinées à secréter la lait Ces acini sont entourés de cellules musculaires, qui en se contractant
sont capables de vider !es acini de leur lait au fur et à mesure de sa production. Ce lait est alors
déversé dans des canaux galactophores qui se regroupent pour aboutir au mamelon, à raison d'un
canal par lobe : le mamelon de chaque sein est ainsi percé d'environ une vingtaine d'orifices.
COMMENT LE LAIT VIENT-IL AUX FEMMES ?
Les seins commencent à se modifier en vue de l'allaitement dès la première semaine qui suit la
nidation : une tension mammaire douloureuse représente souvent pour la femme le premier
symptôme extérieur d'une grossesse que rien d'autre ne lui révèle encore. L'enfant est à peine
conçu, que ce dont il aura besoin à la sortie de sa mère commence déjà à se préparer. En quelque
sorte, l'allaitement fait partie de la grossesse.
Le fonctionnement du sein est sous la dépendance de deux hormones hypophysaires, la
PROLACTINE, secrétée par l'antéhypophyse pour la fabrication du lait, et l'OCYTOCINE secrétée
par la posthypophyse pour son éjection, toutes deux déclenchées par la stimulation du mamelon
pendant la tétée.
Comme l'ocytocine est aussi l'hormone qui fait se contracter l'utérus pendant l'accouchement, sa
sécrétion à chaque tétée pendant l'allaitement permet à l'utérus de mieux évacuer les lochies et de
revenir plus vite à la normale. Quand les antibiotiques n'existaient pas encore, les sages -femmes
savaient que l'allaitement représentait une prévention des infections utérines du post-partum.
Ces deux hormones découvertes chez les mammifères sont apparues en fait il y a fort longtemps dans
l'évolution, parmi les vertébrés qui s'occupent de l'élevage de leurs petits : les oiseaux par exemple.
L'ocytocine et la prolactine sont des hormones de maternage : quand on fait de la prolactine à un
pigeon, il va nicher.
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Et c'est l'enfant qui par la succion déclenche au niveau de l'hypophyse la sécrétion de ces deux
hormones : c'est lui qui donne du lait à sa mère. Et sans l'ocytocine qui fait se contracter les acini,
la force d'aspiration de l'enfant ne serait pas capable de faire couler le lait du fond du sein jusqu'à
sa bouche.
Mais ce n'est pas seulement la succion qui déclenche l'émission par l'hypophyse de ces deux
hormones : la présence même de l'enfant proche de sa mère est nécessaire pour cela. On le sait
mieux maintenant que l'on appris à laisser l'enfant près de sa mère dans les maternités (ce que les
anglais appellent le « rooming in»). Et les femmes qui allaitent remarquent rapidement que les pleurs
d'appel de leur bébé font couler leur lait.
L'INFLUENCE DE L'ALLAITEMENT SUR LE RETOUR DE
LA FERTILITE APRES LA NAISSANCE
L’antéhypophyse a deux missions qui se contrarient l'une l'autre dans la majorité des cas: celle de
faire ovuler les ovaires en leur envoyant FSH et LH, mais aussi après l'accouchement, celle de faire
secréter le lait, en envoyant aux seins la PROLACTINE. Chaque tétée étant une demande de
PROLACTINE à l'antéhypophyse par stimulation du mamelon, tout se passe comme si l'hypophyse, se
trouvant en quelque sorte monopolisée pour cette fonction lorsque l'allaitement est complet, était
alors empêchée de stimuler les ovaires : expliquant l'origine de la suspension des ovulations donc des
règles pendant l'allaitement complet, dans les conditions expliquées dans le livret de René et Isabelle
Ecochard.
Le nombre des tétées est certes déterminant, mais la proximité mère-enfant l'est aussi : tout ce qui
la favorisera favorisera aussi l'allaitement et la durée de l'aménorrhée. Une éducatrice du RWANDA
avait remarqué que les mères urbaines avaient un retour de couches plus précoce en allaitement
complet que les mères rurales : ces dernières n'ayant pas de berceau, avaient leur enfant toujours sur
elles et dormaient avec lui: c'était la seule explication qu'elle avait trouvée. Il n'est pas demandé d'en
faire autant mais de comprendre ce qui est en jeu dans l'infertilité physiologique de la femme après
l'accouchement : les facteurs biologiques ne sont pas seuls en cause.
Lorsque l'allaitement diminue, ou que le sevrage est commencé l'hypophyse redevient progressivement
apte à la stimulation des ovaires, ce qui va entraîner la reprise de la fertilité et le retour de couches,
mais la rapidité avec laquelle l'hypophyse reprend cette fonction dépend aussi d'un facteur individuel
propre à chaque femme. Et c'est l'allaitement du premier enfant qui apprendra à cette dernière à
connaître ce facteur.
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TESTEZ VOS CONNAISSANCES
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CORRECTION DU TESTEZ VOS CONNAISSANCES
Le niveau moyen bas, calculé sur 21 jours - en partant à reculons du 15 octobre au 25 septembre - se
situe à 36,85 (il pourrait certes être trouvé un peu plus bas, si l’on tient compte des levers
systématiquement plus tardifs le dimanche). Pour avoir cinq jours à 3 dixièmes, (37,15) avec un
décalage stabilisé, on trouve le premier jour infertile postovulatoire le 23 octobre, veille du retour
des couches. C’est ce que cette jeune femme, autonome avant sa grossesse, a estimé, puisqu’il y a eu
relation sexuelle.
Cette ovulation avant retour des couches est suivie comme il est fréquent d’un corps jaune court de 7
jours.
Pour l’enfant suivant, cette jeune femme pourra se considérer infertile en allaitement complet quelque soit le nombre des tétées, en effet :
1°) son allaitement complet a duré plus de trois mois : 105 jours ;
2°) son retour de couches est survenu 6 semaines et 4 jours après le début du sevrage (et trois
semaines après le sevrage complet).
ELEMENTS INTERESSANTS :
Sur ce graphique, remarquablement tenu, on peut observer des éléments qui corroborent ce que nous
avions déjà dit dans un bulletin précédent : c’est à partir du redémarrage d’une activité folliculaire
donc estrogénique (avec apparition de glaire) que le niveau général de température s’abaisse. Ce qui
est intéressant ici, c’est que cette activité folliculaire redémarre, alors que cette jeune mère est
toujours en allaitement complet, mais qu’elle est passée à 4 tétées au lieu de 5. En effet dans la
thèse sur le post-partum chez la femme allaitante, de Marie Odile COSTE (Lyon, 1986), c’est
seulement dans un allaitement complet à 4 tétées que des ovulations étaient survenues. En
l’occurrence, ici, cette jeune femme n’a ovulé que 15 jours après sevrage complet, mais ce n’est qu’à
partir de 4 tétées que la glaire apparaît et que la température baisse nettement. Et la sensation
lubrifiée n’apparaît qu’en sevrage complet.
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BULLETIN MAO
FEVRIER – MARS 2006
SOMMAIRE
EDITORIAL
.......................................................................................................................................
Michèle GUY
3
COMPTE RENDU DE LA SESSION MAO DE GRENOBLE – MEYLAN ................................................
Pascale RENAUD et Alice SONZOGNI
4
COMPTE RENDU DE LA SESSION MAO DE CHAMBERY ..................................................................
Marie Josèphe CHARASSON
5
VOTRE AVIS NOUS INTERESSE, feuille bilan de Chambéry .......................................................
6
LA PREMENOPAUSE ET SES SCHEMAS ..............................................................................................
François et Michèle GUY
7
QUELQUES PRECISIONS CONCERNANT LA MENOPAUSE ................................................................
15
ET LES RECHERCHES MEDICALES ACTUELLES
Michèle GUY
RETOUR DE LA FERTILITE A L’ARRET DE LA PILULE .....................................................................
Michèle GUY
21
ANATOMIE DE LA GLANDE MAMMAIRE ET PHYSIOLOGIE DE L’ALLAITEMENT : .........................
Quelques notions de base pour accompagner livret et schémas
Michèle GUY
24
TESTEZ VOS CONNAISSANCES ........................................................................................................
26
CORRECTION DE TESTEZ VOS CONNAISSANCES ............................................................................
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