(2)Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, dans la zone euro hors Allemagne, l'arrêt de la hausse de l'endettement fait
chuter la demande intérieure.
CRÉDIT CRUNCH = Expression anglo-saxonne qui désigne le rationnement du crédit pour les entreprises et les
particuliers, engendré par le durcissement des conditions d'octroi des prêts par les banques, en raison des craintes
d'insolvabilité des emprunteurs.
(3)Dans tous les pays, en particulier en Allemagne et au Japon compte tenu du rôle joué par le commerce
extérieur dans ces deux pays, le recul des exportations dû au recul du commerce mondial (lui-même lié au recul
de la demande intérieure dans les pays où le désendettement a lieu) renforce le recul de l'activité.
La crise actuelle s’explique donc par un choc de demande : recul de la demande privée financée par une hausse
de l’endettement et recul des exportations.
Document 1 : « Le recul de l'activité en 2009 est, à la différence des années 1970, dû à un choc négatif de
demande. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, dans la zone euro hors Allemagne, l'arrêt de la hausse
de l'endettement fait chuter la demande intérieure.
Dans tous les pays, en particulier en Allemagne et au Japon compte tenu du rôle joué par le commerce
extérieur dans ces deux pays, le recul des exportations dû au recul du commerce mondial (lui-même
lié au recul de la demande intérieure dans les pays où le désendettement a lieu) renforce le recul de
l'activité.
Les politiques monétaires et budgétaires contracycliques [visant à stimuler la demande], qui n'étaient
pas justifiées dans les années 1970 en réponse à un choc d'offre négatif, le sont aujourd'hui.
S'il y a choc de demande négatif, il faut essayer de soutenir la masse salariale réelle. Une baisse
"anormale" des salaires ne se justifierait que si elle entraînait une hausse plus que proportionnelle de
l'emploi. Ceci est très peu probable au niveau macroéconomique si c'est la chute de la demande et non
un problème de profitabilité ou de coût de production qui explique le recul de l'emploi, de
l'investissement productif, des exportations.
Il nous semble donc que les gouvernements devraient intervenir pour empêcher les renégociations à la
baisse des salaires, sauf dans les cas où c'est le seul moyen pour éviter des pertes importantes
d'emplois.
les problèmes d'offre reviendront, mais plus tard
Dans la plupart des pays, les problèmes structurels d'offre sont nombreux : insuffisance de
l'innovation et des gains de productivité (zone euro) ; problème d'éducation (Europe, Etats-Unis) ;
vieillissement démographique et baisse des ressources en main d'œuvre (Japon, Europe) ; sous-
investissement (Etats-Unis, Royaume-Uni)… ; compétitivité insuffisante (zone euro hors Allemagne).
Mais aujourd'hui la crise vient du choc négatif massif de demande, lié à l'arrêt de l'endettement et à
la baisse en conséquence du commerce mondial. Il faut donc que les remèdes à court terme soient
adaptés à la correction d'un choc négatif de demande : politiques monétaires et budgétaires
contracycliques (…) ; limitation, autant que possible, des baisses de salaires ; désinflation, par exemple
avec une concurrence accrue ; réduction, autant que possible, des licenciements par les entreprises ».
Source : Article de P. Artus, « Ne pas oublier que nous sommes confrontés à un choc de demande négatif »,
Flash Economie, Natixis, 2009.
Document 2 : Une évolution majeure du capitalisme dans les années 1980 : la financiarisation des entreprises
et la dynamique du capitalisme financier
Au cours des années 1980, le capitalisme a pris une forme nouvelle, dominée par la finance. Alors que cette
dernière avait joué jusque-là un rôle essentiellement instrumental, elle est en effet devenue déterminante, absolue,
totale. Avec à la clé de lourdes répercussions pour les entreprises et les salariés.
Le contexte a commencé à changer à partir des crises pétrolières de 1973 et 1979 : le cycle de croissance
relativement équilibré des Trente Glorieuses est alors rompu : les profits des entreprises industrielles s'érodent et
des flux d'argent commencent à s'investir dans des opérations plus spéculatives, à la recherche d'une plus
grande rentabilité. La City de Londres devient ainsi une place financière majeure, et le premier paradis fiscal en