Farge Damien 2010-2011 Mardi 08 Novembre Philosophie des sciences du vivant Rappel du plan : I] critique de la bi catégorisation (on est toujours dedans) II] La maladie, normal et pathologique. Question de la bi catégorisation. Projet de remplacer la bi catégorisation par un processus multiforme de sexuation. Quatre critères : Critère humoral, notion de tempérament qui sert ici de point d’entrée. Ce sexe humoral serait la manière dont a été pensé le fondement ontologique de la différence des sexes. Dans le système, on a les humeurs chaud, froid, sec et humide. Chaud Froid Sec Colère Mélancolie Humide Sang Flegme La question est donc de savoir si on peut assigner une humeur à un individu particulier, à une espèce particulière ou, ce qui nous intéresse ici, à un sexe particulier. Tous les tempéraments ne sont pas égaux, certains sont meilleurs que d’autres (Chaud et Humide). L’humain, le cheval sont par exemple, du type chaud/humide. Les ânes sont mélancoliques. Quand un âne dresse et remue ses oreilles, il donne le signe qu’il va pleuvoir. Il ya donc une correspondance entre le microcosme organique et le macrocosme. « La femme la plus chaude est plus froide que l’homme le plus froid ». La classification produit deux catégories qui ne se chevauchent pas. Le régime du tempérament semble instituer une différence entre les deux sexes, mais peine à la généraliser. Ex. Quand des auteurs commentent le système des humeurs, ils ne le remettent pas en cause, mais remettent en cause les leçons que l’on veut en tirer. Il n’y a pas une théorie des tempéraments. Il est donc facile de trouver, dans ces usages multiples, des tensions, ou des contradictions. Il est difficile de systématiser le concept de tempérament pour en tirer une vision cohérente du corps, en particulier pour en tirer une théorie de la différence des sexes. Le sexe humoral ne permet pas une bi catégorisation stricte, parce que de fait, ce n’est pas son objectif. Le sexe chromosomique. Chromosomes sexuels Phénotypes organes génitaux Fréquence XO (Syndrome de Turner) Femelle. Développement incomplet des ovaires 1/2500 Filles XXX, XXXX Femelle. Généralement aucun symptôme. 1/500 Filles XYY Mâle. Généralement aucun symptôme. Mâle. Testicules réduits, développement des seins. 1/500 Garçons. XXYY, XXXY (pseudo-Klinefelter) Mâle. Testicules réduits, développement des seins. Rare XX Intersexué - ou hermaphrodite. 1/5000 individus. XX Mâle 1/20 000 individus XY Femelle. Gonades non différenciées. Rare (1/10 000 ?) XXY ( Syndrome de Klinefelter) 1/500 Garçons. Cf. J. Wiels in Catherine Vidal (éd.), Féminin Masculin - Mythe et idéologie, 2006. Il y a donc des personnes qui présentent des chromosomes destinés à d’autres sexes. La bi catégorisation empêche de prendre en compte cette diversité. Ce serait le seul cas où l’ignorance de ces LMPHI182, T. Hoquet Philosophie des sciences du vivant 1 Farge Damien 2010-2011 Mardi 08 Novembre différentes conditions prendrait place à cause de la bi catégorisation. Le sexe hormonal. On s’aperçoit que les androgènes et les estrogènes se transforment les une dans les autres. La testostérone est précurseur des estrogènes. Exemple : la gynécomastie1 ; ou la masculinisation d’un embryon femelle etc. Bref, toutes les hormones se retrouvent dans tous les corps, tel qu’il soit, mais en plus ou moins grande quantité. Ainsi, une femme possède également de la testostérone, mais en faible quantité. Il n’y a donc aps de bi catégorisation à travers la notion de sexe hormonal. Le sexe gonadique (voir exposés dans les précédents cours). -----------------------------------------------------Il y a une continuité de forme qui n’est pas prise en compte par la catégorisation. Voir Domurat-Dreger. Il n’est pas possible de naître, avec à la fois des génitoires mâles et femelles. Pourquoi ? On a une structure à la base qui est indifférenciée. Mais au fur et à mesure, il va s’orienter vers un développement mâle, ou femelle, mais pas les deux de manière strictement simultanée. Elle a parlé, dans un autre de ses livres intitulé one of us, des jumeaux conjoints, ou frères/sœurs siamois(es). La normalité a pour ambition de rendre le monde prédictible : si on se brosse les dents, c’est pour éviter d’avoir mauvaise haleine, ne pas repousser etc. Elle parle aussi de différents cas : jumelles nées en étant jointes par la tête etc. On passe d’une réflexion sur le handicap sur une réflexion plus générale du stigmate. En d’autres termes, on les accuse de ne pas être normal. « Il est hors de doute que statistiquement ces jumeaux-conjoints sont extrêmement rare. Mais la raison pour laquelle ils sont traités si différemment par les autres n’est pas parce qu’il sont rares. Les gens attendent juste qu’un individu qu’il rencontre ne contienne qu’une personne et non deux. » (Citation approximative). En d’autres termes, les gens attendent de rencontrer un singleton. Revendication à arrêter ces opérations. Ce qu’elle veut faire, c’est, en partant des récits de ces personnes considérées comme anormales à qui elle a donné la parole, de penser autrement la difformité. Ainsi, en reconnaissant comment ces individus se décrivent comme normaux, il s’agit d’en finir avec la pitié et de convaincre les docteurs de vouloirs séparer ces individus indépendamment de leur propre être. Difficulté des opérations. La volonté de normaliser ces corps conduit à prendre des décisions orientées que par la volonté de voir un singleton sans se préoccuper du bien être des personnes. L’avenir de l’anatomie : elle souligne l’existence d’une crème anti-âge. La question de l’âge, imperceptiblement à travers une question marketing, est prise comme une maladie : les vendeurs sont en blouses. Les problèmes liés aux corps doivent être traités médicalement. Elle voit une sorte de trait culturel très fort qui est d’attribuer de la honte anatomique. Cette honte s’étend de plus en plus et la sphère de ce qui exige une normalisation médicale s’étend et s’accélère. La société, les villes etc. sont structurées de façon plus accommodantes pour certains corps que pour d’autres. Il n’y a, ainsi, pas de focalisation sur l’individu, mais une interrogation sur la manière dont la société se rend accommodante pour la généralité. Si les esclaves devaient être esclave, ils étaient en quelque sorte vu comme malsain, comme un handicap. Il faut donc changer la société, les esprits plutôt que les corps. Une manifestation, qui réunirait des personnes aux anatomies inhabituelle pourrait ressembler à une parade 1 La gynécomastie est le développement excessif des glandes mammaires chez l'homme. Elle peut être congénitale ou due à une maladie, à une tumeur ou à la prise de certains médicaments. LMPHI182, T. Hoquet Philosophie des sciences du vivant 2 Farge Damien 2010-2011 Mardi 08 Novembre monstrueuse. Il faut donc garder dans l’esprit que la même infamie a été utilisée contre les suffragettes, contre ceux qui ont lutté pour les droits des gays/lesbiennes, etc. Question de l’anti essentialisme. Si de nombreux biologistes considèrent que la question des sexes, ou l’existence des sexes est un problème pour la biologie, alors c’est qu’elle est anti essentialiste. Voir Une histoire culturelle, Laure Murat. La catégorie 3e sexe a chez elle un usage multiple. La question de l’hermaphrodisme, ou de l’intersexualité ne se laisse pas dissocier de l’autre. ------------------------------------------II] La maladie, normal et pathologique. La question de savoir s’il y a une possibilité de faire une science du normal et du pathologique. Pourrait-on déterminer de manière objective quels seraient les critères de différenciations entre un organisme normal et un organisme dit pathologique. Pour répondre à ce problème, il y a une analyse de différents concepts clefs qui organisent le sens de cette question. L’enjeu est de savoir qui peut dire ce qui est normal, ou pathologique : le médecin ou le malade ? Analyse du concept de normal, par exemple. 1 - Le normal a une valeur descriptive. Ce qui est normal serait ce qui est général. (Statistique > Moyenne) 2 - Le normal est aussi ce vers quoi tend le médecin lorsqu’il guérit un individu. (Idéal pour la médecine ?) Complexité de cette superposition de concepts. Il faut polariser le réel. Dans le fonctionnement même de l’être vivant. Le vivant est l’élément vital et polarise le réel, le sélectionne. Il y a discrimination entre ce qui est favorable et ce qui ne l’est pas. Le normal au sens 1 serait une anomalie insolite. L’anomalie n’est pas toujours anormale. Normalité, relative à la manière dont l’environnement nous permet d’assurer notre reproduction.. Un empoisonnement description physico-chimique. ------------------------Interprétation de l’anomal. Ce sont des variations, des différences. p. 83 : différents types d’anomalies : les variétés, les vices de conformations, l’hétéronomie et les monstruosités. Une variété, c’est pas vraiment une difformité. Ex. Avoir 6 doigts par exemple. Vice de conformation : Hypostasias par exemple. Altérer des fonctions ou produire une difformité. On a donc un côté fonctionnel et le côté de la difformité qui prennent place. Configuration des vicaires, des organes. Hétéronomie : Il est extrêmement anomal, ou le pronostique vital n’est pas entamé. Il n’y a pas de difformité apparente. Monstruosité : l’apparence simple mais elle amène chez l’être qui en est affecté une conformation extérieure très différente dans ou plusieurs régions de celle de son espèce et conséquent très vicieuse lors même qu’elle n’apporterait d’obstacle à l’accomplissement des fonctions. La parole du sujet : il ne faut pas considérer l’anomalie d’un point de vue extérieur. Faut-il se sentir malade pour être malade ? La santé, c’est la vie dans le silence des organes. On a juste pas mal. Il peut y avoir une illusion parce qu’on se sait « pas malade ». p.119. Parole du patient : idée de pensée. La norme en matière de pathologie est une norme individuelle. Volonté de contrer la tout puissance du médecin afin de laisser vivre les gens avec leur anomalie tant qu’ils ne s’en plaignent pas. L’idée du ressenti donc : ce qui est ressenti ou non, il faut malgré tout l’entendre. Question de la normativité : Comment la définir : Ca n’a a priori rien à voir avec le normal. Les éléments convoqués sur la question de la normativité : elle est liée à la vie au sens où l’organisme pose des valeurs, et a un sens. Concept de normativité vitale. La nutrition, l’assimilation, la sécrétion, c’est quelque chose de polarisé, par rapport au milieu. L’organisme a la possibilité de rétablir et d’imposer un ordre. Fonction d’autocorrection. C’est de la faute de l’organisme si la médecine a pris place : le corps est le premier médecin, la médecine secondant seulement le corps. Le sens du normal nous est donné par la normativité elle-même. Le mutant, a priori, c’est une monstruosité. Par rapport aux statistiques ou aux moyennes, il fait exception. LMPHI182, T. Hoquet Philosophie des sciences du vivant 3 Farge Damien 2010-2011 Mardi 08 Novembre Simplement, Canguilhem s’appuie sur la mutation pour faire du mutant l’exemple d’une promesse d’une norme différente. Administratif Normal Voir p. 87. Le point de vue du vivant est toujours sous une close d’être comparé par une norme. « Idéal normal humain ». LMPHI182, T. Hoquet Philosophie des sciences du vivant 4