Catégorisation

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Catégorisation
sociale
Licence de psychologie, année 2004-2005, avec Mr Derghal.
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Plan :
0. Introduction :
Historique et définition
1. La catégorisation sociale et les valeurs
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
Les valeurs interviennent dans la formation des catégories sociales
Expérience de Taylor et al.
Expérience de Doise
Expérience de Doraï et Deschamps
L’effet de la brebis galeuse
Expérience de W. Lambert et al.
2. La catégorisation sociale et l’identité sociale
2.1
2.2
2.3
2.4
Identité personnelle, identité sociale
Groupe d’appartenance et groupe de référence
Etude de T. Newcomb
Théorie de l’identité sociale de Tajfel et Turner
3. La catégorisation et l’attribution
3.1
3.2
3.3
La notion de schéma causal (Kelley)
Les dimensions sociales de l’attribution
Attribution et relation entre groupes
4. Appartenances catégorielles croisées
Expérience de Doise et Deschamps
5. Saillance des appartenances sociales et croisement catégorielles
Expérience de Deschamps et al.
6. La catégorisation en actes
Expérience de Shérif.
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Introduction
1. Historique
Tajfel a été amené à formuler cette notion pour décrire des phénomènes sociaux
comme les stéréotypes, les préjugés et la discrimination.
Il a voulu expliquer pourquoi des êtres humains se conduisent parfois de manière
méprisante, hostile et destructrice envers d’autres être humains mais qui ne sont pas du même
clan, de la même ethnie ou nation.
Il a trouvé qu’il y a deux types de théorie à l’origine de ces travaux :
- la 1ère est proposée par Adorno qui parle de Personnalité autoritaire.
Théorie selon laquelle le mode d’expression des attitudes politiques et sociales reflète
la structure profonde de la personnalité du sujet.
 si on connaît le fondement de sa personnalité, on pourra connaître son orientation
politique et sociologique.
Les personnes qui ont ce type de personnalité autoritaire ont certaines
caractéristiques :
 sont moins tolérant à la démocratie,
 manifestent un fort besoin de sécurité,
 ne supportent pas l’ambiguïté ;
 ils idéalisent leurs objets d’identification : les parents, l’autorité, la nation, la religion,
 tout ce qui leur paraît comme menaçant, dangereux et méprisable est attribué à
« l’étranger » de manière générale,
 ils ont généralement reçu une éducation rigide (refoulement des sentiments hostiles
envers les parents, car ils idéalisent leurs parents).
- le 2e type de théorie est proposé par Shérif qui met l’accent sur le fonctionnement
social responsable de l’hostilité entre les groupes.
C’est le rapport entre des groupes qui peut expliquer l’hostilité entre les groupes. Il
met en relief 2 conditions nécessaires à l’apparition de ce phénomène :
 il faut que ces groupes aient une existence identifiable : que les membres se
connaissent et se reconnaissent les uns les autres comme membre d’un même groupe,
qu’ils aient des normes communes, etc… Ceci est aussi valable pour l’autre groupe.
 Il faut qu’il y ait également une situation d’interdépendance négative entre les deux
groupes (compétition, rivalité, incompatibilité des objectifs etc…).
Pour Tajfel aucune de ces théories n’est satisfaisante pour expliquer les phénomènes
qui l’intéressent.
Tajfel travaille avec Bruner sur les phénomènes de perception. Ils réalisent avec un
groupe (new-look) des travaux, ce groupe visait à montrer que la perception dépendait des
états internes des sujets : ensemble des connaissances acquisses précédemment et son état du
moment la motivation.
Pour ce groupe toute perception repose sur un processus de catégorisation, toute
perception consiste à assigner l’objet perçu à une classe d’objet dont on possède une
représentation en mémoire.
Ils s’intéressent aux effets de la motivation sur la perception. Bruner fait une
expérience avec des pièces de monnaie (reproduction en carton) avec deux groupes d’enfants,
l’un issu de milieu défavorisé et l’autre issu de classe aisée.
Il demande aux enfants d’évaluer le diamètre des pièces.
Hypothèse : la motivation influence la perception des pièces.
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Hypothèse orientée : les enfants des classes aisés auront tendance à sous évaluer les diamètres
des pièces et les enfants défavorisés auront tendre à sur évaluer.
L’hypothèse est donc confirmée !!
La catégorisation consiste en un découpage de l’environnement qui se fait en
regroupant les items équivalent les uns aux autres d’un certain point de vue et différents des
autres items selon ce même point de vue.
Ce découpage de l’environnement est une condition indispensable pour la vie de l’individu ou
d’un groupe social. Sans ce processus l’adaptation aux événements qui surviennent dans
l’environnement serait impossible.
Le monde qui nous entoure apparaît comme extrêmement complexe. Des informations variées
nous assaillent à tout moment. Ces informations nous parviennent aussi bien de nos sens, de
notre mémoire que de nos relations avec les autres.
Pour faire face à toutes ces informations, l’individu doit constamment s’adapter, c'est-à-dire
analyser toute l’information qui provient de notre environnement mais l’individu a des
capacités limitées, il doit donc s’adapter en ayant recours à un minimum de ressources
cognitives.
Il va donc recourir à des stratégies pour rendre plus facile l’appréhension de la complexité
physique et sociale de son environnement.
Cela suppose évidement que l’individu possède des capacités d’identification des objets et des
événements et la capacité surtout de leur donner une signification. Après avoir identifié et
donné une signification à un objet, un événement nouveau, l’individu procède à une
comparaison pour connaître les caractéristiques de l’objet qui ressemblent à des
caractéristiques que je connais et donc il va catégoriser cet objet, cet événement.
La catégorisation trouve sa fonction essentielle dans son rôle pratique qu’elle joue de la
systématisation de l’environnement.
L’individu est obligé d’avoir recours à une simplification. On simplifie d’abord certaines
caractéristiques de l’objet, de l’événements pour qu’il colle mieux à une catégorie qu’on a
déjà en mémoire. Dans les caractéristiques on cherche ce qui ressemble à ce qu’on connaît
déjà et on laisse le reste de côté. Certains aspects de l’information seront donc sélectionnés ou
modifiés afin qu’ils puissent correspondre à une catégorie.
Il y a des conséquences à cette simplification :
 les catégories que nous avons établies n’épousent pas la richesse de notre
environnement et pourtant cette catégorie est censée rendre compte de notre
environnement.
 Puisque nous simplifions les caractéristiques de l’objet, il n’est plus le même, nous
l’avons transformé.
Il y a une double signification :
- de l’environnement
- de l’objet lui-même
Donc il y a une certaine distorsion qui s’opère par rapport à notre environnement. Cette
distorsion pourrait peut être expliquer pourquoi des groupes différents ont une perception
différente.
Les différents groupes n’ont pas la même distorsion, ils retiennent des caractéristiques
différentes et donc la perception sera différente.
Puisqu’on établi un certain système de catégorisation que se passe t il quand une
nouvelle information en opposition à notre catégorisation arrive ?
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La catégorisation est le fruit de plusieurs perceptions, plusieurs années, souvent
lorsqu’on perçoit quelque chose qui vient contredire, remettre en cause notre catégorisation ça
nous met mal à l’aise, soit on le minimise soit on l’accepte et on remet alors tout en cause.
 phénomène de dissonance cognitive.
Etude de Ross :
Expérience dans laquelle les sujets reçoivent une série de lettres écrites par des suicidés. On
leur dit que parmi ces lettres certaines ont bien été écrites par des personnes qui se sont
suicidées et que d’autres sont fausses.
On demande aux sujets de dire quelles lettres sont écrites par un suicidé et lesquelles sont
fausses.
On les évalue, on les catégorisait et les sujets savaient comment ils étaient évalués. Ceux les
conditions expérimentales, elles sont aléatoires.
Une fois que c’est fait, on leur dit que l’évaluation faite n’était pas bonne, et que l’évaluation
ne correspondait à rien. On défabule !!!
On leur pose un questionnaire post expérimental et on demande leur prédiction quant à leur
capacité de reconnaître des lettres de personnes suicidées.
Résultats : ceux a qui on a dit qu’ils sont bons pensent qu’il seront aptes. La 1ère
catégorisation est restée, ils restent sur la 1ère impression.
On a voulu vérifier sur le terrain dans des classes de lycées, on a donné l’impression à
des élèves qu’ils étaient capables ou non de résoudre des problèmes de raisonnement logique.
On défabule comme précédemment.
On demande aux sujets s’ils seront capables ou non de résoudre des problèmes de
raisonnement logique. On constate que les 1ères impressions persistent.
Rosenthal et Jakobson :
Ils partent de l’effet Pygmalion sur le point de vue éducatif. Ils tirent au hasard 20% des
effectifs de l’école. Ils font passer des tests de QI mais qui ne sont pas les bons, ils vont voir
les enseignants et leur disent que tels et tels élèves auront un développement cognitif au cours
de l’année.
9 mois après on refait les tests, la plupart de ces élèves ont eu un développement cognitif.
Rosenthal a dit alors attention : on peut tout faire consciemment ou non pour arriver à nos
résultats. C’est ce que nous avons appelé l’effet Rosenthal. Il a fait une expérience pour le
vérifier au niveau de l’expérimentation et il l’a vérifié !
On fait alors des expériences en aveugle voir en en double aveugle.
Selon Nisbett et Ross, le sujet qui reçoit une évaluation bonne ou mauvaise ne reste
pas passif face à cette information au contraire il se met à la recherche d’autres événements,
éléments qui renforcent cette évaluation.
2. Définition
H. Tajfel (1972) : « par catégorisation, on entend les processus psychologiques qui
tendent à ordonner l’environnement en termes de catégories : groupes de personnes,
d’objets, d’évènements, en tant qu’ils sont semblables, équivalents les uns les autres, par
l’action, les intentions ou les attitudes d’un individu ».
Mais cette définition ne signifie pas qu’un ensemble de catégories soit toujours
pertinent aux mêmes actions, attitudes, comportements d’un individu car le comportement
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social consiste en une adaptation aux changements incessants d’un individu dans son
environnement.
Tajfel se situe dans une perspective plutôt cognitive en psychologie sociale, il pose
entre autre le problème de la perception sociale et également de l’interprétation de
l’environnement social.
L’activité de catégorisation à un certain nombre de fonction, elle permet :
- de diminuer la complexité de notre environnement,
- d’utiliser les résultats de notre apprentissage sans les remettre constamment en
question,
- d’orienter notre activité,
- d’ordonner et mettre en relation des classes d’éléments.
Finalement la catégorisation remplit des fonctions essentielles pour l’homme dans son
comportement dans l’environnement.
Il y a deux aspects dans l’acte de catégorisation :
 l’aspect inductif : consiste à assigner un item à une catégorie à partir de certaines
caractéristiques de cet item,
 l’aspect déductif : est basé sur l’appartenance d’un item à une catégorie, afin
d’associer à cet item les caractéristiques de la catégorie telle qu’elle, avec peu de
vérification.
Expérimentation :
Tajfel et Wilkes ont réalisé une série d’expérience afin d’estimer les effets des classifications
sur de simple jugement quantitatif. On présentait aux participants une série de 8 lignes de
longueurs différentes :
 la plus courte mesurait 16.2 cm et la plus longue 22.9 cm.
Chaque ligne était dessinée en diagonale sur une feuille de carton blanc (63.5 X 50.8cm).
Chaque longueur de lignes était présentée plusieurs fois (un carton séparé pour chaque
présentation).
Procédure comme à toutes les situations expérimentales :
 les 8 lignes sont présentées une par une, six fois dans un ordre au hasard,
 on demandait aux sujets d’estimer la longueur de chaque ligne en cm,
 les sujets étaient interrogés individuellement,
 il n’y avait pas de temps limite pour la présentation d’un stimulus qui restait devant le
sujet jusqu’à ce que l’estimation soit faite,
 les sujets ne savaient pas combien de lignes leur seraient présentées.
Procédures non communes :
- condition 1 : le groupe classé
12 sujets, on lui présentait une série classée de manière à ce qu’il y ait une relation stable et
prévisible entre les longueurs de lignes et leurs étiquettes.
A chaque présentation, un grand A figurait au dessus de chacune des lignes les plus courtes et
un B pour les lignes les plus longues.
 Classification, catégorisation.
- condition 2 : le groupe classé au hasard
13 sujets, on présentait à ce groupe une classification qui n’avait pas de relation avec la
longueur des lignes. Les stimuli portaient les lettres A et B, mais chacun des 8 stimuli était
appelé A dans la moitié de ses présentations et B dans l’autre moitié.
 pas de catégorisation !
- condition 3 : le groupe contrôle ou non classé
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12 sujets, les conditions de présentation étaient identiques aux autres, la seule différence était
que les lignes étaient présentée sans lettres.
 sans classification !
Résultats :
 condition 1 :
La relation entre les lignes et les lettres est totalement prédictible et les sujets exagèrent les
différences de longueur entre les catégories significativement plus que les deux autres
groupes. Cette exagération augmente au fur et à mesure que l’expérimentation avance.
Ce groupe a également tendance plus que les autres à juger que les lignes sont plus
semblables les unes aux autres à l’intérieur des deux catégories.
 phénomène d’accentuation des ressemblances à l’intérieur d’une même catégorie
et accentuation des différences entre les catégorisations.
 Phénomène d’assimilation et de contraste qui caractérise la catégorisation.
Il s’agit ici d’une catégorisation non sociale mais d’autres expériences ont montré qu’il y
aurait une continuité entre catégorisation sociale et non sociale.
Tajfel va essayer de théoriser et propose deux hypothèses par rapport à la catégorisation.
 la 1ère hypothèse postule qua dans la mesure où on connaît peu de choses sur l’individu
on tentera de lui attribuer les caractéristiques de sa classe d’appartenance.
- Autrement dit pour un grand nombre de situation sociale qui prête à des interprétations
ambiguës, il sera plus facile de trouver des preuves valables concernant les
caractéristiques de la classe à laquelle l’individu est censé appartenir que des preuves
contradictoires.
- Chaque fois que nous sommes confronté à la nécessité d’interpréter globalement le
comportement des membres d’un groupe particuliers, il va de soi qu’il y aura très peu
de feed back positif qui suivra l’attribution de ce comportement aux caractéristiques
de la classe concernée.
 la 2e hypothèse : quand une catégorisation est corrélée à une dimension continue, il y
aura tendance à exagérer sur cette dimension les différences entre items qui tombent
dans deux catégories différentes et minimiser les différences à l’intérieur de chacune
des catégories.
3. Quelques principes fondamentaux de la catégorisation

les catégories ne sont pas le reflet de la réalité, car elles résultent d’une activité (la
catégorisation) d’interprétation (d’organisation du réel) dans laquelle interviennent les
motivations.
Cela signifie que la réalité n’est pas accessible telle quelle, elle est construire et filtrée par les
sens et le langage.
 la similitude entre les membres d’une même catégorie qu’ils soient des objets, des
personnes ou des événements n’est pas quelque chose de donnée (inhérent aux
éléments qui la compose) mais quelque chose de construit.
Donc une similitude provient aussi bien de la comparaison entre les éléments envisagés que le
contexte dans lequel cette comparaison est faite, réalisée, ainsi que des connaissances et des
objectifs de l’individu qui catégorise.
 les catégories sociales, pourtant arbitraires, tendent à être légitimées.
 Les catégories sont socialement ancrées, c'est-à-dire imbriquées dans des rapports
sociaux.
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La catégorisation sociale et les valeurs
1. Les valeurs interviennent dans la formation des catégories sociales
Tajfel à ce propos parle de deux principes :
- l’égocentrisme cognitif de l’enfant,
- l’anthropomorphisme.
Dans le cas de l’égocentrisme comme Piaget l’entend, il y a une incapacité pour le
jeune enfant de construire une situation d’un autre point de vue que du sien. Cette incapacité
s’applique aussi bien aux processus cognitifs que sociaux.
L’anthropomorphisme c’est prêté à un monde inerte, physique des caractéristiques
humaines. Il peut être considéré comme un processus similaire, selon Tajfel c’est
l’égocentrisme humain : projection d’intention humaine et interaction interpersonnel sur le
monde physique.
Tant que les valeurs existent et restent inchangées leurs effets sur la recherche de
l’information tendront à s’assurer que ce qui a été pensé s’y trouve.
Autrement dit, l’information nouvelle ne sert pas à corriger des éventuelles erreurs, elle est
réinterprétée afin de renforcer, confirmer la structure des catégories existantes.
Un système de catégorie pour être clair et précis doit comprendre des catégories qui ont une
grande unité interne et qui sont simultanément bien distincte les unes des autres.
Remettre en question une catégorisation, qui est déterminée par un système de valeurs, c’est
remettre en question le système de valeur, ses propres valeurs.
 c’est pourquoi la catégorisation est bien ancrée.
Il s’agit d’une véritable crise pour l’individu et non pas d’un changement de critère comme
dans la catégorisation physique.
Il y a donc une pertinence du contexte des valeurs pour la catégorisation sociale.
2. Expérience de Taylor et al.
Taylor et al nous propose un paradigme expérimental qui permet d’examiner la
mémorisation des informations dans un contexte où une catégorisation sociale est susceptible
de s’imposer au observateur.
Les sujets étaient des américains blancs, ils devaient écouter l’enregistrement d’un
groupe de 6 personnes (3 américains blancs et 3 américains noirs).
A chaque intervention d’un membre du groupe, on voit sa photo. Au terme de la
discussion, les sujets reçoivent le compte rendu des interventions et les photos des 6
participants.
La tâche des sujets est d’associer les interventions avec les photos.
La catégorie qui s’impose est la couleur de la peau.
Dans la mesure où la couleur de la peau sert à catégoriser les intervenants, les
chercheurs s’attendent à ce que les sujets puissent dire si c’est un blanc ou un noir qui est
intervenu. Ils vont ancrer leur catégorisation uniquement sur ce critère.
Cette étude suggère que les appartenances catégorielles des personnes influencent la
manière dont un individu stocke l’information à leur propos.
3. Expérience de Doise
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Doise a réalisé une expérience dans laquelle il s’agissait de décrire, dans une 1ère
condition qu’il a appelée sans anticipation, les membres d’un groupe et on ne leur disait pas
qu’ils auraient à décrire les membres d’un autre groupe.
Un 2e groupe, condition avec anticipation, devait décrire les membres de leur groupe
et on les informe qu’ils auront à décrire les membres d’un autre groupe.
La population est composée de 72 filles et 72 garçons âgés de 10 ans. Le matériel est
constitué de 3 photos de filles et 3 de garçons, une liste de 24 caractéristiques, adjectifs.
Les sujets devaient donner des caractéristiques aux photos. L’évaluation se faisait par
groupe de 6 filles ou 6 garçons. Dans le groupe 2, on notera une différenciation, ils
catégorisent.
Doise a réalisé une autre expérience sur des apprentis, c'est-à-dire des sujets de 15 à 17
ans qui ont terminé leur scolarité obligatoire, ils se préparent à entamer une profession et
suivent des cours du soir, comparé, opposé à un roue de collégiens du même âge.
Il y a quatre conditions expérimentales dans lesquelles ils doivent décrire en 1er leur
groupe et cela en exprimant leur accord ou désaccord avec 6 items sur une échelle en 6 points,
deux de ces items ont été jugé par un groupe témoin comme étant des caractéristiques
favorables :
- Les … aiment bien le théâtre.
- Les … sont fiers d’être … .
Quatre autres items ont été jugés négatifs :
- Les … préfèrent parler de ce qui se passe dans leur milieu plutôt que de la société en
général.
- Même s’ils possèdent le matériel nécessaire, le bricolage présente des difficultés pour
les … .
- Les … ne s’expriment pas facilement.
- Les … s’intéressent peu aux événements du monde.
La variable dépendante sera les réponses données aux 6 items pour les membres de
son propre groupe (endogroupe).
Les 4 conditions expérimentales sont :
- sans évocation initiale : les sujets répondent d’abord au questionnaire concernant leur
propre groupe (aucun autre groupe n’est évoqué, il n’y a pas d’effet de catégorisation).
Ensuite ils répondent au questionnaire portant sur l’autre groupe.
- Avec évocation initiale : les sujets étaient informés dès le début qu’ils auraient à
répondre à deux questionnaires, le 1er concernant leur propre groupe et le 2e l’autre
groupe. On peut s’attendre à un biais de favoritisme pro endogroupe, il y a une
catégorisation dès le départ.
- Condition de rencontre interindividuelle : un apprenti et un collégien répondent
d’abord individuellement aux deux questionnaires. Ensuite ils en discutent ensemble
avant d’y répondre une 2e fois. Doise rejoint ici les situations de jugement collectif,
normalisation.
- Condition de rencontre collective : la condition est identique à la précédente mais deux
apprentis et deux collégiens participent à la rencontre. Il n’y a plus d’effet
différenciateur car il y a la notion d’endogroupe et d’exogroupe et le biais de
favoritisme pro endogroupe.
L’hypothèse postule que les collégiens faisaient parti d’un groupe socialement
privilégié, l’effet des différentes conditions de rencontre ne sera pas la même pour les deux
groupes. Autrement dit les apprentis réagiront de manière plus différenciés entre eux.
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Résultats : les hypothèses ont été confirmé. D’autre part, on note que les collégiens qui
se trouvent dans la même condition sont plus souvent d’accord entre eux en décrivant leur
propre groupe que ne le sont les apprentis.
4. Expérience de Doraï et Deschamps
Doraï et Deschamps ont voulu savoir si on adressait le même stéréotype pour les
enfants et les adultes d’un même groupe ethnique.
Leur expérience comporte 64 étudiants de sexe masculin, on leur présente deux séries
de 4 photos (portrait en noir et blanc) représentant pour la 1ère série deux jeunes garçons
(noirs, 10 ans) et deux adultes noirs (homme, 35 ans) et pour la 2e série deux jeunes garçons
(blancs, 10 ans) et deux adultes blancs (homme, 35 ans).
Donc ces 8 photos étaient présentées successivement à chaque sujet qui devait évaluer
chacun d’elle sur des échelles de traits de personnalité répartie en 4 dimensions :
- morale : honnête, malhonnête
- intellectuelle : travailleur, paresseux
- affectif : gai, triste
- sociale : altruiste, égoïste
La moitié des sujets a passé l’expérience dans une condition avec anticipation : les 8
photos étaient présentées en même temps aux sujets. Ainsi, ils pouvaient structurer leur
réponse.
L’autre moitié était placée dans une condition sans anticipation, les photos étaient
présentées une à une, ils pouvaient ainsi donner des appréciations plus spontanées que celle
des sujets de la 1ère condition.
Résultats :
Globalement les portraits de personnes noirs indépendamment de l’âge et dans les
deux conditions expérimentales obtiennent des évaluations toujours supérieures à celle des
portraits blancs. C’est un phénomène qu’on appelle l’effet rebond (Beaufils et Paicheler), cet
effet montre que les groupes minoritaires qui font souvent l’effet de discrimination sont
revalorisés lors d’expériences, surévaluation en laboratoire.
Les enfants indépendamment de la couleur de la peau obtiennent des évaluations
supérieures à celle des adultes. On a plus de sympathie avec, envers les enfants que les
adultes.
Les enfants noirs ressemblent plus aux adultes noirs, par contre les enfants blancs sont
différenciés des adultes blancs.
Les sujets de l’expérience ont perçu les membres de leur endogroupe de façon plus
nuancé alors que les membres de l’exogroupe sont évalués de façon plus globale, plus
homogène.
Dans cette expérience les auteurs ont montré que l’attribution des stéréotypes n’était
pas la même selon le groupe.
Pour l’endogroupe les stéréotypes sont plus nuancés, on différencie les enfants des
adultes. Par contre pour l’exogroupe, la perception est plus globalisante et sans nuance. Cet
effet de l’homogénéité de l’exogroupe a été mis très souvent en avant ; une anecdote
rapportée par un enseignant universitaire :
« Je dispensais un séminaire sur les relations raciales auquel participaient, en nombre
approximativement égal, des étudiants noires et blancs. Le plus souvent les étudiants posaient
une question en commençant de la façon suivant :
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« Est ce que les noirs ne ressentent pas … », « si les noirs voulaient seulement … ».
L’enseignant blanc écoutait et se disait à lui-même : « c’est une observation intéressante’ » ou
« bonne question ».
Si un étudiant noir commençait sa question par :
« Est ce que les blancs ne ressentent pas … », « si les blancs voulaient seulement … ».
L’enseignant devenait plus réticent et se disait à lui-même : « qu’entendez vous par les
« blancs » ? Il y a toutes sortes de blancs, certains sont conservateurs, certains sont
progressistes, certains sont gentils, certains sont sensibles aux problèmes des minorités,
d’autres le ne sont pas. « Les blancs » est une catégorie trop vaste et dépourvue de sens pour
l’utiliser de cette façon et je ne peux en aucun cas répondre à la question de l’étudiant noir
dans sa forme actuelle. » ». (Rothbart, Dawes et Park, 1984, p.112)
5. L’effet brebis galeuse
Cet effet désigne le fait que des sujets vont évaluer plus négativement un membre de
l’endogroupe qu’un membre de l’exogroupe lorsqu’il adopte des conduites déviantes ou
lorsqu’il se révèle défaillant dans une tâche.
Pour démontrer cela Marques, Yzerbyt et Leyens ont réalisé une expérience avec 184
étudiants belges volontaires. On présente à ces étudiants une personne cible (par écrit).
On introduit deux variables indépendantes :
- origine ethnique : étudiant belge ou étudiant nord africain
- caractère de la personne : agréable ou neutre ou désagréable.
On juge ces personnes à l’aide de 62 traits de personnalité (positif et négatif, ex :
sociable, franc, communicatif, honnête, snob, violent, chauvin, …).
Résultats :
Comme prévu les sujets évaluaient plus négativement un membre désagréable de
l’endogroupe qu’un membre désagréable de l’exogroupe.
Et ils jugent plus positivement un membre agréable de l’endogroupe qu’un membre
agréable de l’exogroupe.
Pour les auteurs, ils observent deux types de différenciations :
- intergroupe et qui aboutit au favoritisme du membre agréable de l’endogroupe,
- intragroupe et elle débouche sur une discrimination du membre désagréable de
l’endogroupe.
Les auteurs ont également voulu savoir si cet effet s’observait dans toutes les
situations du groupe et ils constatent que cet effet s’observe uniquement lorsque la personne
cible ne respecte pas une norme importante, c'est-à-dire définissant l’appartenance à leur
groupe.
Ici il ne s’agit pas d’une comparaison intergroupe mais du comportement des
personnes de l’endogroupe à une sorte de standard, de modèle définissant ce qui est
souhaitable et valorisant pour le groupe.
Chaque groupe a sa norme, son standard et ça sert à déterminer, définir que tel
individu appartient à tel groupe ou non.
6. Expérience de W. Lambert et al
4 textes sont enregistrés dans deux versions : anglaises et françaises, il y a donc 8
textes en tout.
Les textes sont lus par 4 locuteurs bilingues : chacun lit le même texte dans les deux
versions.
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On dit aux sujets que chaque texte est lu par une personne différente donc il y a 8
lecteurs, 4 pour chaque groupe ethnique.
Les sujets sont des étudiants de l’université de Mc Gill de Montréal, l’expérience est
présentée comme une étude portant sur les jugements de personnalités à partir des voix.
Les sujets devaient évaluer chacun des locuteurs sur des échelles de traits de
personnalité.
Résultats :
Les sujets francophones avaient tendance à juger plus favorablement les locuteurs
anglophones que les sujets anglophones.
Les canadiens francophones avaient tendance à préférer, plus que les anglophones,
l’anglais incarné par le locuteur sur des traits comme : leadership, intelligence, assurance et
sociabilité.
D’un autre côté pour les traits comme croyance et bienveillance, les sujets
francophones préféraient les voix françaises aux vois anglaises.
Remarque :
Au Canada, les francophones sont minoritaires et celui qui veut réussir doit
absolument maîtriser l’anglais, d’où la préférence pour les voix anglaises pour les traits en
rapport avec l’aspect professionnel.
Sur certains traits les francophones ne préfèrent pas que les voix anglaises mais aussi
plus que les anglophones.
Cheyne a essayé de répliquer la même expérience avec d’autres langues à Glasgow et
à Londres.
Il a pris des sujets d’origine écossaise ou anglaise et tout des tout venant (populations
variées).
Il a utilisé la même procédure mais avec l’accent anglais et écossais. Cette expérience
s’inscrit dans le même contexte, les écossais sont minoritaires.
Les écossais tendent à donner des jugement de supériorité de manière plus constante
que les anglais pour certains traits : prestige, ambition, statut professionnel, …
Et dans les cas des locuteurs masculins s’ajoutent le leadership et l’assurance.
Il observe aussi des phénomènes opposés pour l’entrain, la compassion, l’humour, la
sympathie …
 Les sujets qui parlent la langue minoritaire préfèrent les sujets qui parlent la
langue majoritaire sur des traits professionnels.
Tajfel propose comme explication un conflit de valeurs pour les sujets francophones et
écossais. Ils ont évalués leur propre groupe ethnique comme étant inférieur à l’autre groupe
mais sur certains traits.
Conclusion :
Tajfel en tire un certain nombre de conclusions générales concernant le rôle des valeurs
dans la genèse et le maintient des catégories sociales.
 les différenciations qui s’opèrent en terme de valorisations plus répandues, plus
fréquentes et plus nettes pour les systèmes de catégories qui sont de nature
sociale que pour ceux qui sont de nature non sociale.
 Un système de catégorie qui est associé à un système de valeur tend à être stable
du fait de la sélection et/ou de la transformation de l’information qui provient de
l’environnement social. L’information est alors consonante avec les évaluations.
 Les conflits de valeurs pourront dans certains cas déterminer des changements
dans le système des catégories sociales.
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La catégorisation sociale et l’identité sociale
Pour Tajfel l’identité sociale est liée à son appartenance à certains groupes sociaux et à
la signification émotionnelle et évaluative qui résulte de cette appartenance.
Dans toute société un individu appartient à plusieurs groupes sociaux. Bien sûr
l’appartenance à certains groupes sera très importante pour lui, tandis que l’appartenance à
certains groupes ne le sera pas.
Pour Tajfel, la catégorisation sociale est aussi un système d’orientation qui crée et
définit la place particulière d’un individu dans la société.
La catégorisation ne nous sert pas seulement à simplifier le réel et l’appréhender en
fonction de nos objectif elle nous permet aussi de définir qui nous sommes.
Nous classons les autres comme membres de tel ou tel groupe et nous nous situons par
rapport à eux.
1. Identité sociale et identité personnelle
C’est au cours du développement que s’élabore le sentiment de l’individu à travers les
rapports de l’individu avec son environnement, et les caractéristiques que l’individu s’attribue
donnent un contenu à l’image qu’il a de lui-même et nourrissent le sentiment de son identité.
Autrement dit ces caractéristiques sont souvent le résultat d’intégration cognitive par
l’individu d’informations qui lui sont fournis au cours de ces relations avec l’environnement.
D’où proviennent ces informations ?
Elles proviennent notamment :
- des comportements qu’il adopte et surtout des effets qu’il en perçoit sur les objets, les
autres et sur lui-même. Ainsi la façon dont un individu perçoit ses propres
comportements joue un rôle important dans l’image qu’il se construit de lui-même.
- de son insertion dans le monde social et bien sûr en particulier de son appartenance à
des collectivités : groupes ou catégories sociales. J.P. Codol parle à ce propose d’un
phénomène fondamental l’identification introjective par laquelle l’individu s’attribue
les caractéristiques qu’il attribue à d’autres personnes de son groupe.
- de ce que son entourage lui renvoie de lui-même : les images sociales d’une personne
se construisent à partir de la perception que son entourage à des comportements de
cette personne et de son appartenance à des groupes ou catégories sociales.
Codol considère qu’il y a deux formes d’identification sociale :
 l’une est le résultat d’une activité cognitive opérée par l’individu lui-même et par
laquelle il s’attribue les caractéristiques qui sont celles des groupes auxquels il
appartient.
 identification introjective.
 l’autre résulte d’une activité extérieure à l’individu et concerne la perception des
caractéristiques qui lui sont assignés par son entourage du fait d’appartenance à des
groupes sociaux.
-
Codol fait deux remarques à propos de ces deux formes :
le rappel entre ces deux formes qui n’ont pas nécessairement le même contenu, c'est-àdire que les catégories sociales auxquelles l’individu se réfère pour se définir luimême ne sont pas toujours celles qu’utilise l’entourage pour le définir.
13
-
les rapports entre l’identité sociale et l’identité personnelle : si l’identité sociale est
bien une des dimensions essentielle de l’identité personnelle, elle ne saurait constituée
le tout de celle-ci. L’individu a besoin des notions de l’identité social mais ce n’est pas
tout.
Autrement dit, l’identité personnelle ne peut se résumer à la somme des diverses identités
sociales, donc d’autres éléments interviennent dans la formation de l’identité personnelle
comme d’adoption de comportements originaux.
Codol a montré le PIP : je suis semblable aux autres mais plus que les autres. Il s’agit du
primus inter pares, c'est-à-dire du premier parmi les pairs.
 l’individu se définit comme les autres mais aussi comme différent des autres.
 C’est un être unique !!
D’un autre côté il ne suffit pas à une personne d’avoir le sentiment personnel de son
identité, celle-ci doit être reconnue par les autres. L’identité sociale et l’appartenance au
groupe sont bien sûr lié dans la mesure où la définition que quelqu’un peut avoir de lui-même
(identité subjective) est largement composé de description en terme de caractéristique
définissant le groupe auquel il appartient.
Pour Berger, l’individu s’actualise dans la société, c'est-à-dire qu’il reconnaît son
identité en terme définit socialement et ces définitions deviennent une réalité du fait qu’il vit
en société.
2. Groupe d’appartenance et groupe de référence
-
Groupe ? On peut définir un groupe par 3 caractéristiques :
un groupe est composé d’un certain nombre de personnes en interaction mutuelle sur
la base de structure préalable,
ces personnes qui sont en interaction se perçoivent comme membres du groupe,
ces mêmes individus sont perçus par autrui comme membre du groupe.
La notion de groupe de référence a été introduite par Hyman, sociologue, lors de ces
travaux portant sur le statut socio-économique des individus.
La définition minimale du statut est la position ou la place d’un individu dans une structure
sociale mais il est évident qu’une société est caractérisée par un grand nombre de systèmes,
des structures, par exemple : âge, sexe, statut familiale, statut socio économique, etc …. Tout
ceci fait qu’un individu n’est jamais caractérisé par une position mais par l’ensemble des
positions qu’il occupe simultanément et c’est l’ensemble de ces positions qui constitue le
statut de l’individu.
Hyman distingue des groupes d’appartenance auquel l’individu appartient réellement
et le groupe de référence que l’individu choisit comme base de comparaison pour son auto
estimation.
Un groupe de référence peut être un groupe d’appartenance mais peut être aussi un
groupe de non appartenance. Autrement dit j’appartiens à un groupe mais pour m’estimer,
m’évaluer, me comporter je dois avoir un groupe de référence.
D’autre part en fonction de la situation sociale, un groupe peut devenir un groupe de
référence parce que d’autres individus comparent la personne à ce groupe.
Ces groupes de références nous donnent la possibilité d’évaluer nos conditions et
opinions et leurs normes peuvent influencer nos comportements et nos attitudes.
3. Etude de T. Newcomb
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Newcomb a réalisé une étude qui porte sur les opinions économiques et politiques
d’étudiantes d’un collège universitaire situé dans une localité retiré et ils forment une
communauté constituée de 250 étudiantes et 50 professeurs (dont Newcomb).
Presque toues les étudiantes sont issues de familles riches et conservatrices (politiques,
économiques et sociales). Par contre à l’opposé tous les professeurs défendent plutôt des
thèses progressistes, ainsi d’ailleurs que les étudiantes les plus anciennes qui jouissent
d’ailleurs d’une grande popularité.
Quel sera le comportement des nouvelles étudiantes qui entrent dans cette
communauté universitaire ? Vont-elles rester fidèles à la norme familiale ? Qu’est ce qui va
changer ? Qu’est ce qui distinguera celles qui changent de celles qui ne changent pas ? Si il y
a changement, est ce qu’il sera durable ?
Newcomb va tester à plusieurs reprises les opinions politiques et économiques des
étudiantes.
Résultats :
Dans l’ensemble les opinions de la majorité sinon toutes ces étudiantes à l’entré dans
ce collège universitaire sont nettement conservatrices, mais au fur et à mesure des années
d’études, elles deviennent de plus en plus progressiste, mais il y a des différences
individuelles dans les comportements, car si certaines étudiantes deviennent hyper
progressistes d’autres par contre restent fidèles à la norme familiale.
Apparemment ces deux catégories d’étudiantes aux normes conflictuelles
appartiennent au même groupe c'est-à-dire le collège universitaire mais en fait leurs groupes
de référence sont différents.
Les uns prennent comme groupe de référence leur famille, les autres les professeurs et
les anciennes étudiantes.
Par ailleurs les plus progressistes sont également considérées comme les plus
prestigieuses et les plus actives, alors que les autres ne fréquentent que des amies
conservatrices comme elles et du coup elles participent peu à la vie sociale du collège
universitaire et sont rejetées par les autres. Les professeurs décrivent généralement ces
dernières comme étant très dépendantes de leurs parents.
Quelques années plus tard, en reprenant contact avec les étudiantes, il constate que
l’influence du collège persiste dans la mesure où on a comparé leurs attitudes aux attitudes de
jeunes femmes qui ont le même âge mais qui n’ont pas fréquenté le collège universitaire.
Par cette étude Newcomb a voulu montrer que le choix du groupe de référence n’est
pas innocent. En fonction de sa personnalité, l’individu choisira son groupe de référence et ce
choix ne fera que renforcé sa personnalité initiale.
Ces choix de groupe vont dépendre du type de relation que l’individu aura avec ce groupe.
Un groupe de référence peut être positif mais il peut être également négatif. Un groupe de
référence positif est un groupe sera pris pour modèle.
Un groupe de référence négatif est tout ce qu’on ne veut pas être et ce qu’on ne veut pas faire,
ce sera le contre-pied, l’opposé de ce qu’on veut être et faire.
Ex : la famille et les adolescents…
Un groupe de référence peut aussi être négatif quand ces normes de valeurs peuvent servir de
contre normes.
Est-ce qu’il y a des critères particuliers qui font qu’un individu va choisir un groupe de
référence plutôt qu’un autre, ou son groupe d’appartenance ou de non appartenance ?
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Merton a essayé de savoir dans quelles conditions un individu choisirait un groupe
d’appartenance ou de non appartenance pour un groupe de référence.
 plus le groupe de référence est susceptible de conférer du prestige à l’individu, (c’est
par comparaison aux possibilités offertes par le groupe d’appartenance) plus il est
probable que l’individu l’adoptera comme cadre de référence.
 un individu qui dans son groupe d’appartenance n’est pas reconnu, n’a pas le prestige
auquel il aspire.
 Moins un individu occupe une position centrale dans son groupe d’appartenance (plus
il a tendance à être isolé) plus il est probable qu’il choisira un groupe de non
appartenance comme groupe de référence.
 les individus qui occupent des positions centrales sont des éléments importants et qui
sont vraiment dans le groupe, ils sont attachés au groupe.
 les systèmes sociaux qui ont un taux de mobilité sociale élevé (changement de statut)
favorisent le choix des groupes de non appartenance comme cadre de référence.
 ça caractérise notamment les sociétés en voix de développement.
 On peut également supposer que les traits de personnalité individuels peuvent jouer un
rôle dans ce phénomène.
4. Théorie de l’identité sociale de Tajfel et Turner
Tous ces travaux ont permis à Tajfel et Turner d’élaborer une véritable théorie de
l’identité sociale.
Principales propositions :
- les individus tentent de maintenir ou d’augmenter leur estime de soi. Ils essaient
d’accéder à une estime de soi positive.
- Les groupes sociaux (catégories) sont associés à des connotations positives ou
négatives. De ce fait, l’identité sociale peut être positive ou négative selon les
évaluations de ces groupes qui contribuent à l’identité sociale d’un individu.
 L’identité sociale contribue à l’identité personnelle, si son groupe est évaluée
positivement, il aura une impression d’estime de soi positive et si son groupe est
évalué négativement ce sera le contraire.
- l’évaluation de son propre groupe est déterminée relativement à certains autres
groupes spécifiques à travers des comparaisons sociales en termes d’attributions ou de
caractéristiques chargées de valeur.
On peut dire qu’il y a une espèce de continuum qui relierait une approche plus sociale
et une approche plus personnelle de l’identité.
A un pôle de ce continuum, les individus sont considérés en tant que membres
interchangeables d’un groupe.
 tous les membres du groupe sont équivalents, ils ne sont que des membres d’un
groupe, presque des numéros.
A l’autre pôle, ils sont traités dans leur singularité et spécificité individuelle.
A une différenciation entre groupes s’opposerait une différenciation entre individus.
A un extrême, nous trouvons des interactions entre deux individus ou groupes
d’individus, qui sont totalement déterminés par leur appartenance respective à différents
groupes ou catégories sociales et nullement affectés par leurs relations interindividuelles.
 pôle social.
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A l’autre extrême, nous trouvons des interactions entre deux individus ou plus qui sont
totalement définis par leurs relations interpersonnelles et leurs caractéristiques individuelles et
nullement affectés par leurs divers groupes et catégories sociales d’appartenances.
 pôle personnel.
Mais dans la réalité, il est peu probable de trouver des situations aussi pure que celles
qu’on vient de décrire.
A partir des années 80, on peut noter une révision des propositions sur l’identité
sociale. Et ces propositions de révisions ont été nommé : théorie de la catégorisation de soi
ou auto catégorisation.
Cette révision on l’a doit à Turner & al. Cette théorie repose sur la notion de
dépersonnalisation, cette notion marque le passage de l’identité personnelle à l’identité
sociale. Il s’agit, en fait, d’un processus psychiques qui conduit à davantage d’uniformité et
d’homogénéité des comportements et des représentations dans un groupe.
 identité collective.
Turner & al. postulent qu’il y a 3 niveaux hiérarchiques dans cette dépersonnalisation,
de catégorisations ordonnés selon une succession verticale et qui font appel à des principes
distincts de différenciation.
Au niveau le plus élevé, l’individu se conçoit comme un être humain.
A un niveau intermédiaire, il est membre d’un groupe et l’opposition à d’autres
groupes est primordiale sur le plan de son identité.
Au niveau le plus bas, le plus personnel finalement, l’individu se définit par des
différences avec d’autres individus. Généralement ceux sont les membres de son propre
groupe (identité personnelle).
Il y a eu des critiques :
Des auteurs, comme Simon, ont critiqué en quelque sorte cette théorie de l’identité sociale et
la théorie révisée, car pour lui les théories de l’identité sociale de Tajfel puis de Turner ne font
pas de distinction entre soi et les autres dès lors que l’appartenance au groupe est en jeu.
La catégorisation en groupe est censée produire en même temps l’accentuation de différence
entre les groupes et l’accentuation des similitudes entre les groupes.
Lors de processus de dépersonnalisation, la variabilité perçue à l’intérieur de chacun des
groupes (endogroupe ou exogroupe) est minimale. Cependant les résultats de plusieurs
expériences montrent qu’une diversification de l’endogroupe s’instaure en même temps
qu’une perception indifférenciée collective de l’exogroupe.
-
L’hétérogénéité de l’endogroupe se manifeste de plusieurs manières :
par une différenciation interpersonnelle et généralisée dans le groupe,
clivage entre des sous groupes d’individus,
personnalisation de soi vis-à-vis des autres membres du groupe.
17
La catégorisation et l’attribution
Il existe des relations entre la catégorisation sociale, l’identité sociale et la perception
de la causalité sociale, c'est-à-dire les attributions sociales.
Nous avons vu que le processus de catégorisation sociale répond à un besoin de
réduction face à la complexité de l’environnement social mais pour expliquer l’orientation
vis-à-vis de l’environnement il faut aussi tenir compte des idées de l’individu sur les
causalités sociales.
Les bouleversements complexes de nos sociétés résultent d’un réseau de facteurs
multiples et difficiles à saisir. Pour simplifier et comprendre cet environnement, on attribue
des intentions et des caractéristiques collectives aux divers groupes sociaux et ces explications
ou attributions des individus reflètent leur vision du monde ou celle de leur groupe
d’appartenance.
Les individus quand ils font ces attributions c’est la façon dont eux même voit le
monde mais peut être aussi la façon dont leur groupe voit le monde.
1. La notion de schéma causal (Kelley)
Cette notion de schéma causal a été introduite par Kelley, qui soutient l’idée selon
laquelle l’explication quotidienne s’appuie sur l’expérience sociale des individus, leurs
croyances et les associations de cause à effet.
Kelley : « Bien souvent l’individu utilise son expérience passée, l’expérience qu’il a
du monde extérieur, pour faire ses attributions. Il adopte des schémas causaux (heuristiques)
qui sont des raisonnements courts (raccourcis mentaux). Le type d’événements auxquels
l’individu est confronté peut déterminer l’utilisation de tel ou tel schéma.
Les gens se livreraient à la recherche de causes en ayant en tête que plusieurs causes
sont possibles, c'est-à-dire par exemple la personne, le stimulus, les circonstances mais aussi
en ayant en tête une hypothèse sur la cause effective de l’événement.
Il suffit alors que l’information qui justifie cette hypothèse soit trouvée pour que les individus
s’en tiennent là.
D’autres chercheurs dans ce domaine comme Jones et Mc Gillis vont compléter cette
théorie.
Ils vont parler des attentes considérées comme une clef de voûte de toute la théorie des
attributions.
Il y aurait deux types d’attentes :
- basées sur les catégories de la personne,
- basées sur la personne elle-même.
Jones et Mc Gillis définissent les attentes basées sur la catégorie d’appartenance de
l’individu comme « dérivant du fait que le sujet sait que la personne stimulus appartient à une
classe, une catégorie ou un groupe de référence spécifique ».
A l’intérieur de ce premier type d’attentes, on trouve des attentes stéréotypées :
lorsqu’on sait que tel individu appartient à tel groupe particulier, nos stéréotypes
interviennent, et on pourra s’attendre, par exemple, à ce qu’un scientifique réagisse de
manière plus rationnel qu’un littéraire.
Les attentes basées sur la personne ou la cible sont d’une autre nature. On y aura
surtout recours dans le cas d’une attribution interpersonnelle.
18
Ces attentes sont donc spécifiques à la personne qui est la cible de l’attribution. Par exemple,
nous avons déjà eu l’occasion d’observer les réactions de cette personne dans diverses
situations et nous nous sommes forgés une impression sur sa personnalité et ses traits de
caractère.
Depuis la 1ère réflexion de Heider sur l’attribution, l’idée centrale est que les gens
interprètent ce qu’ils font ou ce que fait autrui, ce qui leur arrive ou ce qui arrive à autrui
comme étant gouverner par des forces inhérentes aux personnes concernées, c’est ce qu’on
appelle une causalité interne ou encore des causes dispositionnelles ou qui ont leur origine
dans l’environnement, c’est la causalité externe ou des causes situationnelles.
Les comportements d’un individu seraient alors une réponse non à la stimulation mais au type
d’explication en terme de causalité que l’individu a produite.
Ajouté à cela la motivation qui amène l’individu à vouloir exercé un contrôle sur son
environnement physique et social en tenant de comprendre les causes des comportements et
des événements.
En effet pour Heider, Kelly, Jones et Davis si les individus font des attributions c’est avant
tout pour rendre le monde aussi bien physique que social et donc de le rendre prédictible et
contrôlable pour le maîtriser bien sûr.
Autrement dit les individus font des attributions pour comprendre le monde et prédire des
comportements ultérieurs et ainsi ils pourront mieux adapter leurs comportements.
Dans la réalité c’est peut être différent, c’est pourquoi en général les personnes font des
erreurs, des biais, par exemple l’erreur fondamentale mise en évidence par Ross.
L’erreur fondamentale, Ross :
De nombreux exemples montrent que les individus, dans leurs tentatives d’explication
du monde, et notamment lorsqu’il est question de la perception des personnes (soi ou autrui)
ont une forte propension à privilégier la causalité interne.
Cette erreur fondamentale est responsable de la tendance à considérer que les gens
sont responsables de ce qu’ils font et de leur sort.
Ca rappel exactement la théorie de Lerner : croyance en un monde juste car chacun n’a
que ce qu’il mérite. Chacun est à sa place.
La cause d’un comportement c’est essentiellement la personne et non son
environnement.
2. Les dimensions sociales de l’attribution
Si la catégorie d’appartenance d’une cible a souvent été prise en considération dans les
études des attributions, il faut bien reconnaître qu’on a considéré le sujet comme isolé sans
ancrage sociologique ou bien dans une relation inter individuelle.
Deschamps et Beauvois font remarquer qu’il existe un paradoxe à ce niveau dans le
fait que la personne cible a toujours été perçu à travers son appartenance catégorielle mais
dans le modèle théorique établi, on a considéré l’individu comme un sujet universel dont les
appartenances catégorielles ne sont pas importantes.
Pour Deschamps et Beauvois l’attribution n’est pas indépendante des groupes dans lesquels
les individus sont à la fois source et cible d’attributions.
Il faut donc alors envisagé le problème de l’attribution non pas dans le cadre des
relations interindividuelles mais sous l’angle des relations entre groupe.
3. Attribution et relations entre groupes
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Taylor et Jaggi :
Dans le cadre de l’Inde du Sud on voulait étudier le lien entre ethnocentrisme et attributions
sociales.
L’ethnocentrisme amène les individus à faire un biais de favoritisme en faveur de
l’endogroupe.
Sur le plan purement individuel ce biais pourrait se nommer biais d’auto complaisance.
- attribuer ses succès à des causes internes,
- attribuer ses échecs à des causes externes.
Ce biais a pour but de garder son estime de soi positif.
Simon pense que les personnes font plutôt des attributions internes face à des
événements attendus et externes face à des événements inattendus (positifs ou négatifs).
Etude de Taylor et Jaggi :
30 employés de bureaux de 25 à 45 ans. Ils sont tous de religion hindoue.
La tâche est de réfléchir à des situations qui mettent en jeu :
- personnes hindoues
- personnes musulmanes
avec des comportements agréables et désagréables.
Résultats :
Les sujets hindous font plus d’attributions de causalité interne à propos des comportements
désirables qui sont effectués par les hindous et font le contraire à propos des personnes
musulmanes.
Dunkel a étudié les étudiants américains blancs. Ils doivent visionner des cassettes
vidéos où deux personnes (un blanc et un noir) qui discutent violement jusqu’à ce qu’un se
lève et bouscule l’autre.
Selon les conditions expérimentales, on fait varier l’agresseur.
Que pensent ils des comportements ?
Résultats :
Lorsque l’agressé est blanc et que l’agresseur est noir : il est considéré comme violent dans
75% des cas (attributions internes).
Lorsque l’agressé est noir et que l’agresseur est blanc : il est considéré comme violent QUE
dans 17% des cas (attributions externes).
Ainsi dans les cas d’événements négatifs ou socialement peu désirable une attribution
interne est faire pour l’exogroupe et une attribution externe est faite pour l’endogroupe.
Dans le cas d’un événement positif ou socialement désirable, le biais de favoritisme
endogroupe se manifeste en attribuant les actions positives aux caractéristiques intrinsèques
bonnes de l’endogroupe mais en attribuant aux circonstances externes ces mêmes actions
lorsqu’elles sont réalisées par un membre de l’exogroupe.
 on veut maintenir une image de soi positive.
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Appartenances catégorielles croisées
Doise et Deschamps se sont demandés si on peut généraliser les effets obtenus dans les
recherches sur la catégorisation aux effets réels.
Ils précisent que dans la plupart des cas de la catégorisation a parlé de catégorie exclusive,
catégorisation simple.
Evidemment dans ce cas, on note tous les phénomènes vus jusqu’à maintenant mais dans la
réalité il y a un croisement catégoriel.
Est-ce que cette différenciation catégorielle se manifeste toujours, notamment dans le
cas d’un croisement catégoriel ?
Sur le plan théorique, il devrait y avoir un conflit entre l’accentuation des différences
et des ressemblances à l’intérieur et entre les catégories. (cf. TD2)
Ceci aura pour but de réduire les phénomènes de discrimination inter catégorielle.
Expérience de Deschamps et Doise :
Les sujets sont 80 filles de 13 à 15 ans, 40 sont dans une situation de catégorisation simple et
40 de catégorisation croisée.
Dans la catégorisation simple, il y avait 4 catégories bien nettes :
- femme F ou homme M,
- jeune J ou adulte A.
On demande au sujet d’attribué des adjectifs (32).
Dans la catégorisation croisée, on a :
- JF opposé à JM
- AF opposé à AM.
Résultats :
Il y a une différenciation catégorielle dans le cas de la catégorisation simple et peu ou pas
dans le cas des catégories croisées.
Il y a donc une diminution de la différence inter catégorielle lorsque deux catégories sont
présentées en même temps.
Un croisement catégoriel provoque une diminution des différences entre les catégories.
Expérience, cf TD2
12 garçons et 12 filles.
Catégorisation simple : différenciation inter catégorielle.
Catégorisation croisée : résultats environ équivalents.
 lorsqu’on fait intervenir une 2e catégorisation, on atténue voir diminue la différence
catégorielle.
On veut voir si cet effet se maintient, on constate que non.
 Le croisement catégoriel ne dure que le temps pendant lequel il intervient, il est lié à la
spécificité de la situation.
Si l’individu appartient à plusieurs catégories, il y a des catégories qui sont plus
saillantes que d’autres et donc normalement ces catégories auront plus d’effet.
21
Saillance des appartenances sociales et croisement catégoriel
Les critères de catégorisation en fonction desquels les individus organisent leur
environnement social n’ont pas tous la même saillance, la même importance.
On peut penser que plus une appartenance sociale est saillante pour un individu plus il
utilisera le critère de catégorisation qui lui est associer pour organiser son environnement
social.
Expérience Deschamps & al.
Hypothèse :
- Dans une situation où l’appartenance ethnique est peu saillante, parce qu’elle est assez
proche d’une situation « naturelle » dans laquelle les individus de couleur blanche sont
numériquement majoritaires, on n’observe pas ou peu de biais de favoritisme envers
son groupe ethnique, mais on observe un biais de favoritisme envers son groupe
d’appartenance sexuelle.
- Par contre, dans une situation où l’appartenance ethnique est plus saillante, par
exemple, en plaçant les sujets dans une situation où les sujets de couleur blanche sont
numériquement minoritaire, on observe alors un biais de favoritisme envers son
groupe ethnique mais pas de biais de favoritisme envers son groupe d’appartenance
sexuelle.
Dispositif :
71 enfants, tous de couleur blanche, âgés de 9 à 11 ans (43 garçons et 28 filles)
On demandait aux sujets de dire ce qu’ils pensent des personnes dont on leur présentait les
photos et ce à l’aide d’échelles.
Il y avait une série de 16 photos d’enfants (à peu près du même âge que les sujets).
1. condition blancs majoritaires : 34 sujets.
On présente 12 photos d’enfants blancs (6 garçons et 6 filles) et 4 d’enfants noirs (2 filles et 2
garçons).
2. conditions blancs minoritaires : 37 sujets.
On présente 12 photos d’enfants noirs (6 garçons et 6 filles) et 4 d’enfants blancs (2 filles et 2
garçons).
Les photos étaient présentées sur une même page et catégoriser selon le critère de
l’appartenance ethnique.
Les 12 photos du groupe majoritaire dans la partie supérieure et les 4 du groupe minoritaire
dans la partie inférieure.
Résultats :
Les résultats confirment l’hypothèse et montrent que lorsque l’appartenance ethnique est peu
saillante on observe ce biais de favoritisme envers son groupe d’appartenance sexuelle et pas
envers son groupe d’appartenance ethnique.
Lorsque la catégorie ethnique est plus saillante, on observe le contraire.
Deschamps déclare à propos de ces résultats : « en somme lorsque la situation ne rend
pas l’appartenance ethnique particulièrement saillante, il n’y a pas de raisons de la valoriser et
ainsi les sujets vont activer un autre critère de catégorisation. Par contre si l’appartenance
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ethnique est saillante les sujets auront tendance à valoriser davantage les membres de leur
groupes ethnique ».
Les auteurs relèvent une différence dans les résultats obtenus par les filles de ceux
obtenus par les garçons.
Dans les deux cas on observe le passage d’un biais de favoritisme sexuel au biais de
favoritisme ethnique, mais il y a une différence entre les deux catégories sexuelles : la
valorisation de l’appartenance sexuelle chez les fille est moindre que chez les garçons.
Les individus d’un groupe dominant valorisent plus leur appartenance sociologique que des
individus d’un groupe dominé.
Cela dépend du type :
- d’expérience,
- de variable.
La catégorisation en actes :
Le phénomène de catégorisation n’intervient pas seulement dans les phénomènes de
perceptions et évaluations, il joue également un rôle dans les actions des groupes sociaux.
Expériences de Shérif :
Enfants de 12 ans, il leur fait réaliser des activités attrayantes qui nécessite la
participation de tous les membres.
 cohésion intragroupe.
On divise le groupe en 2 groupes en divisant les amitiés !!
Ces deux groupes devaient interagir dans des jeux agréables mais compétitifs.
 modification de la structure des amitiés et des choix interindividuels.
Les amitiés de la 1ère phase tendent à disparaître en même temps qu’on relève une forte
hostilité avec des insultes et bagarres.
Les expérimentateurs ont organisé des moments non compétitifs mais ça n’a pas suffit à
détendre l’atmosphère.
Shérif fait le contraire, il créé d’abord deux groupes différents et là on crée une
compétition, un tournoi.
Le fait même d’apprendre qu’on fait partie d’un groupe et que d’autres groupes existent a
suffit à recréer ce climat conflictuel.
On organise là aussi des moments non compétitifs mais ça n’a pas suffit.
 il fallait donc revenir à la 1ère condition, le but supra ordonné.
On place les enfants dans une condition où il fallait la participation de tous et où l’objectif
était intéressant pour tous.
 le conflit s’est estompé car il y avait quelque chose qui a rassemblé les deux groupes.
23
La perception sociale des personnes handicapées
Quand on parle de catégorisation sociale, en général c’est souvent par comparaison à
autrui que se définit la catégorie.
Les catégories sont généralement dichotomiques : homme-femme, jeune-vieux, validehandicapé.
La catégorisation valide-handicapé est beaucoup plus délicate à déterminer que les deux
autres, car si le groupe des personnes handicapées s’oppose facilement à celui des personnes
valides, par contre la catégorie des personnes valides n’existe que par comparaison à des
personnes handicapées.
Pour Le Breton c’est parce que notre société honore un corps jeune, sain et beau, que
les personnes handicapées sont perçues comme formant une catégorie sociale. Cette catégorie
sociale suscite souvent des réactions à la fois cognitives et affectives qui se traduisent souvent
par une attitude de mise à distance d’une certaine partie des personnes handicapées.
Giami & al. soulignent que la perception du handicap comme objet symbolique et
traumatique conduit les individus à un travail de défense nécessitant une mise à distance.
Ainsi disent ils la déficience marque profondément la perception d’autrui et les
comportements d’une personne handicapée sont analysés en fonction de la déficience.
La catégorie handicapée est une catégorie saillante !! Pour la personne handicapée
cette catégorie handicap est vraiment saillante et englobe toutes les autres catégories, elle les
dissimulent.
En 1999, les 1ères études ont montré que les personnes avec un handicap moteur sont
catégorisées différemment des personnes valides. Un même individu n’est pas jugé de la
même manière selon qu’il soit assis dans une chaise ou dans un fauteuil roulant devant un
ordinateur.
Ce jugement différentiel est valable aussi bien pour le juge valide que pour le juge handicapé
lui-même.
Des études au près d’étudiants et de recruteurs professionnels ont montré qu’ils ne
jugent pas un CV de la même manière selon que la personne soit valide ou non.
Ainsi il existe bien une catégorie propre aux personnes handicapées alors que le discours
social et officiel affirme que ces personnes sont considérées comme des personnes à part
entière, ayant les mêmes droits, les mêmes devoirs que tout un chacun.
Sheeran & al. ont montré qu’il y avait différents facteurs qui pourraient expliquer cette
mise à distance.
 l’ignorance de la déficience,
 la peur de l’inconnu,
 la généralisation abusive.
Cependant la perception de cette catégorie de personnes n’est pas toujours négative.
Ainsi Bayley montre que dans le cadre du travail lorsque les collègues ont à se juger
mutuellement, ceux sont les personnes handicapées qui donnent les meilleures impressions.
Pour Beaufils & Paicheler, ce favoritisme s’explique par un renversement superficiel
de nos attitudes face aux personnes handicapées.
 effet rebond.
Nous nous attendons qu’une personne handicapée soit triste et déprimée, et on
constate que la personne est active et heureuse.
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On est donc admiratif devant ce comportement et nous inversons nos préjugés mais sans
changer notre attitude fondamentale, c'est-à-dire sans chercher à faire plus ample
connaissance.
 elle engage en rien le juge et donc ces attitudes positives sont superficielles et se
manifestent dans les situations peu engageantes pour le juge.
Les employeurs déclarent qu’à compétence égale ils préféreraient embaucher des
personnes handicapées, or Bravo & al. ont montré expérimentalement que la mention d’un
handicap a des répercussions significatives sur les chances d’un candidat à être effectivement
embauché.
Les cadres ont deux fois moins de chance à avoir une suite favorable s’ils mentionnent une
paraplégie.
Ils ont fait une expérience sur 2228 entreprises en France. Ils ont observé l’attitude des
employeurs face à deux candidats identiques au niveau des compétences, mais différents au
niveau d’une catégorie personnelle : paraplégie.
En plus ils ont fait varier le profil de compétence : élevé ou modeste.
Les résultats confirment le comportement discriminatoire face au candidat handicapé et ceci
d’autant plus que la qualification était modeste.
La catégorisation sociale est rattachée aux valeurs, on le voit bien ici.
A cause de ces phénomènes, il y a une pression sociale qui fait que les gens ont
tendance à survaloriser ce groupe, qui par ailleurs est perçu comme désavantagé.
Les recherches ont montré que les personnes handicapées sont en général jugées
comme bon, attentives aux autres, courageuses, battantes, pragmatiques et rationnelles. Mais
d’un autre côté ils peuvent être perçu beaucoup plus négativement et subir une véritable
discrimination sociale.
Expérience de Salhani, Louvet et Rohmer.
Hypothèse :
- dans la mesure où le handicap physique constitue une catégorie saillante, les juges,
sujets valides jugeront plus favorablement une cible handicapée qu’une cible valide.
Ceci peut s’expliquer par l’influence d’une norme de désirabilité sociale (Leyens
1996).
- Par contre, les sujets handicapés, qui ont pour la plupart un passé de personnes valides,
devraient faire moins de différences entre la cible handicapée et la cible valide.
- La différenciation dans le jugement est renforcée par un affect positif qui favorise un
traitement catégoriel de l’information.
- Quelque soit la catégorisation de la cible, le jugement sera d’autant plus favorable que
le sujet sera en affect positif.
Deux expériences ont été réalisées :
1. 54 sujets des deux sexes.
l’âge moyen est de 28 ans, ceux sont des personnels soignants de 3 établissements
mais ces personnes ne travaillaient pas avec des personnes handicapées.
On a induit l’affect en demandant au sujet de relater un évènement gai ou triste de leur
vie et d’essayer de ressentir les émotions.
On passe ensuite au jugement social :
On leur présente 3 photos :
- un jeune homme qui fait de la course à pied ou en fauteuil roulant,
25
-
une femme face à un ordi,
la 3e photo est ambigu, on ne sait pas si c’est un homme ou une femme et le sujet est
assis à un bureau avec une feuille blanche posée devant lui, on ne sait pas ce que la
personne fait.
Pour la moitié des sujets, les personnes photographiées sont valides et pour l’autre moitié elles
sont handicapées.
Les sujets doivent indiquer quelle impression leur fait la personne selon 8 adjectifs :
- qualités : équilibré, déterminé, intelligent, courageux.
- défauts : peu confiant, fragile, triste et non motivé.
Résultats :
- mesure de l’affect : comment se sentent ils, à définir avec une liste de 18 adjectifs.
Pour l’affect positif il y a un résultat mais pas avec l’affect négatif.
- Le jugement social :
Sur l’ensemble des 3 photos, les sujets valides jugent plus favorablement les personnes
handicapées que les valides.
Lorsqu’on distingue les 3 photos, la catégorisation valide-handicapé n’a pas le même effet.
(1)
absence de différence car là c’est la catégorie sportive qui est la plus
saillante, par ailleurs pour les sujets en affect positif ils tendent à donner un
jugement plus positif que les autres.
(2)
La personne handicapée est jugée plus favorablement par les personnes
valides.
2. même modèle, mais avec 41 personnes handicapées moteurs des deux sexes.
L’âge moyen est de 42 ans, ceux sont des personnes dans des maisons d’accueil
spécialisées.
Résultats :
Pour l’ensemble des photos comme prévu contrairement aux sujets valides, les personnes
handicapées ne jugent pas différemment les deux catégories.
C’est dans la catégorisation (1) que les personnes sont le plus valorisé par rapport aux deux
autres photos.
C’est une activité socialement reconnue comme active.
Discussion :
Le jugement social des sujets valides et des sujets handicapés met en lumière la valorisation
des activités clairement définies par rapport à la personne sans activité apparente,
effectivement la photo ambiguë a été très difficile à juger.
Le sport a été facile à juger car pour le valide c’est le prototype d’un corps sain, et pour le
handicapé c’est le symbole du dépassement de ces limites physiques et le signe qu’il pratique
des loisirs « normaux ».
L’informatique représente un moyen idéal d’insertion professionnelle pour les personnes qui
ont un handicap moteur.
On note que le jugement positif des sujets valides à l’égard des personnes handicapées peut
aussi s’expliquer par un faible engagement personnel par rapport à la situation et un effet très
net de la désirabilité sociale.
Par contre les personnes handicapées ne font pas des différences car elles étaient valides dans
le passé.
En fait ces personnes sont proches des deux catégories donc on peut dire qu’il y a un
croisement catégoriel pour elles.
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Conclusion :
L’activité de catégorisation ne présente pas que des avantages, elle peut également
entraîner un risque d’erreur dans le traitement de l’information.
On peut dire que sur le plan très général que catégoriser signifie découper
l’environnement en unités signifiantes.
Mais comme le fait remarquer Leyens : « si cette activité permet d’apprendre ou
retenir peu de choses à propos de beaucoup d’éléments, elle permet également de savoir ou
dire beaucoup de choses à partir de peu d’éléments ».
 induction & déduction.
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